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Critique de Elforest


Roman quasi-autobiographique publié en 1860 - après moult péripéties - il est signé Edouard Douwes Dekker alias « Multatuli » qui signifie « J'ai beaucoup souffert ».

Un livre qui m'aura donné plus de fil à retordre au niveau du style qu'au niveau du propos. Mais il est assez clair que l'auteur n'avait pas vocation à créer un chef d'oeuvre littéraire. Marqué par son expérience en tant que fonctionnaire dans l'administration coloniale néerlandaise, son but est militant et son ambition est d'informer et briser l'omerta sur les exactions commises envers le peuple javanais. Certains côtés du personnage peuvent agacer mais on ne peut que reconnaître le courage dont a fait preuve l'auteur pour avoir jeté ce pavé dans la mare.

J'ai trouvé le parti pris de l'auteur pour construire son récit plutôt intéressant. Deux histoires se déroulent en parallèle. La première – fictionnelle – commence à Amsterdam et relate comment le jeune Stern, employé pour l'insupportable courtier en café Droogstoppel en vient à écrire la seconde histoire. Bien réelle celle-là et constituant la partie autobiographique de Multatuli. Ce procédé permet de nous donner une vision globale en amont et en aval du système colonial néerlandais. En amont avec le caricatural Droogstoppel (signifiant « chaume sec ») pour lequel les adjectifs péjoratifs se bousculent au portillon. Personnage prétexte à lui tout seul pour mettre en avant les arguments de l'époque (économiques, théologiques, etc…) justifiant une telle situation. En aval avec le héros du roman - avatar de l'auteur - dont l'objectif est d'exposer les mécanismes de l'oppression de la population javanaise et d'en dresser le constat.

Le style souffre néanmoins de quelques lourdeurs qui rendent la lecture parfois ardue et fatigante : phrases longues et alambiquées et surtout beaucoup de digressions. Aucune n'est hors sujet mais elles ne facilitent pas la lecture de la chronologie des évènements. Tout ne pêche pas cependant. La narration est extrêmement vivante et bon nombre de passages enflammés pourrait être lus à voix haute. Tout s'enchaîne et c'est ce qui m'a aidé à aller au-delà des aspects négatifs.

En somme, une lecture enrichissante mais aussi une lecture marathon me concernant.
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