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EAN : 9782221114513
336 pages
Robert Laffont (11/11/2009)
3.24/5   17 notes
Résumé :

Quand ? Dans une vingtaine d'années. Disons vers 2030. Où ? Pour l'essentiel, au Petit Kossovo, zone de non-droit où s'entassent des réfugiés, "toute la misère du monde ". La vie y est rude, violente et souvent brève. Pittoresque. Qui ? Arthur Blond. Ce fonctionnaire au Bureau de Rétro-archéologie de l'Office Européen de Restitution Patrimoniale a des ennuis depuis qu'il s'est présenté à Roi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Tel un personnage de Philip K. Dick, Arthur Blond est déphasé, dans le temps comme dans l'espace. La temporalité de ses déboires est fluctuante à cause de son addiction à une substance d'origine sud-américaine, la coarcine. Faux souvenirs, sensation d'accélération ou de ralentissement du temps en sont les effets secondaires.

Arthur travaille pour un organisme gouvernemental en charge de la restitution de trésors archéologiques à leurs pays d'origine. Il est également professeur sur les questions éthiques que soulèvent ces restitutions.

Son ex-compagne, Sidonie, surveillée et en fuite, le rencontre pour lui confier les deux dernières boutures de cette plante. Elle travaillait pour un laboratoire d'europe de l'est qui était devenu le jouet de mafias et de gangs de mercenaires. Arthur devra protéger ces plantes et sera à son tour traqué.

J'ai lu jusqu'au bout ce roman ambitieux. Mais je n'ai pas vraiment été enthousiasmé. Il y a suffisamment de rebondissements et d'étrangetés pour maintenir l'attention. Pourtant j'ai vite été lassé. La comparaison avec Philip K. Dick, autrement plus inquiétant et malaisant, m'a accompagné pendant toute cette lecture, en sa défaveur.


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Une sombre anticipation aux accents proustien et priestien autour du temps qui passe et de l'identité culturelle dans une Europe essoufflée rattrapée par ses vieux démons. Un récit haché, saccadé par le tic tac de l'horloge.

Arthur Blond est donc chargé de mettre en place la politique de rétro-archéologie de l'Europe. Cela consiste à restituer à leurs propriétaires tous les objets spoliés du temps des colonies. Un devoir de mémoire pour reconnaitre les méfaits du colonialisme ? Non, juste la continuation d'une politique cynique. La France tente une politique écologique pour redresser la barre en pure perte et dérive vers un régime sécuritaire et hygiéniste : Fumer nuit gravement à la santé. La prohibition touche tous les produits nicotiniques, de la cigarette au patch en passant par les gommes.
Les pays du Sud ont pris leur revanche, la vieille Europe n'en finit plus de sa décrépitude, et cède aux injonctions de restitution. Pas sans contrepartie : le deal, rétro-archéolgie contre désimmigration. On vous rend vos oeuvres, mais vous reprenez vos ressortissants ! Ressortissants pourrissants dans des "jungles" multiculturelles.

Las, les pays du Sud n'ont que faire de ces objets restitués dénués d'identité culturelle. Sans compter ces énigmatiques Emirs qui semblent avoir fait leur le capitalisme.
Sur cette trame, Lorris Murail va dérouler son intrigue autour du passé, de la mémoire, des souvenirs et du temps qui passe. Son narrateur est un personnage un peu perdu, paumé dans l'addiction d'une nouvelle drogue qui étire la notion de temps et qui altère sa réalité et ses souvenirs. le récit est à son image, le lecteur ne sait pas quoi penser de la véracité des dires d'Arthur et nous progressons avec lui dans ce labyrinthe de pages.

Pas d'ordinateur quantique, de trou noir, le futur décrit est notre présent, en plus sombre. Les seules inventions présentes sont loin de glorifier notre créativité. Par exemple, cette mode des geishas au ventre gelé dans un éternel cinquième mois afin de pouvoir parader et plaire; ces chaines de télévision crachant la nourriture avariée aux yeux affamés...

