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Critique de Julaye30


Avant de lire ce livre et d'assister à la rencontre organisée par Babelio et Gallimard, je connaissais dans les grandes lignes le parcours de cet homme exceptionnel. Pour être tout à fait honnête, j'avais un peu peur que le sujet soit émotionnellement trop difficile à supporter pour moi. Il y a en effet des scènes horribles décrites dans ce livre, qui ont lieu malheureusement quotidiennement, nous ne pouvons nous voiler la face sur leur existence. Mais l'auteur nous emmène plus loin à travers ces récits glaçants, dans une profonde réflexion sur la place de la femme dans nos sociétés, sur tous les continents, dans l'histoire et à notre époque actuelle.

La première partie du livre est consacrée à la maternité et à la naissance de sa vocation. Né en 1955 à Bukavu, Denis Mukwege est fils de pasteur. Il grandit dans une ville segreguée organisée autour d'un centre où s'érigent les villas des blancs, puis le quartier des marchands asiatiques et encore plus éloignées du lac, deux banlieues noires. Il nous dépeint les paysages de son pays, son histoire coloniale, l'indépendance en 1960 alors qu'il est âgé de 5 ans. J'ai appris beaucoup sur cette ancienne colonie belge dont j'ignorais presque tout. Lorsqu'il a huit ans, il accompagne son père visiter des malades. C'est là que naît son désir de devenir médecin.

Plus tard il prend conscience d'une réelle crise sanitaire féminine avec des accouchements difficiles et des conditions compliquées pour les mères. Il crée un lieu pour que les femmes puissent venir gratuitement deux mois avant leur accouchement. L'occasion dans ce chapitre d'évoquer le congé maternité dans le monde (loin d'être acquis dans certains pays comme les Etats-Unis).

Des évènements vont accroître son implication auprès des femmes : les conséquences de la guerre au Rwanda qui vont toucher directement le Congo et notamment des milliers de femmes violées et mutilées. L'auteur nous parle des première et deuxième guerres du Congo et de la fondation de son hôpital à Panzi en 1999. Son combat quotidien : réparer ces femmes, victimes des zones de conflit. Progressivement, il crée des lieux de soins, de prises en charge psychologique, notamment la Cité de la joie avec pour devise "Transformer la souffrance en pouvoir", la maison Dorcas... Il nous raconte les histoires de quelques-unes de ses patientes.

De nombreux sujets sont développés autour du viol dans le monde; entre autres, la force de la parole des victimes, l'importance de l'éducation des garçons mais aussi la responsabilité des gouvernements et les difficultés rencontrées pour faire changer les mentalités. Il ne se concentre pas uniquement sur la situation des femmes au Congo. Chaque thème abordé est mis en relation avec la situation dans d'autres pays en voie de développement ou occidentalisés. Il rappelle que la problématique du viol est présente partout que ce soit en temps de guerre, en temps de paix. de nombreux organismes, mouvements, militants féministes sont cités. (Je me force à résumer tant il y aurait à dire sur le contenu de cet ouvrage).

Je suis ressortie de ce moment profondément marquée. L'écriture est bien menée, entre biographie, récit de témoignages, l'auteur partage ses émotions avec nous. Il ne se met jamais en avant. C'est un livre bouleversant, émouvant, grâce auquel j'ai appris beaucoup de choses. Un livre qui devrait être lu par le plus grand nombre. Encore merci à l'équipe Babelio pour cette invitation.
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