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sur 516 notes
Quand le Bengale s'emballe. Polar historique épicé au curry.
Nous sommes en 1919 en Inde et les villas coloniales se lézardent sous la chaleur moite de Calcutta. C'est le début de la fin pour le Raj britannique, le mouvement nationaliste indien prend de l'ampleur influencée par la pensée non violente de Gandhi. le 13 avril, le massacre d'Amristar qui voit un rassemblement politique réprimé dans le sang, constitue un point de bascule vers l'Indépendance. C'est dans ce contexte historique agité qu'un ancien enquêteur de Scotland Yard, veuf et vétéran de la Grande Guerre, débarque pour enquêter sur l'assassinat d'un haut dignitaire britannique survenu à proximité d'un bordel. L'affaire est sensible, la chasse au bouc émissaire sacré est ouverte.
Le Capitaine Wyndham, fervent serviteur de la Couronne britannique, God save the Queen et ses résidences secondaires, est remué dans ses fondations, choqué par le comportement raciste de ses compatriotes. Dans son enquête, il est guidé et secondé par le sergent Banerjee. Indien ayant étudié à Londres, il est tiraillé entre son emploi au service des Anglais et les élans indépendantistes qu'il partage. le choc des cultures sans constat à l'amiable.
Enquête policière à la Conan Doyle aussi addictive que l'opium vapoté par le Capitaine Wyndham pour fuir son passé, ce roman dépasse la partie classique de Cluedo dans le Cottage un dimanche de pluie et aborde avec beaucoup de subtilités l'arrogance du colon britannique envers ces 300 millions d'Indigènes qui réclamaient leur indépendance.
La peinture des personnages est bien laquée, le climat étouffant du Bengale est mieux restitué qu'un bulletin météo annonçant la canicule depuis un studio climatisé et les dangers n'ont pas besoin de panneaux indicateurs pour être partagés avec le lecteur. Il faut dire que boire de l'eau constituait déjà un risque mortel.
La description en immersion de Calcutta, ville des pauvres que je ne connaissais qu'à travers l'oeuvre de Mère Teresa et des rites funéraires pratiqués sur le Delta du Gange, offre un décor extraordinaire à cette intrigue, première d'une série qui compte déjà quatre titres en Angleterre. La seconde aventure doit sortir à l'automne. J'ai déjà le tandoori qui bouillonne d'impatience.
Je finirai ce billet avec Darjeeling. Dans le roman ce n'est qu'une partie du titre et une destination, mais ce nom suave suffit à fantasmer des rêves de voyage. A défaut, on boira son thé, sans parler de la célèbre marque de lingerie assez éloignée du Sari.
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En 1919, fraîchement démobilisé et profondément marqué par la guerre, le capitaine Wyndham rejoint sa nouvelle affectation au sein des forces de police britanniques à Calcutta. Dans cette ville bigarrée et étouffante, alors qu'une vague d'agitation violemment réprimée secoue l'autorité coloniale anglaise, notre nouvel arrivant est aussitôt confronté à l'assassinat d'un de ses compatriotes, dans un quartier indigène que ce riche et influent personnage n'avait normalement guère de raisons de fréquenter. Tout indique un attentat contre l'autorité coloniale… A moins que les évidences ne masquent d'autres faits troubles et mystérieux, que bien du monde aurait intérêt à cacher…


A partir des lois Rowlatt de 1919 autorisant les arrestations arbitraires au moindre soupçon d'insubordination, et du massacre d'Amritsar qui s'ensuivit, c'est l'éveil de la révolte contre le pouvoir britannique et les prémices de la lutte pour l'indépendance indienne que nous décrit ici ce qui n'aurait pu être, sinon, qu'une banale et classique enquête policière.


En effet, sans véritable surprise, puisque l'on se doute assez rapidement que la vérité est bien moins évidente qu'elle n'en a l'air et que certains personnages sont probablement douteux, le véritable point d'accroche de ce polar est son contexte historique. Nous transplantant dans la touffeur dépaysante d'une ville étourdissante et contrastée, l'auteur dépeint avec humour l'absurdité d'un racisme que les premiers vacillements de l'hégémonie coloniale ne font que renforcer. Son analyse des mécanismes de domination et d'assujettissement entre nations, de la spirale de violence qui se met irrépressiblement en place alors que l'Empire britannique se met à douter de sa suprématie, éclaire d'un jour assez fascinant sa description des relations entre Occidentaux, Indiens et Anglo-Indiens.


