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sur 1766 notes
Santiago Nasar va mourir. C'est annoncé dès le départ, dès le titre du roman. C'est un fait. On n'y pourra rien. Pas la peine de chercher à le sauver, sa mort est annoncée, et ce n'est pas à moi de la chroniquer. Enfin, si, quand même un peu sinon, je ne serais pas devant toi à te parler d'un roman de Gabriel Garcia Marquez, prix Nobel de littérature, prix pour moi d'une atmosphère tourbillonnante. Laisse la bouteille sur la table, le temps de me servir un verre, ou deux, chronique d'une beuverie annoncée.

Je ne te cacherais pas plus longtemps les coupables, ni mêmes les aboutissants de ce fol, et étrange, lendemain de noce. Alors que tout le monde reprend ses esprits fortement embrumés par le flot d'alcool qui s'y est déversé durant ces deux jours de fêtes, Santiago Nasar va mourir. Des trompettes sonnent dans le vent, vent qui fait tourbillonner la poussière. Dès qu'il y a de la poussière, je me retrouve dans mon élément, poussière de vie qui s'envole, comme la mienne de vie. Des trompettes dansent, façon mariachis. Je les entends entre les paragraphes de l'auteur. Ses phrases doivent être à l'unisson du vent et de la musique, j'avais constamment le sentiment étrange de voir tourbillonner la poussière et la musique.

Santiago Nasar va mourir, son destin probable. Pourtant tout le village semble au courant, les futurs meurtriers sortis d'une nuit de beuverie ne s'en cachent point, avec leurs couteaux de bouchers bien en avant. de quoi découper le cochon gras. Autant aller le prévenir. Peine perdue. Si le village est au courant de l'affaire, le principal intéressé doit l'être également. Peut-être est-ce cela que se disent les villageois. Moi aussi, certainement, le teint mutique, regardant se remplir mon verre, bien au-delà des heures festives. de toute façon, il fait trop chaud pour me lever au milieu de cette poussière, autant rester avec mon verre sur cette terrasse ombragée que dominent le chant d'une musique funeste.

Compte-rendu détaillé d'une histoire d'honneur. Minute par minute, le vent emmène les poussières de vies, bien au-delà du fleuve sauvage qui transite l'évêque. D'ailleurs, si ce dernier n'avait pas été à bord de son bateau, Santiago ne serait peut-être pas sorti de son pieu, les assassins auraient fini de cuver leurs vins, les cloches de l'église n'auraient pas sonné… Mais avec des si, mon verre serait encore plein, la vie n'est pas faite de si mais de faits, et je t'annonce que Santiago Nasar est mort assassiné. Et tout ça, pourquoi ? Parce que la belle Angela n'était pas vierge à son mariage…
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Ils avaient décidé qu'il devait mourir, pourtant, ils auraient aimé que quelqu'un les arrête. Les assassins de Santiago Nasar étaient allés, mais en vain, au-delà de l'imaginable pour ne pas le tuer.

Parmi les villageois qui ont entendu les deux frères Vicario raconter qu'ils allaient laver l'honneur de leur soeur, certains n'y ont pas cru et d'autres qui, avec beaucoup de bonne volonté, ont tenté quelque chose, ont échoué. Santiago Nasar est mort sous les multiples coups de ses meurtriers.

Volonté, hasard ou fatalité, la mort d'un homme a-t-elle dépendu d'une tradition d'honneur et d'un concours de circonstances malheureuses ? L'enquêteur – il semble que ce soit Gabriel Garcia Marquez lui-même – paraît le croire. Et puis, Nasar était arabe ce qui a fait de lui, dans ce petit village caribéen, malgré l'absence de preuves, un coupable idéal.

