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Corinne Atlan (Traducteur)Karine Chesneau (Traducteur)
EAN : 9782020686259
847 pages
Seuil (01/10/2004)
4.14/5   1245 notes
Résumé :
Le jour où sa femme disparaît inexplicablement, la vie de Toru Okada bascule – et emporte avec elle les repères du monde. C'est dans une réalité qui s'enfuit sous d'excentriques mirages que le jeune homme s'éveille un matin. Un théâtre d'ombres débutant par de mystérieux coups de téléphone, et où se croisent peu à peu des êtres déroutants, inclassables, aux confins d'un univers guidé par le chant d'un oiseau à ressort...

" Haruki Murakami crée des un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (123) Voir plus Ajouter une critique
4,14

sur 1245 notes
Ki Kii Kiii, vous entendez ? c'est l'oiseau à ressort, nulle ne l'a vu " il se perche sur une branche et remonte régulièrement la pendule du monde ".
La première fois que Toru Okada a entendu ce chant d'oiseau il a perdu son chat. Un chat à la queue tordue.
Toru Okada est plutôt casanier, au chômage, il s'occupe du foyer pendant que sa femme Kumiko part travailler. Tout commence par un mystérieux appel téléphonique, le genre téléphone rose ; imperturbable Toru Okada raccroche. Peu à près sa femme disparaît.
Haruki Murakami et ses "chroniques de l'oiseau à ressort" nous entraine dans un récit onirique dont il a le secret. Un chemin où le monde réel côtoie le rêve et parfois le cauchemar. Des personnages étranges comme Cannelle et Muscade, les soeurs Malta et Creta Kano, le lieutenant Mamiya...
Des rencontres, des endroits improbables comme le fond d'un puits ou la chambre 208 .
Encore plus fort que "1Q84" ou " Kafka sur le rivage ", Haruki Murakami on aime ou on déteste...
Il y a du David Lynch dans l'univers de Murakami ou du Haruki Murakami dans l'univers de Lynch.
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J'ai pour l'instant lu encore très peu de livres de Haruki Murakami, mais je dois vous avouer que celui-ci, Chroniques de l'oiseau à ressort, m'a laissé l'écho d'un enchantement indicible et qui continue de se promener en moi longtemps après.
Comme souvent dans les oeuvres de cet écrivain, le réel côtoie le fantastique, j'aime cette frontière parfois floue où les choses se couturent et se découturent dans le tâtonnement des pas et des gestes des personnages.
Il est difficile pour moi de vous planter le décor de ce livre étrange. Je vais tenter tout de même l'exercice. Ou plutôt, je vais vous raconter l'ambiance que j'ai ressentie, étrange et envoûtante.
Toru Okada est un jeune homme qui vient de quitter son emploi, tandis que son épouse Kumiko travaille dans une maison d'éditions. Les jours qui suivent se déroulent dans une forme de langueur proche de l'ennui. Toru Okada s'occupe du foyer, fait les courses, nage à la piscine, se repose, lit...
L'univers de Haruki Murakami prend ici dès le début du récit ses marques, son empreinte. C'est tout d'abord un univers peuplé de jours ordinaires, presque au bord de l'ennui. Ce quartier de banlieue semble tranquille, harassé de chaleur, cerné par les nervures des ruelles étroites qui s'entrecroisent autour des maisons et des immeubles.
Puis un beau jour, la vie oisive de Toru Okada, s'ouvre comme une faille qui va s'élargir, laisser place brusquement à un monde où le jeune chômeur va peu à peu commencer à perdre tous ses repères.
Il y a tout d'abord ces coups de téléphone d'une mystérieuse inconnue, des appels qui se répètent, peu à peu empreints d'érotisme. Puis le chat de la maison disparaît au travers d'une de ces ruelles étroites où le jour semble lui aussi s'échapper. Toru Okada part à sa recherche... C'est à ce moment que le chant d'un oiseau se fait entendre. Il semble appartenir au quartier.
Tout devient étrange dès lors. Impossible de raconter ce livre...
C'est le chant d'un oiseau, lancinant comme le bruit d'un ressort que l'on remonte et qui se relâche dans le feulement de l'air. C'est un ressort qui se remonte peut-être comme on remonte une vieille pendule à l'aide d'une clé. Mais ici le temps semble échapper à toute notion logique.
C'est la rencontre avec cette voisine, une jeune fille presque sans âge, peut-être encore une adolescente, assise sur un muret, qui semble le guetter, l'attendre, le narguer presque dans son errance...
C'est ce puits abandonné, ce puits sans eau, au bord duquel il ne fait pas bon se pencher, ce récit ressemble au vide sidéral qui menace à chaque instant de s'ouvrir devant nos pas hésitants...
Et puis d'autres personnages encore, tout aussi ambigus, viennent se mêler aux pages de ce récit envoûtant...
C'est un récit onirique, peuplé de magnifiques pages de poésie, complexe aussi dans cette déambulation où le lecteur est invité à s'égarer, à tendre la main au rêve qui vient, à distinguer comme il peut ce qui tient de l'invitation bienveillante ou bien du cauchemar...
Jusqu'à quelle limite sommes-nous autorisés à nous éprendre de ce qu'il peut y avoir au fond d'un puits, à tendre la main vers l'irréel, se perdre peut-être enfin, sans pour autant oser franchir l'autre côté du décor ?
J'ai aimé me pencher au-dessus de ces pages...
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Comme d'habitude chez Murakami, l'ambiance fantastique se dessine assez rapidement et tout au long du récit l'auteur japonais va jouer avec la vérité qui n'est pas forcément de la réalité, nous suggérant que la réalité n'est peut-être pas la seule vérité.