Une lecture qui ne plaira certes pas à tout le monde, il faut accepter de perdre pied, de comprendre entre les lignes cette société décrite. Il y a aussi cette noirceur qui baigne le récit, une désespérance en l'homme en perte de repères et qui se noie dans un maintenant en oubliant son passé et son avenir, reproduisant sans cesse les mêmes erreurs.
Une radioscopie de notre société sans concessions et sans espoirs.
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2030. Dans ce futur plus si éloigné de nous, le monde est devenu un peu plus dangereux. Sans forcer le trait, Lorris Murail, constant jardinier, a cultivé notre présent et l'a regardé croître pendant une vingtaine d'années, bon grain et ivraie mêlés. Et il s'est projeté en fonctionnaire du patrimoine mondial, au sein d'une administration qu'on devine progressivement étranglée et déglinguée, arrondissant ses fins de mois avec quelques étudiants improbables. Ainsi sont nés son héros, Arthur Blond, et l'univers foutraque où celui-ci doit survivre.
Aux portes de Paris s'est développée une enclave qui abrite tous ceux que la France n'a pas réussi à rejeter. PK, le « petit Kosovo », est le réservoir de la débrouillardise humaine face aux malheurs du temps, réserve inquiétante d'abord, puis de plus en plus sympathique, comparée à ce qui l'entoure. le monde, lui, est résolument mondial, zébré par les éclairs d'une guerre d'Irak qui a commencé en 2004 sous les yeux du lecteur et ne s'est jamais terminée. C'est dire que « l'Orient compliqué » de Charles de Gaulle ne s'est pas simplifié ! Les alliances sont instables, les frontières indécises. Dans ce contexte, un ennemi bien désigné vaut mieux qu'un allié incertain, c'est ce que pensent – toujours – les Israëliens. Les Arabes eux se sont atomisés, au sens propre et au sens figuré, et l'on croise de multiples spécimens diversement irradiés et déjantés, dont des Emirs blancs dopés aux pétrodollars. Les vrais seigneurs de guerre sont les descendants des mercenaires appointés par les entreprises américaines de « sécurité », Blackwater et autres avatars de l'intérim belliqueux. L'Anglais de service est évidemment perfide, autre réminiscence gaullienne.
Dans ce grand bazar, une petite plante venu du coeur de l'Amazonie, le coarcinus, menacée de disparition, devient l'enjeu de multiples convoitises et sème la mort sur son passage. Arthur surfe comme il peut – et le lecteur avec lui - sur le tsunami qui l'emporte et il ne s'en tire pas trop mal. La morale de l'Histoire est peut-être celle-ci : « Il faut cultiver notre jardin. »

