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3,9

sur 5458 notes
Très légèrement fantastique.


Premier tome d'une trilogie d'un auteur japonais célèbre, au point d'avoir été envisagé pour le nobel (j'aurais au moins appris quelque chose). La barre est haute.


Aomame, 29 ans, enseignante en arts martiaux, discrète, ascète et célibataire, exerce à ses heures perdues, pour le compte d'une charmante, riche et philanthrope vieille dame, le métier de tueur professionnel. Mais la morale est sauve car ses victimes (par ailleurs, très peu nombreuses) sont des monstres pervers ayant détruit la vie de leur femme. Sa vie, ses émois, ses désirs sexuels.
En parallèle nous suivons, Tengo, la trentaine, vieil ours un peu solitaire, professeur charismatique de math le jour et écrivain à ses heures perdues qui se trouve embarqué par son éditeur dans la réécriture d'un troublant premier roman d'un énigmatique jeune fille.


Non. Si l'on perçoit les fils qui sous-tendent ces deux histoires et les relient, ce n'est pas pour ce tome. Ils ne se rencontreront pas.
Classé science-fiction ? Oui très légèrement catégorie uchronie ou monde parallèle, bien qu'à mon sens on verse plus dans le fantastique très très léger. On se doute que nos mystérieux Little People vont prendre de l'importance et qu'ils sont probablement la clé de cette histoire.
Je me suis demandé au début, devant le style, si c'était une catégorie jeunesse. Mais non, vu les nombreuses scènes explicitement sexuelles (assez émoustillantes d'ailleurs, mais sans aucune vulgarité), on vise un public adulte. Un style simple donc mais qui possède une indéniable poésie, très agréable à lire. Des digressions, longueurs et quelques redites (que l'on soupçonne très fortement d'être volontaires) nuisent un peu à la fluidité du texte, mais ce n'est pas rédhibitoire.


Une lente, très lente construction. Des personnages très bien dessinés, (et j'ai eu une nette préférence pour l'histoire de Aomame) heureusement d'ailleurs, car en matière d'histoire, il faut avouer qu'il ne se passe que peu de chose.
Un roman, lent, un brin cérébral où l'on a l'impression que l'écrit est plus important que ce qu'il raconte.


Est-ce un premier tome réussi ? En tout cas, il m'a donné envie de lire (ou tout du moins connaître - et il faut avouer que ce n'est pas la même chose -) la suite.
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Parfois, l'entrée en littérature fait perdre ses repères, fait perdre pied .
J'ouvre mon premier Murakami.

Dès les deux premières pages d'1q84, s'élève une musique irréelle qui m'enveloppe, s'enroule dans les airs.
Une sorte de vrombissement à la fois harmonieux et dissonant m'entraîne dans un univers littéraire déroutant. Lentement, les phrases s'enchainent, traitreusement simples, alors que Aomamé se complexifie plus rapidement qu'une formule de physique quantique sur un grand tableau noir.

Dans les interstices de la narration apparemment limpide, une douce cacophonie me déstabilise. L'affichage des marques vestimentaires si chères à un Brett Easton Ellis heurte le ridicule appuyé du prénom aux haricots de soja, lequel fait hiatus avec l'énigmatique héroïne surprise de reconnaître la Sinfonietta de Janacek.

Je viens d'entrer dans l'univers de Haruki Murakami.
Je poursuis sans encore parvenir à déterminer si l'auteur me séduit ou pas.

Lorsque Tengo apparaît, la même musicalité étonnante accompagne ma lecture si singulière. Des failles tremblent dans les interlignes, la simplicité semble miroir aux alouettes, les préjugés japonisants se noient dans la soupe au miso.

Les références littéraires se multiplient, piochent ici et ailleurs. Plus ailleurs qu'en Asie. L'air de rien, Murakami élabore un univers qui explose les codes, repousse l'attendu, englobe notre monde et ses inquiétudes, malaxe ses violences dans une narration qui ne perd jamais de sa sérénité.
J'ai poursuivi ma lecture sans frénésie comme si l'écriture étonnante de cet auteur japonais, offrant un monde à deux lunes, savait brider les ardeurs pour la jouissance des mots et des esprits qu'il évoque.