Ecossais d'origine indienne, Abir Mukherjee nous sert une intéressante réflexion sur ce qui peut transformer un homme ordinaire en défenseur d'une certaine idée de suprématie raciale, génératrice de violences sans retour. Ce premier opus s'avère prometteur d'une série de qualité, et c'est avec plaisir que l'on suivra la suite à venir des aventures du capitaine Wyndham.

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En 1919, le capitaine Wyndham, après avoir combattu trois ans, après avoir vu des collègues et amis mourir, après être passé dans les renseignements, après avoir perdu sa femme avec qui ( guerre oblige) , il n'a passé que cinq semaines (!), après avoir découvert l'opium... est appelé en Inde par son mentor. Sa mission s'il l' accepte : officier de police pour sa majesté. Après avoir perdu toutes ses illusions, Wyndham part , espérant trouver un sens à sa vie.
Mais l'Inde est "plus"que tout ce qu'il pouvait imaginer. Caniculaire , humide, étouffante, rebelle, instable politiquement, raciste, condescendante, hypocrite, injuste et bordélique.
Et la lectrice que je suis, de découvrir tout cela avec lui ...
Le meurtre d'un haut fonctionnaire est commis à deux pas d'un bordel, et Wyndham devra composer avec sa hiérarchie, avec les services secrets, avec son officier indien, avec tout ce qui l'étonne.

Abir Mukherjee nous embarque dans une fresque géopolitique, une reconstitution historique instructive et passionnante.
Issu d'une famille d'émigrés indiens vivant en Ecosse. Ayant baigné dans cette double culture, fan de romans policiers, il a absorbé le meilleur de ses deux mondes et surtout un grand, un immense sens de l'humour.
Le ton moderne, décapant, malicieux rencontrant cette Inde corsetée, muselée, mais ayant soif d'indépendance, donne un cocktail savoureux et explosif.

L'attaque du Calcutta-Darjeeling est le premier tome d'une série qui comporte déjà 4 volumes.
Wyndham arrivera t'il à oublier sa femme, les horreurs de la guerre et l'opium ? (D'autant qu'il vient de découvrir également les joies de la morphine suite à quelques altercations ...). Arrivera-t-il à retrouver le sommeil ? Se laissera t'il gagner par ce mépris de classe, le racisme auquel tout bon britannique qui se respecte cède au bout de quelques semaines ou quelques mois ? Trouvera- t il l'amour ?
L'Inde se libérera-t'elle de la "protection " britannique ? Dans la violence ou dans la paix ?
L'officier Banerjee grimpera t'il en grade, malgré le fait qu'il soit indien ?
Et bien , je le découvrirai en lisant la suite ! Cela ferait une excellente série télévisée (suspens , humour et exotisme au rendez-vous).
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Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le capitaine Wyndham, un Anglais qui a combattu trois ans en France contre l'ennemi commun allemand, est appelé à Calcutta par le chef de la police, lord Taggart, son ancien patron, qui a conservé pour lui une grande estime. Il a aussi, auparavant, passé quelque temps dans les renseignements, et a perdu sa femme, avec qui il n'a vécu que cinq semaines, à cause de la grippe espagnole. L'arrivée en Inde constitue un choc pour lui, à la fois à cause du climat, mais aussi et surtout à cause du comportement raciste, hypocrite, injuste et condescendant des Anglais vis-à-vis des « indigènes ». Sa première enquête porte sur l'assassinat d'un très haut fonctionnaire anglais, dont le cadavre est retrouvé à côté d'un bordel du côté indien de la ville – et non du côté anglais. ● Sa méconnaissance du terrain va l'amener à suivre de fausses pistes, qui pour le lecteur constituent autant de moyens de découvrir l'Inde de cette époque. ● C'est un roman policier à la fois très bien construit et plein de suspense et un livre passionnant sur l'Inde, et en particulier Calcutta. J'avoue que je me suis rendu à plusieurs reprises sur Google Maps pour voir les lieux décrits et aussi pour me rendre compte de l'aspect de la ville. ● Les personnages sont riches, à commencer par Samuel Wyndham lui-même, policier au passé sombre, un peu dépressif, très intelligent mais perdu au début, et addict à la morphine et à l'opium. le personnage du sergent « indigène » « Sat » Banerjee est également très intéressant, Indien qui collabore complètement avec le colonisateur, au risque d'un vif tourment intérieur. ● Les rapports entre Anglais et Indiens constituent une des facettes les plus passionnantes du récit, avec l'arrière-fond historique du massacre d'Amritsar le 13 avril 1919, qui a vu la police anglaise tirer sur des civils indiens désarmés et pacifiques, en tuant des centaines et en blessant des milliers, et qui est généralement considéré comme le premier jalon vers l'indépendance. ● La loi Rowlatt a aussi été adoptée peu avant, le 18 mars 1919, donnant d'énormes pouvoirs à la police pour arrêter qui elle veut parmi les Indiens et les emprisonner, voire les condamner à mort, presque sans jugement : c'est une parodie de justice. le vote de cette loi explique au moins en partie la révolte d'Amritsar. ● Par les yeux de Wyndham, nous voyons la réalité de la colonisation de l'Inde : une immense hypocrisie ; les Anglais sont censés apporter la civilisation à un pays « inférieur » mais en réalité, bien sûr, ne servent que leurs propres intérêts, 150 000 Anglais vivant sur le dos de 300 millions d'Indiens. « Les Britanniques font semblant d'être ici pour apporter les bienfaits de la civilisation occidentale à un tas de sauvages ingouvernables alors qu'en réalité c'est encore et toujours une affaire de bénéfices commerciaux mesquins. Et les Indiens ? L'élite éduquée déclare vouloir débarrasser l'Inde de la tyrannie britannique au profit de tous les Indiens, mais que savent-ils des besoins des millions d'Indiens dans les villages et s'en soucient-ils ? Ils veulent seulement prendre la place des Britanniques en tant que classe dirigeante. » ● le titre original est « A Rising Man » et l'éditeur a dû juger plus vendeur l'attaque d'un train, qui n'est pourtant qu'un épisode secondaire du roman. le titre original est beaucoup plus prés du récit. ● Je remercie @tynn et Christine (@bidule62) de m'avoir donné envie de lire ce roman policier exceptionnel, qui allie l'efficacité narrative à l'exposé historique et qu'à mon tour je recommande chaudement. Pour ma part, je vais sans aucun doute lire les trois tomes suivants.
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Profondément marqué par la Grande Guerre ,ancien de Scotland Yard , le Capitaine Sam Wyndham débarque à Calcutta,.

