AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782073010230
Gallimard (07/03/2024)
4.54/5   156 notes
Résumé :
Surnommé « l’homme qui répare les femmes », le gynécologue et chirurgien Denis Mukwege a consacré sa vie aux femmes victimes de sévices sexuels en République démocratique du Congo. Dans une région où le viol collectif est considéré comme une arme de guerre, le docteur Denis Mukwege est chaque jour confronté aux monstruosités des violences sexuelles, contre lesquelles il se bat sans relâche, parfois au péril de sa vie.

Dès 1999, il fonde l’hôpital de P... >Voir plus
Que lire après La force des femmesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
4,54

sur 156 notes
5
33 avis
4
4 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Exceptionnel.... je me sens étrangement responsable, de trouver les bons mots qui vous donneront envie d'acheter et de lire ce livre. Parce qu'il faut l'acheter et le lire.
L'auteur est Denis Mukwege, médecin congolais (dans la fameuse zone hyper violente du Congo près du Rwanda). Son nom, vous l'avez peut-être oublié mais je pense que vous le connaissez : il a eu le prix Nobel de la Paix en 2018.
.
Dans la première partie du livre, l'auteur nous raconte sa jeunesse et son envie de faire naître des enfants, surtout de permettre aux femmes congolaises d'avoir une grossesse et un accouchement plus sécurisé.
Pour ce faire il va venir en France pendant 5 ans pour se spécialiser en gynécologie et obstétrique. Alors qu'il est marié et que ses enfants sont scolarisés en France et qu'il a une proposition d'embauche chez nous, il décide néanmoins de retourner dans son pays.
Son rêve approche mais la vie ou plutôt la guerre va le rattraper. Finalement il va devenir "l'homme qui répare les femmes", femmes qui ont subi multiples viols et mutilations génitales abominables.
.
Dans la seconde partie du texte Denis Mukwege s'interroge sur ces viols, sur les hommes, sur leurs rapports aux femmes. Il met également en perspective la vie au Congo avec ce qui se passe ailleurs dans le monde et s'interroge en fait sur la vision globale de la femme. Il s'étonne du faible nombre de plaintes pour viol qui donnent lieu à condamnation dans nos pays. Il s'interroge sur ce qui peut faire d'un homme un violeur.
Il propose également des pistes pour que les violences sexuelles ne soient plus qu'un mauvais souvenir.
.
Chaque femme agressée, mutilée, qu'il soigne va lui poser 3 mêmes questions : est-ce que je cesserai d'avoir mal ? est-ce que je pourrai avoir des relations sexuelles normales ? est-ce que je pourrai avoir des enfants ? A ces 3 questions, une seule et même réponse, glaçante : non....
.
Il est important de lire ce livre pour se rappeler aussi que le Congo a un des sous sols les plus riches au monde et que ces violences sont liées à nos appareils électroniques : des groupes ultra violents contrôlent ces mines de terres rares, de cuivre, éléments indispensables pour nos batteries (téléphones portables notamment).
Un livre qu'il faut lire car malgré tout Denis Mukwege est optimiste, veut croire à un avenir meilleur.... et ce même si depuis 10 ans il doit vivre protégé par des casques bleus, enfermé dans son propre hôpital suite à une tentative d'assassinat très violente.
Un livre qu'il faut acheter pour permettre à une partie de cet achat d'aller financer cet hôpital qui ne vit que grâce à des donateurs....
Un livre qu'il faut lire pour rencontrer un être humain exceptionnel...
Commenter  J’apprécie          6111
Culture, intelligence, lucidité, ouverture d'esprit, bonté, empathie, humanité, détermination, et j'en oublie certainement : Denis Mukwege est un homme exceptionnel.
Gynécologue, il a choisi de consacrer sa vie professionnelle à soigner les plus faibles, les plus vulnérables : les femmes victimes de viols et de violences sexuelles, dommages collatéraux de conflits haineux dans son pays, la République démocratique du Congo.
Des femmes meurtries physiquement et psychologiquement après les horreurs qu'elles ont subies.
Des femmes qui souffrent de blessures d'intensités telles qu'elles ne guériront sans doute jamais complètement.
Des femmes qui disent souvent : « Ils m'ont tuée. »
Denis Mukwege et son équipe pluridisciplinaire mettent tout en oeuvre pour les amener le plus loin possible sur le chemin d'une reprise de vie.

