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EAN : 9782356414892
1390 pages
Audiolib (12/09/2012)
  Existe en édition audio
4.21/5   5676 notes
Résumé :
Kafka Tamura, quinze ans, fuit sa maison de Tokyo pour échapper à la terrible prophétie que son père a prononcée contre lui. Nakata, vieil homme simple d'esprit, décide lui aussi de prendre la route, obéissant à un appel impérieux, attiré par une force qui le dépasse. Lancés dans une vaste odyssée, nos deux héros vont croiser en chemin des hommes et des chats, une mère maquerelle fantomatique et une prostituée férue de Hegel, des soldats perdus et un inquiétant colo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (552) Voir plus Ajouter une critique
4,21

sur 5676 notes
« Kafka développe avec angoisse et ironie un univers labyrinthique et absurde » (extrait de Babelio)

Que vient faire ce grand écrivain tchèque dans ce roman japonais ???

Eh bien, il y a tout à fait sa place !
En effet, le héros a choisi le prénom de Kafka en fuguant de la maison paternelle, et il l'a bien choisi ! Ce jeune Japonais de 15 ans porte en lui une blessure qui le brûle : sa mère l'a abandonné à 4 ans, et son père lui a prédit qu'il le tuerait et qu'il coucherait avec sa mère !
Nous voilà entrainés à la suite de Kafka dans sa fuite, et surtout dans sa recherche de lui-même. Et c'est un véritable labyrinthe ! Et c'est une véritable tragédie grecque !
Rien ne nous est épargné :
Il y a …des meurtres….commis réellement ou pas ? En effet, si l'on rêve qu'on tue, est-ce qu'on tue réellement ? La responsabilité commence-t-elle dans les rêves, dans l'imagination ? La culpabilité est-elle inévitable ?
Il y a …la torture de chats…insoutenable ! Ces chats si sages, pourtant, qui savent comment marche le monde.
Il y a…l'expérience de la solitude, dans la forêt profonde
Il y a … la communion profonde avec la Nature
Il y a …une incursion à l'entrée du Royaume de la Mort
Il y a…un amour fou avec …la mère ?

Il y a …des tas d'autres choses encore, qui me bouleversent, qui me traversent, qui me secouent de fond en comble !
Tout est métaphore dans ce roman. Tout est absurde, tout est ironie et pourtant tout est si vrai !

Je n'oublie pas l'autre personnage important : Nakata, un vieil homme qualifié d'anormal parce que suite à un fait mystérieux passé pendant son enfance, il a perdu totalement la mémoire, ne sait plus lire ni écrire.
Et pourtant ! Qu'il est sage ! Que j'aurais aimé faire quelques pas avec lui ! Un jeune chauffeur de camions, ex-voyou, lui, l'a fait ! Il a compris cette douceur, cette acceptation de la fatalité et en même temps cette lutte contre le mal qui habite le vieil homme. Ce sont des passages tendres et comiques à la fois : la confrontation du bon sens du jeune homme et la sage folie du vieil homme…
J'ai beaucoup acquiescé, j'ai beaucoup souri, aussi, dans ces moments-là !

Et les personnages « secondaires » ! Quelle force ! Quelle puissance dans leur aide !
Et les autres thèmes : la lecture, la musique, la peinture…qui nous rapprochent de la Beauté !

