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Claude Couffon (Traducteur)
EAN : 9782253030454
254 pages
Le Livre de Poche (01/11/1982)
3.69/5   390 notes
Résumé :
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,69

sur 390 notes
Avant d'aborder ce Garcia Marquez-là, un peu d'exercice de respiration s'impose : inspirez, expirez lentement. Prenez une grande inspiration...

Et c'est parti, plongez dans le maelstrom ahurissant de ce roman vertigineux, dans l'atmosphère fétide des pièces à l'abandon du palais présidentiel de ce dictateur – patriarche si vieux que l'on a oublié qu'il est déjà mort plusieurs fois. D'ennui, sans doute, même l'exercice de la terreur fini par lasser. Quant au pouvoir, voilà bien longtemps que notre potentat fantoche en a perdu l'illusion.

Continuez de bien respirer en autonomie car les points et les retours à la ligne se font rares pour poser votre souffle. de virgule en virgule, Garcia Marquez vous emmène, de force mais avec un brio envoûtant et un joyeux irrespect pour la chronologie, dans les méandres d'une existence de pacotille, glissant des derniers jours de délabrement du méchant pantin à l'arrivée au pouvoir orchestrée par d'angéliques puissances extérieures, d'un acte gratuit de brutalité crasse à la razzia sur les trésors nationaux, avec en points d'orgue des scènes hallucinées de vengeance culinaire contre l'ancien bras droit qui a trahi ou le spectacle fantasmatique de la mort de la madre du petit père du peuple. le tout allègrement traversé de vaches, de poules, et de très jeunes demoiselles à la merci de l'ancêtre craint et vénéré.

Ce roman est fou, irréel, totalement improbable, et pourtant laisse une sensation de réalité historique incontestable, tant il réussit le prodige de servir par l'imaginaire un condensé des régimes dictatoriaux que l'Amérique latine a connu au siècle dernier, hissant de ce fait son auteur au plus haut rang des écrivains politiques engagés du continent. Bravo !
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Wouaouh ! Quel bouquin !
Préparez vous à l'apnée littéraire, la jouissance du mot, la schizophrénie de l'écriture, attendez vous à suer, à vous essouffler, à souffrir, à supporter les pires odeurs, ce livre, c'est bien plus qu'un roman. Avez-vous déjà lu un roman où plusieurs personnes parlent à la première personne du singulier dans une même phrase, ne vous attendez pas à un récit linéaire, rigoureux, le temps n'a plus de forme, dans ce roman, le temps incalculable de l'éternité va se terminer car chaque phrase est une éternité. le roman est constitué de six chapitres, un seul paragraphe par chapitre, et parfois une seule phrase… Ouf ! Laissez-moi reprendre ma respiration...
Le récit raconte la vie de ce général improbable, d'un petit pays des Caraïbes, à partir du jour de sa mort (normal, c'est Gabriel Garcia Marquez qui raconte !), jusqu'au jour de sa mort, pratiquement toute l'histoire se passe dans sa résidence, le texte est une longue logorrhée constituée de bribes de témoignages accumulés, on s'embrouille parfois, on s'y perd, et les mots chantent, ont des couleurs, de la lumière, des sons… et tant d'autres vertus au delà de nos sens, les pires horreurs deviennent des merveilles et vice versa. L'écriture de Gabriel Garcia Marquez est unique, fantastique, bariolée, baroque et vulgaire à la fois, lire ce livre est une expérience unique qui va bien plus loin que celle de “Cent ans de solitude”. Il pousse les possibilités des mots au delà des limites, il triture la syntaxe pour en faire quelque chose d'inédit.
C'est une relecture, 35 ans après, il m'avait vraiment impressionné à l'époque, mais j'avais oublié à quel point, il reprend directement la première place sur mon île déserte. Il y a des livres fous, géniaux, il y en a d'autre qui font réfléchir, qui font rêver, qui nous réveillent, qui nous remuent, des livres ou l'écriture et époustouflante, celui-ci est tout cela et bien plus encore.
Quel putain de bouquin !
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Difficile de trouver les mots pour parler de ce livre tant il ne ressemble à aucun autre. « L'automne du patriarche » est un roman unique, je n'ai jamais rien lu de tel.