J'ai achevé le premier volume de la trilogie, étourdie et décontenancée.
Je vais débuter le deuxième tome. Je ne sais toujours pas si je suis conquise. Mais je suis charmée comme après une promenade dans la forêt de Brocéliande.



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Il y a deux protagonistes, Tengo et Aomamé. Il y a deux vies, différentes, mais tellement semblables en même temps. Il y a deux mondes aussi, si proches l'un de l'autre, qu'il est bien compliqué de discerner dans lequel on se trouve.

Tengo est une âme solitaire, il vit seul à Tokyo, il est professeur de mathématiques et cherche par ailleurs à devenir écrivain. Sa vie est calme, rythmée, organisée. Chaque vendredi il fréquente une femme mariée, juste le vendredi, il n'a pas ou peu d'amis, ne fréquente pas le monde, et cela lui convient bien.

Aomamé est aussi un grande solitaire à sa façon. Elle enseigne les arts martiaux dans un club de remise en forme de Tokyo, parallèlement, elle mène une vie secrète de tueuse à gage pour le compte d'un vieille dame fortunée qui souhaite éliminer de la surface de la terre les hommes violents envers les femmes, ceux pour qui elle imagine que la justice des hommes n'est pas assez sévère, n'est pas assez juste.

Ces deux univers n'ont à priori pas grand chose en commun, absolument rien qui puisse les relier l'un à l'autre, deux âmes perdues dans la mégapole nippone. L'anonyme navigue dans la foule, un monde abstrait ou le fourmillement de la vie masque un univers de solitude. Les choses sont propres et lisses, jusqu'au jour ou l'éditeur de Tengo le contacte pour un projet particulier. Il a reçu, dans le cadre d'un concours de jeunes auteurs, le manuscrit d'une adolescente de 17 ans, Fukaeri. Un texte étrange, très maladroit, mais à la puissance narrative hors du commun. Tengo a pour mission de réécrire « la chrysalide de l'air », de lui donner une forme littéraire parfaite.

C'est à partir de ce moment que le monde tel que nous le connaissons va commencer à s'effriter, se fissurer bizarrement. On entre dans un univers aux multiples ramifications, petit à petit, on comprend qu'Aomamé est liée à Tengo, d'une manière ou d'une autre, on sait qu'ils vont devoir se rencontrer, on le subodore, on l'imagine, on le souhaite aussi…

Haruki Murakami entraine le lecteur avec force dans un univers hors du commun, ou l'étrange et le surréaliste se cache au détour de chaque page. On est confronté à une galerie de personnages tous plus mystiques les uns que les autres. Fukaeri, l'auteur géniale et dyslexique, Tamaru le garde du corps homosexuel, Ayumi la jeune policière en recherche d'amitié et de partenaires sexuels, les mystérieuses petites créature appelées « Little People », le berger Allemand qui adore les épinards, le chauffeur de taxi qui connait des raccourcis surprenants…

Ces mondes étranges, ces univers qui dérangent, ces vies si calmes en apparence mais tellement bouillonnantes… On vit, on vibre avec les personnages, les intrigues qui semblent pourtant désuètes au premier abord… Que se cache-t-il derrière « les précurseurs » ? Que signifie ce monde distordu et ses deux lunes ? Dans quelle condition Tengo et Aomamé se rencontreront-ils ? On referme ce livre premier avec mille questions en tête et une seule hâte, se procurer le plus vite possible le livre deux et se replonger dans ce monde ou le réel et l'onirique n'ont pas vraiment de frontière…
Lien : http://testivore.com/1q84-li..
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mon premier livre de MURAKAMI Haruki
mon premier livre de Littérature Japonaise
J'ai attendu la fin du Livre 1 pour me décider à mettre dans ma file d'attente le livre 2,
je ne sais quand je reprendrai cette lecture palpitante, mais je croise les doigts pour ne point rencontrer de Little People, car je pars marcher loin des routes larges, sur les chemins de Compostelle.....
Ultreya !
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J'adore depuis toujours la littérature japonaise depuis longtemps car elle m'apporte un je ne sais quoi qui me transporte dans un autre monde, une sorte de sérénité et quelque chose qui me pousse à réfléchir. Je connaissais bien entendu Haruki Murakami et j'ai toujours été enthousiasmé par ses écrits. Je savais donc qu'en m'attaquant à ces deux romans, je ne pourrais pas être déçue et ce ne fut effectivement pas le cas,bien qu'il ne ressemble en rien à tout ce que j'avais lu de lui jusqu'à présent.