C'est difficile de conclure un roman pareil ! Il me hante, c'est certain ! J'aurais voulu encore dire plein de choses, citer plein d'extraits si percutants (petit clin d'oeil à mon amie Guylaine et ses scotchs colorés ;)
J'aurais voulu….Non, je dois m'arrêter. M'arrêter et savourer, encore, « Kafka sur le rivage », que je porterai en moi longtemps !
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Le jour de ses quinze ans, Kafka (c'est le nom qu'il s'est choisi) décide fuguer. Il n'en peut plus de vivre auprès d'un père, sculpteur renommé, qui ne s'intéresse pas à lui et l'a accablé d'une terrible prédiction : un jour Kafka tuera son père, violera sa mère et sa soeur. de quoi plomber un avenir…
Il organise son départ de Tokyo, choisissant la destination avec soin : un endroit où il fait beau pour ne pas avoir trop de vêtements à emporter. Il prépare très bien son voyage, réserve ses billets, prévoit hôtels, nourriture bref tout ce dont il peut avoir besoin.
Pendant le voyage, il fait la connaissance d'une jeune femme, Sakura, qui se dirige aussi vers Takamatsu et il finit par arriver dans une bibliothèque privée appartenant à une riche famille, la bibliothèque Komura. Il se lie avec Oshima, femme qui préfère être un homme et Melle Saeki la directrice.
Pendant ce temps, Nakata, un vieux monsieur, qui a été victime d'un coma quand il était enfant et a perdu définitivement sa mémoire alors qu'il était doué à l'école et a gagné sa vie en faisant des meubles, lui-aussi quitte Tokyo pour se rendre vers Takamatsu en faisant du stop ce qui lui permet de rencontrer yoshimli avec qui il va partager une belle expérience.
Leurs destins vont-ils se croiser ?

Ce que j'en pense :

Ce livre est extraordinaire. Il s'agit du parcours initiatique d'un adolescent en fugue et son voyage dans différents mondes, le notre certes mais aussi la mort, l'imaginaire. On aborde les considérations psychologiques avec l'Oedipe, l'inceste. On voyage dans ses différents mondes avec un plaisir sans fin, car on est embarqué dans l'histoire comme dans une croisière sur le Titanic : on ne sait jamais si on est dans le réel ou dans l'imaginaire, mais on est tellement happé par le récit qu'on ne se pose pas de questions, on tourne les pages entraîné par la plume magique de Murakami, accompagnant Kafka et Nakata dans leur voyage initiatique.
C'est le premier roman de Murakami que je lis et j'ai adoré le style, l'imagination fertile de l'auteur et son amour pour les arts (littérature, musique, mais aussi peinture, car un tableau va jouer un rôle important). L'écriture est magique, car dès que l'on a commencé à lire le roman, il est impossible de s'en détacher malgré tout ce qui peut arriver, malgré les situations ubuesques et improbables, on avance dans la lecture, comme hypnotisé, victime d'un charme. La trame du roman est très structurée, l'auteur ne se disperse pas.

Je pourrais parler de ce livre pendant des heures tellement il m'a bouleversée, fait perdre mes repères, poser des tas de questions. Où commence l'imaginaire ? Une découverte magnifique, un vrai coup de coeur et un désir impatient d'entamer un autre roman de l'auteur. Je connais assez peu la littérature japonaise. J'ai bien aimé KAWABATA, j'aime les contes Zen, et les mangas de Fuyumi SORYO et j'ai rajouté à ma PAL une jeune auteure Yoko OGAWA avec deux de ses livres: "la mer" et "les abeilles".
Tout conseil concernant la littérature japonaise sera le bienvenu et donc, qui sait peut-être un challenge Japon ?
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Lors d'une soirée riche en échanges, un ami m'a parlé avec enthousiasme de « Kafka sur le rivage ». Je n'avais pas bien saisi le lien entre Kafka et le thème du livre, mais je me le suis procuré. Il est resté quelques mois sur une étagère (630 pages, c'est un pavé qui mérite que l'on dispose d'une période pendant laquelle on aura un peu de temps à lui consacrer).
C'est fait : je l'ai lu ! Et presque d'une traite.
Il est vrai que l'on met un peu de temps à entrer pleinement dans cet univers, que l'on se demande où on nous emmène ; mais une fois que l'on est dedans, on a du mal à en sortir.

