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3,9

sur 1470 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Roman de la mélancolie, du temps passé qui ne reviendra jamais, de l'introspection, avec une pointe de fantastique beaucoup plus faiblement dosée qu'auparavant, Haruki Murakami s'approche avec « L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage »de ses meilleurs romans sans toutefois les rejoindre.

Je retrouve quasiment le Haruki Murakami d'avant 1Q84 et cela fait du bien (je n'avais pas vraiment été convaincue par cette trilogie).

Tsukuru Tazaki mène à trente-six ans une vie plutôt solitaire. Effacé, persuadé d'être sans couleur ni saveur et de ne rien apporter à personne, il vit dans le traumatisme que son groupe d'amis lui a infligé il y a maintenant plus de seize ans. Après avoir été inséparables durant plusieurs années, ceux-ci ont brutalement fait comprendre à Tsukuru qu'ils ne souhaitaient plus jamais le revoir, sans aucune explication. Etait-ce parce que Tsukuru avait quitté Nagoya pour Tokyo, et commencé à tracer son chemin loin d'eux ? Pour une autre raison ? Quand il fait la connaissance de Sara, poussé par celle-ci qui ne le sent pas aussi impliqué qu'il devrait l'être, Tsukuru décide de partir à la conquête de son passé, et de découvrir le fin mot de l'histoire…

Le roman est donc centré sur la quête initiatique de Tsukuru Tazaki, laquelle le mènera dans ses souvenirs et même hors du Japon (c'est la première fois d'ailleurs, il me semble, qu'un personnage sorte ainsi du cadre japonais), afin d'apprendre à se connaître et à maîtriser la souffrance cristallisée qui fait barrage entre lui et les autres. D'apparence plutôt lisse au départ, Tsukuru Tazaki devient un personnage de plus en plus profond et attachant. Ne serait-ce que par l'image négative qu'il a de lui alors qu'il semble être un homme bien !

Cette recherche identitaire est parsemée de fantastique, de moments tombant dans l'onirisme, procédés chers à Haruki Murakami mais j'ai été surprise de constater que cette fois-ci ces motifs sont un peu trop superficiels et ne sont pas creusés ; laissés trop en retrait, ils semblent n'aboutir donc à rien. C'est dommage car si on sent qu'un lien entre plusieurs de ces passages existe (l'histoire vécue par le père de Haida, le camarade d'université de Tsukuru, et le sort de Blanche, l'une de ses amies de lycée), il n'est pas assez explicite (tout au plus a-t-on quelques lignes, qui je pense sont assez importantes, sur la notion de kechimyaku, soit la « transmission de la foi bouddhique de maître à disciple, et par extension, lien de sang »), ôtant à mon sens une dimension et un certain relief au roman.

