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Critique de Sachenka


Dans la grande nuit des temps est une vaste fresque, un projet de lecture ambitieux. Il faut se le dire dès le début, ça frôle les 1000 pages et l'intrigue peut paraître complexe. Mais ça vaut le coup. Jamais l'idée d'abandonner ne m'est venue en tête. C'est que, dans ce roman, la petite histoire rencontre la grande Histoire. Quand l'une ralentit, l'autre prend le relais et vice-versa. En 1936, Ignacio Abel débarque à New York. Son arrivée dans la métropole américaine l'amène à penser à ce qui l'y a conduit et à ce qu'il laisse derrière lui. L'idée de satisfaire ses ambitions d'architecte et de retrouver sa maitresse Judith Biely l'enchante mais il culpabilise d'avoir abandonné sa femme Adèle et ses deux enfants dans une Espagne à feu et à sang, en pleine guerre civile. Dit ainsi, il a l'air d'un beau salaud mais c'est plus complexe. Et qui peut affirmer hors de tout doute comment il réagirait dans une situation semblable ? Tiraillé entre une profession pour laquelle il n'y a pas de débouchés à cause de la situation politique, une épouse devenue bourgeoise, une belle-famille qui le méprise, une maitresse devenue une âme soeur ? Les rêves et la réalité, quoi ! Dans tous les cas, Abel revit en pensée ces dernières années et ces retours en arrières expliquent ce qui l'a mené à cette nouvelle vie.

L'auteur espagnol Antonio Munoz Molina a reconstitué cette période troublée avec beaucoup de rigueur. Son protagoniste Abel se tient renseigné des développements politiques, lit les journaux, en parle avec ses amis et collègues. Ainsi, les noms de plusieurs personnalités publiques et organisations reviennent régulièrement. En ce sens, l'index des noms propres et abréviations, à la fin de la collection Points, est très utile. Mais cette Histoire peut parfois devenir lourde pour le lecteur. Munoz Molina lui a épargné les longs passages descriptifs mais son souci du détail peut en agacer plus d'un, surtout ceux qui ne sont pas familiers avec la guerre civile espagnole et qui n'en sont pas vraiment intéressés, cherchant plutôt une lecture plaisante. Heureusement, les événements historiques sont habituellement mis en perspective avec la trame d'Abel, lequel n'est pas lié directement aux conflits, il n'en est affecté indirectement quand l'État, le principal bâilleur de fonds des grands projets de construction, a d'autres chats à fouetter et que les dirigeants changent. Et bien sûr quand les combats se rapprochent et font rage dans la capitale espagnole. En fait, on passe constamment de la politique aux épisodes sentimentaux (la guerre et l'amour !) et c'est la grande force du roman, selon moi.
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