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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Athènes, 2011. La Grèce n'en a pas fini avec la crise qui l'a touchée de plein fouet en 2008. Salaires réduits, retraites rognées, primes supprimées, les grecs manifestent chaque jour dans les rues de la capitale pour crier leur indignation et leur désespoir. D'autres baissent les bras et le suicide devient leur dernier acte de rébellion. Pour le commissaire Charitos, la source d'inquiétude est sa fille Katérina. Il s'est saigné aux quatre veines pour payer ses études de droit et là voilà travaillant presque à titre gratuit à la défense des migrants. Entretenue par son mari, soutenue financièrement par ses parents, la jeune fille envisage l'exil pour enfin pouvoir subvenir à ses besoin par elle-même. Une décision difficile qui met en émoi son mari, ses parents et ses beaux-parents. Miné par l'éventuel départ de sa fille, le commissaire doit aussi retrouver le Percepteur National. Un homme insaisissable qui menace les fraudeurs fiscaux par mail, leur ordonne de payer leurs impôts et les empoisonne à la ciguë s'ils désobéissent. Grâce à lui, ce sont presque 2 millions d'euros qui sont déjà venus renflouer les caisses de l'Etat. Les athéniens en ont fait leur héros, les ministres s'énervent et Charitos marche sur des oeufs. Au moindre faux pas, son avancement lui passera sous le nez.

Après le ''Robin des banques'' qui, dans Liquidations à la grecque, semait la mort à Athènes tout en incitant la population à ne plus rembourser ses prêts, voici le ''Percepteur national'' qui s'attaque aux fraudeurs fiscaux qui magouillent en toute légalité pour prospérer sans payer les impôts dus à un Etat complice des plus riches. Encore une fois, Petros Markaris sonde l'étendue de la crise qui touche son pays. Les retraités se suicident, suivis par les jeunes diplômés sans emplois et les petits commerçants ruinés. Les manifestants n'en finissent pas de bloquer les rues d'une capitale dirigée par des politiciens sommés par l'Europe d'améliorer la gestion économique du pays mais peu enclins au changement. Dans ce contexte où la fracture sociale devient un gouffre, les classes moyennes tentent de survivre, inquiètes de voir leur situation se détériorer à tout moment. le ''Percepteur national'' dont le mobile n'est certainement pas d'aider l'Etat à collecter l'impôt fait office de héros tout droit sorti de l'Antiquité pour rappeler aux grecs qu'une mauvaise action doit être immédiatement punie sans état d'âme. Charitos, quant à lui, cherche avant tout un meurtrier, ce qui n'est jamais chose aisée quand on s'attaque au pouvoir en place. Ménager les susceptibilités, être diplomate, obtenir des résultats rapides, préserver ses chances de promotion...un véritable casse-tête pour le policier qui voit sa fille, avocate, contrainte à l'exil comme les ouvriers des années 70 qui partait en Allemagne pour nourrir leurs enfants.
Enquête policière et étude sociologique se mêlent dans cet opus qui nous mène au coeur des mécanismes d'une fraude fiscale généralisée, lourde en conséquences sur la société. Passionnant et instructif.
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Je viens tout juste de découvrir les enquêtes de Kostas Charitos. Je me dois de souligner la grande force de l’auteur Petros Markaris qui est de se coller à la réalité, à l’actualité, en particulier avec tout ce qui touche la crise économique de 2008. Elle a frappé durement la Grèce et les individus corrompus n’ont qu’à bien se tenir car des meurtriers s’en prennent aux éléments de la société qui ont causé se perte : banquiers, fraudeurs… Dans « Le justicier d’Athènes », un homme qui s’est fait floué décide de se venger, lui et son pays, en tuant des fraudeurs fiscaux et en sommant plusieurs à rembourser à l’État ce qu’ils ont omis de déclarer.

L’intrigue est intéressante. D’autant plus qu’on plonge directement dans l’action avec le suicide de quatre retraitées. Début prometteur. Et l’action continue. Malheureusement, je ne sens pas assez l’élément grec. Oui, Charitos se promène dans une Athènes congestionnée par les voitures et paralysée par les manifestants mais, bien décrire une ville, c’est davantage que nommer toutes les rues et tous les quartiers traversés. Il y manque cette ambiance, qui va de la bouffe aux endroits préférés des personnages. Quand il n’est pas à la maison, au poste de police ou sur les lieux de ses enquêtes, ne va-t-il donc nulle part ? Bien sur, je ne m’attends pas à ce que ça devienne un guide touristique mais un peu plus d’efforts en ce sens aurait été bénéfique.