Partant du problème spécifique de son pays, l'auteur élargit son propos à d'autres, parce que malheureusement les exemples ne manquent pas dans le monde.
Il ne se contente pas d'aborder l'aspect médical, mais essaie de sensibiliser à une multitudes de problèmes que rencontrent les femmes.
Son expérience et les nombreuses rencontres qu'il a faites lui donnent une large vue d'ensemble et lui permettent de livrer une analyse d'une grande richesse.
Histoire, économie, politique, géopolitique, sociologie : il y a vraiment matière à réflexion dans cet ouvrage dont la lecture n'est pas facile tant sont nombreux les exemples bouleversants qui ne sont pas du tout édulcorés.
Une lecture difficile mais indispensable : fermer les yeux n'a jamais fait disparaître la réalité et s'informer de certaines atrocités est un devoir moral parce que c'est la connaissance qui nous permet d'agir, chacun à notre niveau, ou au moins de soutenir ceux qui agissent en première ligne.

La force des femmes est un très beau titre en hommage aux femmes qui ont été soignées par l'équipe du docteur Mukwege et plus généralement à toutes les femmes qui souffrent mais trouvent le courage de résister et d'aller de l'avant.
Oui, les femmes savent être fortes, mais, de cette lecture, je retiens surtout la force d'un homme qui s'est levé contre les injustices faites dans son pays et ailleurs à la moitié de l'humanité.

Denis Mukwege est un homme rare, un homme précieux.
Un vrai féministe qui ne gaspille pas son temps à militer en faveur de l'écriture prétendument inclusive ou autres stupidités inutiles, mais lutte concrètement pour de vraies causes, pour réellement améliorer la condition des femmes à travers le monde.
Un homme engagé, au péril de sa tranquillité, et même de sa vie.
Un homme fort justement récompensé par le prix Nobel de la paix en 2018.
Je mesure l'immense privilège que fût le mien d'avoir pu le rencontrer grâce à Babelio et aux éditions Gallimard.
Sa personnalité puissante et lumineuse fait de ce livre une magnifique lecture malgré le contenu si sombre. La justesse des combats et la détermination avec laquelle ils sont menés forcent l'admiration et offrent un rayon d'espoir au milieu des ténèbres.

Dès qu'il prend la parole, Denis Mukwege dégage à la fois une grande douceur et une force inébranlable : voilà une rencontre que je ne suis pas près d'oublier.
Merci !
Commenter  J’apprécie          414
La force des femmes témoigne du combat des femmes attaquées dans leur plus profonde intimité, réparées physiquement et psychologiquement par le Dr Mukwege et ses équipes. Les séquelles psychologiques sont profondes et doivent être prises en charge pour que les victimes atteignent le statut de survivantes, pour qu'elles puissent envisager l'après, la reconstruction, l'acceptation du petit être né parfois de cette violence, pour espérer s'introduire dans la vie, de nouveau. Envisager cette possibilité.
Combien sont encore à freiner un dépôt de plainte ? Comment décourager les violeurs ? Comment ? L'auteur propose des pistes, la première convoque l'éducation. À tout âge. Les policiers doivent aussi réchauffer les bancs, apprendre, réapprendre à soutenir mieux les femmes.
Un livre pour les femmes, mais pas que.

« J'ai le furieux espoir que des personnes de tous les genres le liront et en retireront quelque chose. Il faut qu'un maximum de gens participent à la lutte pour l'égalité entre les sexes. Les hommes ne devraient pas craindre l'incompréhension, ils ne devraient pas ressentir le besoin de se justifier comme moi autrefois quand ils soutiennent leurs soeurs, filles, femmes, mères, amies et autres égales humaines. Les femmes ne peuvent résoudre seules le problème des violences sexuelles ; les hommes doivent faire partie de la solution. »

