AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'Iguifou : Nouvelles rwandaises (13)

À peine si m’envahit alors la mémoire confuse d’une
paix bienheureuse. Peut-être m’appelait-elle, mais je ne sais
vers qui, vers quoi, elle m’appelait. N’était-elle que le
masque fallacieux du néant ? Mais pourquoi la mort serait-elle si belle ? Et je pense à ceux qui sont tombés sous les
machettes : y avait-il pour eux une lumière au bout de leurs
souffrances ? Alors le souvenir de la lumière se fait brûlure
vive.
Commenter  J’apprécie          253
les gamins, qui s’offrent à porter les paniers pour quelques
pièces, lapident la malheureuse de tomates et de papayes
trop mûres tandis que la suppliciée étouffe en silence sa
souffrance et sa honte. La nuit, les descentes dans les night-clubs ont surtout pour objectif les homosexuels : les Noirs
vont en prison, les Blancs reçoivent dès le lendemain leur
avis d’expulsion.
Commenter  J’apprécie          222
Elle se rappelait l’histoire que lui racontaient en riant au lycée de Kigali ses camarades hutu : « Un jour, un enfant demanderait à sa mère : “Dis-moi, maman, qui étaient ces Tutsi dont j’ai entendu parler ?
À quoi pouvaient-ils bien ressembler ? — Ce n’était rien,
mon fils, répondrait la mère, ce n’était qu’une légende.
Commenter  J’apprécie          50
Puisque, comme moi, parce que tu étais tutsi, tu as été
déplacée à Nyamata, tu as connu toi aussi cet ennemi
implacable qui gîtait au plus profond de nous-mêmes, ce
maître impitoyable auquel nous devions payer un tribut que,
dans notre pauvreté, nous étions incapables d’acquitter, ce
bourreau inlassable qui tenaillait sans répit nos ventres et
brouillait notre vue, tu l’as reconnu, c’est l’Iguifou, la Faim,
que nous avions reçu à notre naissance comme un mauvais
ange gardien…
Commenter  J’apprécie          40
... mais c’était bien plus beau encore et cela n’éblouissait pas, non, non,
ces lumières ne brûlaient pas, elles étaient fraîches, apaisantes, et j’allais vers ces lumières, rien ne pouvait m’empêcher d’aller vers elles, j’étais si légère, une onde de bonheur me portait vers la lumière, le tourbillon était interminable mais, au bout, la lumière m’attendait, j’étais sûre
qu’elle n’attendait que moi, qu’elle n’était là que pour moi,
j’étais si heureuse, et les couleurs ! ah, tant de couleurs, il
faudrait les couleurs de toutes les fleurs de la terre et des
mots que je ne connais pas pour les décrire. Je me voyais
m’en aller au milieu de la spirale éclatante et quelque chose
se détachait de moi, comme une ombre immense qui se
libérait de mon corps, un double de plus en plus lumineux
qui avait la force d’avancer vers cette autre lumière de
s’élancer vers…
Commenter  J’apprécie          30
De la maison principale, une case rectangulaire, il ne restait qu’un pan de mur
échancré. Elle chercha en vain la trace du foyer et de ses trois pierres : il n’y avait qu’un petit tas de tuiles brisées. Elle ne put retenir une bouffée de fierté : son père avait réussi à couvrir la maison d’un toit de tuiles ! Mais elle constata aussi que les tueurs avaient pris le temps de les emporter. Ils avaient toutes les raisons de tuer leurs voisins : ils étaient tutsi et ils avaient une maison avec un toit en tuiles.
Commenter  J’apprécie          10
C'était peut-être pour cela qu'elle était partie loin d'eux, en exil, parce qu'il faudrait quelqu'un pour pleurer ceux dont on voulait anéantir la mémoire, leur denier d'avoir existé.
Commenter  J’apprécie          10
Elle non plus ne connaissait pas le mot "génocide", mais en kinyarwanda, il y avait depuis longtemps un mot pour désigner ce qui se passait chez elle, "gutsembatsemba", un verbe qui était employé à propos des parasites et des chiens enragés qu'il fallait éradiquer.
Commenter  J’apprécie          10
Il sait que son devoir, c'est de te tuer. Il croit que c'est lui ou toi. C'est ce que l'on lui a appris. C'est ce qu'il entend à la radio. C'est ce qu'il chante.
Commenter  J’apprécie          10
La mort des nôtres, et nous n'y pouvons rien, nous a nourris, non pas de rancœur, non pas de haine, mais d'une énergie que rien ne pourra briser.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (73) Voir plus




    {* *}