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Lire ce roman de Murakami : Danse, danse, danse a été pour moi un voyage dans un univers troublant, dans lequel j'ai accepté à l'instar du héros principal d'oublier ou de remettre en question mes repères spatio-temporels et bien d'autres. J'ai eu l'impression de me balader dans un Palais des glaces où je me suis perdue dans un labyrinthe de miroirs déformants dans lesquels les personnages se reflètent étrangement les uns les autres. A commencer par le narrateur. Accablé par une crise existentielle qui le submerge, il se voit comme un raté et traîne avec lui un sentiment d'échec et de vide absolu. Son double inversé : Gotanda, un camarade de lycée, à la réussite sociale éblouissante, puisqu'il est devenu une star de cinéma. Mais lui aussi se perçoit en réalité comme une coquille vide. Troisième personnage tout aussi perdu que les deux autres, Yuki, une pré-adolescente de treize ans, sans liens familiaux structurants et dont on va se rendre compte au fil du roman qu'elle est également un avatar du narrateur au même âge.
L'intrigue autour de laquelle se tisse les liens entre les personnages va se déployer dans un cadre étrange. le "Dolphin hotel" en est le lieu central. Mais là encore la réalité se tord, nous échappe, car l'hôtel devenu "un énorme building de vingt-cinq étages" abrite un lieu énigmatique qui appartient sans doute à un monde parallèle, que le narrateur va découvrir un soir en arrivant au 16ème étage. Un grand trou noir. Ce qui donne lieu à une scène sidérante au cours de laquelle Murakami peint avec une étonnante sensorialité, la perte des repères spatio-temporels, la distorsion des perçus corporels et la sensation de vide intérieur auxquelles le narrateur se trouve confronté. Cette scène est la clé du roman, car il va rencontrer dans cet autre espace-temps, l'homme-mouton : passeur ? entité bienveillante ? ange gardien incarné ? On ne sait pas. Il est doté d'un pouvoir de vision et s'exprime comme un oracle. Danse, danse, danse, sont les mots clés qu'il va livrer au narrateur pour entamer sa quête existentielle, une fois sorti de ce lieu qui peut figurer aussi bien le royaume des morts que les limbes. C'est en tout cas un lieu matriciel dont il va sortir pour s'engager dans un voyage initiatique pour naître ou renaître à lui-même. Un voyage déambulatoire qui n'est pas sans rappeler que Murakami est jazzman et que derrière les variations se cache toujours un thème qui n'est jamais perdu de vue. Dans le roman, il ne s'agit de rien moins que la quête de soi.
Déambulations de nos trois personnages, distorsions de l'espace et du temps, limites poreuses du rêve et de la réalité, existence de mondes parallèles, il faut lâcher prise et se laisser embarquer au côté du narrateur dans une aventure des plus singulières qui prend faussement parfois des allures d'enquête policière. Murakami se plaît à perdre le lecteur et à jouer les magiciens avec tout le talent qui est le sien. Humour et auto-dérision sont souvent au rendez-vous tout comme il sait également faire preuve d'une incroyable délicatesse et douceur dans certaines scènes, notamment celle où il va permettre à Yuki de retrouver la possibilité de pleurer.
Pour conclure, je serais tentée de dire que chacun peut trouver dans ce récit allégorique son propre chemin. Personnellement, je n'ai pu m'empêcher d'y voir la transposition romanesque très libre et réussie - car on est au plus près des émotions et des pensées du narrateur - d'une cure psychanalytique...
Dernière remarque sur le titre que j'aime beaucoup. Il sonne pour moi comme un mantra...
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Alors on danse, danse danse ! ..les romans de Monsieur MURAKAMI commencent toujours comme on prend l'autoroute ...ç'est tout droit, bien écrit, l'histoire accroche et "tout roule" puis soudain une sortie de route et l'on se retrouve dans la troisième dimension Murakamienne !... nous fait valser dans son décor avec subtilité!
Voici tout l'art de cet écrivain qui dans ce roman mélange des personnages "Lelouchiens" oui...car tout est relié ! Yuki, la jeune ado paumée, à la clairvoyance aiguisée, Ame, sa mère égocentrique, photographe célèbre, le "beau gosse" mannequin mais pas aussi bête qui veut bien le faire croire ...et l'homme-mouton coincé dans l'étage d'un drôle d'hôtel !

Tokyo, on continue de rouler loin dans dans la Subaru du héros, sur des bandes sons éclectiques, on se trouve dans des resto branché ou "boui-boui"...on voyage d'indice en indice pour retrouver une jeune femme, son amour disparu ou tué...allez savoir ! les personnages sont toujours ciselés, des "ordinaires" traversés par des destins et des affres extraordinaires..et c'est là que s'inscrit avec maestria la magie de l’écrivain.
Voilà c'est toujours envoûtant, on glisse très facilement dans cet univers ouaté, mystérieux qui comme un passe muraille vous fait passer de l'autre côté du miroir !