Dans ce premier tome, le lecteur fait la connaissance de deux personnages principaux, Aomané et Tengo à qui l'auteur consacre un chapitre à tour de rôle. Lui, est professeur de mathématiques et écrivain à ses heures perdues et elle, est enseignante d'arts martiaux et "tueuse à gages" à l'occasion (dans un but légitime cependant). On pourrait croire que ces deux personnes n'ont donc à priori rien en commun et ne devraient probablement jamais se croiser et pourtant, le lecteur sent bien, au fur et à mesure que sa lecture progresse, que les routes respectives de ces deux-là vont bien finir un jour ou l'autres par se mêler l'une à l'autre.

L'auteur nous emmène ici dans une sorte de roman à suspense, une sorte d'enquête policière qui, à un certain moment, m'a étrangement fait penser à la série des Millénium de Stieg Larsson.
En tous cas, l'écriture est plaisante et Murakami sait, comme toujours, tenir son lecteur accroché à ses pages et, dans ce cas-là, il arrive à le tenir en haleine jusqu'au bout et...ce n'est pas fini ! Je commence le tome II dès ce soir...
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Envoutée dès les premières pages, j'ai été. Aomamé et Tengo vivent au Japon en 1984. Ils ne se connaissent pas (?). Ils ont en commun une solitude affichée et un non-attachement aux choses et aux êtres. Tengo est plus lumineux, Aomamé, plus froide. Chacun suit son propre parcours, sans surprises, jusqu'au jour où Aomamé semble atterrir dans une autre réalité, qu'elle surnomme 1Q84, très légèrement différente de la nôtre : «l'année 1984 que je connaissais n'existe plus nulle part. Je suis maintenant en 1Q84. L'air a changé, le paysage a changé. Il faut que je m'acclimate le mieux possible à ce monde lourd d'interrogations. Comme un animal lâché dans une forêt inconnue.»
L'histoire tourne autour de ces deux personnages mais il sera aussi question d'un roman écrit par une jeune fille étrange - La chrysalide de l'air-, d'une secte mystérieuse et de la violence du monde.
On reste dans le flou, dans le questionnement mais cela n'est pas dérangeant, à peine perturbant. J'ai eu l'impression, telle une artiste, de retrouver des petits morceaux de mosaïque éparpillés qui une fois rassemblés, formeront un dessin qui illuminera tout.
Une description de «La chrysalide de l'air», ce roman dans le roman, m'a interpellée : «Mais il est difficile de déterminer où finit la réalité et où commence ce qui relève du fantastique. On peut lire aussi ce texte comme une sorte de mythe ou encore comme une ingénieuse allégorie.» L'auteur ne serait-il pas en train de parler de son propre récit ?
Murakami réussit cette prouesse de nous égarer sur des chemins inconnus tout en nous tenant la main. Il nous donne, à travers ses personnages, des clés pour avancer dans notre cheminement et cela tout le long : «Pourtant, quand on a fini de lire l'ouvrage, même si on est déconcerté, cela vous laisse après coup comme un grand calme. Comme quand on a une impression inconfortable et étrange que l'on ne peut expliquer.» C'est exactement ce que j'ai ressenti.
J'ai hâte de lire la suite pour continuer mon périple, trouver d'autres morceaux de mosaïque et savourer, pages après pages, ce roman inclassable, exceptionnel.
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Tokyo, 1984. Tengo a 30 ans, Aomamé en a 29. Il est solitaire depuis l'enfance, elle aussi. Il est professeur de mathématiques dans une école préparatoire, elle enseigne les arts martiaux. Quand il ne travaille pas, il s'adonne à l'écriture, elle tue des hommes qui ont violenté leur femme. Il entretient une liaison avec une femme mariée de dix ans son aînée qui vient chez lui tous les vendredis, elle n'a pas de relation fixe mais, quand l'envie de sexe se fait sentir, elle va dans un bar et se trouve un homme, mûr, à la calvitie naissante de préférence, pour passer la nuit.
La tranquille routine de Tengo bascule le jour où son éditeur lui demande de récrire ''La chrysalide de l'air'', le roman d'une adolescente de 17 ans, l'énigmatique Fukaéri. Bien qu'il sache que son travail servira à une escroquerie, Tengo ne peut s'empêcher de remanier ce texte étrange qui évoque les Little People qu'il croit nés de l'imagination de la jeune fille, alors même qu'elle affirme qu'ils existent réellement.
Pour Aomamé, tout commence par des détails insignifiants mais troublants : l'uniforme des policiers qu'elle ne reconnait pas, leur arme de service qui a changé, des faits d'actualité qu'elle n'a pas vu passer dans la presse. Ces anomalies dont elle n'ose s'ouvrir à personne trouvent leur paroxysme quand elle voit deux lunes luire dans le ciel de Tokyo. Persuadée d'être saine d'esprit, Aomamé pense qu'elle a glissé dans un monde parallèle, une autre année qui ne serait pas 1984, mais 1Q84...

