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Une femme entre chez lui, se rapproche, l'embrasse, et Mario ne reconnait pas tout à fait Blanca, un je ne sais quoi, une rapidité dans l'approche, une indiscrétion, un rien de vulgarité, alors que Blanca , depuis qu'il la connaît , réserve ses jugements et ses élans amoureux.
Voilà pourquoi il en est tombé passionnément amoureux, elle lui échappe, elle est absente, elle s'éclipse dans ses pensées, parfois sans le vouloir. Ses goûts sont résolument modernes, et mettent en évidence son appartenance sociale à la bourgeoisie grenadine, alors que lui est fils de paysan d'un village proche de Jaen..
Elle lui échappe, et pourtant c'est elle, perdue dans la drogue et l'alcool, percluse à l'issue d'un amour à sens unique avec un peintre qui la trompe avec de petits jeunes, elle qui a fait le premier pas vers lui.
Trop complexé, Mario, il ne se serait pas permis de donner à penser qu'il la désire.
Les années passent, ils vivent côte à côte, sans que leurs deux mondes se rejoignent; Mario ne peut se passer d'elle : si elle est en retard de quelques minutes, il pense qu'elle a eu un accident grave, ou que sa mère moribonde l'a appelée, ou qu'elle l'a, un malheur de plus, abandonné.
Elle, de son côté, devant ses amis experts en gastronomie, voulant redorer son blason à lui et il s'en sent flatté, prétextait qu'il ne supportait pas les sushis d'un japonais de Grenade.
Au-delà de cet amour que Antonio Muñoz Molina campe sur fond de modernité espagnole des années 80, avec l'entrée dans l'Otan, le haschisch, puis la cocaïne, la libération sexuelle, la musique électronique et la peinture plus photographique que peinte, c'est tout un monde moderne que Blanca adore, auquel elle participe simplement en voyeuse groupie, et que Mario sans oser le dire déteste.

Mario continue à penser comme ses parents, que naitre c'est accoster à une vallée de larmes, et que l'on doit gagner son pain à la sueur de son front.
En conséquence le peintre, l'ex de Blanca, sorti de nulle part, qui se forge une renommée avant-gardiste, qui ne supporte pas faire le jeu du pouvoir puis affirme quand il commence à être connu : « l'avant-garde, c'est le marché ». le rend malade parce qu'il continue à attirer Blanca, au point qu'elle n'existe plus par elle-même.
Au delà d'une relation de passion unilatérale, inadéquate ( ou pas, le doute est permis) Antonio Muñoz Molina , avec un phrasé scandé, de longues analyses , un vocabulaire très particulier, nous dépeint le complexe de classe sociale, l'amour basé sur le manque, l'idée fixe de l'abandon.
Je me suis demandé si, finalement, puisque Blanca l'absente bien que vivant chez lui part un jour, son retour n'est pas prévu par Mario ; il préfère penser que ce n'est pas elle qui est revenue, mais une autre. Il a aimé qu'elle ne soit pas ancrée dans la réalité, rêvant de projets sans issue, dans un autre monde, ailleurs, sans lui , même s'il lui a sauvé la vie et qu'elle en est reconnaissante.

Ceci est mon analyse toute personnelle, de ce petit livre grandiose.

LC thématique : un prénom dans le titre .saison 2
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125 pages. Parfois, c'est tout ce que ça prend. J'aime bien m'immerser dans un pavé que je peux étirer comme je le veux mais, à d'autres moments, un petit bouquin pas trop compliqué, qui entre facilement dans le sac et qu'on peut lire dans le métro, c'est tout aussi bien. L'absence de Blanca fait partie de ces derniers. Pas une galerie de personnages à retenir, pas un univers à décoder, non. La vie, tout simplement. Merci Antonio Munoz Molina. Dans ce petit roman (presque une nouvelle avec seulement 125 pages) qu'il nous propose, Mario rentre chez lui et découvre sa femme partie. Pour de bon. Alors commence les « pourquoi ? », les « comment en est-on arrivés là ? » Mario a déjà quelques réponses en tête. Il est devenu routinier, ennuyeux. Non, il l'était déjà même s'il ose à peine l'admettre. Elle, de son côté, devait le savoir, c'était ce dont elle avait besoin à ce moment dans sa vie. Mais elle s'est lassée de son «fonctionnaire mental».