J'avais déjà goûté l'écriture de Garcia Marquez avec le sublime « cent ans de solitude », avec « l'automne du patriarche » l'auteur va encore plus loin dans le travail d'écrivain. le résultat m'a moins touchée que dans « cent ans de solitude » qui m'avait littéralement émerveillée par sa beauté et sa musicalité poétique, ici l'écriture est moins enchanteresse. Mais pas moins brillante. Si le sentiment ressenti à la lecture de « l'automne du patriarche » n'est pas l'émerveillement, il est indéniable que le travail d'écrivain fourni ici force le respect. L'expérience de lecture est unique et laisse une impression étrange. Ces phrases longues de plusieurs pages, alambiquées, changeant de narrateur en cours de route, qui mélangent passé et présent m'ont donné l'impression d'un torrent littéraire qui m'a saisi le cerveau, l'a mâché pour ensuite le recracher. Je suis sortie de cette lecture exsangue mais heureuse d'avoir goûté une telle expérience littéraire.

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Gabriel Garcia Marquez est un grand écrivain avec un style truculent.
L'automne du patriarche est une farce. Gabriel Garcia Marquez a du plus subir que moi les dictateurs. et donc c'est très fort de sa part de dénoncer les dictatures par une farce dans un style truculent. Malheureusement, je n'ai pas su m'élever à la hauteur du roman, je n'ai pas pris de plaisir à le lire et je n'ai rien appris sur les dictatures Latino Américaines. J'espère changer mon goût pour l'écriture de Gabriel Garcia Marquez, dans une prochaine lecture.
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Comment, en vacances au bord de l'eau, est-il possible de lire un roman d'un grand auteur, où une phrase se prolonge sur un nombre incalculable de pages ? J'abdique à la 122. Manque de concentration ? Je n'y comprends rien. Un dictateur qui vit entre 107 et 232 ans et meurt plusieurs fois. Quelques phrases crues qui font rire.
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
... il avait aboli le supplice barbare de l’écartèlement et avait essayé de le remplacer par la chaise électrique offerte par le commandant des marines pour que nous aussi nous profitions d’un instrument d’exécution plus civilisé, il avait visité dans la forteresse du port le laboratoire des horreurs où l’on choisissait les prisonniers politiques les plus mal en point pour s’entraîner au maniement du trône de la mort dont les décharges absorbaient la totalité de l’électricité urbaine, nous connaissions l’heure exacte de l’expérience fatale car nous restions un instant dans les ténèbres le souffle coupé par la répulsion, nous observions une minute de silence dans les bordels du port et nous buvions un verre à l’âme du supplicié, non pas une fois mais souvent, car la plupart des victimes restaient accrochées aux sangles de la chaise le corps noirci comme du boudin la chair fumante comme un rôti mais haletantes de douleur jusqu’au moment où quelqu’un avait pitié d’elles et les achevait à coups de revolver après plusieurs tentatives manquées, tout cela pour te plaire, Laetitia...
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comment nom d'un bordel vais-je me dépatouiller pour échapper au nouvel ambassadeur Fischer qui m'a proposé de dénoncer l'existence d'un fléau de fièvre jaune pour justifier un débarquement de marines conformément à notre traité d'assistance mutuelle et cela durant toutes les années qui seront nécessaires pour revivifier la patrie moribonde, et il avait aussitôt répliqué pas de conneries, fasciné par cette évidence qu'il était en train de vivre à nouveau aux origines de son régime quand il avait eu recours au même procédé pour disposer des pouvoirs d'exception de la loi martiale devant une grave menace de soulèvement populaire, il avait décrété l'état de peste, on avait planté le drapeau jaune sur le mât du phare, on avait fermé le port, supprimé les dimanches, interdit de pleurer les morts en public et de jouer des airs à leur mémoire, il avait exhorté les forces armées à veiller à l'application du décret les autorisant à disposer à leur gré des pestiférés, de sorte que les troupes portant des brassards sanitaires trucidaient publiquement les gens de toute condition, signalaient d'un cercle rouge les portes des maisons suspectes de désaccord avec le régime, marquaient au fer à vache le front des simples contrevenants, gouines et pédés tandis qu'une mission médicale réclamée d'urgence à son gouvernement par l'ambassadeur Mitchell s'occupait de préserver de la contagion les habitants de la maison présidentielle, ramassait par terre du caca de ses bâtards pour l'analyser avec des verres grossissants, jetait dans les jarres des pastilles de désinfectant, faisait avaler des larves de moustiques aux animaux des laboratoires, et lui par l'intermédiaire de l'interprète