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EAN : 9782228901222
445 pages
Payot et Rivages (01/09/2006)
2.9/5   5 notes
Résumé :
A quoi sert le journalisme en démocratie ? Que veut dire voir et faire voir le monde au présent ? Quel est le sens politique d'une telle activité ? Existe-t-il un journalisme " idéal ", à l'aune duquel juger le journalisme " réel " ? Sur quelle base le critiquer, et pour lui donner quels chemins aujourd'hui ? Dans cet essai stimulant, le premier à soumettre le journalisme à un questionnement philosophique, Géraldine Muhlmann montre qu'une double tâche est assignée a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Si je n'avais pas opté pour une carrière européenne, je serais très probablement resté journaliste, mon tout premier job, que je combinais, au départ, avec mes études. "Du journalisme en démocratie" doit par conséquent fatalement m'intéresser. Ce qui m'a fait légèrement hésiter à entreprendre la lecture de l'ouvrage de Géraldine Muhlmann c'est sa date de parution : 2004. Bien avant donc qu'un nouveau vent en provenance des États-Unis n'en change scandaleusement les donnes avec le "fake news" ou la construction de "faits alternatifs" chers à des sites comme Breitbart et des personnages comme Steve Bannon et un certain Donald Trump. Dans la deuxième édition de son livre, publié l'année dernière, l'auteure, dans sa préface aborde cette calamité, mais un peu trop sommairement à mon goût.

Je me souviens parfaitement de la consigne, lors de mon entrevue de bienvenue à "Spectator" (un hebdomadaire en Néerlandais, style L'Express), du rédacteur en chef, un vieux professeur : "Fais gaffe à l'orthographe, mais les fautes peuvent être corrigées, avec les faits c'est nettement plus compliqué de rectifier les erreurs !" D'où ma hantise de l'exactitude des faits, ma manie de vérifier et re-vérfier justement les faits (Je viens de prendre un abo sur le Monde, un de plus) et mon indignation devant les faits maquillés ou trafiqués consciencieusement, et à plus forte raison les purs mensonges qui nous sont servis actuellement ! Si dans une oeuvre autobiographique l'auteur "embellie" un peu, passe encore...nous sommes tous humains, mais là aussi il y a des limites.

Même avec cette petite réserve le livre est instructif, car Géraldine Muhlmann n'est sûrement pas par hasard professeur à l'université de Paris 2-Panthéon-Assas, après une agrégation en philo et sciences po, ainsi qu'un diplôme de l'école de journalisme de l'université de New York.
Elle est aussi l'auteure de 2 autres ouvrages sur ce thème : "Une histoire politique du journalisme. XIXe-XXe siècle ", en 2007 et "La liberté d'expression" en 2015.

C'est à la page xviii du préface que l'auteure pose le fond du problème en ce qui concerne l'orientation américaine dernier cri des informations.
"Tous les spécialistes du phénomène le disent : vous avez beau, journalistes ou autres, faire ce qu'on appelle, en France aussi désormais, du 'fact checking', cela ne sert pas à grand-chose puisque la notion de 'fait' a changé de critères (et donc de sens, même). Quoi qu'ils fassent, les journalistes racontent n'importe quoi." Et d'ajouter non sans un certain cynisme : "Bienvenue dans l'ère de la 'post-vérité".

Dans ce passage, Géraldine Muhlmann met le doigt sur la plaie : on ne sait plus qui ou quoi croire ! Si dans des pays où la presse est sous contrôle gouvernemental, comme c'est le cas en Russie par exemple, on en est réduit à vérifier sur internet la pertinence de certaines informations semi-officielles- ce qui est le cas de jeunes intellectuels russes - les hackers à la solde de Poutine et de son FSB (successeur du KGB) essaient même d'influencer cette réalité en lançant à travers les réseaux sociaux, comme "VKontakte", le Facebook ou Twitter russe, des contre-vérités. Ce réseau, avec plus de 276 millions d'utilisateurs, a vu, en 2014 l'éviction de son fondateur, Pavel Dourov, et un an après son remplacement par des potes de Poutine, messieurs Igor Setchine et Alicher Ousmanov.

C'est d'une ironie bien amère qu'à une époque où, grâce aux progrès électroniques considérables, les sources d'information se soient tant multipliées, qu'il n'ait peut-être jamais été aussi problématique de savoir ce qui se passe réellement et de faire la part des choses ! Puisque même chez nous, la confusion se trouve accrue par la surenchère de politiciens et partis politiques populistes pour interpréter et divulguer leur vérité, et ainsi contribuer allègrement au chaos déjà inquiétant. Que ce soient les hommes et partis de droite qui excellent dans cet art. avec leurs "spin doctors" (conseillers en communication) royalement payés, peut difficilement être contesté.

Que cette évolution m'inquiète sérieusement et que je sois loin d'être un cas isolé semble confirmé par les réactions de nombreux lecteurs à ma chronique du livre de Tom Nichols "The Death of Expertise" (la fin de l'intelligence) du 10/09/2017, dans lequel il était entre autres question du parallèle entre l'ignorance grandissante et alarmante d'un nombre croissant de gens aux États-Unis et la place prise par une presse tendancieuse au profit de riches conservateurs d'obédience républicaine, au détriment d'une presse traditionnelle de qualité, qui doit lutter pour survivre.
En Europe on en est, heureusement, pas encore là, mais quand un parti politique français invite à son congrès l'horrible mauvais génie de Steve Bannon, grand maître en matière de faits alternatifs, il s'agit de doubler de vigilance !