Il y découvre la moiteur étouffante , une chaleur brûlante, étouffante, implacable, en plus de l'humidité qui le rend fébrile, eau frelatée , nourriture ,insectes pernicieux , et surtout à peine débarqué , la haine palpable, croissante des indigènes qui vous méprisent, vous : les colons britanniques.

Est _ ce cette haine qui a conduit à l'assassinat d'un haut fonctionnaire Mac Auley , dans une rue sombre ,mal famée, à proximité d'un bordel?

Le Capitaine Wyndham , dans la nuit torride du Bengale, se demande désespérément si l'Inde elle même, ne réagissait pas à sa présence comme les défenses immunitaires réagiraient à l'invasion d'un corps étranger.......

C'est un roman policier historique instructif, pétri d'humour incisif, so british, à l'ironie douce -amère, original, passionnant de bout en bout , grinçant , accrocheur , drôle à l'intrigue bien travaillée malgré quelques approximations , au cadre historique et politique parfaitement rendus.

Le plus intéressant à mon sens——-le fait le plus marquant ——-: l'auteur dresse subtilement les relations complexes entre colons arrogants et une société indienne injustement soumise humiliée , rabaissée par la domination britannique .
C'est très habilement rendu.
Le Capitaine Windham, veuf , traumatisé par les scènes atroces de la grande guerre, accro à la morphine, de fumeries d'opium, au bureau du vice - gouverneur ,de la prison aux wagons d'un train postal mettra toute son énergie à démêler cet imbroglio.
On ne lâche pas ce premier ouvrage bien écrit , brillant pourtant complexe en plus de l'évocation de Calcutta : «  La vérité , c'est que Calcutta était unique » .
«  En Angleterre le choeur de l'aube est aimable et mélodieux et il rend les poètes lyriques pour parler des moineaux et des alouettes qui montent dans le ciel .Il est aussi divinement court.Les pauvres créatures , démoralisées par l'humidité et le froid chantent quelques mesures [.....]
À Calcutta , c'est différent . Il n'y a pas d'alouettes ici, rien que de gros corbeaux graisseux qui commencent à brailler aux premières lueurs de l'aube et continuent pendant des heures sans une pause.
Personne n'écrira jamais de poèmes sur eux. » .
L'auteur a grandi dans l'Ouest de l'Écosse, dans une famille d'immigrés indiens , fan de romans policiers depuis l'adolescence , son livre a reçu le «  Prix du polar européen 2020. »
Emprunté par hasard en click & Collect .
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L'Inde sous empire/emprise britannique est la vedette de L'attaque du Calcutta-Darjeeling. Nous sommes en 1919, donc encore en pleine jeunesse de ce colonialisme. Le capitaine Wyndham revient tout juste de la guerre, et comme il a presque tout perdu, décide d'accepter, comme ancien de Scotland Yard, un poste d'enquêteur à Calcutta. Il devra enquêter sur le meurtre sordide d'un fonctionnaire Anglais dans une ruelle d'un quartier malfamé. Notre bon capitaine découvrira les effets pervers de l'Empire . Il verra que les Anglais changent à force même s'ils sont plein de belles et bonnes intentions. La corruption, le cynisme, l'étroitesse d'esprit ne sont que quelques unes des nombreuses inepties de la "supériorité britannique". C'est une véritable immersion dans ce climat, vicieux, pervers, amoral où l'Empire détruit presque tout ce qu'il y a de bon chez l'humain et où tout semble bâti sur l'insidieux "racisme ordinaire".
Est-ce que l'origine (écossais d'origine indienne) de l'auteur Abir Mukherjee y est pour quelque chose dans le portrait qu'il nous fait de l'Inde coloniale ? En tout cas, il a su avec une franche justesse nous faire ressentir tout le malaise de ce colonialisme. Bref, une intéressante découverte que ce titre qui est suivi par trois autres si je ne m'abuse.
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Un polar comme je les aime, avec dépaysement et contexte historique.

