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EAN : 9782953738988
240 pages
Kobalann Eds (14/11/2018)
4.6/5   51 notes
Résumé :
"Le paysage, par une étrange illusion d'optique,
semble se résorber tout entier dans son corps.
Ce n'est plus la panthère qui est camouflée dans le paysage,
mais le monde qui s'est incorporée à elle."
Sylvain Tesson

Le photographe Vincent Munier nous entraîne sur les traces de la panthère des neiges. La trouver est un Graal pour bien des voyageurs. Sa quête ensorcelle : il faut se briser les yeux sur la roche, sur la neige... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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L'ouvrage Tibet, minéral animal que le photographe Vincent Munier et l'écrivain voyageur Sylvain Tesson ont produit ensemble aurait pu s'apparenter à un livre de photographie animalière. En effet, Vincent Munier nous entraîne sur les hauts plateaux tibétains, sur les traces de la panthère des neiges, cette fascinante, énigmatique et légendaire panthère des neiges ! Et, dans l'attente et l'espoir de peut-être pouvoir l'apercevoir, il va rencontrer d'autres habitants de ce majestueux plateau tels que le gypaète barbu, le cerf à museau blanc, le loup gris, le pika à lèvres noirs, le chat de Pallas, le Klang (âne sauvage), le yack sauvage, le renard du Tibet...

Ce sont en effet les plus belles photos, soit 160 photos, de six voyages qu'il a faits au Tibet qui sont réunies dans cet ouvrage. le résultat est plus que cela, c'est un authentique ouvrage d'art. Ouvrage d'art magnifié par la poésie des textes de Sylvain Tesson qui l'a accompagné lors de son dernier périple en février 2018 et lui a donc prêté sa plume. Leur talent respectif mis en commun nous offre une oeuvre magnifique.

Certaines photos se présentent comme des tableaux, la photographie de la nature rejoint le tableau du peintre (Noces du ciel et de la terre, le ciel voit rouge, Voile pudique, Aphrodite en blanc...). Quant aux nuances toutes en variation entre le blanc et le gris jusqu'au noir profond, et du beige au roux, elles sont le symbole du mimétisme entre le minéral et l'animal, titre de ce prestigieux album. Difficile, la plupart du temps de différencier l'animal du minéral, de repérer l'animal sur les rochers, dans la nature tout simplement. Certaines photos, notamment de yacks sauvages dans la brume m'ont également fait penser à des peintures rupestres.

Pour ce qui est des textes qui accompagnent de façon très sobre ces sublimes photos, Sylvain Tesson a su se faire tour à tour philosophe et poète et réussit, comme il a dû le faire lorsqu'il était à l'affût, à "se fondre dans le paysage".

Comme il le dit si bien dans « L'oeil ne sait pas ce qu'il voit » :
« Elle se tient là, couchée au pied de la falaise,
présente et invisible, discrètement dominatrice.
Sa robe est mouchetée d'ivoire et de poussière.
Taches de nacre, ombres d'obsidiennes, larmes d'or.
Le ciel et la terre, le jour et la nuit sont fondus dans son pelage.
...
Ce n'est plus la panthère qui est camouflée dans le paysage,
mais le monde qui s'est incorporé à elle. »

À la fin de l'ouvrage, une page est consacrée à des " Aphorismes dans le froid et autres pensées de l'affût " pour chacun des animaux photographiés. Pour exemple et en conclusion, concernant la gazelle :
« Elle fuse comme une pensée dans l'esprit du lieu. »

Un magnifique cadeau de Noël à offrir ou à s'offrir !
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Après "La panthère des neiges", très beau récit de Sylvain Tesson, il manquait les images. Vincent Munier les livre aux passionnés de cette belle nature tibétaine, de ses animaux et, bien sûr des bharals. Et Sylvain Tesson complète ces superbes images avec ses poèmes pleins de belles références issues notamment d'Epicure ou d'Héraclite.

Tout est réussi dans ce livre, une première de couverture mystérieuse où l'on entrevoit la furtive mouchetée, puis des photographies d'une qualité exceptionnelle qui restituent les ambiances ocres, bleues, noires de ces hauts plateaux tibétains, avec leurs animaux farouches dont Vincent parvient souvent à saisir les regards, les courses, les attentes.

Les pierres, les ciels, les nuages, les herbes, les barrières montagneuses, tout donne envie de s'attarder sur chaque page pour ancrer dans sa mémoire de lecteur ces visions exceptionnelles d'un monde animal au coeur d'une nature saisissante.

