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Critique de isanne


Voilà, je tourne la dernière page de ce livre et se pose la pertinence d'écrire une critique supplémentaire pour Babélio...
Et pourtant, j'ai envie de parler de cet épais roman pour peut-être vous donner l'envie d'y jeter un oeil. Impossible de le raconter et puis, il ne faut pas, il faut se laisser envoûter par le tissage du récit.


Disons pour juste dessiner quelques lignes, qu'il s'agit au départ de la rencontre de deux jeunes gens à la fin des années soixante : un spécialiste des langues anciennes, un passionné, fils de ministre hollandais calviniste et un astronome, tout aussi passionné de ses sciences, orphelin, né d'un père nazi responsable de la mort de sa mère, juive, à Auschwitz.

De cette rencontre fortuite - mais elle ne l'est pas tant que cela si l'on regarde avec les yeux de la Destinée...- naît une amitié profonde faite de respect, de curiosité : la découverte de l'alter ego, celui avec qui on peut tout évoquer y compris "ce qu'on ne voudrait dire à personne".
Un troisième personnage s'invite dans ce roman, après l'écriture, les mots, les étoiles, le Big Bang, s'invite la musique à travers Ada violoncelliste que rencontrent les deux amis.
Et il y a aussi le personnage de Quinten mais de celui-ci, je ne vous parlerai pas, il vous faudra le rencontrer...

Cette amitié va être "auscultée" durant deux décennies...


Pour le lecteur, c'est un récit brillant, passionnant, questionnant, enrichissant : l'origine du monde, les galaxies, puis les langues anciennes, les relations entre les différentes écritures et puis la musique et sa liaison avec les mathématiques et à l'architecture...Et l'Histoire de ce siècle, l'horreur de la première et de la seconde guerre mondiale, l'Holocauste et de là, des réflexions sur les trois religions monothéistes et les implications des rapports humains qu'elles écrivent ou articulent. Religions qui baignent si l'on veut bien s'y arrêter tous les arts et toutes les sciences...
Tout cela pour parler de l'Homme mais aussi du Mal... et du Bien auquel vous donnerez le visage que vous voulez selon votre croyance. Curieux de remarquer que l'image du "Mal infini" fait consensus pour sa représentation quand celle du Bien, s'éparpille entre quelques visages "meneurs", instigateurs des idées pour harmoniser les rapports entre les peuples sans finalement y réussir vraiment : L Histoire est une roue qui tourne et ainsi, le Mal joue sa carte à intervalles réguliers, s'incarnant périodiquement, jetant les hommes dans des guerres atroces, fratricides, dans des génocides perpétrés à l'encontre de ceux avec lesquels ils vivaient encore en toute quiétude une décennie plus tôt… les laissant toujours sans solution pour leur permettre de vivre ensemble pour l'éternité.

Alors c'est une réflexion sur tous les niveaux des rapports humains de la famille à la politique, de la religion à la science et finalement pour arriver au constat que l'homme ne sait vivre que dans le rapport de force même s'il s'en défend : le désir de puissance comme seul guide des existences dans tous les domaines...

Curieusement, le ton du livre sait être plein d'humour à certains moments et extrêmement sombre à d'autres.
J'ai pensé à "La danse Sacrale" d'Alejo Carpentier qui voisinerait "Les Disparus" de Daniel Adam Mendelsohn pour les connaissances qui nous sont ici partagées et pour la curiosité qu'elles ne cessent d'alimenter, comme un feu qui consume...
Les fils qui relient tous les thèmes du récit entraînent le lecteur vers l'avant, vers la question sous-tendue par ces lignes. Que l'astronome soit nommé dans un observatoire construit sur les lieux du camp de transit hollandais , Westerbork, celui-là même d'où est partie sa mère, que les étoiles soient écoutées sur les lieux où d'autres ont pleuré pour la dernière fois, que les écritures anciennes fassent lire la Bible et la Torah pour les articuler l'une par rapport à l'autre et amener le lecteur à Jérusalem pour fondre son regard dans celui des trois grandes religions finalement si proches et si opposées, lieu déclaré de l'Alliance de Dieu - quel que soit le nom que vous lui donnez - avec les hommes...
Il n'en reste pas moins que le personnage victorieux de ce livre pourrait être le Mal - c'est ainsi que j'ai lu ce livre, vous le lirez peut-être autrement...- qui s'infiltre dans toutes les actes humains, celui que les hommes aiment vénérer de façons différentes à différentes époques, celui qui leur tient lieu d'excuses pour anéantir et assassiner, celui que ces mêmes hommes sont en train de construire pour se supprimer eux-mêmes, dans un avenir peut-être pas si lointain,et si la science ne les détruit pas, le peu de respect qu'ils ont pour la terre les fera disparaître…
Il y a peut-être longtemps que l'Alliance a été rompue…

Encore un mot, ne soyez pas trop cartésien pour ouvrir ce livre, sinon les dernières pages risquent de vous déplaire et ce serait dommage : comme une parabole pleine de sens qu'on refuse.
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