Charitos est un bon commissaire comme peuvent l’être tous les héros de romans policiers. Alors pourquoi suivre ses enquêtes plutôt que celles d’autres auteurs à la mode ? Je ne sais pas trop. Son point de vue (assez critique) sur l’état des choses en Grèce est une bonne raison - quoique j’aimerais qu’il l’explicite plus, qu’on sente davantage son déchirement face à la situation dans laquelle est plongée son pays. Ce vieux râbleur qui en a vu d’autres (il travaillait déjà l’époque de la dictature des colonels) finit par devenir attachant. C’est qu’il est aussi très humain, et on le découvre grâce à sa relation avec sa fille Katerina, qui représente la jeunesse du pays, et sa manie de lire son dictionnaire, le DImitrakos, le rend plus humain. Et un enquêteur vieillissant a toujours un regard un peu différent (pour ne pas dire désabusé) par rapport à celui de jeunes officiers.

Justement, le reste de l’équipe de Charitos laisse un peu à désirer. Koula, Vlassopoulos, Dermitkazis et aussi le chef Guikas sont mal décrits, on en sait vraiment trop peu sur eux et il devient difficile de les visualiser. Il en va de même pour plusieurs lieux. Pas tous, hereusement ! Dans tous les cas, j’ai retrouvé dans « Le justicier d’Athènes » suffisamment d’éléments positifs pour m’encourager à suivre ses autres aventures.
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Pacte de suicide de quatre vieilles dames, la crise économique s'aggrave en Grèce dans ce polar de Markaris.

Le premier volet (Liquidations à la grecque) s'attaquait aux banques, dans celui-ci, c'est la fraude fiscale qui est à l'honneur. Avec le même ton parfois cynique, l'auteur dénonce les agissements des délinquants des impôts par le biais d'un tueur qui les persécute.

On a du mal à s'attrister du sort des victimes du percepteur, mais il en va autrement de la détresse des Grecs qui voient leur pouvoir d'achat s'effriter, qui souffrent du chômage et qui peinent à entrevoir un avenir pour leur famille. de mon côté de l'Atlantique, on s'imagine difficilement un éminent cardiologue qui recevrait l'aide de sa famille pour payer l'épicerie !

J'arrête ici mon commentaire, car s'ils peuvent pester contre leur pays, les Grecs ne supportent pas que les étrangers en disent du mal…

(Je n'hésite cependant pas à vous recommander de goûter cette salade grecque !)
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Athènes 2011, la Grèce s'enlise dans la crise, salaires rognés, retraites amputées, c'est dans cette ambiance plus que morose que des personnalités sont assassinées, elles ont en commun d'avoir fraudé ou d'avoir bénéficié de montages fiscaux afin de se soustraire au maximum à l'impôt et par là même, à leur devoir de solidarité dans la crise....le mystérieux justicier utilise un moyen pour le moins surprenant et fortement connoté : la cigüe, référence évidente à Socrate, victime lui même d'une démocratie dévoyée...

Une deuxième enquête qui s'installe dans cette crise qui plombe la Grèce et écrase les petits alors que les mieux nantis esquivent leurs obligations vis à vis de la société...Entre suicides de retraités qui ne peuvent plus se payer leur traitements médicaux, manifestations qui paralysent la ville, ou sa fille qui pense à s'expatrier pour survivre, le commissaire Charitos tentent de démêler ces meurtres avec un humour qui lui permet de garder la tête hors de l'eau et ne pas céder à la morosité ambiante...
Le justicier d'Athènes est de nouveau une analyse sociologique sous couvert d'enquête policière, où Petros Markaris décrypte les mécanismes de la fraude en nous en donnant les clés et dénonçant les conséquences dramatiques sur la société grecque.
Instructif...
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Sur un site historique d'Athènes, le cadavre d'un homme vient d'être découvert , une piqûre de ciguë à l'arrière de la tête. Charitos mène l'enquête à travers une capitale où la circulation est bien souvent impossible à cause des manifestations.
Ce cadavre ne sera pas le seul. Dans son enquête, Charitos découvrira que l'assassin s'en prend aux riches frôdeurs fiscaux à qui il propose la mort ou le remboursement des impôts.
Un plaisir de lecture!
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Après la Sicile du commissaire Montalbano, direction la Grèce du commissaire Kostas Charitos !

