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Sylvain Cardonnel (Traducteur)
EAN : 9782809702811
197 pages
Editions Philippe Picquier (19/08/2011)
3.55/5   87 notes
Résumé :
Six jeunes paumés dépourvus d'émotions et de buts dans la vie entrent en guerre avec six femmes trentenaires, divorcées en manque d'amour, dans une spirale de violence qui voit les cadavres s'accumuler avant de culminer dans une explosion (presque) atomique qui raye de la carte toute une ville près de Tokyo.
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Une bande de six jeunes hommes désoeuvrés et marginaux fans de karaoké s'entre tuent avec les midori, bande féminine de quadragénaires célibataires et banales. Voilà l'intrigue de ce récit. Un récit halluciné, cynique et captivant à la fois par le génial Murakami Ryû au sommet de son art.

Ce romande Murakami Ryû n'est de mon point de vue peut pas le plus dérangeant dans sa dénonciation de l'âme humaine du Japon moderne, mais c'est sans doute le plus symbolique, le mieux construit. Il y a un vrai rythme haletant dans ce court roman de 200 pages qui tient en haleine, comme un mécanique infernale de meurtres entre ces deux bandes qui se combattent dans une gradation de violence de plus en plus absurde et baroque.
Ce roman est une véritable dénonciation d'une société divisée, fragmentée où les individus sont livrés à leur propres folies et ne parviennent pas à communiquer avec leur pairs. Les membres des deux bandes ne sont pas amis au début du récit, ils se réunissent pour être en groupe, et dans leur réunions ne s'écoutent même pas parler. Il faudra le premier meurtre commis par sauvagerie bestiale par un membre de la bande des jeunes hommes pour que les deux bandes forment enfin des groupes d'amis qui se construisent dans la vengeance et dont les liens se cimentent au fur et à mesure que leur sanglante guerre prend de l'ampleur. Murakami nous montre ici l'image troublante d'une société où les rapports amicaux ne seraient possibles que construits dans la haine, et nourris par celle ci.
A ce propos, la division même des personnages en une bande féminine qui se méfie des hommes et une bande de loubards ne semblant voir en la femme que l'objet de sexe peut être vue comme une incommunicabilité inter sexe présente au Japon.

Si la clarté du message porté par Murakami Ryû sur la désagrégation de la société japonaise n'a jamais été aussi forte, le style de l'auteur n'a rien perdu de sa vigueur. L'écriture est toujours aussi dense, comme un flux continu d'images, de sons, de débit verbal parfois à la limite de l'absurde. Cette écriture nous envoûte, nous aspire dans ce roman qu'on lit compulsivement, effaré par l'absurdité de ses personnages que l'on suit. Toutefois, à la différence des très noirs Ecstasy, Thanatos, , Miso Soup ou l'auteur semble déterminé à nous monter la destruction des personnages principaux, ici l'auteur laisse transparaître au début de l'oeuvre une légère ironie sur ces personnages. Murakami Ryu semble passer un cap dans son oeuvre, puisque si comme tous ses personnages, les pathétiques héros du roman semblent piégés dans des émotions qu'ils renoncent à maîtriser pour se laisser entraîner par la logique absurde de cette guerre entre bande, les survivant de cette morbide chorégraphie n'apparaissent plus vidés et détruits comme c'était le cas pour les romans précédents de l'auteur. Au contraire ils semblent prêt à reprendre le cours de leur vie comme si rien ne s'était passé. La violence ne parvient même plus à détruire des personnages devenus apathiques et insensibles, collés dans la médiocrité de leur vie.

Et c'est peut être cela le plus troublant, constater à lorsque l'on referme ce livre que ces deux cent pages de sang, de bruit, de digression, de fureur...nous laissent sur un sentiment de vide face à ces personnages de bout en bout vides, et dont les agissements n'on au final pas comblé le vide de leur existence, si ce n'est par de la destruction...