Dans ce roman foisonnant de sensations et de sentiments contradictoires, bien que bref, Gabriel Garcia Marquez nous emporte dans un monde fruste et fascinant. Un monde bariolé, fantasque mais bien réel, sublimé par l'imagination narrative admirable du lauréat du Prix Nobel de Littérature.
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Il m'a fallu attendre le décès de ce prix Nobel, écrivain à succès, pour lire un de ses textes. Honte à moi ! Enfin, je vais vite relativiser les choses et, par ce biais, m'attirer bon nombre d'ennemis. Tant pis, je le dis : je comprends pourquoi je ne l'avais pas encore lu car je n'ai franchement pas accroché, mais alors pas du tout ! Voilà, ouf, ça, c'est fait !

Ce court récit est l'histoire d'un meurtre, celui de Santiago Nasar. Ou plutôt, de l'enquête, faite par le narrateur. Là, on apprend assez vite que tout le village était au courant mais que personne n'a rien fait pour empêcher le massacre. Pourquoi ? Qu'avait donc pu faire ce Santiago ?

L'histoire était plutôt sympathique (enfin, tout est relatif) au demeurant. Mais le problème est que ça commence plutôt bien au départ, un peu comme un western, et puis ça s'éternise... Alors on se dit que ça va finir par bouger, par être un peu rythmé... J'attends encore !

Que voulez-vous, tous les goûts sont dans la nature ! Tant pis, je sais que d'autres sauront l'apprécier mieux que moi (et inutile de venir glapir, de tenter de m'expliquer le pourquoi du comment... Je n'ai pas aimé, c'est tout ! Je préfère prévenir...).
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Lu dans le cadre du Challenge Nobel

Il ne manque pas d'air, ce sacré « Gabo ». Il nous annonce d'emblée l'identité de la victime et celle des assassins. Avouez qu'on aurait là un bien mauvais polar. Mais évidemment, ceci n'est pas qu'une histoire policière.
Ainsi donc, dès le début le narrateur nous explique comment ça va finir : le malheureux Santiago Nasar va périr sous les coups de couteau des jumeaux Pablo et Pedro Vicario, obligés de laver ainsi l'honneur bafoué de leur soeur Angela. Coupables et victimes sont connus, le mobile un peu moins, mais il ne tardera pas à être expliqué. Où est donc l'intérêt de ce livre ? Bizarrement, le suspense (parce que, oui, il y a malgré tout du suspense) se trouve là où on ne l'attend pas. En effet, quelques heures avant la tragédie, tout le village (à l'exception de la victime) sait ce qui va se passer. Mais personne ne veut/ne peut l'éviter. Un enchaînement invraisemblable de circonstances, de malentendus et de bonne ou mauvaise volonté a rendu la mort de Santiago inéluctable. Ce sont ces dernières heures que le narrateur retrace, à la façon d'une enquête, en recoupant les témoignages des nombreux protagonistes. Il délivre les pièces du puzzle, dans le désordre, remontant plus loin dans le passé à la recherche des racines du mal. Quelle est la cause première de ce drame ? l'arrivée de l'excentrique Bayardo San Roman, dont le seul objectif semble être d'épouser une fille quelconque du village ? l'étouffoir dans lequel Pura Vicario maintient sa dernière fille Angela, laquelle passe pour gourde dans toute la région ? ou encore l'indigence morale des habitants, enfermés dans leurs préjugés et leurs superstitions ?
Malgré un flot de personnages un peu étourdissant, le récit est captivant, hallucinant tant il est difficile de comprendre pourquoi ce gâchis n'a pu être évité.
Et puis, et c'est là la patte d'un grand, Garcia Marquez ne nous parle pas que de Santiago Nasar : causes, conséquences, effets, coïncidences, fatalité, responsabilité, vie, amour, mort, deuil, honneur, fierté, vérité et mensonges, petits et grands, tous ces enchaînements chaotiques, c'est la vie, c'est universel.
Et parfois ça vaut un Prix Nobel.
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Gabriel García Márquez, auteur Colombien et prix Nobel de littérature en 1982, nous offre ici un récit court et intense qui nous relate comme son titre l'indique la mort de Santiago Nasar. Et si à la lecture du titre il vous subsistait encore un doute la première phrase du roman vous l'enlève : Santiago Nasar va mourrir, point à la ligne.