Kafka Tamura (C'est le prénom qu'il s'est choisi), un jeune fugueur de quinze ans va s'éloigner de chez son père, dans un but qu'il ne connaît pas lui-même (sauf qu'il a été abandonné par sa mère à l'age de quatre ans). A cette occasion, il fera de nombreuses rencontres qui vont le faire « grandir », évoluer. Il y a :
- Sakura, une rencontre amicale, féminine, généreuse et accueillante.
- Oshima ; bibliothécaire qui va grandement faciliter la vie de Kafka pendant saa fugue
- Mlle Saeki, directrice de la bibliothèque, belle et mystérieuse,
Et le récit de son périple comme l'histoire sont illustrés par de nombreux personnages secondaires qui ont tous quelque chose à dire, soit en termes de philosophie / sagesse, soit pour épaissir encore certains mystères que frôle ce récit. Ces personnages sont, pour les principaux :
- Nakata, un vieillard rescapé d'on ne sait quelle catastrophe et qui a perdu la mémoire. – Il ne sait plus lire ni écrire –et se considère comme peu intelligent. En réalité, dans la simplicité de ses raisonnements, c'est un sage.
- Hoshimo, un chauffeur routier qui rencontrera Nakata, participera à sa quète et dont la vie va changer à ce contact.

Le style est agréable et la structure du livre, consacrant un chapitre alternativement à chaque personnage entretient encore le suspens et l'envie de découvrir la suite.
Chacun des personnages se voit plus ou moins manipulé soit par ses rencontres, soit par l'ombre d'un destin qui guide leur aventure, qu'ils le veuillent ou non. Chacun d'eux est conduit, par différents moyens, vers un lieu à un moment donné pour y rencontrer sa propre vérité.

Ce livre est empli de métaphores, de poésie et de fantastique, emprunt de culture Japonaise (Politesse, humilité, lenteur, précautions oratoires, etc.)
Et pourtant le style est simple, la lecture est aisée et prenante.

Bref, vous l'aurez compris : J'ai adoré ce livre et je ne l'ai pas rangé trop loin, tant il est évident que l'on ne pourra que le relire un jour !
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♫Tout le monde veut devenir un cat
Parce qu' un chat quand il est cat
Retombe sur ces pattes♫
José Germain- 1970 -

Johnny Walken, tue les chats, sans haine,
leur coupe la tête, leur prend leur âme
Nakata parle aux chats, les chats teignes
et les biens portants, c'est un chat-man...
Kafka, est jaloux du garçon du tableau
sussure à son oreille le garçon nommé Corbeau
Comment peut-elle encore lui plaire
Lui et ses quinze printemps, elle en hiver !?
Egaré dans le labyrinthe du temps
a vau-l'eau il avance dans le tourment
perdu sur les limbes entre la vie et la mort
dans un no-man's land, chat ria et chat dort
il se cache chat l'eau, chat virage
chat rit varie, chat- loupage
Et Kafka revenu sur le rivage...
Un chat-soeur sachant cha c'est :
Chat qui rat tatouille
à rat qui rit, Murakami, ça chat touille...

Devenir un fantôme de son vivant !
ce qu'on nomme surnaturel
n'est autre que les ténèbres de notre propre esprit. p305
merci pour cet éclairage Mr Haruki Murakami





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Onirique et métaphorique. Voilà les maitres mots de ce livre, un de mes livres préférés, relu à dix-huit ans d'intervalle. Je l'ai encore plus apprécié. Comme si les métaphores me parlaient davantage, comme si les années, l'âge, m'apportaient un angle de lecture différent. Je le relirai dans vingt ans, je suis certaine que la magie de Murakami opèrera encore, toujours, et surtout différemment. N'est-ce pas le propre d'un chef d'oeuvre que de nourrir son lecteur toute sa vie durant, de lui apporter des clés chaque fois différentes ? de le faire grandir ?