NB : je pense que ce livre est aussi brillant dans sa manière d'analyser les mécanismes de groupe, et on pourrait aussi voir dans ce roman une attaque contre les sectes répandues ( surtout dans le contexte du Japon des années 90, avec l'attentat de Aum de 1995 )
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Roman a priori violent, puisqu'il met en scène deux "factions" qui vont se faire la guerre sans raison - l'une de six jeunes hommes d'une vingtaine d'années qui s'emmerdent dans la vie, se réunissent sans s'écouter et n'ont aucun but, l'autre de six femmes trentenaires qui s'emmerdent dans la vie, se réunissent sans s'écouter et n'ont aucun but - car oui, cette symétrie est la base même de la structure du roman.
Bref, une des femmes est tuée gratuitement par un des jeunes hommes, les autres femmes se vengent. Et la spirale de la violence de s'étaler, violence qui poussera les protagonistes à plus ou moins enfin s'épanouir dans leur vie (ils découvrent les vertus de la communication, des projets communs, de l'amitié, etc., etc.) jusqu'à l'ersatz d'apocalypse finale.
Tout ça se lit bien (200 pages seulement et d'un rythme agréable), mais reste un peu facile, tant dans sa forme allégorique que dans l'analyse de société et le style littéraire (les images et métaphores bien lourdes foisonnent un peu trop). Bref, rien de très excitant.
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Concernant les deux Murakami, ma sensibilité penchera vers le plus punk. Ceci dit, n'ayant lu qu'un roman de l'autre, mon avis est surtout teinté d'ignorance.
Confirmons-le d'emblée, on n'est pas dans le tout meilleur de l'auteur mais plus en mode mineur, ce qui n'est pas une critique car souvent synonyme de liberté et personnalité. Ce qui est sûr, c'est que nous sommes bien dans l'univers de Murakami, un monde glauque, violent et doté d'un humour à froid virant parfois à un burlesque effroyable.

Ici, 6 post-ados débiles et désoeuvrés fans de karaoké livrent une guerre sans merci à 6 desperate housewives divorcées trentenaires, jusqu'à un final d'apocalypse.

Nous assistons à un vrai jeu de massacre, les personnages sont des archétypes, vils et/ou pathétiques, aux actions idiotes, aux pensées souvent mesquines. Leur extinction absurde, un à un, se lit sans identification émotionnelle, ce qui est plutôt une chose positive dans le contexte, laissant le champ libre à une euphorie cathartique.

Murakami n'y va pas avec le dos de la cuillère dans la métaphore du vide contemporain et la perte des valeurs. Paradoxalement, l'escalade de violence donnera un sens à la vie des protagonistes, affectés par leur effacement social et leur effondrement moral.
L'accumulation des actes indéfendables commis par chacun est décrite sans retenue mais avec jubilation par l'auteur.
La narration est simple et fluide, l'écriture (moins tenue que dans d'autres ouvrages plus ambitieux de l'auteur) perd en précision ce qu'elle gagne en verve, l'action file à grande vitesse vers un final lapidaire. Murakami nous emmène droit dans le mur, tant cela semble être le message de l'auteur concernant la jeunesse japonaise des années 90, emballé dans un humour vif et deviant.

Nihiliste, désespéré et bouffon. Un vrai punk je vous dis.
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Dans la lignée des dingueries de Ryû Murakami, je voudrais Chansons populaires de l'ère Showa !
Bon moi c'est simple, plus c'est dingue plus ça me plait mais là (et ça me désole de le dire) ben non, la mayonnaise n'a pas vraiment pris.
En fait d'être délirant, c'est surtout too much, ça sent le forcing, le jusqu'au-boutisme dans la fièvre...
On entre dans cette histoire, la patte de Ryû Murakami est là, c'est super, on est content blablabla et tout d'un coup, bing on se fait éjecter de ladite histoire à environ la moitié et on passe le reste du bouquin à taper à la porte, à supplier, à pleurer pour pouvoir y entrer à nouveau mais non, rien à faire, arrivé à la fin, on n'a pas dépassé le paillasson.

C'est dommage parce que sur le style, il n'y a rien à redire, la dénonciation cynique d'un Japon individualiste est plutôt bien vue elle aussi mais on péche vraiment par un bouchon (ah, ah) poussé trop loin.
Du coup (et ça aussi, ça me désole de le dire) un Ryû Murakami que je considère comme mineur.
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Une bande de six jeunes, fans de musique et de karaoké s'entre tuent avec les Midori une bande féminine de quadragénaires célibataires et ressemblant plutôt à de banales ménagères.

Maintenant en y repensant, je m'dis que j'avais envie de dessouder quelqu'un dès le début, pas de le tuer mais plutôt de le mettre par terre. C'est là que j'ai aperçu la bonne femme habillée en blanc qui sortait par la porte arrière de chez Ito Yokado, une robe qui semblait avoir été fabriquée dans une giclée de sperme et puis y avait aussi l'odeur des palourdes.