Une lecture qui instruit sur l'Histoire du Congo, sur l'impact néfaste que la colonisation a engendré sur son économie - une véritable manne financière avec ses minerais disponibles à profusion - « Un colon géomètre a déclaré, à propos du Congo, que c'était un scandale géologique » -, sur sa politique si instable, si corrompue, humainement si pitoyable - un pays mal gouverné, cruellement exploité, « un État affamé et sans limites » -, sur son système patriarcal qui façonne « nos normes sociales, notre économie, notre vie familiale et nos politiques ».
Une lecture qui émeut, qui révolte, qui met des mots sur le calvaire de ces femmes, des femmes, sur l'horreur subie...
Qui éclaire sur les combats menés par elles, et par d'autres, pour elles.
Qui met en exergue l'inégalité stupéfiante de l'accès aux soins à travers le monde.
Qui revient aussi sur le drame qui s'est joué lors des tensions entre Hutu et Tutsis « Les passions plus destructrices de l'humanité se sont déchaînées; le deuil menait au meurtre, le meurtre à la aux tueries de masse, aux viols de masse, à la torture de masse. »
Enfin, une lecture qui donne espoir.
Une oeuvre pour mettre en lumière l'oeuvre accomplie, pour donner à voir ce chemin bienveillant et aimant que des hommes et femmes, comme le Dr Mukwege ou Eve Ensler, Nadal Murad, et bien d'autres encore tentent de bâtir pour qu'enfin les Femmes qui ont subi l'indicible se reconstruisent vivent à l'égal de leur homologue masculin.

« Ce qui est vrai pour le Congo est vrai pour la cause des droits des femmes : si vous êtes en position de pouvoir et d'influence, vous pouvez aider. Si vous ne travaillez pas à une solution, vous faites partie du problème. »
Un bel hommage au courage des femmes face à la douleur et l'incertitude de leur quotidien, qui dépasse les frontières du Congo. Un témoignage universel. le combat de toute une vie.

« Telle est l'histoire du Congo, l'un des pays les mieux dotés de la terre, terrassé par cent cinquante ans d'occupation étrangère, de dictature et d'exploitation sans merci. »

Un essai à lire. Vibrant de colère et empli d'humilité.
MERCI.
Quel travail, quel immense sacrifice, quel foi en l'humanité incarne le Dr Mukwege, prix Nobel de la Paix. Il est admiratif de la vitalité et de la force des femmes qu'il soignait. Je ne trouve pas les mots pour exprimer mon immense admiration devant tout le travail accompli...
« Mon rôle a toujours été de faire entendre la voix de celles dont la marginalisation les empêche de raconter leur histoire. Je me tiens à leurs côtés, jamais devant elles. »
À lire, oui.
Pour que ces mots " Ils m'ont tuée " n'aient plus jamais besoin d'être dits.
Pour qu'on arrête de mesurer la valeur d'une femme à son "honneur".
Pour que le mot justice reprenne tout son sens, pour " Transformer la souffrance en pouvoir".
Pour questionner ces traditions qui font du tort à l'humanité.
Pour, enfin, briser les silences.

« Les abus sexuels prolifèrent dans le silence, mais égale ment quand les hommes sont libres d'agir en toute impunité. Aristote, le père de la philosophie occidentale, a écrit que « de même qu'un homme accompli est le meilleur des animaux, de même aussi quand il a rompu avec loi et justice est-il le pire de tous ». Après avoir vu tout ce que j'ai vu, je suis parfaitement d'accord. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          220
Avant la fin de l'introduction qui revient sur la naissance de Denis Mukwege, j'étais déjà happée par le livre . Je ne pouvais le poser sans y penser, j'avais déjà une folle envie de me laisser dévorer par lui. L'auteur revient sur l'état catastrophique du monde, les violences faites aux femmes qui ont en commun d'être partout à la fois. La tragédie de l'accouchement dans de mauvaises conditions, arrivant encore trop souvent aujourd'hui et de part le monde entier, l'a sensibilisé. Entre destin et vocation, les conditions de sa naissance l'ont amené à se battre pour les femmes.

Si cet homme n'était pas Prix Nobel, personne ne le serait. Il risque chaque jour sa vie pour sauver les femmes victimes de violence, d'abord au Congo, puis à travers le monde. Son discours, mettant en lumière les crimes de guerre et l'ingérence dans lequel est tombé l'Etat, fait que sa vie est menacée, il est depuis plusieurs années sous la protection de l'ONU.

