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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Aucun mystère quant à l'identité de l'assassin dans ce policier Grec.
Le plaisir et l'intérêt sont ailleurs ; plaisir celui de l'humour de Petros MARKARIS qui nous divertit tout au long de son livre avec un ping-pong verbal assez virulent entre le commissaire Charitos et sa femme en voyage organisé à Istanbul avec d'autres touristes grecs assez pénibles ; tel ce général en retraite qui rêverait qu'Istanbul "pardon Constantinople pour les Grecs orthodoxes" soit restituée à la Grèce.
Vacances manigancées par Charitos dans l'espoir de calmer "sa chère épouse" très remontée contre leur fille qui ne veut pas se marier religieusement.
Mais séjour perturbé pour celui-ci par plusieurs empoisonnements impliquant une vieille Grecque Maria arrivée depuis peu à Istanbul après la mort de son frère en Grèce et qui obligent le commissaire à collaborer avec un jeune policier Turc né en Allemagne ; ce qui ne l'enchante guère.
Leur recherche commune de Maria, qui sème des morts sur son passage en leur faisant manger sa délicieuse pita, nous fait découvrir Istanbul en dehors des circuits touristiques ainsi que son art culinaire qui réjouit un commissaire gourmand.
Les rapports entre les deux policiers, assez tendus au début, évoluent au fur et à mesure qu'ils se côtoient oubliant ainsi leurs préjugés.
L'intérêt , avec la découverte au cours de l'enquête, d'une petite communauté Grec "Les Roums" qui désigne les "Romains" ou plutôt les descendants de l'empire romain d'autrefois, boucs émissaires de querelles entre Ankara et Athènes sur la question chypriote et qui a obligé la plupart d'entre eux à quitter la Turquie.
Ceux qui restent, un peu plus de 2000 et la plupart âgés, essayent difficilement de maintenir leurs traditions et leur langue mais beaucoup de jeunes Roums sont de plus en plus tentés à partir en Grèce.
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C'est toujours avec grand plaisir que j'inscris mes pas dans ceux du commissaire Kostas Charitos.
Certains esprits chagrins épingleront que le canevas romanesque chez Markaris ne varie guère : chamailleries récurrentes dans le couple Kostas/Adriani, Katerina (leur fille unique) électron libre à l'indépendance ombrageuse, Phanis (leur beau-fils) ménageant adroitement les uns et les autres, ... mais au final, reconnaissons que tout cela sonne généralement juste.
Cet univers familial familier, cette "normalité", petite-bourgeoise certes, mais de si bon aloi nous change agréablement de l'habituelle posture parfois voire même souvent caricaturale du flic de polar : solitaire, misanthrope, alcoolo, dépressif, cynique, plus ou moins ripoux, ... et j'en passe.
Au départ de ses personnages fétiches qui traversent une assez mauvaise passe relationnelle, Petros Markaris, par ailleurs talentueux scénariste de la plupart des films de son compatriote Theo Angelopoulos, nous entraîne à la découverte d'Istanbul/Constantinople dont il est lui-même natif.
Au-delà de l'agrément à savourer une intrigue crédible quoique modeste, bien menée et soigneusement documentée, l'humble mais néanmoins grand lecteur que je suis de polars et romans noirs apprécie tout particulièrement la pertinence, la finesse, la justesse de ton de l'auteur en son approche historique, sociologique et ... gastronomique (vous vous lécherez fréquemment les babines) d'une réalité oh combien sensible à savoir :
- la mémoire et les séquelles de l'exil peu ou prou forcé dans les années cinquante et soixante du siècle passé de la communauté grecque d'Istanbul/Constantinople aujourd'hui réduite à environ 2000 âmes ;
- les relations actuelles toujours un peu sur le fil entre grecs et turcs avec son lot d'idées reçues bien tenaces et de malentendus quelquefois cocasses mais ... pas toujours.
En grand humaniste lucidement engagé sans être toutefois au service de quelque chapelle idéologique ou politique, Petros Markaris ne s'embarrasse jamais de grandes démonstrations, n'use d'aucun excès pédagogique aussi pédant que stérile, ne fait preuve de nulle nostalgie revancharde mais nous enchante constamment par son humour, sa tendresse et son empathie sincère pour tous ses personnages.