Le livre de Sylvain montrait une seule image, en noir et blanc, de la panthère qu'il fallait chercher parmi les nuances de gris et de noirs; on retrouve cette image dans ce livre et bien d'autres vues de ces félins mimétiques.

Peter Matthiessen, une cinquantaine d'années plus tôt, n'avait pas eu les mêmes visions du léopard des neiges puisqu'il n'avait pu l'apercevoir, demeurant dans son imaginaire. Sans doute, s'il était encore en vie, apprécierait-il toutes ces images de sa quête infructueuse à l'époque.

Même la qualité du papier et le mat des photographies ajoutent à la qualité de cet ouvrage qu'apprécieront tous les passionnés du Tibet.

Sylvain n'a pu s'empêcher de glisser quelques aphorismes à la toute fin du livre, je retiens particulièrement celui des bharals qui "moutonnent tranquillement, peluches de ciel cotonnant le versant".

Par images et texte, cela s'appelle du style, tout est dit...
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Le talent indéniable du photographe animalier, Vincent Munier associé à la plume poétique de l'aventurier et écrivain, Sylvain Tesson font de ce livre somptueux, une oeuvre indispensable pour qui s'émerveille encore de la beauté que réserve la nature.
L'ouvrage couvre une période de 2011 à 2018 où Vincent Munier s'est aventuré sur les plateaux du Tibet pour y capter durablement des instants fugaces de vie animale s'exprimant dans un environnement hostile à l'homme. Une patience à l'épreuve du temps pour saisir ces clichés présentés avec une certaine progression dans les tons et les lumières, comme un jour qui se lève et se découvre pleinement.
Ainsi, dans des teintes froides tirant vers le bleu acier, apparaissent les silhouettes en ombre chinoise d'un yack, d'un loup gris, d'un aigle royal et d'autres encore. Puis un décor de brume et de lumière tamisée offre à ces espèces la liberté d'évoluer discrètement et sereinement dans un environnement qui leur est familier.
Le ciel se dégage dans l'immensité de la steppe tibétaine et surgit dans l'objectif de l'appareil, l'inespérée Panthère des neiges dressée sur les hauteurs des falaises.
Des plans resserrés aux cadrages très larges, la patte du photographe est unique et sa palette de couleurs incroyable de nuances et de douceur.
Puis, on distingue un paysage minéral, érodé par le temps mais dompté par ces espèces rares, à l'abri pour le moment du passage humain.
Plus on avance dans la lecture, plus les photographies donnent à explorer un univers éthéré et cotonneux où l'animal devenu insaisissable s'intègre comme une esquisse dans le tableau vivant de la nature.
"Les bêtes sont les notes sur la partition. Que jouent-elles? le chant du monde" nous dit Sylvain Tesson. Ses textes magnifiques présentant sa lecture du monde minéral et animal devraient résonner en chacun de ceux qui veulent accorder une place à tous les éléments du vivant sans s'arroger le droit d'en être propriétaire ni conduire à sa sa disparition.
Je ne chercherais pas à paraphraser plus, il suffit juste de s'attarder sur ces fragments de poésie qui donnent des mots et un ressenti à ce voyage tibétain.
Extrait:
"Une question de sémantique?
L'homme déboula sur la terre,
zigouilla les bêtes,
fissionna l'atome,
traficota le gêne,
modifia les organismes,
acidifia les sols,
plastifia les mers,
et barbouilla l'atmosphère.
Tout cela en si peu de temps.
Quel talent!
Et puis, il nomma "nuisibles"
Ceux qui ne participaient pas à l'entreprise."
Lien : https://petiteabeilleweb.blo..
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Pour prendre un peu de hauteur, voir loin et respirer largement, plongez dans ce beau livre de photographies émaillé de quelques rimes poétiques.
Des symphonies de blancs de neige, de noirs d'encre, de-ci de-là quelques touches de bleus et des trainées de poudre d'or. Dans l'immensité des plateaux himalayens désertiques, on devine parfois la silhouette d'un loup, les cornes d'une gazelle alors que les panthères se confondent sur la roche. On devine avec peine le museau d'un pika dans la neige qui ferait presque disparaitre les yacks pourtant si massifs.
Hypnotique et médiatif par la force d'une nature que l'on devine encore préservée, cet album nous chavire par la beauté absolue et le graphique époustouflant des photographies que l'on prendrait presque pour des tableaux composés par un artiste peintre.
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Pour réussir à photographier la panthère des neiges du Tibet et en faire un livre, un exploit en soi, il fallait bien avoir recours à un des meilleur photographe animalier français, "Vincent Munier".
Alors on y trouvera très peu de photo type national Geographic, Vincent englobe le paysage, le flou parfois et l'illusion d'optique. Je le classe dans la catégorie des beaux livres animaliers, de voyage aussi. Un félin rare, une contrée montagneuse difficile d'accès et mythique font de ces photographies un témoignage qu'a choisi de commenter un inlassable voyageur, Sylvain Tesson.
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
LES FRUITS IMMOBILES