Les récits qu'il relate, dans son expérience de gynécologue puis d'activiste, sont des récits extrêmement difficiles à lire. Si j'avais envie de dévorer cet ouvrage, car il est sublimement écrit, hautement intéressant, et explique mille choses à travers le monde, reste extrêmement dur. Vraiment. J'ai ait été émue, plus qu'émue même, épouvantée aux larmes dans ce que des personnes affrontent. J'ai déjà parlé de nombreux romans mettant en scènes ces femmes aux destins tragiques comme Les impatientes de Djaïli Amadou Amal ou Les filles de la mer de Mary Lynn Bracht. Ici, le discours médical, politique, rend les choses peut-être pires. On ne peut plus se cacher derrière le verbiage d'un roman. C'est un destin vrai qui se déroule sous nos yeux, celui d'un homme élevé par une femme qui ne faisait pas la distinction entre ses fils et ses filles. Si à l'adolescence, il a voulu se révolter contre cela (pourquoi ses copains étaient-ils plus choyés que lui ?) il a vite compris qu'il tenait peut-être là la réponse à beaucoup de violences de par le monde.

C'est un livre, comme tous les livres féministes, que les hommes doivent lire autant, voire plus, que les femmes qui, elles, sont déjà conscientes des dangers inhérents à leur condition. Je vous assure que ce livre est incroyable, pas seulement parce qu'il dénonce des crimes de guerres affreux à travers le monde, mais qu'il ose dire, également, qu'en Occident, bien que beaucoup de chemins ont été faits, nous ne sommes pas encore à l'égalité. Il montre bien que si les lois progressent, leur application semble rester optionnelle.
Il y a une forme d'impunité dans le viol et les violences faites aux femmes, partout à travers le monde. Pas parce que tous les hommes sont dangereux, mais parce que ceux qui ne sont pas concernés, eux, ne se sentant justement pas concernés, détournent le regard, se taisent, ne se documentent pas. Beaucoup de féministes - et Denis Mukwege en a souffert - n'aiment pas qu'un homme parle des femmes, parle pour elles, peut-on être féministe en étant homme ? Je pense que oui, mais à ce moment-là, il y a beaucoup de travail à faire. Un travail que cet éminent homme a fait et fait encore, un travail contre le silence, et surtout, en faveur de l'éducation.
Sans éduquer, nous n'arriverons à rien, nous n'avancerons pas dans le combat contre la violence faite aux femmes. Et pour éduquer, rien ne sert d'arriver avec des discours préfabriqués, il faut donner la parole aux victimes et il faut prendre en compte les coutumes, les faire évoluer.
C'est un livre incroyable, à lire... Urgemment, par tous.

Je termine étrangement cet article, par le post Instagram que j'ai rédigé pendant ma lecture de cette oeuvre, qui montre d'autant plus la grandeur, non seulement du livre, mais de l'oeuvre de Denis Mukwege :

Ce n'est pas tous les jours, ce n'est même pas même dans toutes les vies, qu'on a l'occasion de rencontrer un Prix Nobel.
Rencontrer est un bien grand mot, mais j'ai eu la chance de l'écouter s'exprimer au sujet de son tout nouveau livre, qui sort cette semaine si j'ai bien compris, grâce à Babelio, ce livre m'a gentiment été envoyé en avant-première par les éditions Gallimard.

Si Denis Mukwege n'était pas Prix Nobel de la Paix, personne ne le serait. C'est un livre impossible à lâcher, et pourtant, qui nécessite de reprendre son souffle à chaque page.
Je ne suis pas la personne la plus émotive que je connaisse, et pourtant, ces mémoires, l'odeur du sang, de l'horreur, des crimes perpétrés, me demande de réguliers temps de pause.

Le féminisme est une lutte qui doit continuer d'être menée par tous, et ce livre qui raconte comment un homme est devenu si grand et pourtant si humble, mérite d'être lu par tous. Nous ne sommes pas blancs, noirs, autres, femmes, hommes, autres : nous sommes humains. Et chaque jour, ce qui se passe ici ou à travers le monde nous force à l'oublier.
Commenter  J’apprécie          140
Avant de lire ce livre et d'assister à la rencontre organisée par Babelio et Gallimard, je connaissais dans les grandes lignes le parcours de cet homme exceptionnel. Pour être tout à fait honnête, j'avais un peu peur que le sujet soit émotionnellement trop difficile à supporter pour moi. Il y a en effet des scènes horribles décrites dans ce livre, qui ont lieu malheureusement quotidiennement, nous ne pouvons nous voiler la face sur leur existence. Mais l'auteur nous emmène plus loin à travers ces récits glaçants, dans une profonde réflexion sur la place de la femme dans nos sociétés, sur tous les continents, dans l'histoire et à notre époque actuelle.