L'auteur nous propose donc l'autopsie d'une relation. C'est presque une analyse psychologique que tous ces souvenirs qui reviennent à la surface et qui raconte leur histoire d'amour à tous les deux. Et qui disent tout car, s'ils s'aiment beaucoup, il devient clair que leurs tempéraments sont incompatibles. Mario et Blanca. Blanca et Mario. Puis Mario tout seul. À travers cette progression, l'auteur a bien amené ses deux personnages. L'homme sans ambition, monotone, pâle, qui se complait dans sa petite ville du sud de l'Espagne. La femme passionnée et énigmatique, d'une autre classe, d'un autre monde, fantaisiste. Quand l'étincelle n'est plus et que la vie à deux ne devient qu'une habitude, qu'advient-il du couple ? Heureusement, l'auteur a évité plusieurs clichés, les scènes, les pleurs, etc. J'ai passé un moment agréable avec L'absence de Blanca mais, attention, il ne faut pas s'attendre à une histoire renversante.
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Mario, petit "fonctionnaire" au Conseil Général de Jaen près de Malaga, vit le parfait amour avec Blanca son épouse depuis sept ans. A peine finie sa journée de travail vite vite il rentre chez lui , ouvre la porte , sent les bonnes odeurs de cuisine et n'a qu'un désir rester toujours et encore avec la lumière de sa vie.... Pourtant il se demande encore comment il a pu conquérir cette jeune femme issue d'une famille aisée de Malaga, habituée à fréquenter les milieux "intellectuels" peinture , musique, théâtre, littérature, qu'ont-ils donc en commun ?...Puis soudan le regard de Mario sur Blanca change insidieusement, inexorablement .Est-ce toujours elle , est-elle toujours la même? Qui change? elle ou lui ? ....
Bien court roman par rapport aux autres textes d' Arturo Munoz Molina mais brièveté rime ici avec intensité . Qu'en est il de la pérennité de l'amour ?
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Quel beau petit opus que celui-ci !

Je n'y ai certes pas retrouvé la verve de "Dans la grande nuit des temps" ou même de "Pleine lune". Pour ceux qui ont lu d'autres livres de Muñoz Molina, cet ouvrage-ci se rapproche davantage, avec sa délicatesse introspective, du "Vent de la lune".

C'est un roman sans aspérité, tout en rondeur, que l'auteur nous offre ici, et qui décrit si bien l'illusion amoureuse d'un homme qui ne voit son couple s'effriter que lorsqu'il est trop tard.

La fin peut dérouter certains, mais m'a plu personnellement.

Ceci dit, j'ai préféré les deux premiers livres que je citais, qui avait une dimension littéraire supplémentaire à mon estime, raison pour laquelle je ne mets 'que' quatre étoiles à celui-ci.
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C'est un roman très court, et pourtant, tout est dit. 
Mario est un provincial. Non, il n'est pas monté à Madrid, il est monté de sa campagne à Jaen où il est dessinateur industriel - un fonctionnaire. Or, pour Blanca, sa femme, qu'il aime passionnément, rien n'est pire que l'esprit fonctionnaire, même si elle lui assure qu'il n'en est pas doté. Blanca, c'est tout le contraire de Mario : elle vient d'une famille aisée, elle a toujours vécu dans l'aisance, elle abandonne un travail du jour au lendemain parce qu'il ne lui convient plus, elle est profondément artiste dans l'âme, et souffre de tous les opéras qu'elle ne pourra pas entendre, de toutes les expositions qu'elle ne pourra pas voir. Avant de connaître Mario, elle partageait la vie d'un peintre en pleine ascension, peintre qu'elle a soutenu, et qui l'a laissée dans une profonde dépression. Alcool et drogue ne l'ont pas aidée non plus. Nous sommes dans l'Espagne des années 80, celle qui s'apprête à entrer dans l'Otan puis dans l'union européenne (alors, la CEE), celle qui rentre dans l'Otan, qui est en pleine modernité et ne connaît pas encore la crise. Mario, lui, pense comme ses parents, le monde est une "vallée de larmes", et ne comprend pas, finalement, l'appétit de vivre de sa femme, sa passion pour toute chose - même s'il l'aime, même s'il pense qu'elle le quittera un jour, ce qui finit par arriver. Mario se rejoue le film de leur vie, de leur rencontre à cet instant présent, il pense ne pas avoir assez profité de chaque instant, lui qui ne vivait pourtant que pour ses instants, partageant peu avec ses collègues, puisque l'essentiel pour lui, était d'être avec elle. Mario qui avait toujours peur - pour elle. 
Si je retiens une chose de ce livre, c'est qu'il est avant tout une grande histoire d'amour - et que tout espoir n'est pas forcément perdu. 
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Roman écrit à la troisième personne et avec peu de dialogues.
Il pourrait sombrer dans la monotonie, dans l'ennui, mais la façon dont Antonio Munoz Molina raconte cette histoire de couple en fin de relation fait qu'on a envie de savoir comment ce couple en est arrivé là, et si la flamme sera ravivée ou non.

Mario est un fonctionnaire. Blanca, sa femme, est dans le domaine artistique.
Mario est passionné par sa femme, au point de sans cesse redouter son départ pour une vie moins routinière, plus surprenante.
Tout les oppose : il est casanier, réservé, ordonné, issu d'une famille modeste, prévoyant, démonstratif de son amour.
Elle a la bougeotte, est extravertie, bordélique, issue de la bourgeoisie, secrète.

