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Citations sur Le justicier d'Athènes (38)

Laissant le cabinet de toilette, je vais voir la cuisine. Sur le marbre, je trouve la bouteille de vodka à moitié vide et dans le placard au-dessus, quatre assiettes, quatre verres, deux tasses, une casserole et des couverts. Tout est nickel, comme si Patsi, la locataire, avait voulu laisser les lieux propres en partant.
À la porte nous trouvons une quadragénaire toute maigre.
– Je suis la propriétaire, déclare-t-elle sans nous saluer. Grigoriadou Eleni.
– Vous pouvez vider l’appartement. Nous n’en avons plus besoin.
C’est ce qu’elle souhaite entendre, je le sais.
– Vassiliki me devait six mois de loyer. À qui je dois les demander, dites-moi, puisqu’elle n’a pas d’héritiers ?
Je juge inutile de lui répondre et commence à descendre l’escalier, suivi de Koula.
– Je vis de mes loyers, je n’ai pas d’autres ressources, crie-t-elle dans mon dos. Qu’est-ce que je dois faire alors ? Me suicider moi aussi ?
– C’est elle que mon père aurait dû épouser, me dit Koula sur le palier du premier étage.
– Pourquoi ?
– Parce que lui aussi ne pense qu’à lui-même. Ma mère, qui s’intéressait aux autres, il l’a tuée.
Dans la rue, sous la pluie fine, des femmes sont rassemblées, silencieuses, qui regardent partir les ambulances. Deux d’entre elles, les bras serrés autour du corps, sanglotent. Nous allons monter dans la Seat lorsque l’une des pleureuses vient vers nous.
– Ketty Sektaridi a été mon institutrice à l’école primaire n°1 d’Egaleo, dit-elle, et les sanglots reprennent. Elle y est restée jusqu’à la retraite. C’était très pauvre ici à l’époque.
– Et maintenant, c’est comment ? lui crie une autre. Mon fils passe la journée devant son écran à chercher comme un fou du boulot sur Internet. Et moi je me dis, qu’est-ce qu’il va faire quand ils nous couperont le téléphone qu’on ne peut plus payer ?
Koula me regarde, puis se tourne vers la pleureuse.
– Je peux vous dire une chose, dit-elle assez fort pour que les autres l’entendent. Aucune d’elles n’a souffert. Elles sont toutes mortes tranquillement dans leur sommeil.
– C’est déjà ça, fait une voix dans le fond.
L’immigré accordéoniste, sous l’auvent d’une quincaillerie, a cessé de jouer et observe la scène.
Je démarre et tourne un peu plus loin à gauche pour prendre la rue Thivon jusqu’à la rue Petrou Ralli. Nous passons devant des poubelles. Deux Noirs, le haut du corps plongé dedans, les fouillent avec frénésie.
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Si tous les Grecs victimes de la bureaucratie devenaient des assassins, le pays perdrait la moitié de sa population. Évidemment, Nassiotis est plutôt allemand, et je crois notre bureaucratie tout à fait capable de faire d’un allemand un assassin.
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Ce n'est pas drôle de voir l'opinion publique maintenue dans l'ignorance et l'obscurité, alors qu'un assassin agit impunément. Ce n'est pas drôle non plus de voir les médias informés par l'assassin lui-même et non par les agents de l'Etat concerné.
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– Je vais vous dire encore une chose, monsieur le commissaire. L’État grec est la seule mafia au monde qui ait réussi à faire faillite. Toutes les autres croissent et prospèrent.
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– Tu t’en es bien tiré encore une fois, commissaire, me dit Sotiropoulos. Tu es lent, ringard et chiant, mais tu t’en tires toujours.

– Tu as raison, Sotiropoulos. Lent, ringard et chiant, je sais.

– Peu importe. J’en connais d’autres qui parlent beaucoup et ne font rien.
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– Tu as compris ce qu’il nous a dit ? demande-t-il.

– Oui. Que Merkel collecte les impôts avec de la ciguë. Que les constructions illégales et les pots-de-vin sont le symbole du développement. Si tu n’es pas corrompu, tu fais du tort au pays en aggravant la récession.

– Tu veux que je t’avoue tout, monsieur le commissaire ? Encore un type comme ça, et je prierai en cachette pour qu’on ne trouve pas l’assassin.
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– D’ailleurs vous le savez, vous aussi : autrefois on disait, le salaire plus les primes. Aujourd’hui on a le salaire moins les coupes. C’est là le meilleur résumé de la crise.
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– Il a tout découvert, et fermé les yeux. La corruption passe mieux quand on vous graisse la patte. Ne me demandez pas de vous exposer la stratégie habituelle des professions libérales : tout citoyen grec la connaît.

– Vous ne les contrôlez pas, vous, les déclarations d’impôts ? dis-je à Spyridakis, qui commence à m’agacer.

– Si, mais il en arrive des suspectes tous les jours. Avant que nous parvenions à Korassidis, il faudra peut-être trois ans. Sachez qu’à nous aussi on coupe les crédits et qu’on vire les CDD.
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S’il fallait tuer tous les fraudeurs, la population du pays se réduirait aux fonctionnaires, aux employés du privé, aux chômeurs et aux ménagères. Serions-nous tombés sur un fou ?
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– Areti me parlait de son fils et de sa belle-fille qui vivent à Londres, me dit Adriani. Ils ont beaucoup de mal, eux aussi.

– Oui, mais ils réagissent de façon tellement disciplinée ! intervient la voisine. Là-bas aussi ils ont droit aux réductions de salaire, aux licenciements. Mais il faut voir avec quel sang-froid ils font face ! Pas comme nous qui cassons et dévastons tout dans Athènes parce que nous sommes indignés. Les Anglais aussi sont indignés, mais ils se retiennent !

La Grecque typique : sous prétexte qu’elle a un fils à Londres, elle trouve la Grèce indigne d’elle. Je préfère ne pas discuter, la prochaine étape étant la comparaison entre Scotland Yard et notre police. Mais la mère Lykomitrou est décidée à m’écraser sous l’exemple britannique.

– Vous imaginez ce qui arriverait là-bas si des casseurs démolissaient Trafalgar Square et Oxford Street, comme font les nôtres à Syntagma et dans l’avenue Stadiou ? Ma belle-fille me le demande, et je ne sais que répondre. Excusez-moi, monsieur Charitos, mais comment se fait-il que vos collègues ne puissent pas assurer l’ordre face à cinquante casseurs ?

Adriani me jette un coup d’œil, mais j’ai décidé de ne pas intervenir.

– Ce que font mes collègues dans les manifestations, je ne peux pas vous le dire, je ne suis pas derrière eux, madame Lykomitrou. Moi, mon boulot, c’est de courir derrière les cadavres.

Elle se signe. Quant à Adriani, habituée à force, elle n’a plus besoin d’exorcismes.

– Toi, tu fais bien ton métier, je ne dis pas, mais tes collègues ont fait un sale travail.

Elle a toujours une dose de poison toute prête pour notre police.
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