Sixième séquence de thérapie dans le cabinet de Sauveur, en catimini. J'assiste aux séances, j'écoute, en loucedé. Je médite pour en prendre de la graine (chut, Hugo, stp).
Je pénètre un peu dans sa maison aussi, pleine de monde et de problèmes d'enfants, d'ados, de couple(s). Et je m'inquiète pour Jovo qui perd la boule, tout en savourant ses jurons qui ont bercé ma jeunesse mais que je n'avais pas le droit de répéter, ce vocabulaire étant réservé aux vieux oncles alcoolos ('fant de putain, 'fi de garce). Vieux ? pas tant que ça, finalement, j'ai atteint leur âge d'alors !
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Sauveur est psychologue, le meilleur à des kilomètres à la ronde, à en croire ses appréciations sur Notetonpsy. Il faut dire qu'il donne de sa personne : refuse rarement des rendez-vous, se déplace pour voir les patients hospitalisés, et a du mal à cloisonner vie pro et vie perso (ça rend service aux uns, ça en agace d'autres)...
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Le ton est le même que dans les précédents opus : paroles & conseils sages, dialogues bien sentis (les mots d'enfants sont particulièrement réalistes et amusants).
Beaucoup de noirceur, quand même : famille, parentalité et couple sont déclinés dans ce qu'ils peuvent avoir de pire.
Même reproche que pour les derniers de la série : beaucoup trop de coïncidences, en totale contradiction avec l'éthique de la profession, puisque tout le quartier défile dans le cabinet de Sauveur, et la plupart des patients ont un lien entre eux.
Mais ceci est un roman, pas la vraie vie !
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Je me suis régalée avec les impros de Jovo, et j'adore Grégoire, un nouveau patient. J'ai aimé (re)vivre Noël 2018 🎄 de cette façon joyeusement bordélique, par procuration - ne sachant pas encore à quoi ressemblera celui de 2020.
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La série devait s'arrêter là, mais un 7e tome est prévu.
C'est annoncé en 4e de couv', et par l'époux de l'auteur qui n'oublie jamais de poster sur Babelio de longs billets dithyrambiques (dont je me demande toujours ce qu'ils font là, d'autant qu'ils spoilent !).
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Merci à L. 😘 d'avoir fait entrer Sauveur chez moi un dimanche après-midi d'automne 🍂🍁 - c'est août 🎂 & Noël 🎁 en novembre !
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Voilà, je viens de lire le dernier tome paru de la série "Sauveur" et je me suis régalée.
J'espère sincèrement que l'auteure a l'intention de continuer à écrire cette excellente série. Ce qui est formidable, c'est que ce sont vraiment des livres qui sont accessibles à tous les âges avec plusieurs niveaux de lecture.
Un livre tout en émotion mais sans jamais tomber dans le pathos. Bravo.
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J'enchaîne, j'enchaîne...
comme je le disais dans ma critique du tome précédent, les problèmes des adultes prennent petit-à-petit plus de place. Jovo a alzheimer - et joue un nouveau rôle très amusant dans ce tome, il prend une certaine profondeur qui me plait - la mamie du petit Gaspard doit se faire opérer, Louise et Sauveur tentent d'avoir un enfant, et Frédérique s'engage dans une relation particulière avec Koslowski... j'oublie d'autres patients en route, mais ce tome se détourne résolument de son objectif initial, je pense.
Le monde de Sauveur est un petit monde, tout le monde finit par se connaître d'une manière ou d'une autre et notre psy est une figure centrale que tout le monde sollicite sans cesse. d'ailleurs, les consultations avec les Carré ou celles avec Charlie ressemblent plus à une conversation de salon de thé: la série devient moins vraisemblable, c'est dommage.
Les jeunes lecteurs trouvent quand même leur compte dans la tribu qui évolue dans la cuisine, notamment Paul qui prend une mauvaise direction en grandissant et Alice qui est décidément une jeune fille toute en complexité et de plus en plus attachante.
Vous l'aurez compris, j'ai encore dévoré ce tome mais il est temps que je fasse une pause (ça tombe bien la saison 7 n'est pas encore sortie) car mon esprit critique commence à s'aiguiser sérieusement!
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Le plus palpitant de la série feel good dont Marie-Aude Murail continue à tirer le fil, sans n’avoir rien prémédité, demeure le profil psychologique des personnages, la justesse de leurs émotions et leur ambivalence dans cette galerie de portraits qui dresse, en ce début du vingt et unième siècle, une cartographie de l’enfance et de l’adolescence, ainsi que de la société tout entière.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
- On peut retenir le bon côté des choses ou se laisser obnubiler par le mauvais. Malheureusement, notre esprit est ainsi fait qu'on remarque davantage les défauts de la copine que ses qualités, les critiques d'un prof que les compliments d'un autre...
- Mais pourquoi on est comme ça ?
- Il y a une explication très amusante... Il y a des millions d'années, quand l'homme devait survivre dans la jungle, s'il se mettait à admirer le coucher du soleil au lieu de prêter l'oreille aux petits bruissements d'herbe dans son dos... patatras ! (...) Il se faisait bouffer par un tigre, reprit-il gaiement. On ne vit plus dans la jungle, mais notre cerveau est toujours formaté de la même façon. Nous devons repérer dans notre environnement tout ce qui est négatif ou porteur de mauvaises nouvelles pour être prêts à réagir. Les psys appellent ça le 'biais de négativité', et ça fait de nous des casse-pieds. Des casse-pieds préhistoriques.