Au sortir de la Première Guerre mondiale, le capitaine Wyndham vient d'arriver à Calcutta, c'est un homme brisé, blessé pendant la Guerre. Lorsqu'il a découvert que pendant son absence, sa femme avait été emportée par la grippe espagnole, il a perdu le goût de vivre et l'exil vers la colonie britannique est devenu un espoir de salut. Il fait partie de la police et est chargé de l'enquête lorsque le cadavre d'un fonctionnaire blanc est découvert dans une ruelle. Écrasé par la chaleur et handicapé par sa méconnaissance du pays, son travail sera rendu difficile par les préjugés raciaux et les tensions entre les différentes juridictions.

Quant à l'attaque du train Calcutta-Darjeeling, c'est un élément secondaire du récit, on se demande bien pourquoi les éditeurs de la traduction ont choisi ce titre.

Je ne connais que très peu l'Inde, je n'avais jamais entendu parler des « lois Rowlatt », ni du massacre d'Amritsar. J'ai trouvé intéressante la description de la situation sociale à travers les yeux du héros qui constate et s'interroge à la fois la supposée « suprématie morale » des Britanniques et la corruption endémique de leur administration.

Un polar instructif donc, une écriture efficace sans être extraordinaire, mais avec des touches d'humour qui allègent le tout.
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Oh que je me suis plue dans ce livre ! Très rapidement j'ai été envahie par la chaleur indienne, son atmosphère étouffante et poisseuse. Un régal ! Exactement le genre de polar que j'affectionne qui me fait voyager dans l'espace et/ou le temps. Ici double voyage en plus ! Me voici dans l'Inde de l'entre-deux-guerres, ses soubresauts indépendantistes, ses colons exécrables avec les "indigènes". Pouah le vocabulaire utilisé ! Dire que ces malheureux étaient à leur côté dans les champs de batailles français entre 1914 et 1918 !
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L'enquête en elle-même est plus un prétexte pour faire ce voyage dans le temps, pour découvrir Calcutta au sortir de la Première guerre mondiale. Mais certes tout commence avec un meurtre, celui d'un Blanc dans un quartier mal famé indien. Franchement on se laisse emporter par le récit. Encore une fois l'enquête n'est pas primordiale, on est là pour découvrir l'Inde avec le héros, flic, vétéran de la Première guerre mondiale, abîmé (drogué et alcoolique pour chasser ses démons), qui vient juste d'arriver et qui regarde cet immense pays avec ses yeux d'innocent. Et qui va se prendre la real politique en pleine face.
Un bon polar. J'ai regardé la bibliographie de l'auteur et j'ai vu que depuis ce roman, 3 autres sont parus. Très bien. Je me les note !
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Cela faisait un moment que ce livre me faisait de l'oeil, principalement grâce à Babelio. Il faut dire que la quatrième de couverture avait tout pour me plaire et m'allécher.
Il s'agit d'un polar historique, certes, mais pas seulement. Déjà, cette histoire se déroule à une période que j'aime beaucoup : la fin de la première guerre mondiale, et en plus dans un pays dont l'histoire m'a toujours intéressée : l'Inde avant son indépendance.
Le personnage principal, le capitaine Wyndham, est un rescapé des tranchées. Plus rien ne le retient en Angleterre et il va accepter de s'engager comme enquêteur à Calcutta .Il va être secondé par un jeune sergent indien, Banerjee.
Alors qu'ils sont amenés à enquêter sur le meurtre brutal d'un haut fonctionnaire, c'est avant un portrait criant d'authenticité de l'Inde sous l'occupation anglaise que nous dresse l'auteur, Abir Mukherjee.
J'ai beaucoup aimé le personnage central, Wyndham, plus que cabossé par la guerre, et qui a trouvé comme seul dérivatif à ses souffrances l'opium et ses dérivés comme la morphine.
Mais surtout, il faut que je salue le talent de l'auteur qui nous fait nous promener dans les rues moites et épicées de Calcutta. Les différences sociétales entres anglais et indiens à cette époque sont particulièrement bien évoquées.
Une enquête bien menée, avec comme trame de fond les évènements qui secouent ce pays qui aspire de plus en plus à l'Indépendance.
En conclusion : un polar historique de qualité, dont je vais probablement lire assez rapidement la suite.