On suit ici l'enquête sur ce meurtre faite par un proche de la victime une bonne vingtaine d'années plus tard mais à l'opposé d'un polar on s'intéresse ici au mécanisme de mise en place du meurtre, aux circonstances environnantes nombreuses qui vont peser sur le déroulement des évènements et l'aboutissement pourtant improbable à la mort de Santiago Nasar.

Gabriel García Márquez développe aussi beaucoup les considérations sociales propre à l'Amérique latine pendant la seconde moitié du XXème siècle : la religion y tient un rôle fort, voir pesant, et associée aux valeurs morales d'honneur et de famille nous donnent les ingrédients qui aboutiront au meurtre.

C'est au final un livre très agréable à lire, intense et plein de suspens malgré une fin connue d'emblée, de la part d'un auteur que je ne connaissais pas.
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Qu'est-ce qui fait que c'est prenant, que ça se lit si vite alors qu'il n'y a a priori aucun suspens?
C'est un peu un anti-polar, on sait très bien qui sont les assassins, mais on comprend beaucoup moins bien pourquoi ce meurtre absurde n'a pu être empêché, et plus l'enquête avance, plus le mystère s'épaissit, plus l'affaire s'absurdifie - Absurde de tuer quelqu'un parce qu'il a peut-être dépucelé une jeune fille avant son mariage. Absurde de marier sa fille à un homme qu'elle a à peine vu, qu'elle n'aime pas, et de pulvériser son argument par un « L'amour aussi, ça s'apprend! ». Absurde de répudier sa femme la nuit de noce parce qu'elle n'est pas vierge. Incompréhensible l'irresponsabilité collective qui laisse se produire de tels actes. C'est sans doute une des forces de ce roman, cette façon de nous renvoyer sans avoir l'air d'y toucher à toutes ces choses absurdes qu'on pourrait empêcher, qu'on laisse faire.
Et puis il y a l'écriture très particulière de Gabriel Garcia Marquez, simple et profonde, impassible, avec une sorte d'humour discret, de malice, qui vous capte et ne vous lâche plus avec sa façon de laisser penser qu'elle en dit plus qu'il n'y paraît.
Cette Chronique d'une mort annoncée est un roman étonnant, original, avec un singulier mélange de simplicité et de complexité.
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Le narrateur se lance, 27 ans après les faits, sur les traces de son vieil ami, Santiago Nasar, éventré comme un cochon par les frères Vicario. La cause : une histoire d'honneur dont nous ne connaîtrons pas réellement le fin mot. Il va s'appliquer, au fil de l'ouvrage, à reconstituer les faits à travers les témoignages des gens de l'époque.
Ce petit roman est absolument remarquable. Il revêt des allures de tragédie grecque transposé dans un espace géographique complètement différent, aux accents et aux saveurs très puissants, celui de l'Amérique du Sud.
On connaît dès le début le dénouement de l'histoire. Santiago Nasar va mourir, tout le monde le sait sauf lui et sa pauvre mère.
Ce n'est pas un secret. Ce qui est captivant c'est la manière dont tout ceci est arrivé. Comment tous ceux qui auraient pu faire quelque chose pour empêcher ce crime, tous ceux qui ont fait quelque chose pour l'empêcher, n'y sont pas parvenu. Pourquoi ? le narrateur exhume les rumeurs, les commérages, les non-dits des habitants de ce petit village de Colombie où s'est déroulée la tragédie.
Ce n'est pas un roman à suspense mais une mise à nu des ressorts qui animent les témoins de l'acte fatal, de leur manière de penser. de l'enchaînement inéluctable dont ils sont prisonniers malgré eux.
Avec humour, dans une langue truculente, Marquez provoque chez le lecteur des émotions littéraires incroyablement fortes avec finalement bien peu de matière. Génial.
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La fête bat son plein dans le petit village d'Amérique du Sud où l'on vient de marier Bayardo San Roman et Angela Vicario. A deux heures du matin, c'est le drame : Bayardo ramène Angèla dans sa famille et la répudie ; elle n'est pas vierge.
Sommée de s'expliquer, elle désigne son séducteur : Santiago Nasar.