Attention, c'est la Grèce en 2011, celle en pleine crise économique.

Crise que nous allons étudier de l'intérieur, que nous allons vivre en tentant de nous frayer un chemin dans la ville d'Athènes remplie de manifestants tous les jours, des protestataires en tout genre.

La Grèce qui voit son peuple crever car malgré les diplômes, malgré le travail, les gens ont bien du mal à joindre les deux bouts, tant ils sont mal payés et qu'on leur sucre toutes les primes.

C'est todi li p'tit qu'on spotche (c'est toujours le petit qu'on écrase) et ceux qui crèvent la gueule ouverte, ce sont les petites gens, les gens normaux, pas ceux d'en haut, bien entendu.

Lire un Kostas Charitos, c'est entrer de plain-pied dans la misère humaine dans ce qu'elle a de plus humiliante, de plus détestable car voir des jeunes diplômés, des BAC+ beaucoup d'années, devoir bosser pour pas un rond ou ne pas trouver du boulot, c'est toujours rageant.

Leurs ancêtres avaient été Gastarbeiter (travailleurs invités) et avaient dû s'exiler pour trouver du boulot et voilà que les jeunes doivent remettre ça : partir ou crever. Mais ce sont les diplômés qui partent, plus les ouvriers peu qualifiés.

Ça fait la deuxième fois que j'ai envie d'embrasser le criminel dans les romans de Petros Markaris puisque dans le premier, on y assassinait des banquiers véreux et dans celui-ci, des gros fraudeurs du fisc, de ceux qui ont profité du système pour s'en mettre plein les fouilles et qui n'ont payé qu'une misère en impôts car ils n'ont pas déclaré tous leurs revenus.

Désolé, mais je n'ai ressenti aucune émotion à voir des fraudeurs de ce haut niveau se faire assassiner… Par contre, dans les suicides provoqués par la crise, on se retrouve face à des moments poignants car certains avaient la vie devant eux, mais les perspectives n'étant pas belles, ils ont préféré la mort avant de tomber sur des jours encore pire.

Kosta Charitos n'est pas un commissaire comme les autres. Il est lent, ringard et chiant, comme le résume si bien un journaliste, ami à lui. Il a une vie de famille dont on prend plaisir à suivre les péripéties au cours du récit, car elles illustrent bien les problèmes que rencontrent la majeure partie des familles en Grèce.

Kosta n'est pas alcoolo ou dépressif, non, c'est un homme ordinaire, un homme et un policier patient, tenace, humain (très), qui ne reste jamais insensible aux souffrances de ses concitoyens et capable d'avoir de la sympathie pour l'assassin que son devoir lui impose d'arrêter.

Lire une enquête de Kosta Charitos, c'est plonger dans les eaux troubles, c'est assister à la déliquescence de l'État Grec, de la société grecque toute entière, c'est arpenter les coulisses puantes du pouvoir (gaffe en marchant de pas poser le pied dedans), c'est dénoncer les magouilles des riches et parler de la misère et de l'angoisse des petites gens.

Bref, c'est foutre un coup de pied dans la fourmilière, l'exposer en pleine lumière et tenter de nous faire comprendre la crise Grecque d'une autre manière en nous la faisant vivre de l'intérieur.

Une fois de plus, c'était brillant !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Une Grèce à deux vitesses, un pays au double visage, voilà ce que le deuxième volet de la "trilogie de la crise" nous laisse découvrir à travers l'intrigue policière étonnante imaginée avec beaucoup d'humour noir par Markaris.

Un justicier mystérieux assassine à la ciguë, voire avec des flèches empoisonnées, un grand médecin, un ex-ministre passé aux affaires, tous deux fraudeurs fiscaux notoires, mais protégés par leurs relations politiques, puis menace d'autres gros contribuables indélicats du même sort, avec pour résultat de faire rentrer des centaines de millions d'euros dans les caisses du fisc. Il s'attaque ensuite à des cibles emblématiques de la collusion entre politiciens et affairistes et ce faisant devient une sorte de héros populaire, autoproclamé "percepteur national", plébiscité par le mouvement des Indignés.

Mais pendant ce temps, c'est la troisième année de la crise dans une Athènes en déréliction, les commerces ferment, la circulation devient fluide car l'essence est trop chère, des jeunes émigrent ou se suicident, faute d'avenir, la propre fille du commissaire Charitos songe elle aussi à quitter la Grèce pour enfin pouvoir gagner sa vie.
Faut-il arrêter le justicier ? Nombreux sont ceux qui lui souhaitent longue vie !