Mais la mélancolie qui imprègne le roman, cette souffrance de devoir accepter que le passé ne pourra plus être (re)vécu que dans ses souvenirs, donnent une force et une beauté poignantes à ce roman qui constitue un très beau moment de lecture.
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Au lycée de Nagoya, Tsukuru Tazaki a été le cinquième élément d'une bande harmonieuse de lycéens inséparables . Petite particularité, il est le seul du groupe dont le nom ne comporte pas de couleur, ce qui l'affecte un peu. Il est aussi le seul qui est parti étudier à Tokyo. Mais ils se fréquentent toujours et s'écrivent. Et puis du jour au lendemain, de retour à Nagoya pour les vacances, Tsukuru se retrouve tout seul. Ses amis sont absents et injoignables. Personne ne lui fournit d'explication et lui-même ne pose aucune question. Tsukuru est tellement traumatisé qu'il pense au suicide pendant plusieurs mois. Il refait surface, en gardant sa blessure profondément cachée en lui. Il devient un ingénieur ferroviaire respecté, mène une vie tranquille mais se montre incapable de nouer des relations profondes, amicales ou amoureuses. A 36 ans, il rencontre Sara, de deux ans plus âgée que lui, et il entame avec elle une relation prometteuse. Sans savoir pourquoi, il lui raconte la terrible blessure que ses quatre amis lui ont infligée. Sara, une femme dynamique , le convainc alors d'enquêter sur les raisons qui ont conduit ses amis à l'éjecter de leur groupe. Ce voyage va lui permettre de découvrir la face cachée de ses amis, de faire la paix avec lui-même et de pouvoir, peut-être, reprendre le train de sa vie avec Sara.
A ce récit principal, viennent se greffer d'autres récits secondaires, notamment une obscure histoire de transmission de la foi bouddhique de maître à disciple qui m'a laissée totalement au bord du chemin. Pour moi ces récits viennent boursouffler le roman inutilement. Les rêves érotiques de Tsukuru m'ont également laissée perplexe quant à leur intérêt. En revanche, j'aurais aimé en savoir plus sur Blanche et sur son ami Haida. Mais dans l'ensemble j'ai encore été charmée par l'enchanteur Murakami.
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Etonnant conventionnel pour un roman de Murakami... Je m'attendais à retrouver l'atmosphère surréaliste de Kafka sur le rivage, et mis à part quelques rares passages déstabilisants, rien de bien extraordinaire à l'histoire de ce pauvre Tsukuru qui essaie de renoue avec ses amis du lycée.
Et que dire de cette fin, aussi abrupte que nous laissant pour le moins perplexe... Dommage !
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Les fans d'Haruki Murakami ne peuvent être déçus par ce roman. Il est habité par les thèmes chers à l'auteur : l'amour, la mort, l'amitié, la solitude, le sens de la vie, avec une perception toujours propre au japonais qu'il reste, avant tout. Dans cette histoire, Tsukuru, anti-héros, effectue une sorte de retour sur son passé afin de trouver la relative sérénité qui lui permettra de poursuivre son chemin de vie. Initiatique, le récit s'achève toutefois sans que l'on soit vraiment convaincu de la paix retrouvée. La musique est très présente, comme dans tous les textes de Murakami. Ici, ce n'est pas le jazz des bars de nuit, mais le piano des Années de pélerinage de Liszt, très sombre, qui hante le roman. Haruki Murakami a forcé un peu sur le tragique, et son texte manque de légèreté, à mon avis.
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La couverture

Elle est très simple, sans photo, sans illustration, uniquement six bandes de couleur à droite traversant toute la longueur de la couverture: rouge, jaune, bleu, blanc, gris, noir. Autant de lignes de vie courant sur la couverture...


Le quatrième de couverture

"Depuis le mois de juillet de sa deuxième année d'université jusqu'au mois de janvier de l'année suivante, Tsukuru Tazaki vécut en pensant presque exclusivement à la mort.

A Nagoya, ils étaient cinq amis inséparables. L'un, Akamatsu, était surnommé Rouge; Omi était Bleu; Shirane était Blanche et Kurono, Noire. Tsukuru Tazaki, lui, était sans couleur.

Tsukuru est parti à Tokyo pour ses études; les autres sont restés. Un jour, ils lui ont signifié qu'ils ne voulaient plus jamais le voir. Sans aucune explication. Lui-même n'en a pas cherché.

Pendant seize ans, Tsukuru a vécu comme Jonas dans le ventre de la baleine, comme un mort qui n'aurait pas encore compris qu'il était mort. Il est devenu architecte, il dessine des gares.

Et puis Sara est entrée dans sa vie. Tsukuru l'intrigue mais elle le sent hors d'atteinte, comme séparé du monde par une frontière invisible. Vivre sans amour n'est pas vivre. Alors, Tsukuru Tazaki va entamer son pèlerinage. A Nagoya. Et en Finlande. Pour confronter le passé et tenter de comprendre ce qui a brisé le cercle."



L'histoire

Je pense que le quatrième de couverture est suffisamment long et explicite pour servir de résumé à l'histoire, je vous propose donc de passer directement à ce que j'ai pensé de ma lecture.


Je trouve très difficile de parler de mon ressenti provoqué par les mots de Murakami. C'est toujours assez flou et complexe. Je reste à chaque fois avec l'impression qu'une deuxième lecture minutieuse accompagnée d'une réflexion prolongée serait nécessaire.




Tentons d'être pragmatique.

L'histoire ne m'a pas semblé traîner en longueur même si le suspens n'est pas non plus affolant.

Je n'ai eu aucun mal à rentrer dans le récit et beaucoup à en sortir, comme avec tous les ouvrages de cet auteur. Ici, ce n'est pas que je me sois retrouvée émotionnellement bouleversée, simplement les rouages de mon cerveau n'en finissaient plus de tourner. Murakami ratisse large, c'est toute une vie et ses divers aspects qui peuvent être potentiellement passée à la moulinette de la réflexion, ce n'est pas rien.

