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Pierre-François Garel (Autre)Éditions Thélème (Autre)
EAN : 978B01GQCKM6C
Editions Thélème (30/11/-1)
  Existe en édition audio
3.8/5   1307 notes
Résumé :
K. est amoureux de Sumire, mais celle-ci n'a que deux passions : la littérature et Miu, une mystérieuse femme mariée. Au sein de ce triangle amoureux, chaque amant est un satellite autonome et triste, et gravite sur l'orbite de la solitude. Jusqu'au jour où Sumire disparaît... Les Amants du Spoutnik bascule alors dans une atmosphère proprement fantastique où l'extrême concision de Murakami cisèle, de façon toujours plus profonde, le mystère insondable de l'amour... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (128) Voir plus Ajouter une critique
3,8

sur 1307 notes
Les amants du Spoutnik est le second livre que j'ai lu de Murakami Haruki, juste après mon coup de coeur découverte pour Kafka sur le rivage, en 2006. Je viens de le relire en ce début d'année. Toujours aussi magique.

L'auteur focalise son histoire sur un trio :
- K. le narrateur, instituteur de 24 ans
- Sumire, 21 ans, sa meilleure amie et dont K est amoureux, sans réciproque. Elle écrit sans relâche pour devenir romancière
- Miu, approchant des 40 ans, femme élégante et financièrement aisée dont Sumire est éperdument tombée amoureuse lors de leur rencontre.

Le roman traite donc beaucoup d'amour. Murakami observe comment les sentiments naissent et peuvent perdurer même s'ils ne rencontrent pas de réciprocité. de Tokyo à une petite île grecque, en passant par Rome et la Bourgogne, il nous entraîne dans les méandres des rapports humains. Bien sûr, on retrouve ici aussi ce réalisme magique propre à l'auteur, onirisme à la fois enchanteur et inquiétant qui encadre et induit le comportement des personnages.

De K, on pourrait dire qu'il représente l'homme murakamien par excellence. En effet, il est très solitaire et profondément détaché du reste de la société, en dehors de sa relation avec Sumire. Bon instituteur, il reste néanmoins sur les marges. Avec les femmes, s'il ressent du désir et couche avec certaines, ça ne va pas plus loin que l'acte sexuel. Pas d'engagement de sa part, bien qu'il réfléchisse beaucoup à son cas et à sa solitude, sans pouvoir ou être capable de changer les choses. Seule Sumire a percé sa carapace et lui permet de ressentir de vrais sentiments. D'une certaine façon, K préfigure le Tengo de 1Q84, également enseignant et se contentant de rapports sexuels bimensuels avec une femme mariée plus âgée.

Quant à Sumire, son personnage offre un point de vue intéressant sur le travail d'écrivain en devenir. Des trois, c'est elle la plus "vivante", K étant dans sa carapace et Miu ayant subi un traumatisme qui l'a laissée diminuée.

Les amants du Spoutnik est un des plus courts romans de Murakami mais où se posent plusieurs éléments qui deviendront les caractéristiques de son écriture. Cette relecture m'a permis de mieux apprécié l'histoire et de savourer la poésie qui s'en dégage.
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Une fois de plus, je n'ai pas été déçue par l'écriture de Haruki Murakami. Je crois d'ailleurs que ce dernier est l'auteur japonais que je préfère et c'est d'ailleurs pour cette raison que j'achète ses ouvrages sans même prendre le temps de lire la quatrième de couverture.

Ici, l'histoire est celle d'un jeune homme, K., le narrateur, professeur des écoles et de celle qui l'aime plus que tout secrètement (sans pour autant que celle-ci lui rende en retour bien qu'elle le considère comme un être très cher mais vers lequel elle ne ressent aucune attirance physique), Sumire, de deux ans sa cadette et qui a abandonné l'université afin de se consacrer pleinement à sa passion et à son rêve : écrire des romans ! le narrateur est l'ami le plus proche de celle-ci et son confident également. Aussi va-t-il être blessé lorsque Sumire se confiera à lui en lui apprenant qu'elle est tombée éperdument amoureuse...d'une autre femme, de dix-sept ans son aînée, Miu.
Miu est très riche et mène à bien l'entreprise familiale depuis la mort de son père et décide un beau jour, d'engager Sumire pour en faire sa secrétaire particulière. Cette dernière est d'abord réticente car elle n'a jamais travaillé de sa vie et ne s'estime pas à la hauteur puis se laisse facilement convaincre. C'est ainsi que les deux nouvelles associées se rendent un jour en Italie pour affaires (Miu travaille en effet dans l'importation de vins de afin de les revendre par la suite à des restaurants japonais), puis en France et enfin dans une petite île grecque mais cette fois-ci, il ne s'agit pas d'un voyage d'affaire mais de véritables vacances...enfin vacances qui ne vont pas être de tout repos puisque c'est au cours de celles-ci que Sumire va subitement disparaître sans raison apparente et sans laisser aucune trace. Étrange mystère pour une île aussi petite. Miu, désespérée, décide alors de faire appel à K.

