Le roman de M-M. Muller est une découverte précieuse pour tous ceux qui ont puisé leurs premières lectures dans le classicisme romanesque de la fin dix-neuvième, et particulièrement aux amateurs des
Zola (La Terre), ou certaines oeuvres champêtres
De Maupassant ou
Flaubert.
Le décor est planté, le style est perçu, l'histoire se met en route dans une lointaine vallée pyrénéenne où le prix de la terre est, pour les gens qui y vivent, bien plus élevé que celui de la vie.
Terre Mégère, c'est une femme au caractère fort, dominateur, qui fait régner sa loi sur les siens : c'est la femme aux loups, surnom qui va à ravir à cette chef de meute intraitable, sauf pour son petit dernier issu de ses amours avec son ami contrebandier.
Pourtant, ses enfants tentent de devenir eux-mêmes, de sortir de l'écrasement où les maintient cette mère dévoreuse et sans pitié.
Au fil des pages, le drame se noue. le père, sans existence consistante, choisi seulement comme géniteur, mettra fin à ses jours. Les frères se mêleront en une lutte fratricide. Des deux soeurs, une restera fidèle parce-que faible de caractère, comme son père, alors que la petite Marie va s'émanciper d'abord grâce à ses études et l'aide de l'instituteur du village, ensuite en prenant son envol vers la grande ville de Pau…
M-M. Muller nous raconte une histoire simple, rude et pourtant pleine de poésie . Son style extrêmement travaillé y est pour beaucoup. Il plante le décor aidé par les paysages montagnards.
Je ne peux finir sans vous livrer quelques bribes étincelantes de ce joyau cadeau idéal pour la fin de l'année :
« Raymonde entra, déposa le couteau sur une poutre qui sortait du torchis, près de la pierre à affûter. Cyprien referma
la porte d'un coup de pied. La lumière du jour, chassée, ne se faufila plus que par les dents cassées du haut et du bas de
la porte. »
« C'était à des années lumière, à l'aube faiblissante de ce siècle. C'était au temps de la colère et du silence, de la haine et du pardon. »
Michelangelo 2003