Nous suivons la quête de deux personnages au destin entremêlé. Un jeune adolescent de quinze ans et un vieux monsieur un peu simple, du moins qualifié d'anormal parce que suite à un fait mystérieux passé pendant son enfance, il a perdu totalement la mémoire, et ne sait plus lire ni écrire. le premier cherche à fuir une prédiction, le second à retrouver la moitié de son ombre (celle-ci est en effet deux moins sombre qu'une ombre normale). Ce faisant il va permettre de fermer la pierre de l'entrée, celle qui a été ouverte il y a des décennies et qui a provoqué un certain nombre d'événements. Dis comme ça, ça parait étrange...Il faut en effet se laisser aller, lâcher prise et accepter d'être embarqué dans une quête délicieusement onirique, presque magique, en tout cas captivante.

Mais ce livre, où les chats parlent, où des pluies de sardines et de sangsues peuvent se produire, n'est pas qu'un livre un peu étrange, non, c'est une vraie tragédie grecque, vécue par un adolescent japonais au nom d'emprunt tchèque de Kafka. le héros a en effet choisi le prénom de Kafka, qui signifie corbeau en tchèque, en fuguant de la maison paternelle. Il porte en lui une blessure vive qui le consume : sa mère l'a abandonné à 4 ans, est partie de la maison familiale avec sa soeur adoptive, et son père lui a prédit qu'il le tuerait et qu'il coucherait avec sa mère et sa soeur ! Sa fugue a pour but de fuir cette prédication. Oui, une tragédie. Au sens grec du terme. Quand ce ne sont pas les hommes qui choisissent leur destin mais le destin qui choisit les hommes. Comme le sent le jeune Kafka : « J'ai l'impression de suivre un chemin que quelqu'un d'autre a déjà tracé pour moi. J'ai beau essayer de comprendre, cela me semble complètement inutile. Ou plutôt, j'ai l'impression que plus je fais d'efforts pour comprendre, moins je suis moi-même. Comme si je m'éloignais de ma propre trajectoire. C'est terrible comme sensation. Cela me fait peur. Rien que d'y penser, je me sens pétrifié ».

Malgré cette distanciation, meurtre il y a. Malgré la fuite et l'isolement, accouplements il y a. Sont-ils vraiment commis ? Si l'on imagine tuer ou si l'on tue en rêve, est-ce qu'on tue réellement ? Emprunte-t-on des circuits particuliers aux rêves pour aller tuer dans la vie réelle ? Si l'on fait le rêve de faire l'amour avec une femme non consentante, a-t-on réellement abusé cette personne ? La responsabilité commence-t-elle dans l'imagination ? Comment ce qu'on fait en imagination laisse des traces dans la vie réelle ? Quel rôle joue vraiment le vieil homme, Nakata, quant à la réalisation de ces événements ? Est-il un « esprit vivant ». Comme l'explique Oshima à Kafka: « Je ne sais pas comment cela se passe dans les autres pays mais au Japon, ce genre de phénomène est fréquemment évoqué dans la littérature. le Dit du Genji, par exemple, regorge d'esprits vivants. À l'ère Heian, ou en tout cas dans le monde mental de cette époque, les gens pouvaient se transformer dans certains cas en esprits vivants. Ils avaient alors le pouvoir de se déplacer dans l'espace et d'accomplir ce qu'ils souhaitaient ». Nakata est-il l'instrument du destin permettant d'accomplir la prédiction et de faire en sorte que les choses redeviennent normales ?


Ce roman, c'est également l'expérience de la solitude du jeune Kafka, sa communion avec la nature. C'est la quête entremêlée de Nakata considéré par la société comme simple et handicapé, le seul qui sait vivre l'instant présent, terriblement attachant, d'une sagesse profonde et touchante.

Comme souvent dans les romans de Murakami, il y a la présence des chats, leur importance, leur connaissance du monde. Il y a ces gestes du quotidien, comme se laver, ranger, laver, cuisiner, ces petits gestes accomplis avec conscience qui font la grandeur et l'honneur d'une personne, qui la structurent. Il y a ces personnages secondaires si beaux et attachants. Comme toujours dans ses livres, nous retrouvons la présence de la musique, du jazz, en passant par Prince et Radiohead, jusqu'à la musique classique (le fameux morceau "A l'archiduc" de Beethoven) et des références cinématographiques, notamment Truffaut, que l'auteur semble tant aimer.
Et sinon, sinon, tout est métaphore, tout est clé, tout est rêve et imagination. C'est magique et vous entraine loin.