Des ménagères, quadragénaire, divorcés qui se forment à devenir apprenti terroriste , depuis la mort d'une des leur. La proximité de la mort les transforme progressivement, elles deviennent désirables et recommencent à "vivre". de même pour la bande de jeunes qui glandent à longueur de journée, le meurtre perpétué par un des leur va les tirer de leur hibernation

On est bercé par des Tubes qui ont eu leur période de gloire dans les années 1970-1980 : Matsuda Seiko , Janis Ian , Uchiyamada Hiroshi & cool fives...


Insouciance, fatalisme, et violence dans ce roman noir qui tient plutôt du manga ou de la BD. La police n'aura pas d'indices pour arrêter ces dérapages morbides (pas de barrière dans cette société).... et nihilisme de ces jeunes marginaux. Déchéance et perte de repère de la jeunesse japonaise, mais également pour les quadragénaire du club Midori. le meurtre pour moyen d'expression, une manière de se sentir vivre, en voyant la vie s'échapper des autres. Une dose d'adrénaline qui permet de sortir de son assoupissement.

On retrouve dans ce roman de Murakami, une violence, une spirale infernale de violence qui démarre d'un simple couteau pour se finir sur une méga bombe. Fable moderne ou les relations n'existent plus, seul la violence devient un moyen de communication

Au Japon, les années 90 sont venues mettre un terme au "miracle japonais" pour enchaîner avec deux décennies "perdues" , Chansons populaires de l'ère Showa est écrit en 1994 et se positionne dans ce contexte ou le Japon de déclin économique et social.

Je ne le trouve pas aussi "captivant", que "Miso Soup" mais contient certainement un message identique qui est la perte des rapports et la déliquescence de la jeunesse nipponne. A prendre au second ou troisième degré surement. Violence, sang, société au bord du gouffre.
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critiques presse (1)
Bibliobs
02 septembre 2011
Murakami Ryû raconte, dans ce roman tonitruant et génial, une improbable guerre des gangs […] Immoral? Oui, mais délicieusement.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
La femme qui venait d'être assassinée s'appelait Yanagimoto Midori et la première personne qui la découvrit fut son amie Henmi Midori. A la vérité, ce ne fut pas la première. Après que Sugioka se fut enfui, onze personnes passèrent auprès de Yanagimoto Midori dont la gorge tranchée laissait échapper des flots de sang, mais elles firent comme si elles n'avaient rien vu. C'était une ruelle où deux voitures auraient à peine pu se croiser et il était impossible que personne n'ait rien remarqué. En outre, Yanagimoto Midori avait une robe blanche maculée de sang, les pains au curry écrasés contre le mur en béton donnaient l'impression d'un dégueulis ou d'une chiasse répandue là et les palourdes éparpillées hors du sac diffusaient une odeur de marée accentuée par l’intensité du soleil d'après la saison des pluies. Les onze personnes qui étaient passées par là avaient toutes remarqué Yanagimoto Midori mais avaient aussitôt détourné le regard en essayant de se convaincre qu'elles n'avaient rien vu.
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Les chapitres sont des titres de chansons. Les jeunes gens dont parle Murakami Ryu sont des adeptes assidus du karaoké, divertissement courant au Japon.

Saison des amours

C'était Katô qui bossait dans une petite boîte d'importation de produits alimentaires qui avait apporté le beef jerky. Katô se nourrissait principalement des produits importés par sa boîte et il n'aurait jamais cru que ce dont il se nourrissait quotidiennement puisse à ce point provoquer l'enthousiasme des autres. Katô mangeait essentiellement du maïs géant en provenance du Mexique et lorsqu'il avait envie de viande, il plongeait dans de l'eau chaude du beef jerky fabriqué aux États-Unis par une entreprise appelée Tengu, accommodait ensuite la viande ramollie comme pour un sukiyaki ou un shabu-shabu, c'était selon. Lorsque c'était de légumes dont il avait envie, il consommait des abricots marinés made in People's Republic of China, qu'il avalait sans jamais s'être posé la question de savoir si l'abricot était vraiment un légume.
(p. 15)

