Il a été élevé dans un coin paumé du Nevada par un pasteur du genre pas commode et une chimiste camée. Un bon terreau pour faire pousser un illuminé comme lui.
La philosophie n'est que l'idée du monde.
Chez lui, le vêtement était l'expression d'un paradoxe, la maîtrise du désordre alliée à un sens esthétique imparable.
Mais sentir les choses ne suffisait pas toujours.
Tout être en lui porte des failles, il suffit de les connaître pour avoir un levier.
L'homme moderne n'est plus qu'un cimetière à gènes corrompus. Adam et Eve souffrent d'Alzheimer et Dieu s'amuse aux dés dans un trou noir nommé abîme.
Par notre aveuglement, nous avons dévasté la Terre. Aujourd'hui se pose une question très simple pour l'Humanité : vivre ou mourir par avidité.
Le problème, c'est que nos cerveaux sont formatés pour ne jamais répondre à ce dilemme. Vous avez entendu parler du striatum ? C'est une structure nerveuse logée sous le cortex, qui libère la dopamine quand nous satisfaisons nos besoins fondamentaux. Or, le striatum, forgé à la préhistoire, est devenu mortifère à l'ère industrielle. Le besoin d'assouvissement est sans fin, la machine s'emballe, on veut toujours plus et on finit par nier la menace du changement climatique en dépit de la raison, parce que rien n'est pire que l'incertitude.
Grace au sérum, le géranium avait viré magnolia, l'ancêtre de tous les arbres à fleurs apparu au Crétacé, cent trente millions d'années plus tôt.
Les manifestations géantes avaient débuté aux quatre coins de la planète. Partout, des rubans de contestataires envahissaient les rues des capitales, des villes et même des villages. Rubans verts pour les pro-erectus, écolos, collapsos, altermondialistes, zadistes, décroissants ou adeptes d'un retour à une nature toute-puissante.
Face à eux, les rubans bleus des anti-E, inconditionnels de la castration des erectus, défenseurs des camps de relégation. Dans ce groupe majoritairement violent, on trouvait aussi les inévitables survivalistes tendance fasciste, raciologues convaincus que les gouvernements fricotaient pour mettre au pas le peuple.
L'adrénaline lui procurait chaque fois le sentiment de vivre à fond. Bien meilleur qu'un rail de coke...