[Elle] admit qu'elle s'était demandé dans la salle d'attente comment un "type comme lui" avait fait pour s'enraciner à Orléans.
- Votre famille ne descend peut-être pas en ligne droite de Jeanne d'Arc ?
- Je n'ai pas entendu dire qu'elle avait eu des enfants... Je suis né à Fort-de-France. Mes ancêtres ont été "importés" d'Afrique. Quel rapport avec vous, Charlie ?
Il voulait remettre la balle dans son camp.
- Je suis de nulle part, dit-elle. Ce n'est pas à cause de mes ancêtres. Mais je ne me sens bien que dans les endroits où je sais que je ne vais pas rester. C'est pour ça que votre poème, vous savez ? "Quand tu aimes il faut partir", c'est vraiment quelque chose qui me parle.
- Tu ne trouves pas qu'Alice change en ce moment ? demanda Louise avant d'éteindre la lampe de chevet.
- Comment ça ? s'inquiéta Sauveur.
- Elle devient... jolie.
- Tu m'as fait peur. J'ai cru que tu allais me dire qu'elle devenait aimable.
- Tu es bête... Tu sais qu'elle commence à s'intéresser aux garçons ? Du coup, j'ai voulu lui parler de... de contraception.
- Ho, ho ! Et comment ça s'est passé ?
- Comme ton 'ho, ho' le laisse entendre. Elle m'a envoyée promener. Elle sait déjà tout, à ce qu'il paraît.
“Le 12, rue des Murlins, à Orléans, est une maison avec jardin, séparée en deux territoires qui devraient rester distincts. Côté jardin, Sauveur Saint-Yves, solide gaillard de 1,90 mètre, 40 ans, veuf, martiniquais, vit avec son fils Lazare, 12 ans et tente de recomposer une famille avec Louise Rocheteau, journaliste à La République du Centre, qui a elle-même deux enfants, Paul, 12 ans, et Alice, 16 ans. Sous le toit des Saint-Yves vivent aussi Gabin, un jeune homme qui veut s’engager dans la Marine, et Jovo, un ex-légionnaire au passé inquiétant. Complétons la maison avec un chat diabétique, deux hamsters et deux cochons d’Inde. Côté rue, Sauveur, psychologue de quartier, reçoit ses patient·e·s, semaine après semaine. Nous connaissons déjà : les trois enfants Carré : Blandine étiquetée hyper-active et très certainement angoissée, Margaux, aussi belle qu’intelligente, qui essaie de survivre à un passé de scarificatrice ainsi qu’à deux tentatives de suicide, et leur demi-frère, le petit Maxime, diagnostiqué autiste ; Ella-Elliot, la jeune fille qui a commencé sa transition vers le sexe masculin, et son ami homosexuel, Kimi. L’un écrit, l’autre dessine ; Samuel Cahen, en classe prépa, qui a retrouvé son père mais qui a aussi perdu son premier amour, Margaux Carré ; Grégoire, le petit orphelin, et sa mamie, Madame Emsalem, dont la fille est morte dans un accident de voiture ; Frédérique Jovanovic, la petite-fille de Jovo, qui cherche inlassablement le bonheur. Dans la saison 5, elle a fait la connaissance de Mathieu Koslowski, le professeur de français d’Alice ; Solo, de son vrai nom Youssef Naciri, gardien de prison à Saran, qui rêve de changer de vie.”
- C'est pas toi qui écris des belles phrases sur l'amitié dans ton cahier ?
- Oui, et j'en ai trouvé une autre : " L'amitié, ce n'est pas de se faire exploiter"
- Tout le monde croit que tu es gentil, fit Paul, amer. En fait, c'est tout le contraire.
- Jovo, il dit que "bon", ça ne s'écrit pas avec un "c", rétorqua Lazare, blessé mais inflexible.
( p 138)
"Sauveur & fils", saison 1, Marie-Aude Murail, l'école des loisirs
Quand on s'appelle Sauveur, comment ne pas se sentir prédisposé à sauver le monde entier ? Sauveur Saint-Yves, 1,90 mètre pour 80 kg de muscles, voudrait tirer d'affaire Margaux Carré, 14 ans, qui se taillade les bras, Ella Kuypens, 12 ans, qui s'évanouit de frayeur devant sa prof de latin, Cyrille Courtois, 9 ans, qui fait encore pipi au lit, Gabin Poupard, 16 ans, qui joue toute la nuit à World of Warcraft et ne va plus en cours le matin, les trois soeurs Augagneur, 5, 14 et 16 ans, dont la mère vient de se remettre en ménage avec une jeune femme…
Sauveur Saint-Yves est psychologue clinicien.
Mais à toujours s'occuper des problèmes des autres, Sauveur oublie le sien. Pourquoi ne peut-il pas parler à son fils Lazare, 8 ans, de sa maman morte dans un accident ? Pourquoi ne lui a-t-il jamais montré la photo de son mariage ? Et pourquoi y a-t-il un hamster sur la couverture ?
Entretien mené aux éditions Petit à Petit.
Vidéo : Paris Normandie
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