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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une belle écriture qui distille une ambiance de piano bar, de jazz nostalgique et pénétrant. Elle nous parle d'un amour fulgurant et perdu, d'une femme aimée et attendue pendant trois ans, d'un pianiste mélancolique, Biralbo, qui un matin s'est réveillé en réalisant avec soulagement qu'il n'avait plus besoin, pour vivre, de bonheur ni d'amour. Ça boit et ça fume, ça dit bien «cet étrange enivrement» que procure le mélange de l'alcool, de la musique, de l'amour passionnel. Tout ça c'est bien beau, mais ça a un effet un peu funeste sur la dynamique romanesque, et j'ai parfois eu l'impression de m'enliser doucement dans les sables mouvants des nuits de jazz, de confidences et de Bourbon, dans les chambres d'hôtels de deuxième catégorie, avec leurs brûlures de cigarettes et leurs graffitis, traces d'hôtes solitaires à qui ils «n'offrent aucun alibi pour tromper autrui où se leurrer soi-même».
Et pourtant j'ai trouvé un charme certain à cette écriture qui nous fait déambuler dans un univers romanesque qu'Antonio Muñoz Molina dit avoir créé dans un «état de somnambulisme lucide». Je serais presque tentée de relever ma note: j'aime le souvenir que me laisse cet Hiver à Lisbonne.
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L'hiver à Lisbonne fait partie de ces romans que j'adore pas tant pour leur intrigue que pour l'ambiance. Vous savez, ces clubs plus ou moins fréquentables qui dégagent une odeur l'alcool, où l'on sert des coktails sophistiqués et imbuvables, où l'on joue du jazz à profusion et où on finit la soirée dans une chambre d'hôtel avec un des musiciens. le tout dans une atmosphère de tristesse vaguement vulgaire. Je ne sais pas pourquoi ça m'attire dans les livres parce que c'est tellement pas le genre d'endroit que je fréquente dans la vie. Peut-être dans une vie antérieure, si je croyais à ce genre de trucs. Mais bon, il y a des choses que je n'arrive pas à expliquer. Dans une autre critique, un babeliote a fait la comparaison avec un film en noir et blanc. C'est tellement l'impression que j'avais tout le long de ma lecture. J'avais contamment l'impression qu'un type suspect en imper allait apparaître à tout moment !

Et ce type, Santiago Biralbo, pianiste de jazz, qui raconte son histoire d'amour pour Lucrecia au narrateur, un ami, plutôt une connaissance. le besoin de se confier, un autre élément imbattable. Et l'amour passionnel impossible ou perdu… Un sujet inépuisable mais toujours aussi intéressant. Dans ce cas-ci, l'amour est surtout bref et tumultueux. Lucrecia se sauve, est mêlée à des histoires douteuses avec des gens peu recommandables. Et Santiago qui essaie de raviver la flamme ! On se doute un peu comment ça va se terminer tout ça mais on ne peut s'empêcher de continuer à lire. C'est alors que la mélancolie et la nostalgie revient mais pas pour les raisons que vous imaginez. Parfois, il y a des forces plus puissantes que la mort…

Dans tous les cas, moi, j'ai apprécié L'hiver à Lisbonne même s'il ne s'y passe pas grand chose et que les histoires d'amour ne comptent pas parmi mes genres préférés. Je peux comprendre que certains n'aient pas accroché. Comme je l'ai écrit plus haut, c'est l'ambiance m'a gagné dès le début. Quand Biralbo raconte au narrateur qu'il a écrit un morceau de piano et qu'il l'a intitulé «Lisboa», pour le voyage à Lisbonne que lui et Lucrecia avaient l'intention d'y faire, ça m'a touché. Ça m'a surtout étonné. Cet été, j'ai lu deux autres romans de Munoz Molina et ce n'était pas du tout dans le même registre. Bref, une belle découverte qu m'encourage à essayer d'autres oeuvres de cet auteur visiblement talentueux.
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Je modifie cette critique le 30 janvier 2024. En effet, au vu des commentaires, et après avoir laissé passer quelques jours, je me rends compte que j'ai donné l'impression de ne pas avoir aimé L'hiver à Lisbonne, alors que c'est le contraire. J'ai agi maladroitement en donnant une version chronologique de ma lecture - le fait est que j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans le texte -, ce qui est un gage de qualité. J'ai voulu dire que c'était un livre intimiste, onirique, lent avec un brouillage spatio-temporel. L'hiver à Lisbonne se passe dans le monde du jazz, musique que je n'affectionne pas particulièrement.
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L'hiver à Lisbonne est une succession de chapitres courts, présentés dans un ordre linéaire, qui avancent par bonds et intercalent les confidences de Biralbo, les propos du narrateur, le récit de faits juxtaposés, le tout dans des temps présents, passés, futurs ou imaginaires.

Le fil directeur est la passion amoureuse de Biralbo et Lucrecia sur fond de musique de jazz.