Malgré une intrigue un peu linéaire, un polar passionnant par ce qu'il révèle de la société grecque : "nous aimons dire pis que pendre de la Grèce, mais quand des étrangers le font nous sommes furieux". Laissons Markaris, avec l'humour caustique et sans illusion qui est le sien dépeindre les maux de son pays et rêver à une justice véritable venant les combattre.
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Vous savez ce qu'est le désespoir, mais avez-vous connu la désespérance ?
C'est ce que vivent les grecs, ou plutôt c'est ainsi qu'ils choisissent de mourir. Face à la crise – pas de travail, pas même de chômage, plus de retraite, plus de biens à vendre puisque personne ne peut acheter ou même louer – certains choisissent de partir dans la dignité, puisqu'ils ne peuvent plus ni aider, ni être aidé. La tragédie grecque contemporaine touche tous les âges.
A l'exact opposé de ces êtres dont la mort appelle la compassion, des hommes, qui avaient su pleinement tirer partie de toutes les failles du système (pour ne pas les nommer tout simplement des niches fiscales) pour mener une vie des plus aisées et des plus protégées, grâce à des appuis très influents. Les contrôles fiscales ne sont pas pour eux, l'administration est, de toute façon, débordée.
Ce roman nous interroge sur la notion même de genre policier. Nous avons bien des crimes, un meurtrier, un mobile, et des enquêteurs auxquels ont fait miroiter un avancement, mais quels sont les véritables crimes ? Laisser mourir les forces vives de la nation, ne pas savoir utiliser les compétences, pourtant nombreuses, dont dispose le pays, laisser pourrir les services indispensables (médecine, police, éducation) à la survie du pays et ne pas avoir su tirer les leçons du passé. En cela, le personnage de Zissis, ami de Charitos, est emblématique, puisqu'il incarne la véritable résistance du pays, et sa mémoire.
Nettoyer la corruption qui mine le pays, régler les dettes – toutes les dettes – renouer avec ce que le passé pouvait avoir de mieux, empêcher les jeunes désespérés de quitter le pays sont les véritables défis à relever.
Ce second volume de la trilogie de la dette est à lire pour tous ceux qui veulent mieux connaitre la Grèce moderne.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Je me demandais à la fin de la critique de Liquidation à la grecque si je lirais un autre volume de cette série. Il se trouve que j'ai eu le justicier d'Athènes en cadeau pour l'achat de deux Monk d'Anne Perry.

J'ai toujours autant de mal à m'y retrouver dans les noms grecs mais je me suis peut-être plus intéressée à cette histoire. le commissaire Charitos et son équipe se retrouvent face à des suicides dus à la crise et à des meurtres visant des fraudeurs fiscaux. Ceux-ci sont retrouvés sur des sites archéologiques, empoisonnés à la ciguë. le Percepteur National, comme se nomme lui-même le tueur, se sert d'internet pour faire connaître son action. Aussi lorsque certains fraudeurs reçoivent leur lettre leur enjoignant de payer au fisc une somme parfaitement calculée, ils s'exécutent.
L'Etat encaisse donc 1 780 000 euros. Les grecs qui voient rogner salaires et retraites ou font face au chômage, manifestent chaque jour dans les rues d'Athènes perturbant fortement la circulation. Ils considèrent donc le Percepteur National comme un héros....
Quant au commissaire, outre ses enquêtes, il connaît des soucis avec sa famille. Sa fille qui est diplômée n'a qu'un travail très mal payé, elle dépend donc du salaire de son mari médecin Phanis et de ses parents. Lorsqu'on lui propose un poste en Afrique, elle est très tentée, au désespoir de ses parents.

Grâce à ce polar on est vraiment plongé dans le quotidien des Grecs victimes de l'Etat corrompu et des exigences de l'Union Européenne. Je ne dis pas non à un troisième titre.


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Nouvelle enquête du commissaire Charitos. A Athènes, des meurtres touchant de gros fraudeurs fiscaux, des hommes politiques corrompus, des magouilleurs sont commis au moyen d'une flèche ou d'une piqûre de ciguë. Le meurtrier adresse des lettres à des membres du gouvernement et signe le "percepteur national". Comme toujours chez Markaris, la vengeance et les méthodes des meurtriers sont contestables mais ces derniers ne sont pas forcément pires moralement que leurs victimes. Humour, ironie, description de la désespérance de la société grecque au menu.
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