Ce livre me bouleverse toujours autant, me parle, me fait écho. Il est pour moi un livre repère, un guide. Un livre que j'amènerais sur une île déserte.

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critiques presse (2)
Lecturejeune
01 juin 2006
Lecture jeune, n°118 - Pour partir à la recherche de ses origines, alors qu’il a été abandonné tout petit par sa mère, le jeune Kafka Tamura quitte la maison de son père haï. Sa fugue le conduit « en aveugle » vers le sud, tout au bout d’une presqu’île. Il trouve un havre de paix dans une bibliothèque particulière, s’enivrant de la lecture des classiques du matin au soir. Là, il est pris en amitié par un bibliothécaire androgyne et tombe sous le charme de la maîtresse des lieux, la mystérieuse Saeki, toujours amoureuse du jeune amant qu’elle perdit il y a vingt ans. Kafka échappera-t-il à l’imprécation selon laquelle il tuerait son père, coucherait avec sa mère et sa soeur ? La route de ce jeune OEdipe, premier narrateur de l’histoire, va croiser celle d’un mystérieux personnage, le vieux Nakata — qui parle de lui à la troisième personne —, retardé mental depuis un étrange traumatisme. Durant la guerre, au cours d’une excursion scolaire, des enfants exposés à un rayonnement ont été plongés dans le coma, dont seul Nakata a gardé des séquelles. Depuis, il ne communique plus avec les humains, mais avec les chats dont il est capable de comprendre et de parler le langage. Le récit se déroule au gré de la quête de vérité des personnages. Des énigmes subsisteront, même si chacun, comme dans la tragédie grecque, sera allé au bout de sa destinée. Une profusion de curieux personnages entourent les protagonistes : ils jouent le rôle d’adjuvants du récit, sans vraisemblance psychologique. Pourtant la magie opère, à travers ces deux histoires alternées, et le lecteur sera porté par ce magnifique roman initiatique, au terme duquel Kafka aura atteint l’âge adulte. _ Cécile Robin-Lapeyre
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Lecturejeune
01 juin 2006
Lecture jeune, n°118 - Il s’agit bien d’un roman initiatique dans lequel le héros nous guide. Pour ce faire, il emprunte des pistes complexes et explore des univers opposés : onirique, voire parfois surnaturel (pluie de maquereaux, dialogues avec des chats…), spirituel mais aussi réaliste puisqu’il est question de survivre à tout un périple. Riche et captivant, servi par une écriture fine et expressive, ce portrait d’adolescent rebelle et opiniâtre nous touche profondément. La puissance narrative de Murakami et le traitement original de la thématique en font un texte remarquable… et inclassable. _ Michelle Charbonnier
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (683) Voir plus Ajouter une citation
Nous perdons tous sans cesse des choses qui nous sont précieuses... des occasions précieuses, des possibilités, des sentiments qu'on ne pourra pas retrouver. C'est cela aussi vivre. Mais à l'intérieur de notre esprit - je crois que c'est à l'intérieur de notre esprit - il y a une petite pièce dans laquelle nous stockons le souvenir de toutes ces occasions perdues. Une pièce avec des rayonnages, comme dans cette bibliothèque, j'imagine. Et il faut que nous fabriquions un index, avec des cartes de références, pour connaitre précisément ce qu'il y a dans nos coeurs. Il faut aussi balayer cette pièce, l'aérer, changer l'eau des fleurs. En d'autres termes, tu devras vivre dans ta propre bibliothèque.
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Parfois, le destin ressemble à une tempête de sable qui se déplace sans cesse. Tu modifies ton allure pour lui échapper. Mais la tempête modifie aussi la sienne. Tu changes à nouveau le rythme de ta marche, et la tempête change son rythme elle aussi. C'est sans fin, cela se répète un nombre incalculable de fois, comme une danse macabre avec le dieu de la Mort, juste avant l'aube. Pourquoi ? parce que la tempête n'est pas un phénomène venu d'ailleurs sans aucun lien avec toi. Elle est toi même et rien d'autre. elle vient de l'intérieur de toi. Alors la seule chose que tu puisses faire, c'est pénétrer délibérément dedans, fermer les yeux et te boucher les oreilles afin d'empêcher le sable d'y entrer, et la traverser pas à pas. Au coeur de cette tempête, il n'y a pas de soleil, il n'y a pas de lune, pas de repère dans l'espace ; par moments, même, le temps n'existe plus. Il n'y a que du sable blanc et fin comme des os broyés qui tourbillonne haut dans le ciel. Voilà la tempête de sable que tu dois imaginer.
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Dans le banquet de Platon, Aristophane affirme que dans le monde mythique d'autrefois il existait trois types d'êtres humains. [...] Autrefois, les êtres humains ne naissaient pas homme ou femme, mais homme/homme, homme/femme ou femme/femme. Autrement dit, il fallait réunir deux personnes d'aujourd'hui pour en faire une seule. Tout le monde était satisfait comme ça, et la vie se déroulait paisiblement. Mais Dieu a pris une épée et à coupé tous les êtres en deux bien nettement, par le milieu. Résultat :il y a eu des hommes et des femmes, et les gens se sont mis à courir dans tous les sens toute leur vie à la recherche de leur moitié perdue.
P52
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La plupart des gens dans le monde ne veulent pas vraiment être libres. Ils croient seulement le vouloir. Pure illusion. Si on leur donnait vraiment la liberté qu'ils réclament, ils seraient bien embêtés. En fait, les gens aiment leurs entraves.