Quelques années plus tard, le narrateur, un ami de Santiago Nasar mène l'enquête et raconte comment la vie de son ami a basculé dans le néant. le crime aurait-il pu être évité ? Sans doute, si l'on en croit les meurtriers qui prétendent avoir tout fait pour qu'on les en empêche… Peine perdue, quand la fatalité s'en mêle…et l'honneur…

Un petit roman par le nombre de pages mais grand par la maîtrise de son auteur : un rythme soutenu, une pointe d'humour, une construction sans faille et qui vous tient en haleine du début à la fin.
Prix Nobel de littérature, Garcia Marquez ? Pas surpris, même si « Cent ans de solitude » à largement contribué à l'obtention de cette « récompense » qui lui sera attribuée l'année d'après la parution de cette « chronique… »
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Santiago Nasar va mourir, aucun doute, aucun suspens passés le titre et la première phrase ! le narrateur nous conte les résultats de son enquête sur cet événement, plus de vingt après les faits. Ce n'est pas du tout un polar, mais ce n'est pas non plus une histoire de vendetta (j'ai horreur de ce type d'histoires!) même si honneur et vengeance sont au coeur du récit, tout n'est que prétexte à dépeindre les relations sociales, le poids de la religion, les moeurs. Comment ce meurtre improbable, dont même les auteurs semblent avoir tout fait pour en être empêchés, a-t-il bien pu se produire ? C'est un peu le mécanisme de l'effet du témoin : plus il y a de personnes qui peuvent intervenir lors d'un délit moins il y a de chance que l'une d'elles intervienne. “Personne ne s'était demandé si Santiago Nasar était prévenu, car le contraire paraissait à tous impossible.” Pour comprendre le narrateur questionne tour à tour les habitants du village, tous peu ou prou protagonistes involontaires de cette histoire. Pour le lecteur, c'est quelque peu perturbant, on peut un peu s'emmêler les pinceaux avec les noms, et en tout cas cela complique un petit peu la lecture, c'est la seule chose qui m'a gênée. Ce récit n'est pas situé dans une époque précise, mais, écrit en 1981, il est édifiant d'y trouver un tel poids de la virginité des femmes au mariage, et encore plus surprenant de découvrir que les assassins pouvaient plaider l'homicide en état de légitime défense de l'honneur. Quant à la scène de l'autopsie du pauvre Santiago, c'est une scène d'anthologie, difficile de trouver plus gore, et pourtant c'est raconté admirablement. Les scènes les plus tristes arrivent à prendre une couleur cocasse et à participer à plonger le lecteur dans l'atmosphère du village. de sa plume inimitable Gabriel Garcia Marquez montre avec malice le poids du hasard, mais aussi celui des traditions et surtout celui de l'inertie humaine. Un roman très court, mais très intense, où un fait divers sordide prend des airs de tragédie grecque.
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Il y a quelque chose d'immédiatement jouissif dans l'écriture de Garcia Marquez, qui pose d'emblée un univers baroque et immersif, et est animée d'un mouvement propre à altérer le rythme interne de son lecteur, que l'auteur semble venir prendre par la main en lui disant : "Viens, assieds-toi là, je vais te raconter une histoire, et cette histoire je vais te la faire à l'envers."
Et c'est bien à l'envers qu'elle débute cette chronique, avec une mort annoncée dès la première ligne mais à peine a-t-on commencé à remonter le fil des événements qui vont conduire à l'assassinat de Santiago Nasar que les repères temporels se brouillent et se bousculent, la plume de l'ami Gaby virevoltant de personnages en témoins et de points de vue en contrepoints, jusqu'à la saisissante sanglante scène finale.
Grand plaisir de retrouver après « Cent ans de solitude » le bouillonnement unique de sensations que procure cet auteur singulier entre tous !
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