leur disait mort de rire ne soyez pas si cons, misteurs, la peste ici c'est vous, mais ils insistaient si si, par ordre supérieur la peste existait, ils préparèrent un miel préventif, épais et verdâtre, avec lequel ils vernissaient de la tête aux pieds tous les visiteurs sans distinction des plus ordinaires aux plus illustres, ils les obligeaient à se tenir à distance dans les audiences, eux debout sur le seuil et lui assis au fond là où leur voix mais non leur haleine lui parvenait, il parlementait à grands cris avec des gens nus issus de vieilles familles qui gesticulaient d'une main, excellence, et qui de l'autre cachaient leur petit oiseau rachitique et peinturluré, tout cela pour préserver de la contagion celui qui avait imaginé dans l'abattement de l'insomnie jusqu'aux détails les plus banals de la fausse calamité, qui avait inventé des bobards telluriques et répandu des prévisions d'apocalypse en accord avec son critère moins les gens comprendront et plus ils auront les jetons, et c'est à peine s'il sourcilla quand un de ses aides de camps, livide d'épouvante, se mit au garde-à-vous et lui annonça mon général la peste est en train de faire une terrible hécatombe dans la population civile, si bien qu'à travers les vitres teintées du carrosse présidentiel il avait vu le temps interrompu sur son ordre dans les rues abandonnées, vu le vent ahuri sur les drapeaux jaunes, vu toutes les portes closes même celles des maisons oubliées par le cercle rouge, vu les charognards repus sur les balcons, vu les morts, les morts, les morts, il y en avait tellement et partout qu'il était impossible de les compter dans les bourbiers, entassés au soleil sur les terrasses, allongés sur les légumes du marché, des morts en chair et en os mon général et qui pourrait dire combien ils sont, car ils étaient beaucoup plus nombreux qu'il ne l'aurait voulu parmi les hordes de ses ennemis jetés comme des chiens crevés dans les boîtes à ordures, et planant sur la pourriture des corps et la fétidité familière des rues il avait reconnu l'odeur du fléau de la peste, pourtant il ne se troubla pas, il ne céda à aucune requête tant qu'il ne se sentit pas à nouveau maître absolu de tout son pouvoir
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Il vit le brasier allumé sur la Place d’Armes pour brûler les portraits officiels et les lithos de calendrier qu’on trouvait partout et à toute heure depuis le début de son régime, et il vit passer son propre corps qu’on tirait et qui laissait sur le pavé une traînée de décorations et d’épaulettes, de boutons de dolman, d’effilochures de brocard, une passementerie d’agrafes, de glands de sabre, de jeux de cartes, et les dix soleils tristes de roi de l’univers, maman, regarde dans quel état ils m’ont mis, disait-il, en sentant sur sa propre chair l’ignominie des crachats et des pots de chambre de malades qu’on lui vidait dessus au passage du haut des balcons, horrifié à l’idée qu’il pourrait être dépecé et digéré par les chiens et les charognards au milieu des hurlements délirants et du tonnerre de la pyrotechnie pour ce carnaval de ma mort.
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On le découvrit dans cette position à la veille de son automne, quand le caddavre était en réalité celui de Patricio Aragones, et on le redécouvrit dans la même position bien des années plus tard à une époque si pleine d'incertitudes que personne ne pouvait identifier comme vraiment sien ce corps sénile rongé par des charognards et couvert de parasites du fond de la mer.
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J'avais fait construire un mausolée pour un animal de la mer océane qui n'existait que dans mon imagination fiévreuse alors que j'avais vu de mes yeux miséricordieux vu les trois caravelles ancrées devant ma fenêtre,que j'avais dilapidé les fonds publics avec mon vice irresponsable d'acheter des instruments ingénieux et que j'avais même prétendu obtenir des astronomes qu'ils perturbent le système solaire pour être agréable à une reine de beauté qui n'avait existé que dans les visions de son délire,et que dans une crise de folie sénile j'avais donné l'ordre d'embarquer deux mille enfants sur une chaloupe chargée de ciment et qu'on avait ensuite dynamitée au large,maman,imaginez un peu,quels fils de putain...
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Vidéo de Gabriel Garcia Marquez
Troisième épisode de Dans les pages avec la romancière américaine Joyce Maynard. Elle est venue nous parler des livres qu'elle aime, de Gabriel Garcia Marquez, du Petit Prince et de musique.
Bon épisode !
"L'hôtel des oiseaux" est publié aux éditions Philippe Rey, Arthur Scanu à la réalisation
#librairie #joycemaynard #danslespages #millepages #books @editionsphilipperey1918
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