Moi aussi j'aime mes entraves. Jusqu'à un certain point, naturellement. Jean-Jacques Rousseau disait que la civilisation naît quand les gens commencent à construire des barrières.

Finalement, dans ce monde, ce sont ceux qui dressent les plus hautes barrières qui survivent le plus sûrement, et si tu nies ce principe, tu seras refoulé vers la brousse.
Commenter  J’apprécie          900
Parfois, le destin ressemble à une tempête de sable qui se déplace sans cesse. Tu modifies ton allure pour lui échapper. Mais la tempête modifie aussi la sienne. Tu changes à nouveau le rythme de ta marche, et la tempête change son rythme elle aussi. C'est sans fin, cela se répète un nombre incalculable de fois, comme une danse macabre avec le dieu de la Mort, juste avant l'aube. Pourquoi ? Parce que cette tempête n'est pas un phénomène venu d'ailleurs, sans aucun lien avec toi. Elle est toi-même, et rien d'autre. Elle vient de l'intérieur de toi. Alors, la seule chose que tu puisses faire, c'est pénétrer délibérément dedans, fermer les yeux et te boucher les oreilles afin d'empêcher le sable d'y entrer, et la traverser pas à pas. Au coeur de cette tempête, il n'y a pas de soleil, il n'y a pas de lune, pas de repères dans l'espace ; par moments, même le temps n'existe plus. Il n'y a que du sable blanc et fin comme des os broyés qui tourbillonne haut dans le ciel. Voilà la tempête de sable que tu dois imaginer.
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Vidéo de Haruki Murakami
Pierre Földes a choisi d'adapter six nouvelles de l'écrivain Haruki Murakami dans son film d'animation "Saules aveugles, femme endormie". Pour conserver l'atmosphère de fantastique décalé et de mélancolie, Földes enchevêtre les histoires et suit le parcours de quatre personnages après le tremblement de terre et le tsunami qui ont touché le Japon en 2011.
#harukimurakami #littérature #animation
________ Prenez place à La Grande Table pour rencontrer d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrpsBVAaqJ_sANguhpPukaiT ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie
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