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Le Meurtre du Commandeur tome 1 sur 2
EAN : 9782714478382
456 pages
Belfond (11/10/2018)
  Existe en édition audio
4.1/5   1208 notes
Résumé :
Peut-être un jour serais-je capable de faire le portrait du rien. De la même façon qu'un peintre avait été capable de dessiner Le Meurtre du Commandeur . Mais il me faudrait du temps avant d'y parvenir. Je devais faire du temps mon allié.
Quand sa femme lui a annoncé qu'elle voulait divorcer, le narrateur, un jeune peintre en panne d'inspiration, a voyagé seul à travers le Japon. Et puis, il s'est installé dans la montagne dans une maison isolée, ancienne pro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (149) Voir plus Ajouter une critique
4,1

sur 1208 notes
Mais qu'est-ce qui fait que c'est si prenant, si bon de se plonger dans ce roman?

Pas facile de saisir ce qui me plaît tant chez Murakami, c'est quelque chose de subtil, dans l'atmosphère du livre, dans l'écriture, dans les réflexions des personnages... Il y a de la douceur et de la profondeur, de l'humour aussi - L'«Idée» qui prend la forme du Commandeur m'a bien fait rire avec sa drôle de façon de parler (et bravo à la traductrice, Hélène Morita), surprenante et réjouissante, en décalage avec ce que sa dimension fantastique et poétique pourrait faire attendre.
Beaucoup de choses mystérieuses aussi. Des mystères qu'on pourrait qualifier d'ordinaires: Pourquoi la femme du narrateur décide-t-elle de le quitter? Des mystères qui ont leur rôle dans la trame narrative: Pourquoi Tomohiko Amada a-t-il dissimulé son tableau représentant le meurtre du Commandeur dans le grenier? Des mystères poétiques, troublants: Que penser de l'étrange rencontre avec l'homme sans visage du prologue dont le narrateur nous dit: « je savais bien que non, ce n'était pas un rêve. Si c'en était un, ce monde lui-même dans lequel je vivais était également fait de l'étoffe des rêves. »? Et puis il y a les mystères de la création bien sûr - Qu'est-ce qui fait qu' « Une Idée apparaît »? Qu'est-ce que peut bien être cette chose qui tend la main vers l'artiste et appuie sur l'interrupteur caché à l'intérieur pour mettre en route le courant?

Une fois encore c'est bon de se laisser glisser, flotter dans cet univers singulier d'une apparente simplicité, d'une si belle étrangeté qui semble naturelle, qui n'a rien de déroutant tant elle sonne juste et profond. Murakami a une façon bien à lui de tisser le quotidien bien réel et l'invisible qui me charme et m'emporte.
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Le prologue est formidable. Un peintre. Un «  homme sans visage » qui lui réclame un portrait suite à une promesse en lui tendant un talisman en forme de pingouin. Sa «  voix rieuse évoquait le bruit du vent qui résonne comme un creux, du plus profond d'une caverne ». Son non-visage n'est qu'un « brouillard laiteux qui tourbillonnait lentement ». le temps manque au peintre qui n'a pas l'habitude de faire le portrait du rien.

Dès ses premières lignes, je suis irrémédiablement ferrée. Pourtant, les chapitres s'égrènent ensuite lentement, s'étirent en de non-événements très banals, dans un style très prosaïque, descriptif et pragmatique, assez loin de l'onirisme habituel de l'auteur.
Le héros, le peintre donc, vient d'être quitté par sa femme, il s'enferme loin du monde dans une maison prêtée par un ami, fils d'un célèbre peintre spécialisé dans le nihonga ( peinture japonaise traditionnelle ), il est en pleine crise existentielle et n'a plus le goût de peindre.
Cela peut sembler convenu ainsi résumé mais tout l'art de Murakami est de glisser dans cette platitude apparente de petites touches mystérieuses qui t'intriguent d'abord, puis t'hypnotisent dans l'attente de la prochaine, forcément plus grandes.
le talent pour faire surgir l'inquiétante étrangeté du quotidien est formidable, jusqu'à te faire accepter comme «normaux» les événements irrationnels qui surviennent : une clochette bouddhiste qui tinte la nuit à heure fixe, une chambre de pierre souterraine, une créature histrionnante qui semble sortie directement du tableau découvert caché par le héros, le Meurtre du Commandeur.
L'intrigue est à tiroirs, comme un conte initiatique qui prendra plusieurs chemins. Pêle-mêle, il y a des références au mythe de Dom Juan, à Alice au pays des merveilles, à Gatsy le magnifique ( en la personne du mystérieux voisin Menshiki, richissime qui sert de détonateur à l'histoire ) , à l'Anchsluss de 1938 ( !!! ). Plus l'intrigue avance, plus l'irruption du fantastique imprègne le récit et donne sens aux événements tout en alimentant un mystère qui ne fait que grandir et saisir le lecteur, la frontière entre réel et irréel se brouillant de plus en plus.
Les passages décrivant le peintre en action, en train de réinventer son art, de se réinventer lui, de retrouver le goût des choses, sont superbes, on voit le tableau prendre vie sous nos yeux.
Et que dire des magnifiques titres donnés aux chapitres : «  le clair de lune illuminait toute chose », «  la curiosité ne tue pas seulement les chats », «  l'instant où présence et abse,ce sllaient se mêler », « Franz Kafka aimait les routes en pente ».