Avec une écriture poétique, coup de coeur après coups au coeur, ce roman de réalisme magique nous donne les pièces d'un puzzle qu'une fois monté nous permet d'approcher une lumière chaude.

Il est beaucoup question de sables mouvants du passé qui engloutissent les fantômes, telles des portes tournantes. Dans une atmosphère suspendue, hors du temps, les personnages se croisent, s'apprivoisent, sans jamais se livrer complètement.

Les enchaînements de cause à effet et les cercles qui réunissent les personnages sont particulièrement réussis.

L'auteur aborde avec l'apaisement qui lui est coutumier ces tiraillements intimes qui tissent nos vies.
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Je suis toujours mitigé après la lecture de n'importe lequel des romans de Haruki Murakami et celle des « Chroniques de l'oiseau à ressort » ne fait pas exception. À chaque fois, l'auteur réussit à me plonger dans un Tokyo bien moderne et réaliste, un Japon que j'aime bien. Toru Okada décide de démissionner d'un travail qui ne l'intéresse plus. Il fait les course, cherche son chat qui a disparu, attend sa femme pour diner. Bref, il mène une petite vie bien normale, presque banale. le tout entrecoupé de référence à des morceaux de jazz, de musique classique, de romans, bref d'un tas de référents culturels qui permettent de croire à cet univers, de se laisser glisser rapidement dans la peau du personnage principal.

Puis, le mystère commence à apparaître, prendre racine subrepticement. Okada reçoit des appels anonymes. La recherche de son chat le met en relation avec une voisine étrange, May Kashara, avec une voyante énigmatique, Malta Kano, et la soeur de celle-ci, Creta Kano (qui, elle-même, a déjà connu le beau-frère de Okada, Noburu Wataya) puis enfin quelques distants parents qui ont séjourné en Mandchourie. Chacun a un passé, une histoire, qui semble se rattacher à un puzzle beaucoup plus grand que quiconque aurait pu imaginer. Tellement grand que, en tant que lecteur, on finit par se perdre. Rendu à ce point, c'est non seulement le chat mais l'épouse de Okada qui a disparu. En effet, Kumiko s'est enfuie sans laisser de trace, à part une lettre envoyée trois mois plus tard.

