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Jean-Marie Klinkenberg (Éditeur scientifique)
EAN : 9782804012823
415 pages
Espace Nord (31/03/1998)
3.41/5   11 notes
Résumé :
Nom : Papin.
Nationalité : Belge mitoyen.
Signes particuliers : porte un cartable.
Papin scolarisé, Papin dans la Blitzkrieg,
Papin occulté, résistant, libéré
le cavalier Papin le pied à l'étrier
Golden Sixties Papin, Papin Mai 68
Papintje reflamandisé par erreur
le professeur Papin, membre du Cercle par inadvertance
mon ami Papin prête-moi ta plume :
de la Belgique de papa à celle de Papin, du Bo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre est une autobiographie romancée d'un Belge qui traverse la seconde guerre mondiale enfant et vit les premiers conflits linguistiques du pays. Né d'un père francophone et d'une mère flamande, la famille avait tout ce qu'il fallait pour incarner les paradoxes de la Belgique.

Je dois dire que j'ai pris cette famille en grippe dès les premières pages. J'ai trouvé ses membres un peu ridicules, prétentieux et boursoufflés de leur importance, croyant sauver le monde dans de petits cercles intellectuels étriqués. L'auteur, bien qu'il décrive leurs défauts avec lucidité, ne peut s'empêcher de suivre leurs pas et de calquer sa vie sur leurs desiderata. Mon hostilité s'est un peu calmée au fil des pages, et j'ai perçu de la tendresse dans la description des défauts de ses proches.

Ce qui m'a principalement intéressé dans le livre est la description des premières revendications linguistiques : le mépris des francophones envers le « patois » flamand, la volonté des flamands, soit de gommer leur défaut de naissance en reniant leur langue, soit au contraire de la porter bien haut en étendard. Bien que ce conflit ait encore des répercussions aujourd'hui, je n'en connaissais pas vraiment l'histoire.

Je ne conseillerais ce livre qu'aux personnes désireuses de découvrir ce pan de l'histoire de la culture belge.
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Le petit Papin vit entouré de son père, Clauzius, et de sa mère, Clauzia, en Belgique. de son enfance à l'âge adulte, il raconte son histoire et par la même occasion l'histoire de son pays et de sa littérature, la pauvre petite malheureuse.
Jean Muno, de son vrai nom Robert Burniaux, nous livre un roman partiellement autobiographique, dont il modifie certains détails afin que son histoire apparaisse comme une métaphore bien élaborée de l'histoire de la littérature belge. En effet, dans les années 80, apparaît chez les écrivains belges un sentiment de belgitude. Désormais, ils ne cherchent plus à écrire de la littérature française, et assument leur singularité. J'ai adoré cet aspect métaphorique et poétique, amené de manière si subtile et délicate.
Muno raconte l'histoire de la littérature belge, mais également celle de son pays. Ainsi, il parle avec ses yeux d'enfants de la seconde guerre mondiale (qu'il décrit comme un événement plutôt palpitant, dont il n'a pas vraiment souffert), puis avec ses yeux d'adultes les sixties, l'évolution de l'enseignement, les problèmes linguistiques, l'évolution des mentalités.
Mais Histoire exécrable d'un héros brabançon n'est pas qu'un manuel d'histoire de la littérature, c'est aussi un livre plein de tendresse qui m'a beaucoup émue. En effet, la relation de Papin avec son père est très particulière et à la fois tellement authentique. On remarque également une évolution dans la manière dont il le décrit. Au début, alors que le petit Papin est enfant, son père est un dieu vivant, l'homme le plus intelligent et le plus sage à ses yeux. Mais malgré ce sentiment d'admiration pour son père, qui cherche avant tout à l'éduquer et à faire de lui l'homme le plus instruit possible, ils cultivent tous deux une sorte de distance. Puis, lorsqu'il rencontre Sinovie, les failles de ses parents apparaissent, et il commence à s'en affranchir.
J'ai également tout particulièrement apprécié le style de cet auteur, très particulier. En effet, Jean Muno a développé sa propre manière d'écrire, faisant violence à la langue. Ce style est élégant et sophistiqué sans être pédant. Il est également plein d'humour et d'ironie.
J'ai aussi aimé l'effet de flash-back après la préface, à l'aspect volontairement obscur à la première lecture, et qui se doit d'être relue après avoir terminé le livre pour être comprise.
Par ailleurs, la fin du roman m'a beaucoup plu, car elle est très originale et inattendue. Elle n'est pas marquée par l'une ou l'autre action, comme c'est le cas de nombreux livres, mais par un texte tout à fait surprenant, puisque Papin semble y perdre la tête. En effet, Clauzius vient de mourir et Papin ne sait plus où il en est. Il s'écrit des lettres à lui-même, ne sait plus s'il est Muno ou Papin, sachant qu'aucun de ces noms n'est véritablement le sien. Il divague, tourne en rond, prend sa retraite et se retrouve pour la première fois de sa vie sans son fidèle cartable.
En conclusion, je vous recommande vivement cette Histoire exécrable. Il m'a fallu quelques pages pour m'habituer et pour apprendre à apprécier cette manière d'écrire assez singulière, mais je ne regrette pas d'avoir persévéré, car il s'agit d'un des meilleurs livres que j'aie pu lire.

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Quel roman! Rarement avons-nous rencontré de personnage aussi sympathique. Ce roman nous prouve hors de tout doute que rire et réfléchir ne sont pas incompatibles et que des sujets délicats tels le voisinage des peuples et les langues peuvent être traités avec tact et humour.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le fait que nous ne parlions pas le flamand, ou, pour être précis, ne le parlions plus, constituait l'un des facteurs de notre supériorité. C'était par excellence l'idiome de la fosse d'où nous étions sortis. À cet égard, le cas de Madame était exemplaire. Elle avait commencé ses études en flamand, jusqu'au jour où ses aptitudes, forçant le barrage de la tradition, lui avait valu d'être envoyée dans une école d'expression française. À la demande formelle de sa mère, notez, qui avait compris, si simple qu'elle fût, que l'ascension sociale passait nécessairement par une culture véritable. L'avenir lui avait donné raison. Si Madame avait rencontré Monsieur, si elle avait pu le comprendre et se faire entendre de lui, s'ils m'avaient conçus dans une langue digne de ce nom, en somme si nous étions ce que nous étions, Clauzius et francophonissimes, moins dépaysés à Bourg-en-Bresse qu'à Londerzeel, il fallait en rendre grâce à la clairvoyance de moeder Liza.
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Nous étions des intellectuels, nous n'étions pas Flamands. Ni Wallons. À noter ça. Même l'anarcho-syndicaliste [le grand-père] avait droit à des origines plutôt françaises. Le Wallon, en effet, c'était mou, un peu fade, bonhomme et folklorique. Gens de petites vallées. Leur accent faisait rire, leurs défilés aussi. Le Flamand, c'était fruste, certes, mais ça pouvait être sérieux, et même redoutablement. Le Wallon, jamais.

En débit des apparences, nous n'étions pas non plus Bruxellois. Le Bruxellois, ou ça parlait mal, ou c'était libéral, souvent les deux. Or nous parlions correctement et n'étions pas libéraux. À vrai dire, dans cet ordre d'idée-là, le politique, je n'ai jamais su très bien ce que nous étions.
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