Le second tome me tend les bras. Même si ce n'est pas le choc ressenti à la lecture de Kafka sur le rivage ou de la ballade de l'impossible, difficile d'abandonner le héros et surtout l'incroyable personnage de Menshiki que l'on sent empli de secrets enfermés dans une petite boîte elle-même fermée à
clé et profondément enterrée à un endroit que lui seul connaît.
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En se mariant, le narrateur avait mis de côté ses prétentions artistiques pour devenir un portraitiste sans génie mais de bonne renommée. Mais quand, après six ans d'un mariage sans nuage, sa femme lui annonce qu'elle veut divorcer, il quitte Tokyo et se lance sur les routes pour une errance existentielle qui le mène à Odawara dans la maison d'un peintre célèbre, Tomohiko Amada, spécialiste de la peinture traditionnelle japonaise, le nihonga. Là, sur une montagne isolée de tout et de tous, il décide d'abandonner les portraits pour se consacrer à l'art véritable. Difficile pourtant de trouver l'inspiration, d'autant que le cours paisible de sa nouvelle vie est perturbé par des phénomènes étranges. C'est d'abord un voisin mystérieux, Wataru Menshiki, qui lui commande son portrait contre une somme exubérante. Mais le visage de l'homme semble insaisissable et reste hermétique à son pinceau. C'est ensuite une cloche qui le réveille toutes les nuits à heure fixe, un son d'outre-tombe qui attise autant sa curiosité que son inquiétude. C'est aussi un tableau peint par Amada caché dans le grenier, intrigant car complètement différent de l'ensemble de son oeuvre. Et puis surtout c'est cette idée qui apparaît, au sens concret du terme. Une idée qui s'est incarnée dans un petit personnage issu du tableau et que lui seul peut voir...

Murakami serait-il intouchable ? A peine son livre paru, les critiques dithyrambiques se sont multipliées, tout le monde crie au chef-d'oeuvre, évoque un livre hypnotique, envoûtant...Parce qu'il est de bon ton d'encenser le prolifique auteur japonais ou parce que c'est tout simplement le cas ? Un peu des deux sans doute. On n'ose égratigner le mythe parce qu'on aime sa plume, son univers onirique. Et il y a dans le meurtre du commandeur cette touche si personnelle, ces descriptions précises du monde qui est le nôtre, puis ce lent glissement vers l'incertain, l'imprévu, l'incongru, le surnaturel. Il n'en demeure pas moins que ce n'est pas un chef-d'oeuvre. le rythme est lent, le style répétitif jusqu'à l'ennui et on peine à croire à la métaphore de l'idée incarnée dans un personnage du tableau d'un grand maître japonais. D'un autre, on aurait même pu dire que ça frôle le ridicule...
Et pourtant, on s'y laisse prendre ! Quitte à s'ennuyer, autant le faire sur les routes japonaises ou dans une maison isolée sur la montagne, avec la musique de Mozart en fond sonore et en compagnie d'un peintre qui renaît de ses cendres.
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Le Meurtre du commandeur est un tableau, extrait de sa cachette dans les combles d'une maison que le narrateur occupe à titre gracieux, en l'absence de son propriétaire, perdu dans les affres de la sénilité, lui qui fut un peintre célèbre. Les deux ont pour point commun d'être peintres. C'est la fin de son mariage qui a provoqué chez notre conteur (très bavard et peu avare de détails de sa vie quotidienne) cette volonté d'isolement dans la montagne.

Après un début laborieux, encombré d'éléments insignifiants et inintéressants (le nombre de sucre dans le café ou la description détaillée du remplissage d'un verre de whisky, incluant l'ouverture du frigo pour en extraire les glaçons!), le fantastique auquel l'auteur nous a accoutumé surgit, en pleine nuit à la faveur d'un son de clochette mystérieux. C'est le début de manifestations de plus en plus étranges, qui n'étonnent pas plus que cela notre portraitiste dont l'inspiration semble s'éveiller à la faveur de la rencontre d'un voisin singulier.