Finalement, du mystère on bascule tout bonnement dans un autre univers. Et c'est là que j'ai décroché. Quand Okada commence à entretenir une sorte d'amitié avec Muscade et Canelle puis à recevoir les visites de Ushikawa, l'homme à tout faire de Noburu Wataya. Ça a été trop pour moi. Chaque fois, l'auteur Murakami franchit cette fine ligne entre le réalisme magique et le fantastique. Dans ce genre d'univers si particulier, je suppose qu'il faut se laisser aller, y croire sans trop poser de questions. Dans tous les cas, je suis parvenu à me rendre jusqu'à la dernière page et je dépose le livre avec un léger gout amer. Mais, je dois me rendre à l'évidence : il s'en dégage un je-ne-sais-quoi qui m'attire car immanquablement je vais me procurer le suivant.
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Toru Okada est un homme paisible. Depuis qu'il a quitté son emploi, il reste à la maison, fait ses courses, nage à la piscine, lit et se repose. Son épouse Kumiko, salariée dans une maison d'édition a accepté cette situation et n'y voit guère de reproches à faire.
C'est en cherchant son chat disparu depuis quelques jours que notre narrateur emprunte pour la première fois une drôle de ruelle et entend un chant étrange:
"J'entendais le cri régulier d'un oiseau, ki, kii, kiii, provenant des bosquets du voisinage, on aurait dit qu'il remontait un ressort. »
Apercevant un puits abandonné, Toru se sent attiré par ce "gouffre", ce lieu de silence opaque et noir:
"Ce puits semblait abandonné depuis pas mal de temps comme tout ce qui se trouvait dans le périmètre de cette maison. Une sorte d'engourdissement généralisé semblait régner sur ces lieux. Peut-être les objets inanimés devenaient-ils plus animés encore quand il n'y avait plus personne pour poser le regard sur eux."
Retrouver le chat devient secondaire, mais explorer le puits devient essentiel...
Dans les ténèbres, Toru voit des choses, entend des voix, traverse la paroi pour se trouver dans un autre lieu. Quand enfin, il arrive à remonter du puits, une tâche bleue indélébile apparaît sur sa joue.
"La vérité n'est pas forcément dans la réalité, et la réalité n'est peut-être pas la seule vérité."
Chroniques de l'oiseau à ressort est un roman inclassable, dense, opaque et clair à la fois. Il est le symbole de l'univers de Murakami, le va et vient constant entre le monde réel et celui fantasmé. Les personnages secondaires sont à la fois bien présents et symboliques. Ils incarnent des "clés" d'accès à une future compréhension, tout comme les personnages récurrents.