La première partie du livre est consacrée à la maternité et à la naissance de sa vocation. Né en 1955 à Bukavu, Denis Mukwege est fils de pasteur. Il grandit dans une ville segreguée organisée autour d'un centre où s'érigent les villas des blancs, puis le quartier des marchands asiatiques et encore plus éloignées du lac, deux banlieues noires. Il nous dépeint les paysages de son pays, son histoire coloniale, l'indépendance en 1960 alors qu'il est âgé de 5 ans. J'ai appris beaucoup sur cette ancienne colonie belge dont j'ignorais presque tout. Lorsqu'il a huit ans, il accompagne son père visiter des malades. C'est là que naît son désir de devenir médecin.

Plus tard il prend conscience d'une réelle crise sanitaire féminine avec des accouchements difficiles et des conditions compliquées pour les mères. Il crée un lieu pour que les femmes puissent venir gratuitement deux mois avant leur accouchement. L'occasion dans ce chapitre d'évoquer le congé maternité dans le monde (loin d'être acquis dans certains pays comme les Etats-Unis).

Des évènements vont accroître son implication auprès des femmes : les conséquences de la guerre au Rwanda qui vont toucher directement le Congo et notamment des milliers de femmes violées et mutilées. L'auteur nous parle des première et deuxième guerres du Congo et de la fondation de son hôpital à Panzi en 1999. Son combat quotidien : réparer ces femmes, victimes des zones de conflit. Progressivement, il crée des lieux de soins, de prises en charge psychologique, notamment la Cité de la joie avec pour devise "Transformer la souffrance en pouvoir", la maison Dorcas... Il nous raconte les histoires de quelques-unes de ses patientes.

De nombreux sujets sont développés autour du viol dans le monde; entre autres, la force de la parole des victimes, l'importance de l'éducation des garçons mais aussi la responsabilité des gouvernements et les difficultés rencontrées pour faire changer les mentalités. Il ne se concentre pas uniquement sur la situation des femmes au Congo. Chaque thème abordé est mis en relation avec la situation dans d'autres pays en voie de développement ou occidentalisés. Il rappelle que la problématique du viol est présente partout que ce soit en temps de guerre, en temps de paix. de nombreux organismes, mouvements, militants féministes sont cités. (Je me force à résumer tant il y aurait à dire sur le contenu de cet ouvrage).

Je suis ressortie de ce moment profondément marquée. L'écriture est bien menée, entre biographie, récit de témoignages, l'auteur partage ses émotions avec nous. Il ne se met jamais en avant. C'est un livre bouleversant, émouvant, grâce auquel j'ai appris beaucoup de choses. Un livre qui devrait être lu par le plus grand nombre. Encore merci à l'équipe Babelio pour cette invitation.
Commenter  J’apprécie          170