Un roman bien étrange et pourtant tellement prenant où toutes les conditions sont réunies pour tenir le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page : intrigue amoureuse, existence d'un possible monde parallèle, disparition mystérieuse...enfin bref, tous les ingrédients que l'on retrouve généralement dans les livres de Murakami et qui, à mon goût, les rendent extraordinaire (mot à double sens et à prendre au pied de le lettre). A découvrir !
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Sous une forme de bluette plus profonde que le laisse supposer la quatrième de couverture, l'auteur livre ses réflexions sur l'art, l'écriture, le désir, la solitude, sans affects particuliers ni apparents. Ses personnages portent ainsi un fatalisme détaché et une nonchalance blasée, thèmes centraux, mais tournant un peu à vide du fait de l'absence d'un scenario transcendant.

Je ne peux le qualifier de grand roman ; il se lit, mais son style vaporeux trop neutre combiné à l'absence de thème fort n'invite pas le lecteur que je suis à une implication effrénée, et ne me laissera pas une réminiscence longue en mémoire.
Il laisse en souvenir un petit goût d'interrogation par une fin ouverte comme une invitation faite au lecteur à poursuivre seul le scénario.

Bien que non désagréable, reste l'impression d'une roman mineur dans la réputée bibliographie de l'auteur, ce qui est le risque lorsque l'on découvre un écrivain par un chef d'oeuvre, en l'occurrence "Kafka sur le rivage". D'ailleurs l'un des personnages denommé K, lecteur compulsif, écrivain refoulé, solitaire ayant des relations familiales distanciées, est un peu le brouillon de l'un des principaux protagonistes de "Kafka sur le rivage", roman plus mature et ô combien plus marquant que celui-ci.

J'apprécie le style et l'écriture de l'auteur et continuerai à le decouvrir, ces "amants du Spoutnik", à defaut d'atteindre la Lune, reviennent sur Terre sans se scratcher.
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« Elle était tellement amoureuse de moi qu'elle ne voyait plus rien. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle était amoureuse de moi ! » Groucho Marx
*
Un roman bien étrange, déroutant.
L'auteur comme toujours aime à nous balader dans son monde, à la frontière entre le réel et l'imaginaire. Une frontière si souvent ténue que le lecteur ne sait où il se trouve.
Avec Haruki Murakami, la réalité se confond avec l'illusion, le rêve et l'étrangeté. le monde du visible fusionne avec celui de l'invisible. L'opacité allie la lumière.
Pour apprécier Haruki Murakami, il faut accepter de se laisser entraîner dans ce monde, dans ce jeu de miroir, de reflets, de sens et de non-sens, de réel et d'irréalité.

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Le titre du roman ne doit rien au hasard.
Spoutnik signifie « compagnon de route » en russe. Il est aussi le nom du premier satellite artificiel de la Terre lancé par l'union soviétique en 1957.
Ces amants sont comme ses satellites, ils ont des désirs non partagés, des trajectoires individuelles qui les rapprochent, puis les éloignent les uns des autres. Jeux de rencontres, de complicité, de confidence, d'attirance. Instants qui passent et qui les renvoient au loin.

« Je fermai les yeux, tendis l'oreille, et songeai aux descendants de Spoutnik, qui continuent à tourner dans le ciel, reliés à la Terre par la seule force de la gravité. Blocs de métal solitaires, ils se croisent, dans les ténèbres sidérales ou rien n'arrête leur course, puis s'éloignent pour toujours les uns des autres. Sans mots à échanger. Sans promesses à tenir. »

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K., le narrateur raconte un événement lorsqu'il était jeune instituteur.
Amoureux fou de sa meilleure et unique amie Sumire, il n'est pas aimé en retour. Cette amitié si délicate ne mène qu'à une impasse, il en est bien conscient, car celle-ci est amoureuse d'une femme mariée plus âgée, l'énigmatique Miu, pour qui elle travaille en tant que secrétaire et assistante. Quant à Miu, elle n'est pas attirée par la jeune femme.

« C'est ainsi que nous poursuivons nos existences, chacun de notre côté. Si profondément fatale que soit la perte, si essentiel que soit ce que la vie nous arrache des mains, nous sommes capables de continuer à vivre, en silence – même lorsqu'il ne reste plus de notre être qu'une enveloppe de peau, tant nous avons changé intérieurement. »

Triangle amoureux, jusqu'au jour où tout bascule. Lors d'un voyage d'affaire avec Miu, Sumire disparaît. Comme si elle s'était tout simplement évaporée.
Cet évènement nous plonge alors dans un univers d'étrangeté et de mystère.