Un jour, il ne la reconnaît plus. Il a l'impression qu'une autre femme que la sienne a pris sa place.
Elle lui échappe petit à petit, et il a beau faire toutes les concessions possibles pour la garder avec lui, il est démuni face à cette femme qui s'éloigne en silence.

Ce roman est à la fois simple et complexe. Simple dans son histoire, complexe dans ses allusions et dans cette relation.
Il nous retrace l'histoire de la rencontre entre Mario et Blanca, une rencontre atypique. Lui qui l'a sauvée de la déchéance est désormais celui qui sombre lentement.
Quand le doute et la suspicion s'installent, comment garder espoir ?
Un couple peut-il survivre à la routine ?
Peut-il durer lorsqu'autant de différences existent entre lui et elle ?

Ce sont autant de questions que l'on peut se poser à la lecture de ce livre, qui m'a, contre toute attente, plu.
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Un petit livre simple que j'ai lu en VO mais qui m'a laissé dubitative.
Mario, petit fonctionnaire de province avec une vie bien rangée sans grand relief, monotone, confie au lecteur ses inquiétudes concernant un changement de comportement notable de son épouse nommée Blanca pour qui il éprouve une véritable fascination alors que cette dernière est diamétralement son opposé.
Il nous propose une pointilleuse analyse de ces changements passant par la description de leur vie respective avant leur rencontre et le quotidien de leur vie conjugale.
L'écriture est dérourante car le personnage de Mario nous livre une véritable ode à sa femme à base d'éléments négatifs qui auraient rebuté bien des personnes .
Un livre finalement surprenant, circulaire qui traite sur la complexité des relations amoureuses pas toujours basées sur des sentiments profonds mais sur une dépendance affective, matérielle, une relation au final sans espoir, sans avenir se dessine.
Une fin qui laisse une porte ouverte à toutes interprétations laissant un sentiment flou chez le lecteur.
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Blanca et Mario, un couple que tout devrait séparer, leurs goûts, leurs origines, leur milieu social, leur culture, mais, malgré tout, un couple qui dure depuis plusieurs années.
Mais comment ne pas souffrir d'un sentiment d'infériorité, comment vivre à deux quand on ne partage pas les mêmes rêves ?
Un texte court, des phrases longues, très longues, une goutte de fantastique.
Une histoire d'amour aveugle qui m'aura laissée de marbre.
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En l'absence de Blanca est le premier roman que je lis d'Antonio Muñoz Molina. J'ai tout de suite aimé l'ambiance du roman et le style de l'auteur, dès les premiers mots, nous sommes plongés dans un flou, on se pose beaucoup de questions. Petit à petit, l'auteur nous narre la relation amoureuse de Blanca et Mario et on voit à quel point leur relation est malsaine, basée sur le syndrome du sauveur, la codépendance. Deux êtres que tout oppose, qui ne se reconnaissent plus, mais se sont-ils vraiment connus ? Je vais pour sûr me pencher sur la biographie de Muñoz Molina tant j'ai apprécié son écriture. Une belle découverte !
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En l'absence de Blanca/ En ausencia de Blanca
Antonio Muñoz Molina
Roman
Traduit de l'espagnol par Philippe Bataillon
Seuil, 2004, 125p

C'est un livre court qui vaut et par sa construction et par l'idée. Il présente un personnage routinier, Mario, sans fantaisie, rentrant chez lui presque toujours à la même heure à deux minutes près, qui vivra par deux fois des événements incroyables.
Ce sont les années 80, en Andalousie. Lui, un fils de paysan qui fut fiancé et qui aurait dû vivre un avenir prévisible, tombe par hasard sur une jeune femme ravagée par l'alcool et la drogue. Il tombe fou amoureux, l'aide à se reconstruire. Elle, est de famille bourgeoise et s'intéresse à l'art. Lui s'ennuie aux vernissages, à l'opéra, n'aime pas les artistes, d'autant moins que chacun d'eux, avec sa femme exaltée, est une menace pour lui, pour son couple.
Un jour, sa femme disparaît ; quand elle revient, ce n'est pas elle, il s'en aperçoit à plusieurs détails. Mais il finira par s'habituer à cette autre.
C'est l'histoire d'un grand amour impossible qui fut possible quelques années. L'amour était-il partagé ? Les deux personnages n'étaient-ils pas trop différents l'un de l'autre ? La fin est étrange et laisse planer un mystère, un doute, des doutes même au moins.
C'est un homme qu'on voit penser, qui se voit lucidement -un fonctionnaire mental- qui nourrit un amour passionnel pour sa femme, amour fragile qui menace de s'écrouler, et qui s'écroule presque fatalement.
Le récit se sert de flash-backs qui racontent le passé de Mario, le passé de l'amour, et qui débouche sur un après surprenant. On a affaire aux seules pensées de Mario, narrateur à la troisième personne, qui n'a peut-être pas tout vu, tout compris.
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