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Petros Markaris ; encore un auteur de polar que je ne connaissais pas, et il a pourtant produit pas mal de bouquins, impliquant un héros récurrent : le commissaire Charirtos.
Dans ce roman, affublé de son épouse acariâtre et un brin pénible, alors que sa fille décide de se marier, il est en voyage organisé à Istanbul . (Constantinople comme disent encore les membres de la communauté Grecque de la ville). Il se voit contacté par sa hiérarchie pour collaborer à une enquête concernant des empoisonnements ayant eu lieu en Grèce et en Turquie.

L'enquête en soi a une trame relativement mince qui est prétexte à la fois à des descriptions d'Istanbul aujourd'hui et à l'exposition de nombreux éléments de compréhension de la situation de la communauté Grecque restée à Istanbul depuis 1964.

Pour ce qui est d'Istanbul d'aujourd'hui, tous ceux qui ont eu la chance d'y aller ces dernières années, reconnaîtront les lieux, les ambiances, les odeurs incontournables de cette ville.

En ce qui concerne la communauté Grecque, les Roums, descendants de l'empire Byzantin, ils ne sont plus que quelques milliers dans la ville, après que 45000 d'entre eux aient fui le pays, accusés d'être Grecs en Turquie et Turcs en Grèce.

C'est en cela que ce livre est intéressant car il met en valeur cette communauté déclinante et donne envie au lecteur de creuser un peu plus l'histoire commune de ces deux pays.
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Ce n'est pas mon premier contact avec Kostas et Adriani. Je n'ai pas lu toutes leurs aventures. Celles que j'ai lu l'ont été sans ordre chronologique. Mais ce n'est pas trop perturbant car en dehors de leur vie familiale les histoires sont indépendantes.

Kostas et Adriani ont décidé de prendre quelques jours de vacances . Ils partent pour Istanbul en voyage organisé. Je trouve la description de la vie du groupe plutôt réaliste, du vécu !!
Alors que les vacances se déroulent normalement, il est demandé à Kostas de s'occuper d'une affaire : Maria, une nonagénaire grecque, serait arrivée à Istanbul après avoir assassiné son frère. D'autres assassinats se produisent à Istanbul selon la même méthode, Maria leur a préparé une tyropita dans laquelle elle a ajouté un insecticide le parathion. Afin d'éviter un incident diplomatique il enquêtera à coté d'un jeune collègue turc, Murat.

Murat est né en Allemagne. Après y avoir commencé sa carrière de policier, il a décidé pour raisons familiales, de s'installer en Turquie. Les rapports entre les deux hommes sont un peu tendus au début mais très vite ils constitueront une équipe efficace.

Durant l'enquête l'auteur nous promène dans différents quartiers dont le quartier grec où beaucoup de maisons ayant appartenu aux grecs sont abandonnées.

Les romans de Markaris sont intéressants car il traite toujours plusieurs sujets. En premier c'est la vie familiale d' Adriani, Kostas, leur fille Katérina et du gendre Phanis. L'humour y est souvent présent. Les autres sujets abordent des questions sociales, politiques, économiques... Dans l'empoisonneuse d'Istanbul il est question des différents conflits entre turcs et grecs ainsi que des problèmes des minorités.
L'auteur fait plusieurs fois référence aux évènements des 6 et 7 septembre 1955 appelés le pogrom d'Istanbul principalement dirigé contre les grecs.
Pour les minorités c'est Murat qui aborde la question en rappelant que partout les minorités connaissent des difficultés et souffrent du racisme. A titre d'exemple il parle des Turcs en Allemagne donnant ainsi les raisons pour lesquelles lui et sa femme sont venus vivre à Istanbul.

En conclusion il reste un gentil polar agréable à lire. Je tien à rassurer les futures lecteurs la partie familial , vacances et même enquête sont majoritaires, la partie plus politique ou humaine est harmonieusement intégrée dans l'histoire. Bonne lecture !
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En voyage touristique organisé à Istanbul, le commissaire Kostas Charitos est contraint à l'action par une série de meurtres liés à l'exode grec de 1955, cinquante ans plus tôt.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/03/03/note-de-lecture-lempoisonneuse-distanbul-petros-markaris/

Pour des raisons familiales qui s'éclaireront le moment venu (et qui – rassurons d'emblée les lectrices et lecteurs inquiets – trouveront une issue relativement favorable dans les épisodes suivants de la saga Kostas Charitos, le commissaire et son épouse Adriani sont en voyage organisé à Istanbul. Parcours de visites « classique », teinté éventuellement de la nostalgie et du ressentiment dont beaucoup de Grecs originaires de la cité, qu'ils ont parfois dû, eux-mêmes ou leurs parents et grands-parents, quitter précipitamment après les « événements » de 1955, et parcouru occasionnellement des clivages politiques, entre touristes grecs, qui parcourent toujours leur pays en ces années 2000, bien après la guerre civile et la dictature des colonels. Les vacances légèrement fiévreuses du commissaire vont toutefois prendre un tour bien différent, et l'obliger à certaines acrobaties diplomatiques aventureuses avec la police turque, lorsqu'une série de meurtres au moyen d'un poison particulier se mettent tout à coup à toucher, sur place, diverses personnes liées, visiblement de près ou même en apparence de beaucoup plus loin, à l'exode des Grecs locaux après 1955.

