Bon, moi, si on m'avait demandé mon avis, j'aurais plutôt donné le prix Nobel à
Joyce Carol Oates, mais, bizarrement, on ne m'a rien demandé...:-(
Ce livre n'est pas franc du collier, ça m'énerve.
Dans l'avant propos,
Alice Munro nous explique la gestation du texte.En gros, réalité et fiction. Va savoir ce qui est vrai et ce qui est faux, gros curieux de lecteur. Déjà, quand on m'accueille comme ça, ça me refroidit...Je veux savoir ce qu'on est vrai et ce qui est faux. Ou alors on dit " roman", et on écrit le Comte de Monte-Cristo, ou
Les Chutes. Un truc sérieux, puissant, et sans ambiguïté.
Là, on patauge, enfin, plus ou moins, parce que la dame est facétieuse. Elle raconte l'histoire de ses ancêtres. Elle nous décrit une superbe traversée de l'Écosse au Québec, on s'attache aux personnages , le patriarche, la petite tuberculeuse, l'enfant, les frères et soeurs Laidlaw...et puis a la fin " A l'exception du journal de Walter et des lettres, l'histoire est toute entière de mon invention" Arghhh ! Peste ! Et moi qui y croyais je me retrouve bien bête !
Bon, après, on se méfie, on s'intéresse moins. Quelques histoires encore d'ancêtres, et on arrive au coeur du livre, la narratrice, sa vie, son oeuvre. Là encore, jeux de cache-cache subtils. Papa élevait des renards argentés pour les écorcher - j'aurais aimé que ce soit faux, mais c'est vrai. Heureusement il fait faillite ...enfance pauvre - mais pas
Zola, hein. le caractère de la petite apparait par bribes, au travers de recits romancés, comme annoncé. Jusqu'à quel point ? Mystère. Les gens mystérieux, c'est énervant, surtout quand ils écrivent pour être lus...Non ?
La petite est déjà une peste, elle ne s'en cache pas, elle en a l'air très contente. Vilaine avec maman qui est malade( maman dont on ne saura quasi rien, ni sur elle, ni sur sa famille, ni sur les sentiments réciproques entre elle et sa fille. C'est important, pourtant. Mais non, gros curieux de lecteur, tu ne sauras rien...Peste ! ) Vilaine avec sa petite voisine, vilaine avec la dame qui l'emploie, orgueilleuse, arrogante, égocentrique. Tout cela en petites touches, il faut le dire, fort subtiles.
Le thème du livre : la narratrice se rapproche de son passé par l'écriture en même temps qu'il sort de sa vie réelle pour n'être plus qu'une sorte de rêve lointain. Bon. C'est pas non plus l'invention de l'eau chaude...Et ces ellipses ! Ces ellipses insupportables ! Un gros chapitre sur les preparatifs de son premier mariage et puis...boum, chapitre suivant, une quinzaine d'annees plus tard, on comprend que c'est fini ...mais pourquoi, pourquoi, raconte ! -tu n'en sauras rien grosse curieuse !- Peste !
Bref, je l'ai lu, c'est bien écrit, c'est pas le livre du siècle, et qu'est-ce qu'elle est énervante !!!!