Le sortilège MURAKAMI frappe fort encore une fois avec cette histoire qui semble si banale a priori. Une histoire où il ne se passe pas grand chose en définitive. Roman fantastique ? Bien sûr, mais toute en nuances, avec de petites touches, très légères, une sorte de dérèglement qui montre que l'on n'est pas tout à fait dans le monde tel qu'on le connait. Science-fiction ? Sans doute, pourtant pas de grand saut vers le futur mais un voyage vers le passé et l'année 1984. Sortilège oui parce que l'on est aspiré dans ce récit sans moyen de s'en extraire. Au fil des pages, la curiosité croît. Qui sont Tengo et Aomamé ? Se connaissent-ils ? Vont-ils se rencontrer ? MARUKAMI laisse des indices, sème des coïncidences mais fait planer le doute, se tait sur l'essentiel, laisse les questions sans réponses. Son histoire, simple en apparences, bascule subtilement dans une sourde angoisse. Une secte très secrète, des enfants mutiques, les inquiétants Little People...1Q84 n'a pas fini de surprendre Tengo et Aomamé...tout comme le lecteur troublé, hypnotisé, ensorcelé et surtout pressé de lire la suite.
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Une trilogie addictive, et ce pour moi dès le premier livre...

L'univers étrange, onirique de l'auteur se retrouve pleinement ici, à travers les deux dimensions temporelles dans lesquelles évoluent parallèlement les personnages centraux, tout aussi attachants, fragiles et déterminés cependant l'un que l'autre: Aomamé et Tengo.

Un monde réel, 1984, (pas tout à fait celui d'Orwell...) et 1Q84, mystérieux et troublant...

Il y sera question, entre autres, d'un roman dans le roman, la bizarre " Chrysalide de l'air", écrit par une inconnue, Fukaéri, que Tengo va apprendre à connaitre. Des faits avérés sont repris sous forme de métaphores , comme " Les précurseurs", faisant allusion à la secte Aum.

La vie énigmatique d'Aomamé suscite aussi nos interrogations et notre attention. On est tiraillé sans cesse entre réalité et fiction, on oscille entre un monde et l'autre, on se laisse porter par le flux de l'imagination de l'auteur. " Que signifierait un monde qui n'est pas celui d'ici?" est une des nombreuses questions que l'on se pose dans cette histoire...

Et surtout, on éprouve une telle empathie pour les deux héros qu'on ne désire finalement qu'une seule chose: qu'ils puissent se retrouver! Il faudra attendre le troisième tome pour savoir si cela arrivera...

