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Citations sur Comme l'ombre qui s'en va (18)

Ecrire, c'était enrober les lieux et les personnes d'une enveloppe de beauté illusoire, les exalter en les situant dans une géographie fantasmatique.
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J'étais un père de famille et un adolescent attardé, un apprenti romancier et un fonctionnaire, un infiltré de la municipalité dans les bas-fonds ou des bas-fonds dans la municipalité. Si une femme me plaisait, je la voyais à travers le halo diffus du cinéma. Le désir ne me poussait pas à l'audace mais dans la paralysie. Je vivais secrètement angoissé par des incertitudes sexuelles normales à quinze ou seize ans, par la timidité physique d'un ex-enfant trop gros qui n'a pas surmonté l'humiliation des heures de gymnastique. J'étais maladivement convaincu, comme tant d'aspirants écrivains de province, que la vie véritable se trouvait quelque part ailleurs, que l'imagination est plus riche et plus puissante que la réalité, le désir plus précieux que son assouvissement, que les géants sont plus mémorables que les moulins à vent et les histoires de fiction plus parfaites que le futur hasardeux, répétitif et sans éclat de la réalité. Je croyais la maladie, l'ivresse et l'agitation plus romantiques que la santé, la sobriété et le calme, je croyais que ce qui est précieux et éblouissant doit être bref parce que seule dure la médiocrité, que la passion doit être illicite et clandestine et le mariage pur ennui, que la créativité est chaotique et le travail quotidien vulgaire, que la beauté est lointaine et floue, que le délire est lucidité et la raison froideur insipide, que la nuit esrt révolte et le matin soumission.
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Une chose sur laquelle il n'avait jamais compté et qui le déconcertait encore à la fin de sa vie, c'est qu'on ait déclenché tout se fourbi à cause de la mort d'un Noir.
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Les noms des personnages littéraires ont pour nous une sonorité si naturelle et inéluctable que nous avons du mal à nous rappeler qu'ils ont été inventés par quelqu'un.
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Quand il est né sa mère avait dix-neuf ans. Elle aura huit autres enfants au cours des vingt années suivantes. Certains jours elle s'enivrait seule, d'autres avec son mari. Ils vivaient dans un cabanon sans eau ni électricité. Sa deuxième fille, Marjorie, s'est brûlée vive à six ans en jouant avec des allumettes. Elle sera souvent emprisonnée pour ivresse et désordre public, pour vol, pour prostitution. Elle volait dans les boutiques quand elle n'avait pas d'argent pour acheter du vin bon marché, et quand elle ne volait pas elle se prostituait à d'autres ivrognes ou à des vieillards libidineux. Pour s'offrir ses cuites, elle a fini par prostituer sa fille de douze ans. Les services sociaux lui enlèveront ses enfants les plus jeunes. Une inspectrice venue chez elle ouvrira une armoire et recevra une avalanche de bouteilles vides. Les enfants étaient couverts de poux, jouaient et se battaient parmi les bouteilles et les ordures. Elle est morte d'une cirrhose du foie à l'âge de cinquante et un ans.
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Je ne savais ni faire de la fiction avec ce que j'avais sous les yeux, ni inventer des personnages qui mèneraient une vie semblable à la mienne, dans mon temps présent. Pour moi, la fiction avait à voir avec l'imaginaire, avec ce que je rêvais ou ce que je désirais et qui m'était inaccessible.
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Ce qu'il y a derrière les portes de la fiction est un vide comparable à l'envers d'un décor de cinéma. Le mot FIN est imprimé sur les images même si nous ne l'avons pas vu. Dans Casablanca, le bruit du moteur d'avion s'efface en même temps que les hélices disparaissent dans la brume sur la piste de décollage. L'avion s'envole pour Lisbonne mais il nous serait égal qu'il se perde dans l'Atlantique et n'arrive jamais. C'est une tentative évocatrice mais illicite que d'imaginer Victor Laszlo et Ilse se promenant sur la place do Comércio, costume de lin clair pour lui, robe blanche pour elle, éclatants dans la lumière de Lisbonne, deux silhouettes qui se découpent au loin sur l'horizon du fleuve ou marchent sous les arcades dans l'ombre fraîche des voûtes et de l'entrée des ministères, se dirigeant vers la poste, vers l'un des services officiels où l'on demande des visas pour l'Amérique.
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