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Critique de Phil56


C'est toujours avec grand plaisir que j'inscris mes pas dans ceux du commissaire Kostas Charitos.
Certains esprits chagrins épingleront que le canevas romanesque chez Markaris ne varie guère : chamailleries récurrentes dans le couple Kostas/Adriani, Katerina (leur fille unique) électron libre à l'indépendance ombrageuse, Phanis (leur beau-fils) ménageant adroitement les uns et les autres, ... mais au final, reconnaissons que tout cela sonne généralement juste.
Cet univers familial familier, cette "normalité", petite-bourgeoise certes, mais de si bon aloi nous change agréablement de l'habituelle posture parfois voire même souvent caricaturale du flic de polar : solitaire, misanthrope, alcoolo, dépressif, cynique, plus ou moins ripoux, ... et j'en passe.
Au départ de ses personnages fétiches qui traversent une assez mauvaise passe relationnelle, Petros Markaris, par ailleurs talentueux scénariste de la plupart des films de son compatriote Theo Angelopoulos, nous entraîne à la découverte d'Istanbul/Constantinople dont il est lui-même natif.
Au-delà de l'agrément à savourer une intrigue crédible quoique modeste, bien menée et soigneusement documentée, l'humble mais néanmoins grand lecteur que je suis de polars et romans noirs apprécie tout particulièrement la pertinence, la finesse, la justesse de ton de l'auteur en son approche historique, sociologique et ... gastronomique (vous vous lécherez fréquemment les babines) d'une réalité oh combien sensible à savoir :
- la mémoire et les séquelles de l'exil peu ou prou forcé dans les années cinquante et soixante du siècle passé de la communauté grecque d'Istanbul/Constantinople aujourd'hui réduite à environ 2000 âmes ;
- les relations actuelles toujours un peu sur le fil entre grecs et turcs avec son lot d'idées reçues bien tenaces et de malentendus quelquefois cocasses mais ... pas toujours.
En grand humaniste lucidement engagé sans être toutefois au service de quelque chapelle idéologique ou politique, Petros Markaris ne s'embarrasse jamais de grandes démonstrations, n'use d'aucun excès pédagogique aussi pédant que stérile, ne fait preuve de nulle nostalgie revancharde mais nous enchante constamment par son humour, sa tendresse et son empathie sincère pour tous ses personnages.

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