Le titre est ambigu : comme si l'auteur voulait nous faire part lui aussi de sa peine à la trouver, cette idée. Certes cette idée sera un personnage à part entière au cours du roman. Il n'en est pas moins que le doute subsiste.

L'intérêt de récit réside dans l'analyse de la naissance d'une oeuvre picturale, qui prend vie à partir de quelques traits tracés sur une toile blanche pour devenir une entité autonome, qui raconte sa propre histoire et que découvre l'artiste lui-même.


Bien entendu, ce tome appelle la lecture du deuxième, puisqu'on a là que la mise en place des personnages et l'intrigue surnaturelle ne fait que s'ébaucher. Rendez-vous donc au deuxième opus.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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« le Meurtre du Commandeur » invite à suivre les pas d'un peintre en mal d'inspiration. Lorsque sa femme lui annonce qu'elle veut divorcer, il quitte Tokyo et trouve refuge à Odawara, dans la maison de Tomohiko Amada, célèbre peintre japonais, grand spécialiste de la peinture traditionnelle japonaise, le nihonga. C'est là, isolé de tous au sommet d'une montagne, que Wataru Menshiki, un homme riche et mystérieux, lui propose une somme exubérante pour exécuter son portrait…

Si, a priori, il ne se passe pas grand-chose tout au long des 450 pages de ce premier volet, que le rythme est particulièrement lent et que le style s'avère descriptif et répétitif, Haruki Murakami parvient tout de même à nous tenir en haleine. À l'instar de nombreux auteurs nippons, il parvient à restituer des émotions profondes en capturant avec brio les silences et les non-dits, ces petites choses insignifiantes du quotidien, qui font tout le sel de la vie. Sans parler de sa capacité à décrire avec grande justesse le processus de la création artistique, comme si chaque tableau prenait vie sous nos yeux tout en dévoilant la nature profonde du créateur et de son sujet.

Puis, il y a cette touche de surnaturel, ces phénomènes étranges intégrés au réel avec un naturel presque déstabilisant. de cette clochette bouddhiste qui tinte dans la nuit à cette idée qui prend forme sous les traits d'un petit personnage grotesque, en passant par ce tableau dissimulé dans le grenier ou cet homme sans visage qui réclame son portrait dès le prologue, Haruki Murakami entretient le mystère, donnant envie de découvrir la suite au plus vite.

Finalement, il y a cette capacité à brosser des personnages intrigants et hauts en couleurs, que les lecteurs auront du mal à abandonner en fin d'ouvrage. du narrateur au charismatique Wataru Menshiki, en passant par le petit commandeur ou le mystérieux inconnu à la Subaru blanche, les personnages de Murakami captivent du début à la fin.

Alors oui, il est assez frustrant de constater que les 450 pages de ce premier volet ne sont finalement qu'une mise en place, mais c'est l'envie de s'attaquer immédiatement à la suite qui l'emporte finalement haut la main.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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critiques presse (2)
Bibliobs
21 novembre 2018
Murakami se montre, en somme, de plus en plus nippon par le style, le rythme et la couleur des âmes qu'il décrit. Simple, voire terne. Voire tiède. Voire fade. Simple et lent et silencieux – mais n'est-ce pas justement ce qui fait la beauté de cette œuvre que l'on ne saurait juger à l'aune des critères habituels?
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
22 octobre 2018
Son nouveau roman, « Le Meurtre du Commandeur », histoire fantastique d’un peintre en mal d’inspiration, se double d’une belle réflexion sur les ressorts de la création artistique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (112) Voir plus Ajouter une citation
Mais le visage qui était réfléchi là, le mien, ce n'était que l'autre moitié de moi, une moitié hypothétique qui, à un certain moment de ma vie, avait bifurqué. Celui qui était là, c'était le moi que je n'avais pas choisi. Ce n'était même pas un simple reflet.
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Tout en examinant mon reflet, je m'imaginais peindre mon propre portrait. Si je le faisais, quelle image de moi dessinerais-je ?
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La frontière entre réel et irréel, plan et relief, substance et représentation devenait plus incertaine à mesure que je regardais la toile.
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Il est impossible de satisfaire sa curiosité sans en accepter les risques.
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J'aimais cet instant. L'instant où présence et absence allaient se mêler.
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Vidéo de Haruki Murakami
Pierre Földes a choisi d'adapter six nouvelles de l'écrivain Haruki Murakami dans son film d'animation "Saules aveugles, femme endormie". Pour conserver l'atmosphère de fantastique décalé et de mélancolie, Földes enchevêtre les histoires et suit le parcours de quatre personnages après le tremblement de terre et le tsunami qui ont touché le Japon en 2011.
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