J'ai pu constater comme tout le monde que pendant la dernière campagne présidentielle américaine, vulgaire comme jamais avant, aussi la critique chez nous en Europe à l'adresse de journalistes qui faisaient comme d'habitude honnêtement leur travail a considérablement augmenté. Il suffit de lire les lettres des abonnés à la rédaction de leurs journaux et magazines, sans nuances et agressives envers les journalistes, dont certains jouissent d'une réputation de qualité depuis de nombreuses années. Une belle aubaine pour les "spin doctors" de la droite, qui ont eu ainsi la partie facile de s'attaquer à tout journaliste qui s'était montré sceptique à leurs mandataires.

Je peux recommander l'ouvrage de Géraldine Muhlmann à tous ceux qui s'intéressent à cette problématique. Ses chapitres intitulés "La confusion des critiques actuelles du journalisme" et "L'énigme démocratique et le rôle du journalisme", j'ai trouvé particulièrement inspirés.
Je me vois, toutefois, dans l'obligation d'indiquer qu'il s'agit d'un ouvrage académique, dont certains passages sont loin d'être simples.

Je termine par les paroles de la célèbre chanson de Guy Béart :
" le premier qui dit la vérité
Il doit être exécuté. "

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Ne sachant pas comment m'y retrouver dans les informations et les différents médias mais avec le désir d'acquérir un peu plus de discernement sur ce sujet crucial, j'ai demandé à recevoir ce livre. J'ai lu une douzaine de pages de la seconde introduction puis deux ou trois de la première avant de me plonger dans le vif du sujet.

Les deux premiers chapitres commencent par définir le champ de la critique du journalisme. Pour cela Géraldine Muhlmann cite différents penseurs en particulier Kant, Bourdieu, mais aussi le marxisme. J'avoue que tout n'est pas clair pour moi. Je n'ai retenu que quelques idées.
Le troisième propose une définition de journaliste idéal, le journaliste-flâneur totalement en accord avec la vision kantienne d'une pluralité de regards. J'espère trouver enfin une lecture enrichissante pour moi.
Hélas elle convoque outre Kant, Foucault déjà rencontré et Baudelaire.
J'abandonne.
Le quatrième chapitre propose le journaliste en lutte.
Tant pis ! Je me suis fourvoyée. Il ne s'agit nullement d'un livre sur la façon de pratiquer le journalisme face aux contraintes, pression, audimat, que sais-je. Et surtout comment pour le citoyen exercer son esprit critique. C'est une réflexion de philosophe, j'aurais dû mieux me renseigner.
Voilà je n'aurais lu consciencieusement que le premier chapitre espérant que la suite serait plus digeste. Bienheureux ceux qui y trouveront réponse à leurs attentes. Mais si comme moi vous cherchez un ouvrage sur comment comment être un citoyen éclairé sur les médias, cherchez ailleurs.

Je suis désolée de ne pas rendre un compte plus fidèle du contenu de l'ouvrage mais de toutes façons, il me dépasse et je n'aurais su l'analyser. J'ai du moins défini le lecteur auquel il s'adresse, le familier des penseurs qu'elle évoque pour soutenir sa thèse quelle qu'elle soit.

Merci tout de même à Masse critique et aux éditions Klincksieck.

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J'ai trouvé que "Du journalisme en démocratie" était intéressant dans l'ensemble, l'auteure développant plusieurs points avec de nombreuses références à l'appui (elle a d'ailleurs une bibliographie très riche). Elle a mêlé à ses opinions moults aspects philosophiques, citant par exemple fréquemment Kant. Il semble y avoir un vrai travail de rechetches.
Cet ouvrage est cependant assez complexe et se lit à tête reposée. J'ai eu quelques difficultés à comprendre et ne m'attendait pas exactement à cela. Je pensais qu'il traiterait peut-être plus clairement ou plus simplement du sujet. Attention donc, c'est un ouvrage scientifique, et non de vulgarisation.
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Je viens de terminer la lecture du livre "Du journalisme en démocratie" de Géraldine Muhlmann. Nous étions intéressés, avec Camille, par cette ouvrage, passant moi le CELSA et elle étant en double licence Lettres, éditions, médias audiovisuels / anglais. Dans l'ensemble, le livre est intéressant sur plusieurs points avec beaucoup de référence (merci à la bibliographie qui est enrichissante). L'auteure donne ses opinions. Même s'il y a un véritable travail de recherches en amont, ce livre n'est pas assez "vulgarisé". J'ai trouvé que l'on se perd facilement, que la tête nous fait rapidement mal. Je ne m'attendais absolument pas à cela et j'ai été légèrement déçu...
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Vidéo de Géraldine Muhlmann
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>Journalisme, édition. Journaux>Journalisme, édition. Journaux>Activités journalistiques (53)
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