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On est en 2030. La politique culturelle est à la restitution des oeuvres d'art primitif aux pays d'origine. Les cigarettes sont interdites à la vente et la consommation. On peut en trouver dans les curcuits illégaux, des Nuigrave (*) comme on dit. Les fumeurs sevrés s'en remettent aux dealers de patchs nicotiniques. Il s'en vend parfois découpés au millimètre carré. Une contrebande pour une libération fugace de la nicotine regrettée. Arthur est fonctionnaire au bureau de Rétro-archéologie de l'Office Européen de Restitution Patrimoniale. Or, quand son ex est assassinée sous ses yeux, il se retrouve lui-même au centre des plus dangereuses convoitises : celles pour la coarcine, plante dont on extrait le TCC (tétracoarcinicol), une redoutable drogue qui modifie la perception du temps. Car son ex a travaillé sur cette plante d'Amazonie, mais aujourd'hui, c'est lui qui se retrouve contre son gré détenteur des deux derniers plants de coarcine... Poursuivi, il se retranchera au PK, le Petit Kosovo, un bidonville où survivent des réfugiés, une zone de non-droit dans laquelle on ne reste pas longtemps vivant...
Nuigrave est un thriller qui flirte avec le roman d'anticipation. Une période future assez proche, juste une vingtaine d'années devant nous, où l'auteur a imaginé un monde répressif, où la lutte anti-stupéfiant irait jusqu'à interdire à quiconque de fumer, où les guerres notamment au Proche-Orient feraient toujours rage, où des banlieues surpeuplées de réfugiés d'Europe de l'Est et d'Afrique seraient des zones abandonnées, où des Emirs blancs auraient une influence inconsidérée sur l'ensemble des pouvoirs en place. Un monde pas très rose, d'où justement on rêverait de s'évader.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Un livre qui nous porte dans une Europe décrépite, et dans un monde où l'état des forces politiques a changé. Une anticipation terre à terre, réelle, sale, sans saut technologique majeure, qui est dans notre arbre des futurs possibles, où les humains tentent simplement de survivre et de tirer leur épingle du jeu.
Cette base reste cependant en arrière plan la plupart du temps, et n'est jamais directement abordé. Ce qui peut-être un peu frustrant étant donné qu'il faut quand même pas mal de pages avant de rentrer dans l'histoire du personnage principal et de raccorder les deux bouts.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
"Je sentis que nous allions abandonner les questions archéologiques pour un sujet plus moderne. Le commissaire ouvrit un tiroir pour y prendre une grande enveloppe croustillante qu'il déchira à grand bruit en tirant sur une bande verte.
- Je la descelle devant vous, fit-il remarquer.
Il secoua l'enveloppe jusqu'à faire tomber un morceau de carton recouvert de papier argenté où se trouvait collé un patch rose saumon.
- Ce patch a été saisi au-dessus de votre fesse gauche par les douaniers de l'aéroport Roissy IV. Vous admettez les faits ?
Je haussai vaguement les épaules, gardant mon éclat de rire pour plus tard."
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Je repoussais tous les souvenirs qui me venaient. Ils me paraissaient de plus en plus vains, de plus en plus déplacés. Le jour où ma mère m'avait montré une tâche d'humidité au plafond de sa chambre, une gerbe de champagne, prétendait-elle, le jour où j'avais appris que le Père Noël ne viendrait plus, pourquoi la mémoire retombe-t-elle toujours sur les mêmes souvenirs, pourquoi certains, les plus nombreux, sont-ils si profondément enfouis qu'ils ne remontent jamais à la surface, est-ce parce que tant de jours se ressemblent que la vie paraît si courte ?
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Avais-je vraiment cassé le bras de mon cousin en interprétant le rôle de Godzilla, Charles Trénet chantait-il bonjour, bonjour, les hirondelles, la concierge du 12 bis se prénommait-elle Josiane, y avait-il un marchand de glaces à la sortie de l'école primaire Max-Jacob, à quoi distinguait-on un faux souvenir d'un vrai ? Certains revenaient de façon obsessionnelle, je retombais dessus comme on retourne une carte, toujours la même. Cent fois remâché, n'importe quel souvenir prend une saveur artificielle, telle une gomme qui perd la fraîcheur de ses arômes et ne mêle plus à la salive que des relents de vieux caoutchouc enrubanné d'additifs. On finit par douter de son nom, de son visage.
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Un livre qui nous porte dans une Europe décrépite, et dans un monde où l'état des forces politiques a changé. Une anticipation terre à terre, réelle, sale, sans saut technologique majeure, qui est dans notre arbre des futurs possibles, où les humains tentent simplement de survivre et de tirer leur épingle du jeu.
Cette base reste cependant en arrière plan la plupart du temps, et n'est jamais directement abordé. Ce qui peut-être un peu frustrant étant donné qu'il faut quand même pas mal de pages avant de rentrer dans l'histoire du personnage principal et de raccorder les deux bouts.
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Un livre qui nous porte dans une Europe décrépite, et dans un monde où l'état des forces politiques a changé. Une anticipation terre à terre, réelle, sale, sans saut technologique majeure, qui est dans notre arbre des futurs possibles, où les humains tentent simplement de survivre et de tirer leur épingle du jeu.
Cette base reste cependant en arrière plan la plupart du temps, et n'est jamais directement abordé. Ce qui peut-être un peu frustrant étant donné qu'il faut quand même pas mal de pages avant de rentrer dans l'histoire du personnage principal et de raccorder les deux bouts.
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Vidéo de Lorris Murail
Marie-Aude et Lorris Murail ont choisi Le Havre pour décor de leur nouveau diptyque "Angie !". Une comédie policière haletante, joyeuse et terriblement contemporaine que les ados (et les autres) vont dévorer. Marie-Aude Murail sera donc notre invitée pour cette rencontre virtuelle diffusée en direct sur notre page Facebook et notre chaîne YouTube.
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