critiques presse (2)
LaPresse
10 janvier 2022
Il pousse le questionnement sur le rôle social donné aux garçons, au Congo ou ailleurs, et sur les conséquences d’une hiérarchie entre les genres. La lecture de La force des femmes est souvent difficile, mais offre une réflexion sur la violence, la résilience et les solutions possibles.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Elle
22 novembre 2021
Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, soigne et répare les femmes victimes de masse au Congo. Avec « La force des femmes », il leur rend hommage. Un récit poignant et indispensable.
Lire la critique sur le site : Elle
Citations et extraits (78) Voir plus Ajouter une citation
« En quoi le viol concerne-t-il le Conseil de sécurité ? » a objecté l'ambassadeur russe, car il ne voyait pas le lien entre le viol et le maintien de la paix ou la prévention des conflits. Je suis ravi de dire que je ne rencontre plus à pré sent ce genre de remarque. Le viol est désormais accepté comme une conséquence, et souvent une tactique délibérée, de toutes les guerres.
La résolution 1820 des Nations unies, votée à l'unanimité malgré le scepticisme des Russes, a ouvert une voie d'espoir quant à des actions plus fermes à l'encontre des coupables de crimes sexuels dans des pays tels que le Congo. Cette résolution reconnaît la jurisprudence établie par les tribunaux pénaux internationaux pour le Rwanda et l'ex Yougoslavie que j'ai évoqués au chapitre sept. Le viol peut maintenant être reconnu comme une arme et un crime de guerre - voire un crime contre l'humanité - voire un acte génocidaire. Ce qui met les Etats dans l'obligation de mener l'enquête et de poursuivre les coupables, et en appelle également au déploiement de davantage de femmes lors des missions de paix internationales.
Le problème, comme avec tant de résolutions de l'ONU, c'est que les bonnes intentions ne se transforment pas en actions concrètes. Il n'y a aucune preuve que les violences sexuelles dans les zones de conflit aient diminué malgré plusieurs mois d'intenses négociations diplomatiques qui ont conduit au vote de la résolution 1820. Les forces armées ou les milices qui commettent des viols au Congo, au Sou dan, en Birmanie ou en Syrie agissent toujours avec la même impunité.
Un an après, le Conseil de sécurité de l'ONU a fait passer une importante résolution complémentaire, la résolution 1888, qui instaure la création du Bureau de la représentante spéciale du secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles en période de conflit, un développement bienvenu qui a permis d'attirer l'attention sur ce problème.
Au cours de la décennie suivante, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté d'autres résolutions, sept au total, sur la question de la sécurité des femmes, dont la résolution 1960 pour mettre en œuvre un mécanisme de surveillance et d'établissement de rapports sur les violences sexuelles dans les conflits, ainsi que la résolution 2106, qui met de nouveau l'accent sur l'idée de responsabilité.
Ce travail de sensibilisation a été vital, mais la Russie et la Chine font preuve de scepticisme quant à la place que prend la sécurité des femmes dans l'agenda de l'ONU, tan dis que l'alliance occidentale, qui était moteur de progrès, a été mise sous rude pression par l'administration Trump.
En 2019, lorsque le gouvernement allemand a proposé une nouvelle résolution, la résolution 2467, sur le viol dans les zones de conflit, l'administration Trump a menacé de mettre son veto si cette résolution incluait la moindre référence au fait que les victimes de viol devaient bénéficier de soins par rapport à la sexualité et la reproduction. Leur crainte était que cette résolution ne ménage un droit à l'avortement.
Ce rétropédalage par rapport à des résolutions précédentes a mis l'accent sur l'importance de l'accès aux services médicaux comme leste sis VIII ou à la pilule du lendemain sur demande de la survivante. Il signifie qu'il ne faut jamais rien considérer comme acquis. Le dynamisme de la décennie précédente a paru sur le point de s'éteindre
Au final, il y a eu compromis autour d'une version expurgée de toute référence aux services médicaux qui s'occuperaient de la sexualité et de la reproduction, ainsi qu'à la vulnérabilité des populations LGBT dans les conflits. J'ai tire satisfaction de l'idée que cette résolution était la première à insister sur l'importance d'une approche centrée sur la survivante d'agressions sexuelles et qu'elle reconnaisse la nécessité de venir en aide aux enfants nés de viols. Les Etats-Unis ont voté cette résolution, la Chine et la Russie se sont abstenues.
Fin 2020, la Russie a de nouveau tenté de réduire à néant les progrès de ces vingt dernières années en présentant une résolution qui aurait édulcoré certains engagements précédents. Même si elle était soutenue par la Chine, la résolu tion a été rejetée par les autres membres.
Il y a également eu dans certains pays des efforts pour combattre les violences sexuelles. L'ancien président amé ricain Barack Obama, le gouvernement britannique du Premier ministre David Cameron, le Premier ministre canadien Justin Trudeau et Emmanuel Macron, dernier président français élu, y ont tous participé. La Suède est devenue le premier pays au monde à mener une politique étrangère féministe en 2014 sous le règne d'un Premier ministre homme, Stefan Löfven, qui repose sur trois principes: les droits, la représentation et les ressources.