Se tenir à l'affût, c'est accepter qu'il ne se passe rien.
Il fait froid, on respire mal, on se tait, on se camoufle, on s'annule,
on finira par oublier sa propre présence, vertu suprême.
On attend l'animal et, contre le dogme du "tout, tout de suite",
il conviendra de préférer le "peut-être, jamais",
exercice douloureux pour un homme moderne!
En voyage, l'espace défile et les jours se succèdent avec leur lot d'imprévus.
A l'affût, c'est le temps qui imprime ses infimes nuances.
La lune se lève, un rapace trace sa boucle dans le ciel,
une colonne de poussière monte, un mammifère apparaîtra peut-être.
Rien n'est moins sûr.
Parfois, seul le silence s'offrira à notre patience.
La récompense se tiendra dans l'attente elle-même.
Quand on aime passionnément la vie, on n'exige pas qu'elle se montre.
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L'homme déboula sur la Terre,
zigouilla les bêtes,
fissionna l'atome,
traficota le gène,
modifia les organismes,
acidifia les sols,
plastifia les mers
et barbouilla l'atmosphère.
Tout cela en si peu de temps : quel talent !
Puis il nomma "nuisibles" ceux qui ne participaient pas à l'entreprise.
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LE MONDE EST UN BUISSON PLEIN DE REGARDS CACHES

Les bêtes sont là, incorporées au paysage, accordées à son mystère.
Pendant des années, nous avons voyagé dans les immensités, ignorant leurs veilles.
Nous ne savions pas que des yeux nous voyaient.
Nous circulions scrutés, sans nous douter de rien.
Nous courions les montagnes sans connaître les bêtes.
Nos gestes étaient enregistrés par leurs patrouilles de vigies immémoriales.
Le sauvage, c'est ce qui vous regarde quand vous vous croyez seul.
Un jour nous nous calmâmes et dans les rochers restâmes à l'affût.
Par la contemplation, nous nous acquittions de notre indifférence.
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LE LOUP EST UN LOUP POUR L'OMBRE

Sa silhouette de mauvais garçon rode et court par-delà l'horizon.
Il a toujours l'air d'avoir fait un mauvais coup.
On ne le prend jamais sur le fait.
Rapide, il est libre. En mouvement, il est partout chez lui.
On croirait François Villon s'enfuyant sans le remords aux trousses.
Il court, il chasse, il tue, il chante : une belle vie, plein vent.
Sa nuit est une fête du sang et de la mort.
La cruauté est absente de ses chasses.
Le loup a lu Humain, trop humain de Friedrich Nietzsche :
"Et la vie au moins ce n'est pas la morale qui l'a inventée."
Les bêtes sont "par-delà le bien et le mal". Elles vibrent dans la vérité du présent.
La morale a été inventée par l'homme qui avait quelque chose à se reprocher.
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Pensées écrites un jour d'affût
Où la panthère n'apparut pas
Car elle avait mieux à faire
Que de passer dans les regards
De quelques hommes impatients
D'apercevoir enfin son ombre :

- Comme elle semblait tomber du ciel et se fondre à La Terre, on l'appela "panthère des neiges".

- Au Tibet, la montagne a les yeux-léopards.

- Si Dieu a créé le monde, il a essuyé sa plume sur le buvard de la panthère.

- Il y a des ombres et des reflets. Sur la terre comme au ciel. Sur la panthère comme ailleurs.

- La patience est à l'affût ce que l'impatience est au voyage.

- Nous sommes à l'affût. Quelque chose se passe? Non! Mieux! Quelqu'un passe.
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Vidéo de Vincent Munier
Seul ou avec son compatriote australien Nick Cave, Warren Ellis a composé une vingtaine de musiques de film. Multi-instrumentiste, il joue du violon, de la guitare, de l'accordéon, du piano, de la mandoline, de la flûte, du bouzouki. Spécialiste des boucles musicales, il crée d'amples paysages sonores qui correspondent totalement aux paysages immenses de "La panthère des neiges" de Marie Amiguet et Vincent Munier.
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