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Critique de raton-liseur


Après la lecture du recueil de nouvelles Les Funérailles de la Grande Mémé, j'ai voulu continuer sur ma lancée et lire ce livre, que j'avais acheté en même temps. Je ne suis pas l'ordre chronologique puisque ce court roman est publié en 1961 et précède donc la célèbre nouvelle d'une petite année.
Ce roman avec son titre énigmatique, comme souvent chez Garcia Marquez me semble-t-il, ne fait pas partie de ses plus connus, et je n'en avais jamais entendu parler avant de le trouver sur les étagères de la bouquinerie en cette fin d'année scolaire.
Pourtant, j'ai beaucoup aimé cette lecture, son ironie mordante, son ton désabusé, sa chaleur écrasante. J'ai même plus aimé que Les Funérailles de la Grande Mémé, même si je dois avouer que la fin m'a parue un peu décevante, un peu en queue de poisson comme si l'auteur n'avait pas trop su comment mettre un point à cette histoire.
Il est bien pathétique ce colonel dont on ne saura pas le nom, qui a servi vaillamment son pays pendant les heures sombres de la Guerre des Mille jours entre 1899 et 1902, guerre qui aboutira à la sécession du Panama, et qui depuis attend que le gouvernement se souvienne de lui. Voilà quinze ans que tous les vendredis, qu'il pleuve ou qu'il vente, il se rend invariablement au bureau de poste pour savoir si le gouvernement a enfin accédé à sa demande pour le versement de sa pension. Quinze ans qu'il vivote dans son petit bourg, quinze ans qui ont vu partir beaucoup de meubles chez les riches du village pour pouvoir se nourrir, qui ont vu l'asthme de sa femme s'aggraver, qui ont vu son fils mourir dans des circonstances troubles. Quinze ans ramassées dans les quelques jours que dure ce roman, car toutes les semaines ont été celles de la même misère et de la même attente.

Tristesse et ironie mêlées, un livre beaucoup plus réaliste que le style qui fera quelques années plus tard la renommée de Gabriel Garcia Marquez. Un style plus classique, voire conventionnel donc, mais qui m'a beaucoup plu. Un roman accessible, qui montre une facette moins connue de cette grande figure colombienne, et il me semble que c'est là la marque d'un grand écrivain, quand ses écrits mineurs ou moins connus sont comme de petites pépites qui brillent de mille feux ou comme de petits bonbons acidulés qu'on ne peut s'empêcher de grignoter avec gourmandise.
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