Challenge ABC 2023/2024
Challenge A travers l'Histoire 2023
Challenge Mauvais genres 2023
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Quand il arrive à Calcutta en avril 1919, le capitaine Sam Wyndham, vétéran de la Grande-Guerre, veuf inconsolable et accroc à l'opium, n'a pas le temps de s'habituer à la chaleur étouffante de la capitale du Bengale. Très vite, il est plongé dans le bain de ses nouvelles fonctions d'enquêteur de la police du Raj. Un de ses compatriotes, haut fonctionnaire, proche du Vice-gouverneur, a été sauvagement assassiné dans un quartier mal famé, tout à côté d'un bordel. le meurtre fait frémir en haut lieu et le policier doit trouver un coupable dans les plus brefs délais. Secondé par l'inspecteur Didby, expatrié pur jus, raciste et condescendant et l'agent Banerjee, indien à la mode british, éduqué, brillant, oxfordien, Sam s'attelle à la tâche avec la conscience professionnelle acquise à Scotland Yard et sa méconnaissance des moeurs de la colonie britannique. Car là-bas, un coupable n'est pas forcément LE coupable. Quand on lui livre sur un plateau, un dissident, combattant de l'indépendance de l'Inde, Sam est circonspect et décide de continuer l'enquête envers et contre tous.

Gros coup de coeur pour ce polar qui nous emmène à Calcutta, moite, grouillante, étouffante ville du Bengale, fleuron de l'Empire colonial britannique. Dans le rôle du candide, Sam Wyndham découvre l'Inde, son climat, son racisme ordinaire, ses inégalités et la colère sourde d'un peuple qui aspire à l'indépendance. Dans le rôle du colon, son adjoint Didby, arrogant comme celui qui ne doute pas de sa supériorité sur des indiens ignorants, mal dégrossis, indolents, inférieurs en tous points aux blancs. Et dans le rôle du bon indien, Banerjee, éduqué, obéissant, fidèle au Raj, mais moins lisse qu'il n'y paraît quant à ses convictions et objectifs. A charge pour ce trio de débusquer celui qui a osé assassiner un sahib.
Si l'enquête reste classique, le livre est surtout un fabuleux polar historique qui raconte les velléités d'indépendance des indiens, les lois iniques que leur imposent les anglais, les massacres qui en résultent et un empire colonial qui entame sa lente déliquescence, gangréné par la corruption et trop sûr de sa supériorité pour s'inquiéter ou se réformer.
S'ajoute à ce passionnant contexte historique, un enquêteur à multiples facettes. Mélange réjouissant de naïveté et de cynisme, Sam Wyndham, à l'humour pince-sans-rire, s'accommode tant bien que mal d'un climat très différent de la bruine londonienne, de la nourriture épicée, d'un système de classe dont il ignore tout, sans oublier les fumeries d'opium qu'il apprécie à leur juste valeur. Imperméable au racisme et à la soi-disant supériorité des colons, saura-t-il se faire une place, et surtout la garder, dans la police du Raj ? A suivre avec bonheur dans ses prochaines enquêtes.
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