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Citations et extraits (175) Voir plus Ajouter une citation
Savons-nous le plus important sur ceux dont nous sommes persuadés d'être les intimes ?
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Un bruit dans la cuisine me réveilla. J'allai voir ce qui se passait : Creta Kano était là en train de préparer le petit déjeuner. Elle portait un tee-shirt blanc et un short bleu, appartenant tous les deux à Kumiko.
- Mais où sont vos vêtements ? lui demandai- je, debout à l'entrée de la pièce.
- Oh, excusez-moi. Comme vous dormiez, je me suis permis d'emprunter ceux de votre femme. Je sais que ce ne sont pas des manières, mais je n'avais rien à me mettre, dit Creta Kano en tournant juste la tête vers moi
Elle était revenue à son style précédent de maquillage et de coiffure des années soixante. Ne manquaient que les faux cils.
- Ne vous inquiétez pas pour ça, mais où diable sont vos vêtements ?
- Je les ai perdus, dit-elle simplement.
- Perdus ?
- Oui. Je les ai perdus quelque part.
J'entrai dans la cuisine et, appuyé à la table, la regardai préparer une omelette. Avec habileté, elle cassa des œufs, ajouta des condiments, mélangea rapidement le tout.
- Ce qui veut dire que vous êtes venue ici toute nue ! ?
- C'est exact, répondit-elle comme s'il n'y avait rien de plus naturel. J'étais complètement nue. Vous le savez bien, monsieur Okada, puisque vous avez mis une couette sur moi.
- Oui, naturellement, balbutiai-je. Mais ce que j'aimerais savoir, c'est où et comment vous avez perdu vos vêtements, et aussi comment vous avez fait pour arriver ici toute nue.
- Je n'en sais rien, dit Creta Kano en secouant la poêle pour retourner l'omelette.
- Vous ne savez donc rien vous non plus.
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Tandis que nous progressions en silence à travers ce paysage désolé, nous perdions parfois conscience de notre cohérence d'individus, et étions envahis par l'illusion que nous nous délitions peu à peu dans la nature environnante. Cet immense vide autour de nous déséquilibrait la conscience ordinaire de l'existence. Comprenez-vous ce dont il s'agit ? Notre conscience s'enflait comme une baudruche, jusqu'à se confondre avec le paysage, annihilant toute différence entre l'extérieur et nos limites physiques. Voilà ce que je ressentis au coeur de la steppe mongole. Quelle immensité ! Plus qu'une plaine, c'était un océan. Le soleil se levait à l'horizon à l'est, traversait lentement le ciel, puis sombrait derrière la ligne de l'horizon à l'ouest. C'était la seule chose que nous voyions changer autour de nous. Et on sentait dans ce mouvement solaire une sorte d'énorme élan d'amour cosmique.
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Dis, Oiseau-à-ressort, tu es du genre courageux ?
- Pas spécialement, je crois.
- Tu es curieux ?
- Un peu.
- Le courage et la curiosité, ça se ressemble, non ? On a du courage pour des choses qui excitent notre curiosité, et quand on est curieux, on trouve le courage nécessaire.
- Oui, tu as raison, parfois le courage et la curiosité se superposent.
- Comme quand on entre dans une maison sans demander la permission ?
- Exactement, dis-je en faisant tourner la pastille au citron sur ma langue. Le courage et la curiosité sont à l'œuvre ensemble quand on pénètre dans le jardin d'une maison inconnue. Parfois la curiosité peut révéler le courage enfoui, le stimuler. Mais je pense que la curiosité disparaît rapidement, tandis que le courage doit parcourir une longue route. La curiosité c'est comme un ami avec qui on se sent bien mais à qui on ne peut pas se fier. Elle peut t'inciter à faire des choses mais en temps voulu elle disparaît. Et alors tu es obligé de rassembler ton courage pour continuer.
Elle réfléchit un moment à ce que je venais de dire puis fit ce commentaire:
- Oui, on peut voir les choses comme ça.
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Lacking any values of their own, such people can arrive at a standpoint only by adopting other people’s standards or views.

The passage of time will usually extract the venom from most things and render them harmless. Then, sooner or later, I forget about them.

“I’m only sixteen,” she said, “and I don’t know much about the world, but I do know one thing for sure. If I’m pessimistic, then the adults in this world who are not pessimistic are a bunch of idiots.”

Just go round the corner, and there it is: a world you’ve never seen. I told you you have a blind spot, didn’t I? You still don’t understand.”

But I’d rather not talk about that right now. Some things , you know, if you say them, it makes them not true? You know what I mean, Mr Wind-up Bird?”

This person, this self, this me, was made somewhere else. Everything had come from somewhere else, and it would all go somewhere else. I was nothing but a pathway for the person known as me.

I would not be able to distinguish the point at which the real ended and the unreal took over. The wall separating the two regions had begun to melt.

How wonderful it would be, he thought, if he could find the cool shade of a tree somewhere, to stretch out and sleep, if only for a little while – to stop thinking, to sink into the silent darkness of unconsciousness.

It’s always best for people to talk to each other face to face , to open themselves up. Otherwise, misunderstandings are bound to arise, and misunderstandings make people unhappy….

“Tell me, Doctor, are you afraid of death?” “I guess it depends on how you die ,” said the vet, after a moment’s thought.

a puzzle in which truth was not necessarily fact and fact not necessarily truth.

Could I have done such a thing without being aware of it? No, certainly not – unless there existed another me.

“What I’m trying to say is that it seems to me to be nothing but an explanation for explanation’s sake. It doesn’t lead anywhere.

I tried to smile, without much success. “I am afraid to die, though,” I whispered to myself.

I was dying. Like all the other people who live in this world.
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Videos de Haruki Murakami (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Haruki Murakami
Pierre Földes a choisi d'adapter six nouvelles de l'écrivain Haruki Murakami dans son film d'animation "Saules aveugles, femme endormie". Pour conserver l'atmosphère de fantastique décalé et de mélancolie, Földes enchevêtre les histoires et suit le parcours de quatre personnages après le tremblement de terre et le tsunami qui ont touché le Japon en 2011.
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