Une aventure livresque fascinante!
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Je quitte enfin ce monde étrange où j'ai séjourné assez longtemps, à vrai dire, tellement le roman est épais et l'intrigue très lente. Mais je le quitte à regret, troublée par l'atmosphère qui s'en dégage, tout en retenue et en violence cachée.
Oui, la violence est bien là, latente... Dans la description de petites filles et de femmes violentées, dans des meurtres expiatoires au pic à glace, dans le chef d'une vieille dame mystérieuse prête à tout pour sauver les plus faibles, dans les grimaces monstrueuses d'une jeune femme, Aonamé, froide et déterminée, dans le compte rendu « clean » d'une secte soi-disant bucolique et pure…
Seul Tengo, un jeune prof de math passionné par l'écriture, fait figure de bloc solide et stable. Toutes les femmes ont finalement un rapport proche ou lointain avec lui. Va-t-il les sauver, d'une façon ou d'une autre ?
Et puis, il faut dire que 2 lunes veillent sur ce monde étrange. Une atmosphère lunaire, mystérieuse baigne ce roman intimiste et violent. Dans quel monde sommes-nous ? En 1984 ou en 1Q84 ? Les héros eux-mêmes, Tengo et Aonamé, atteints par moments du sentiment de « distorsion du temps », ne peuvent donner de réponse et d'ailleurs, ne se rencontrent pas...
Tout est mis en place pour créer le mystère, et Murakami s'y connait mieux que personne, avec sa feinte naïveté, ses images si denses et si légères...
N'avez-vous jamais ressenti l'ambiance étrange et un peu inquiétante qui règne lors de la pleine lune, les soirs d'été, quand les enfants se font trop calmes et les regards trop vagues, perdus dans l'immense halo argenté entourant cet astre ? Moi, si...
Alors, vivons-nous en 2013 ou en 2Q13 ? Qui peut le dire, finalement ? Murakami, peut-être, dans son second volume...
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Il aura fallu un deuxième confinement pour que je trouve enfin la disponibilité d'esprit pour m'attaquer à cette très longue histoire de Murakami. Comme quoi, le confinement a aussi de bons côtés. Allez, je suis d'humeur optimiste aujourd'hui. Il faut en profiter … (et surtout se garder de rallumer la télévision).

Bon donc cette trilogie qui m'attendait depuis des années dans la bibliothèque communale puis dans ma propre bibliothèque, lorsque les exemplaires de la bibliothèque communale avaient été « archivés ». Avez-vous remarqué qu'on archive de plus en plus tôt ?

C'est bien sûr un plaisir de retrouver les histoires de Murakami. J'aime sa façon de raconter, légère et souple, malgré les sujets abordés. Il prend le lecteur gentiment par la main et l'emmène parcourir les tréfonds de son imagination et revisiter pas à pas chacun de ses thèmes de prédilection. La musique, bien sûr, Janacek et le jazz des années 50. Et aussi la nuit tokyoïte, le temps qui s'écoule (est-il circulaire, comme les Asiatiques les perçoivent ou linéaire, ce qui correspond plus à notre approche occidentale ?) et se déforme, l'impossibilité de saisir la réalité, l'illusion de notre liberté. La question que l'auteur nous pose ici est : sommes-nous plus qu'un simple véhicule ou un vecteur pour les gènes ? Et s'il nous dit que « le sentiment d'impuissance chronique finit par détruire un être humain », il s'attachera tout au long de cette trilogie de … mais bon je n'en dis pas plus.

J'aime retrouver chez un écrivain ses obsessions, ses lubies, ses angoisses qu'il trimballe d'oeuvre en oeuvre, comme des valises dont on ne peut se délester, et qu'il aborde sous un angle différent à chaque fois. Je trouve ça mille fois plus intéressant que les écrivains qui changent de sujets ou de thèmes comme de chemise, au gré des modes. Ou peut-être est-ce que parce que les questionnements de Murakami sont proches des miens ? Oui, probablement, il faut le reconnaitre.

Face visible de la lune : une jeune femme instructrice d'art martiaux bien sous tous les rapports, une honorable vieille dame richissime et un jeune professeur de mathématiques aspirant romancier. Face cachée de la lune : un éditeur peu conventionnel, une jeune fille qui s'exprime comme un robot, un étrange donateur à tête de crapaud qui veut absolument attribuer une bourse au jeune professeur.

L'histoire se tisse peu à peu, comme une chrysalide de l'air (ah quelle beauté, que cette chrysalide de l'air) et hésite entre romance, roman fantastique, science-fiction ou thriller, refusant de se laisser enfermer dans un style ou l'autre. Histoire protéiforme, donc, et le lecteur oscille d'une impression à l'autre. Personnellement, je ne suis pas fan des romans fantastiques ni des thriller, et donc je me suis parfois ennuyée … mais très vite Murakami m'a repris la main pour m'emmener un peu plus loin, un peu plus profondément dans les méandres de son inconscient. Ou était-ce le mien ?

Ce n'est pas la meilleure des trois parties, mais c'est agréable à lire, et puis surtout on se laisse entrainer par l'histoire, bien rythmée, et on passe un agréable moment, dans ce passé si proche et si lointain à la fois …. 1Q84 !
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