La queue de la comète

Yanagimoto Midori était divorcée, son mari ayant la garde de leurs deux enfants, elle vivait seule, si bien que ses amies regroupées sous le nom d' « Association des Midori » organisèrent la veillée funèbre. Peu après vingt-deux heures, lorsque les proches, l'ex-mari et les enfants furent partis, Henmi Midori, Iwata Midori, Takeuchi Midori, Suzuki Midori et Tomiyama Midori se retrouvèrent seules. Elles s'étaient rencontrées dans divers clubs ou centres culturels, l'environnement familial de chacune était différent mais elles avaient en commun de partager une forme de solitude et de ne pas connaître l'art de se faire des amis. « Tiens ! Toi aussi, tu te prénommes Midori ? » Pour cette unique raison, elles se fréquentaient depuis de longues années.
(p. 29)

Sugioka : Ce type n'avait pas encore obtenu son permis de chasse, il avait misérablement échoué à l'épreuve écrite mais il avait toujours à l'esprit l'image d'un fusil. L'épreuve écrite est vraiment difficile. Tous les exams à l'écrit sont durs quand il s'agit d'obtenir une qualification, hein ? Du style : Vous êtes sur une route en pente raide où s'enchaînent de nombreux virages. Un poids lourd roule lentement devant vous. Choisissez parmi les réponses possibles celle qui vous semble la plus adaptée à la situation : 1) Vous suivez ce véhicule à petite vitesse. 2) Vous ne cessez de klaxonner pour agacer le conducteur du poids lourd. 3) Vous doublez sans vous préoccuper des véhicules qui pourraient survenir en face. Vous voyez le genre de questions ? Eh ben, c'est le même genre pour le permis fusil : Vous avez conservé une quantité non négligeable de munitions dans votre poche après une partie de chasse ou de ball-trap. Que faites-vous de ces munitions ? 1) Vous les conservez précieusement et les placez à l'abri dans un coffre. 2) Vous les partagez avec les enfants du coin. 3) Vous les jetez dans une rivière ou un lac en hurlant CONNARDS ! Eh ben, ce type, il choisit systématiquement la réponse 2) ou 3). Un garçon foncièrement honnête.
(p. 40)

Sugioka : Voilà ce qu'il écrit dans son bouquin. Je ne me souviens pas de ses mots avec précision mais ça devait être une chose comme : « Les déserts, les savanes, les montagnes ne constituent pas les seuls terrains de chasse possibles. Les villes, le centre des villes, voilà mon terrain de chasse, et il n'appartient qu'à moi seul. L'important, c'est l'Humanisme. Nous qui vivons au sein de politiques trop indulgentes, par exemple à l'égard des acteurs de la chaîne alimentaire, évoluons au sein d'un Humanisme incompréhensible, nous devons chasser, dans la mesure du possible, au cœur du réel. »
Qu'est-ce que vous en pensez ? C'est pas la classe, ça ?
(p. 41)

Rendez-vous à Yûrakuchô

Le patron de la quincaillerie Nogami : Ça me plaît que vous vouliez dessouder une bonne femme. On dit souvent que seuls les cafards survivront à la disparition du genre humain mais ce n'est pas vrai : c'est les bonnes femmes !
(p. 73)
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Les Midori envisagèrent diverses méthodes. Elles chuchotaient en passant en revue les avantages et les inconvénients réciproques du poison, de la matraque ou de la strangulation, profondément surprises et émues de se rendre compte que chacune prêtait une oreille attentive à l'opinion émise par une autre. Iwata Midori fut la première à le remarquer. "Dites, jamais jusqu'à présent nous ne nous étions parlées et écoutées d ela sorte, n'est-ce pas ? C'est un vrai échange d'idées."
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C'est lors de cette seconde "non-apparition" que Nobue leur fit une proposition qui emporta leur adhésion. Dans la bande qu'ils formaient; lorsque cette proposition fut faite, chacun écouta, donna son avis et participa à la prise de décision. C'est ainsi que la proposition se mua en réalité, un évènement aussi décisif que l'adoption, il y a sept ou huit cent mille ans, par nos lointains ancêtres de la station verticale lorsque les hommes se mirent à marcher sur deux jambes, bref, une chose inédite pour eux.
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Le rire de Yano était comme celui d'un guerrier Vietcong planqué dans l’obscurité, tête baissée, essayant de retenir un rire à la pensée de cette extraordinaire expression de terreur mêlée de honte qu'il avait vue sur le visage d'un ennemi au moment de mourir lors de la dernière attaque.
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