La peinture en matières textiles, tel est le nom que l'on a donné, et avec raison, à la tapisserie; car si, par la franchise du procédé, elle remporte sur la broderie, qui est surtout un travail de patience et qui admet d'innombrables retouches, elle remporte aussi sur elle par la liberté d'interprétation laissée à ses représentants. Sauf aux époques de décadence, de perversion du goût, le tapissier traduit, interprète, transpose, dans d'autres tons, les modèles, les cartons, pour nous servir du terme technique, que le peintre compose pour lui; c'est méconnaître les lois de son art que de lui demander de copier servilement un tableau ou une fresque.
On appelle tapisserie un ouvrage dans lequel des fils de couleur, enroulés sur une chaîne tendue verticalement ou horizontalement, font corps avec elle, engendrent un tissu, et produisent des combinaisons de lignes et de tons analogues à celles que le peintre obtient avec le pinceau, le mosaïste avec des cubes de marbre ou d'émail, l'émailleur avec des cloisons remplies de matières vitrifiables.