Les personnages sont attachants et tous mystérieux.

Voilà pour les points positifs.

Niveau bémol, je dirais que je n'arrive pas à faire le lien entre certains passages de l'histoire et l'histoire dans son ensemble, ce qui m'agace un peu dans le cas de ce livre-ci en particulier. Je ne comprends pas non plus certaines réactions, je trouve dommage que l'auteur n'ait pas creusé plus avant les mécanismes psychologiques des uns et des autres ce qui aurait peut-être rendu l'intrigue moins bancale. J'ajouterais que la fin pourrait en agacer certains, mais il faut sans doute garder à l'esprit qu'il s'agit ici d'un pèlerinage et que le chemin parcouru est sans aucun doute plus important que la fin elle-même.

Un bilan mitigé au final par rapport à l'histoire, mais un livre bourré de réflexions qui en valent la peine.

Retrouvez l'article complet sur mon blog: http://mesmotsenblog.blogspot.be/2015/01/litterature-lincolore-tsukuru-tazaki-et.html
Lien : http://mesmotsenblog.blogspo..
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Avis mitigé pour le premier livre de Murakami que je lis. Je suis partagée : c'est très agréable à lire mais l'histoire ne m'a pas emballée (la vie d'un homme qui cherche des réponses à son passé pour pouvoir enfin poursuivre sa vie). Mon intérêt n'a fait qu'osciller entre moments d'accroche assez intenses et moments d'ennui où j'ai continué de lire mais sans vraiment savoir pourquoi. Je n'ai pas non plus été très convaincue par la psychologie des personnages que j'ai trouvée un peu froide et artificielle. Je reste du coup forcément un peu à distance de leurs ressentis.
J'ai pourtant du mal à dire que je n'ai pas aimé car j'ai l'impression qu'il y a quelque chose là et que, peut-être, je suis passée à côté (une réflexion sur le temps, les choix et le changement…). En tout cas, je ne m'arrêterai à ce livre et j'ai l'intention d'en essayer au moins un autre.
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C'est toujours avec plaisir que je lis Haruki Murakami. Il fait partie de ces écrivains que je retrouve de temps en temps, comme une vieille connaissance dont la fréquentation, même sporadique, suscite immédiatement un sentiment de familiarité et d'apaisement.

A la lecture de ses romans, j'ai souvent tendance, de manière inconsciente, à imaginer ses principaux personnages masculins sous les traits de l'auteur, sans doute parce que la physionomie d'Haruki Murakami exprime une sorte de tranquillité, d'intelligence et d'aptitude à l'introspection qui rappellent la personnalité de ses héros.



Tsuruku Tazaki possède lui aussi ces caractéristiques. Réfléchi, très discret, paisible, il l'est au point de se sentir vide, "incolore", notamment lorsqu'il se compare aux quatre lycéens avec lesquels il formait jadis un groupe d'amis quasi fusionnel, chacun d'entre eux portant un nom de couleur -Blanche et Noire pour les filles, Rouge et Bleu pour les garçons- et affichant une personnalité bien marquée. le nom de Tsuruku signifie "celui qui bâtit". Un nom prédestiné, puisque ce passionné de gares est devenu ingénieur pour une grande compagnie ferroviaire.

Il n'a pas revu ses quatre amis depuis qu'il est parti faire ses études à Tokyo, seize ans auparavant.
Eux sont alors restés dans leur ville d'origine, Nagoya. Un jour, ils lui ont froidement annoncé ne plus vouloir avoir aucun contact avec lui, ce dont il a pris acte sans chercher à en savoir plus, sans contester cette incompréhensible et violente décision. Il en a pourtant profondément souffert, plongeant dans une dépression qui l'a conduit, ainsi qu'il l'exprime lui-même, aux portes de la mort. A l'issue de cette période, il est devenu un autre. Ses yeux se sont emplis de "la lumière d'un homme qui aspire à la paix à l'intérieur de son propre petit espace et qui ne souhaite aller nulle part ailleurs", il a perdu la foi dans les communautés parfaites. Pour survivre, il a adopté une routine bien réglée, faite de petits gestes du quotidien exécutés avec une précision métronomique, s'appliquant à ne se ménager aucun temps libre...