Commenter  J’apprécie          110
Dans les jours qui ont suivi, alors que je repensais à son comportement, j'en ai conclu que cet individu pitoyable avait un point commun avec tous les violeurs. Il en constituait bien sûr un exemple extrême, mais son attitude était comparable à celle de l'homme d'affaires qui utilise son pouvoir sur une subalterne, de l'étudiant ivre qui s'en prend à une fille de son âge, du père de famille respectable qui viole sa femme, du producteur hollywoodien qui oblige les actrices à le rejoindre dans un lit. Chaque fois qu'un homme viole, quelle que soit la situation, quel que soit le pays, ses actes trahissent la même croyance : ses besoins et désirs sont de la plus haute importance, les femmes sont des êtres inférieurs dont on peut user et abuser. Les hommes violent parce qu'ils ne considèrent pas la vie des femmes comme aussi précieuse que la leur.
Commenter  J’apprécie          90
Ma relation à Dieu est très personnelle. Je me considère comme croyant mais pas nécessairement comme religieux. Les religions sont des constructions idéologiques, l'interprétation de textes fondateurs rédigés par des figures du passé. Ces interprétations sont le fruit du travail de certains hommes qui ont en général usé de leur position de supériorité pour asseoir leurs privilèges.
Nous pouvons accepter ces interprétations comme lois immuables aussi dures que les pierres des temples de Lalish, du Mur des lamentations, de La Mecque, de nos cathédrales et autres églises. Ou accepter que le dogme peut lui aussi évoluer, de la même manière que nos édifices religieux ont été reconstruits, modifiés, étendus, façonnés par le climat et altérés par l'humain.
Dans mes prêches, je rappelle toujours que le meilleur endroit pour trouver Dieu, c'est en nous, dans nos pensées secrètes et notre conscience. Tout ce qui entoure ce sanctuaire intime est l'oeuvre de l'humain, avec ses imperfections et ses vices. Pour moi, Dieu est au début et à la fin de tout, c'est une force universelle capable d'expliquer l'inexplicable, dont la perfection de la nature, la musique, l'art et ce qui nous pousse à aimer les autres et à prendre soin d'eux. Malgré l'aptitude humaine à l'égoïsme et au mal que j'ai eu l'occasion de constater, je crois toujours que nous sommes, sans aucune exception ou presque, vertueux, car créés à l'image de Dieu. Il suffit pour s'en rendre compte d'observer les très jeunes enfants, leur innocence, leurs jeux, leur pureté. Leur bonté, leur sainteté, voilà quelle est la véritable nature humaine avant qu'elle ne soit transformée par la société, les règles et les codes, et, soyons honnêtes, certaines pratiques religieuses pernicieuses. Ce n'est qu'en nous-même que nous pouvons méditer et renouveler notre lien avec ces qualités originelles, toujours en dialogue avec Dieu.
Commenter  J’apprécie          30
Les vies de bien des femmes de ce livre sont assombries par la violence. Mais chacune d'elles est une lumière et un exemple qui prouve que les meilleurs instincts de l'humanité − aimer, partager, protéger − sont capables de triompher, même dans les pires circonstances. Elles sont la raison pour laquelle j'ai persévéré. La raison pour laquelle je n'ai jamais perdu ma foi ni ma santé mentale, même lorsque, exposé aux conséquences de la cruauté, je me sentais submergé.
Commenter  J’apprécie          100
Lumumba et les dirigeants de la postindépendance ont hérité d'un Etat aux coffres vides et d'un pays de quinze millions d'habitants qui ne comptait que quelques dizaines de diplômés universitaires. La Belgique laissait le Congo dans un état de cruelle impréparation pour son indépendance. Sans oublier que l'ancienne colonie ne se voyait accorder la liberté qu'en échange de l'accès à ses ressources, accompagné de la condition que ses territoires demeurent dans l'orbite occidentale. Lorsque Lumumba s'est tourné vers l'Union soviétique en quête d'aide pour faire face à une mutinerie au sein des forces armées, ainsi qu'à d'immenses problèmes économiques et à un mouvement sécessionniste dans le Sud, son sort était scellé. Il n'est resté au pouvoir que trois mois. En moins de six mois, il fut kidnappé et assassiné avec la complicité des Belges et des Américains.
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Denis Mukwege (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Denis Mukwege
Le romancier Alain Mabanckou, président de ce prix, et Mathieu Klein, maire de Nancy, président de la Métropole du Grand Nancy, remettent le 20e Prix Livre et Droits Humains à Stefan le Courant pour "Vivre sous la menace", une enquête sur les effets de la politique migratoire sur les personnes en situation administrative irrégulière.
Et, à l'occasion de ses vingt ans, il se double d'un prix exceptionnel : une mention spéciale étranger pour le Dr Denis Mukwege, l'homme qui répare les femmes, gynécologue congolais et spécialiste de la chirurgie reconstructive, prix Nobel de la paix 2018.
Une remise de prix à l'Hôtel de Ville de Nancy, le 9 septembre. Animation : Alain Mabanckou et Christophe Ono-Dit-Biot.
Stefan le Courant, "Vivre sous la menace : les sans-papiers et l'État" (Seuil) Denis Mukwege, "La force des femmes" (Gallimard)
+ Lire la suite
autres livres classés : littérature congolaiseVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (463) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1710 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}