Quand on frôle la mort , que l'on côtoie la vie, il faut alors pour savoir quel en est le prix, DANSER SA VIE! ....ce roman m'a fait écho à l'une citation du philosophe PASCAL : "s'amuser c'est tromper la mort"...
Ce roman m'a fait traversé ma nuit blanche....une lecture fluide,un roman qui fait son effet.
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Ce livre m'a appris à danser.

Sans rire ! Ce livre m'a appris à danser ! À mettre un pied devant l'autre sans m'arrêter. Et quand la fatigue et la l'angoisse me prennent je continue de danser, sans m'arrêter. Danser toute la vie, peu importe les circonstances.

Je ne sais pas comment Murakami fait pour écrire de tels romans. Je dois dire que je ne suis pas un fan inconditionnel des thrillers fantastiques mais l'écrivain japonais a ce don pour distiller, au détour d'un paragraphe, une idée philosophique qui fait le tour de votre être et fait vibrer un corde au plus profond. On se perd avec un délice mêlé de terreur dans les couloirs de l'hôtel du Dauphin, on se perd dans les méandres de nos cerveaux et on finit par rencontrer l'homme-mouton. L'histoire de cet homme tentant de dénouer les fils de son passé fera écho en chacun de nous. On se prend alors à rêver d'un voyage possible seulement dans nos coeurs. Les romans de Murakami ont ce pouvoir : faire que nos vies, aussi banales soient-elles, se transforment en fiction. Chaque mouvement, chaque action se transforme en quelque chose porteur de sens. "Danse, danse, danse" n'échappe pas à cette règle. L'intrigue est porteuse, les personnages profonds, le contenu riche et dense. Une seule envie en refermant ce livre magique : continuer à "danser tant que la musique durera."

Ce livre m'a appris à danser et depuis ma vie a complètement changé.
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Ce livre est la suite du livre 'La course au mouton sauvage'.
Murakami ajoute en postface qu'il s'agit du même narrateur que dans dans ses deux premiers livres 'Ecoute le chant du vent' et 'Pinball 1973'.

J'ai de loin préféré ce tome au premier, qui déjà n'était pas mal du tout et reprenait les thèmes chers à cet auteur.

Celui-ci a l'art en effet de nous faire voyager sur le fil entre le réel et l'irréel et nous démontre qu'il n'y a jamais loin de l'un à l'autre et combien il est facile de basculer dans cet autre monde qui semble parfois plus normal que le monde réel.

J'ai trouvé le protagoniste beaucoup plus attachant dans cette partie-ci et engage vraiment tous les lecteurs de "La course au mouton sauvage" de ne pas s'arrêter en chemin, car ils perdraient l'essentiel.