A l'aube de la quarantaine, il vit seul. Son travail lui convient, il est respecté par ses supérieurs, il s'entend bien avec ses collègues. Il a connu quelques aventures avec des femmes qu'il a appréciées, mais il n'a pas trouvé le bon équilibre entre lui et le monde. C'est comme si, en manque d'un lieu intime et sans perturbations, en manque de quelqu'un à qui se confier, il vivait sans exister. Sa solitude, son insignifiance lui laissent penser qu'il n'a rien à offrir aux autres, ni à lui-même.

C'est alors qu'il rencontre une femme, pour laquelle il ressent enfin un véritable attachement. Mais avant de s'engager, il doit résoudre le mystère de cette ancienne rupture qui a laissé en lui un gouffre de tristesse, et l'empêche de s'épanouir.

La trame des romans de Murakami est toujours tissée de connexions diverses, d'histoires annexes, souterraines, s'invitant dans l'intrigue principale, s'y insérant avec souplesse pour former un ensemble harmonieux, même si l'on ne comprend pas toujours comment tient la cohérence de l'ensemble. Il y survient des événements subtilement fantastiques, portés par des personnages secondaires qui disparaissent comme ils sont apparus, laissant en suspens le mystère de leurs histoires singulières, et qui imprègnent le récit d'une tessiture irréelle... de même, les rêves, d'une prégnance qui les rend crédibles, occupent une place importante dans ses histoires, s'immisçant dans la réalité de ses personnages avec la consistance d'une brume persistante, mystérieuse, et vaguement inquiétante.

La violence, le drame, bien que présents, sont toujours nimbés d'une sorte de voile qui en atténue la force, car les héros de Murakami semblent capables d'une prise de distance avec eux-mêmes que l'on dirait induite par une sorte de modestie tacite, acquise par leur conscience instinctive du poids dérisoire de leur existence au regard de l'infinitude du monde. Ils sont ainsi pourvus d'une maturité et d'une ouverture d'esprit qui les amènent à vouloir comprendre les autres avec une ouverture d'esprit qui n'admet ni tabou, ni rejet, et à se colleter avec leur propre intériorité en toute sincérité, même si c'est douloureux...

J'ai retrouvé avec "L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage" tout ce qui fait le charme des romans de Murakami, la musicalité simple et légère, l'atmosphère doucement surnaturelle, les personnages que l'on aimerait avoir comme amis...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Etrange histoire encore une fois.
Avec son style à la fois poétique et fantastique Murakami dévoile la vie de Tzukuru. Il y est question de gare, de trains, de rêves érotiques, d'exclusion, d'amitiés. Sur les liens qui se défont, sur la vie qui s'écoule doucement et sans bruit.
Une jolie balade au Japon.
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"L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinages" m'a laissé un gout d'inachevé ...
Je n'ai pas lu tous les Murakami mais assez, quand même, pour trouver celui-ci largement en dessous des autres.

Pourtant j'ai trouvé le début accrocheur. J'avais plaisir à retrouver l'onirisme de cet auteur.
Puis au fur et à mesure que l'histoire avançait je m'en suis peu à peu désintéressée. J'ai trouvé que l'auteur n'allait pas assez loin dans la psychologie des personnage ainsi je n'ai pas eu le temps de m'attacher au personnage principal.
Les retrouvailles de Tsukuru avec des amis très proches, pas vus depuis plus de 16 ans étaient très (trop) brèves, la relation avec Sara n'est traitée qu'en surface ...
Bref j'ai vraiment eu l'impression de survoler une histoire qui pourtant me promettait de vivre des choses un peu plus fortes.

Je lui ai quand même mis 3 car j'ai malgré tout aimé la première partie du livre et puis ça reste du Murakami, son écriture reste poétique et magique.
Pour quelqu'un qui n'a jamais lu Haruki Murakami je ne lui recommanderais pas de commencer par celui-là, mais plutôt par "Kafka sur le rivage" ou "La ballade de l'impossible"

CHALLENGE ABC 2014/2015
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Murakami semble déjà fatigué: thèmes répétitifs, style moins recherché et donc plus accessible au grand public, loin du superbe auteur de Kafka et de la Chronique.
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