Mais c'est loin d'être une romance, c'est surtout un cocktail dissonant, sulfureux et mélancolique comme le jazz, un mélange de violence meurtrière, de désir, d'alcool, de drogue… avec en toile de fond « la montagne sainte Victoire » de Cézanne… dans une mise en scène en demies teintes où les contours sont flous.

Antonio Muñoz Molina entretient une relation curieuse avec Lisbonne. Je dirais qu'il personnifie une ambiance, une sensation, un fantasme – je ne sais pas s'il y a un terme adéquat pour signifier cet état d'esprit.

L'hiver à Lisbonne se passe essentiellement à Madrid. Santiago Biralbo, - qui a changé son nom en Giacomo Dolphin -, pianiste noir de jazz émérite, raconte au narrateur son amour pérenne pour Lucrecia.

« Lisbonne » est une chanson que Biralbo a composé alors qu'il n'a jamais mis les pieds dans cette ville. Elle symbolise Lucrecia qui s'est enfouie là-bas.

« Il s'est souvenu d'une chose qu'un jour Lucrecia lui avait dite : arriver à Lisbonne serait comme arriver au bout du monde ». (p.165)

Biralbo ne songe pas à aller à Lisbonne, il l'évite même, comme si la pensée de son amour se suffisait à elle-même, sauf qu'il est contraint de s'y rendre dans l'urgence au chevet de Billy Swann.

Trois ans se sont écoulés depuis le départ de Lucrecia.

Est-ce vraiment l'hiver à Lisbonne ou l'hiver dans le coeur de Biralba ?

Va-t-il la revoir ?

Quels mystères se cachent derrière cette femme ?

Pourquoi Biralbo et Lucrecia ont des pistolets ?

L'hiver à Lisbonne commence ainsi :

« À peu près deux ans s'étaient écoulés depuis la dernière fois que j'avais vu Santiago Biralbo, mais quand je l'ai retrouvé, à minuit, au comptoir du Metropolitano, il y a eu dans notre salut la même absence de solennité que si nous avions bu ensemble le soir précédent, non pas à Madrid mais à Saint-Sébastien, au bar de Floro Bloom, là où il avait joué pendant une longue période ».

Les personnages sont juste esquissés, leurs relations entre eux et avec le narrateur ne sont pas explicites. le récitant ne nous dit pas pourquoi il est si proche de Biralbo, au point que ce dernier se confie à lui.

C'est un livre bien étrange, je dirais même mystique, qui m'a fait un drôle d'effet, un effet paradoxal. Je l'ai ouvert avec curiosité et gourmandise, ensorcelée encore une fois par la plume de Chrystèle (@Hordeducontrevent), et au bout de trente pages, j'ai abandonné, je me sentais comme une mouche qui cherchait à se libérer, en plein cagna, de la bande adhésive qui l'avait piégée.

Je me sentais engluée dans cette ambiance de cave de jazz, cette musique déchirante qui me remémorait l'esclavage. J'avais le tournis dans le Bourbon et les volutes de fumée qui contribuaient au brouillage spatio-temporel.

Et pour rajouter à ma peine, l'écriture était trop petite pour mes yeux défaillants.

Pour échapper à ce malaise, je me suis embarquée dans En or, magnifique beau livre photo de Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, deux patineurs artistiques sur glace hors du commun. Je me suis laissée bercée par leur glisse, leur musique, dans les paillettes des championnats européens et olympiques.

Puis, persévérante, j'ai repris à zéro L'hiver à Lisbonne. Peu à peu, je me suis acclimatée, je me suis souvenue de ma jeunesse au quartier latin, de caves de jazz confidentielles, et j'ai été happée par certains passages fascinants – cette écriture éthylique ou onirique envoutante -, sauf que je ne pouvais pas lire longtemps car je n'arrivais pas à bien m'accrocher dans ce récit lent, fragmenté et elliptique. J'avais du mal à appréhender l'idiosyncrasie singulière d'Antonio Muñoz Molina.

J'ai mis un temps fou à lire ce petit bouquin car je devais m'arrêter souvent, et pourtant je ne cessais d'y penser et d'être impatiente de le reprendre.

L'hiver à Lisbonne est une oeuvre poétique qui me semble assez difficile d'accès, se prêtant à plusieurs interprétations, qui s'adresse à un certain type de lecteurs.

Au final, j'ai beaucoup aimé, c'est une oeuvre originale. Je reviendrai vers Antonio Munoz Molina, notamment pour « Tes pas dans l'escalier », qui résonne dans ma tête. Un homme attend une femme à Lisbonne…

Curieuse d'avoir des retours…
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Une histoire d'amour dans un film noir. Un huis clos envoutant comme une mélodie lointaine. Une lecture agréable et une plume romanesque nouvelle pour moi. Dommage que Lisbonne ne soit peinte que sur quelques pages car les descriptions sont d'une rare précision
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