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Critique sociale et quête d'amour
1983. C'est le boom économique au Japon. Le top de l'affairisme bling bling. Dans ce roman plus que dans n'importe quel autre, Murakami s'attaque à une caste de privilégiés regroupant hommes d'affaires et politiciens aux pratiques immobilières douteuses, policiers compromis, artistes starifiés en tout genre complètement déresponsabilisés ( dont un écrivain à succès nommé Hiraku Makimura...).
Le narrateur anonyme a 34 ans et il est seul, vraiment seul. Il a toujours été en marge, il a toujours refusé les compromissions. C'est admirable mais c'est usant. Il use les gens qui l'aiment, les femmes le plaquent, les amis disparaissent ( ou l'inverse). Pourtant quelqu'un pleure pour lui, quelque part loin de lui. Il part alors à la recherche de son ex aux belles oreilles qui l'avait guidé quatre ans auparavant à Sapporo, dans cet hôtel miteux, le Dauphin avant de disparaître...
A Sapporo, l'hôtel du Dauphin est devenu un palace de vingt-six étages. Mais ce qui n'a pas changé, c'est la présence de l' homme mouton. Celui-ci lui recommande de continuer à danser même si tout lui paraît stupide, insensé..Il doit danser, continuer à danser...comme dans la chanson des Dells.
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tellement encensé que je ne puis trouver plus d'"étoiles
belle écriture, imagination, autres dimensions que la vie
sur terre,
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Sans être véritablement une suite de « la course au mouton sauvage » on y retrouve un grand nombre de personnages de ce roman antérieur.Le même narrateur trentenaire à perdu Kiki sa petite amie aux belles oreilles et part donc la chercher . On y retrouve aussi l'hôtel du Dauphin mais qui est devenu une labyrinthe borgésien , l'homme-mouton, un chat … des voyages . le tout enrobé en paquet-cadeau dans le style Murakami tout en allusions et glissement de sens. Il faut aimer…J'aime !
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Dans ce roman nous retrouvons le narrateur de la course au mouton sauvage.
Quatre ans ont passé depuis cet épisode. le narrateur est seul, extrêmement seul. Il a passé six mois isolé dans son appartement sans presque sortir, pour « digérer » son aventure du tome précédent.
Quatre ans après il se rend à Sappoto dans l'hôtel Dolphin où l'histoire avait pris un tour surnaturel.
C'est le cas ici aussi.
On ne sait pas très bien ce qui est réel et ce qui ressort du rêve ou de l'hallucination (mais c'est ce qui me plait chez Murakami , dépaysement total, lâcher prise, quête de sens...)
Parmi les autres rencontres du narrateur (dont on ne sait pas le nom) il y aura une jeune fille de 13 ans (médium), la réceptionniste de l'hôtel Dolphin, et aussi un ami du lycée qu'il retrouve vingt ans après, quelques charmantes jeunes femmes, un manchot étrange... et une brève réapparition de l'homme mouton ....
un livre qui m'a plu malgré quelques longueurs...
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Un jeune journaliste un peu perdu raconte son histoire. Dans sa profession, il accepte un peu de tout, estime faire du "déneigement culturel" et s'ennuie. Il a trente quatre ans, sa femme est partie avec un de ses amis et rien ne semble faire vraiment sens pour lui. Il quitte Tokyo pour Sapporo car il veut retrouver un hôtel au charme ancien, l'hôtel du Dauphin, et y séjourner; Mais celui-ci a été remplacé par un immense et luxueux complexe hôtelier, qui porte le même nom. Notre héros n'y retrouve pas le souvenir de Kiki, une amante de passage aux jolies oreilles mais il rencontre une jolie réceptionniste à lunettes, aussi étrange qu'il l'est lui-même: Yuminoshi. Tous deux se retrouvent dans un étage fantôme de l'hôtel, où l'obscurité est totale. Il y règne un homme mouton qui suggère au narrateur de passer sa vie à danser, quelles que soient les circonstances...
Si l'on ajoute à ces deux personnages Gotanda, un acteur à la mode qui était au lycée avec notre héros et Yuki, une fille de treize ans qui a des parents célèbres (une grande photographe et un romancier) , mais vit étrangement seule, on a la teneur de ce livre. Qu'en est-il des amours mortes ou vivantes? Qu'en est-il des liens familiaux ? Qu'en est-il de jeunes filles bien réelles mais qui disparaissent ? Qu'en est-il d'un acteur qui a beaucoup de succès mais qui estime n'avoir rien et se noie? Et qu'en est-il de ces hôtels où, soudain, les murs sont poreux et on passe d'un univers à un autre ? Notre jeune journaliste semble bien, à la fin du roman, faire corps avec une réalité dont il doutait et renouer avec l'amour...
Voici un roman à multiples facettes, un roman au charme magnétique où onirisme et réalité se mêlent adroitement. Je n'avais pas lu Murakami depuis longtemps et ai retrouvé avec bonheur son univers; je me suis abandonnée à celui-ci sans chercher nécessairement toutes les clés.


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À force de rêver de l'hôtel du Dauphin, le narrateur de ce roman décide de retourner dans la ville de Sapporo, y percevant l'appel désespéré d'une jeune femme. C'est avec elle, Kiki, qu'il a séjourné quelques semaines dans cet hôtel sordide. Vivant d'articles de commande et de relations occasionnelles, il peut se permettre de tout lâcher pour comprendre ce que son rêve lui a révélé. Arrivé sur place il constate que l'hôtel a été remplacé par un complexe hôtelier de grand luxe où il fera la rencontre de Yumiyoshi, une hôtesse d'accueil, et de Yuki, une adolescente oubliée par sa mère. Il y découvrira également un étage fantôme, où il fera la connaissance de l'homme-mouton qui l'aidera dans sa recherche de Kiki. Chacune de ses rencontres, liées les unes aux autres, l'amènera à une quête de soi, en marge d'une société japonaise alors en pleine croissance affairiste, industrielle et financière. Et tout cela avec l'aide de call-girls et de nombreuses boissons alcoolisées. Mais le roman traîne souvent en longueur, le personnage ne faisant que boire et attendre que les choses se décantent. Si les portraits des personnages marginaux que rencontrent le narrateur sont intéressants, et notamment celui du compagnon d'Ame, le poète manchot et attentionné, loser magnifique, l'ensemble manque de rythme et de folie pour que j'adhère pleinement au récit. Avec un personnage principal finalement assez transparent et peu sympathique. Lecture agréable, mais sans plus.
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