Publiée en 2008, traduite en français en 2010 par Caroline Nicolas pour Seuil Policiers, « L'empoisonneuse d'Istanbul » est la cinquième enquête conduite par le commissaire Kostas Charitos de Petros Markaris. Se déroulant quelques semaines avant le début de la « Trilogie de la crise », avec « Liquidations à la Grecque », elle est la dernière pour un bon moment à ne pas être en prise avec l'actualité immédiate (fût-elle par moments légèrement science-fictive) de la Grèce. Enquête plus « intemporelle », donc, même si elle est comme de coutume chez l'auteur férocement reliée à l'histoire du pays, j'ai préféré vous en parler, une fois n'est pas coutume, après les péripéties criminelles engagées au coeur de l'effondrement financier des années 2010.

Histoire de vengeance improbable qui nous permet de parcourir, à hauteur d'homme et de femme, l'une des facettes de l'animosité séculaire entre Grecs et Turcs, elle nous plonge dans un curieux climat, largement inconnu des lectrices et lecteurs de par chez nous, celui de la nostalgie éventuellement vindicative liée au pogrom d'Istanbul de 1955, qui déclencha l'émigration massive de la grande majorité des 135 000 Grecs de la ville à l'époque. En effet, si la « Grande Catastrophe » liée à la fin de la guerre gréco-turque de 1922 et au traité de Lausanne de 1923 et au chaotique « échange de populations » (on ne parlait pas encore à l'époque d'épuration ethnique) avait vu le chassé-croisé d'un million et demi de chrétiens chassés d'Asie et de 500 000 musulmans repoussés hors d'Europe, les communautés orthodoxes d'Istanbul n'avaient, par dérogation (et certainement un peu parce que les Alliés occupaient la ville depuis la fin de la première guerre mondiale…), pas été concernées par ce règlement ô combien douteux. C'est trente ans plus tard que l'émigration « forcée » prit place, avec son lot de crimes et de spoliations, et sa cohorte de profiteurs d'aubaines économiques « à saisir », qui fournissent la toile de fond de cette enquête prenant place encore cinquante ans plus tard. On notera d'ailleurs à quel point Petros Markaris est habile dans la pratique d'un décentrage largement ironique vis-à-vis de ses compatriotes, et comment il évite avec art de souffler sur les braises gréco-turques, en soulignant les comportements loin d'être angéliques de certains Grecs nantis vis-à-vis de moins chanceux qu'eux – et la rapacité largement partagée des deux côtés du Bosphore. La fibre sociale rusée et ambiguë qui parcourt les travaux de l'auteur prend ainsi, ici, un tour parfois joliment inattendu.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Alors que notre commissaire Charitos, héros récurrent des romans policiers de Petros Markaris, emmène son épouse Adriani pour un circuit organisé à Istanbul, que les grecs appellent encore Constantinople, son supérieur Guikas fait appel à lui pour retrouver une nonagénaire, qui, après avoir empoisonné son frère en Grèce, se serait sauvée à Istanbul où elle a vécu auparavant.
Cette enquête permet de découvrir Istanbul, et surtout la communauté roum, des grecs de Constantinople. Charitos va devoir collaborer avec un jeune policier turc, né en Allemagne. Cela permet d'en savoir plus sur les relations entre la Grèce et la Turquie, outre la crise Chypriote, et de dépasser les préjugés des grecs (des occidentaux) sur les turcs.
On retrouve toujours avec plaisir les enquêtes de ce commissaire, entremêlées de passages de sa vie (vacances, mariage de sa fille) et de politique. L'empoisonneuse d'Istanbul est une enquête intéressante, agréable à lire, sans scènes horribles ou terrifiantes.
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Sous prétexte de la traque d'une vieille femme empoisonneuse, on découvre l'histoire tragique entre Grèce et Turquie depuis les années 50. Une construction narrative brillante.
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