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« Les amants du Spoutnik » pourrait être une version différente de « La confusion des sentiments » de Stefan Zweig. Ce roman met en scène un triangle amoureux. Intensité des sentiments autour de ses trois personnages, où la sensualité, le désir, et le fantasme s'enroulent autour d'eux.
Mais avec Haruki Murakami, une autre dimension apparaît, celle du fantastique. Avec aisance et légèreté, car tout ce que raconte l'auteur est plausible et peut avoir une explication logique. Cet équilibre, cette justesse des mots est ce qui me plaît chez cet auteur.

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Les trois personnages sont bien travaillés, même si l'approche en est très différente.
Le narrateur déroule son histoire et exprime sa passion, son désir violent d'être aimé, tout en se maîtrisant et faisant preuve de retenue, de respect. Il nous apparaît sympathique, tolérant, calme, posé.
Au contraire, Sumire explore des sentiments tout neufs, et fait preuve d'égoïsme, d'immaturité, de naïveté, de manque de savoir vivre.
Quant à Miu, on en a une image assez floue jusqu'au dernier tiers du roman, car le narrateur ne la connaît que par les propos de Sumire. Elle se dévoile différemment, plus mûre, plus généreuse, plus fragile lorsque le narrateur fait sa connaissance.

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L'intrigue est assez longue à se mettre en place. Mais très étrangement, j'ai eu a du mal à lâcher le roman, la lecture me suivait une fois le livre refermé et je n'avais qu'une envie, le rouvrir et lire la suite. La fin ouverte, laisse le temps au lecteur de continuer à rêver. Je n'aime pas les fins ouvertes, mais avec Haruki Murakami, ce n'est pas pareil…

*
Tout l'art de l'auteur s'exprime dans un style qui lui est propre, délicat, lumineux et poétique.
Et comme toujours chez lui, on trouve de belles réflexions. J'ai noté en particulier celle sur l'acte d'écrire : pour écrire, il faut avoir une certaine maturité, avoir vécu pour avoir quelque chose à raconter.

*
Pour moi, « Les amants du Spoutnik » est un très bon roman, plus personnel peut-être, mais pas le meilleur roman d'Haruki Murakami. Il nous habitue tellement à de magnifiques romans, que je place sûrement la barre très haute.
Mais je pense qu'il peut être un roman permettant de découvrir l'univers de l'auteur, son style inimitable, et son écriture sensuelle.
Un voyage onirique, une atmosphère étrange, épurée, cotonneuse, comme si on était à la lisière entre le rêve et la certitude, une confusion entre le probable et l'improbable, le perceptible et l'imperceptible.

« Derrière les choses ou les personnes que nous croyons connaître se cache toujours une proportion identique d'inconnu. »
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K. est amoureux de Sumire. Mais qui est K. ? Qui est Sumire ? Et qui est Miu cet être étrange venu d'ailleurs ? Où est le centre de gravité dans cette fable aux attractions multiples ? Des poussières d'étoiles dansent et se tournent autour, leurs orbites s'entrecroisent, les rapprochent et les éloignent tour à tour. Trois êtres se cherchent tout en se cherchant eux-mêmes. Jusqu'où leur quête les mènera-t-elle ? Et chacun change chemin faisant. Déjà Miu n'est plus elle-même. Sumire se perd ou au contraire se trouve. Qu'en dis-tu, toi K. qui attend ?

Magnifique écriture qui porte cette exploration de Murakami sur la construction du moi au sortir de l'adolescence, ainsi qu'un beau questionnement sur le travail de l'écrivain. Je me suis laissé emporter aux confins du vide sidéral. Et continue ma route bip, bip, bip ... avec comme une intuition qu'elle croisera d'autres romans de cet auteur dont le style me plaît tant.
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Citations et extraits (143) Voir plus Ajouter une citation
l’herbe qui pousse lentement pousse bien
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Au printemps de sa vingt-deuxième année, Sumire tomba amoureuse pour la premièe fois de sa vie. Cet amour aussi dévastateur qu'une tornade dans une vaste plaine ravagea tout sur son passage, lançant des choses dans les airs, les réduisant en menus morceaux, les écrabouillant sans ménagement. Avec une violence qui ne connait pas un instant de relâchement, la tornade souffla sur les océans, réduisit sans pitié le site d'Angkor Vat à néant, incendia la jungle indienne et les malheureux tigres qui y vivaient encore, se mua au-dessus des déserts de Perse en une tempête de sable qui engloutit toute une ville fortifiée au charme exotique. L'objet de amour absolument mémorable était marié, avait dix-sept ans de plus que Sumire et, surtout, était une femme. C'est de là que partit toute cette histoire, et là aussi qu'elle s'acheva (ou presque).
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Chacun d'entre nous a connu un événement particulier destiné à se dérouler à une certaine période de son existence, et une seule fois, comme une petite flamme venue l'éclairer. Ceux qui sont attentifs et qui ont de la chance gardent précieusement ces moments en eux, les font grandir, les utilisent telles des torches pour illuminer leur vie tout entière. Mais, une fois perdue, cette flamme ne peut plus jamais être retrouvée.
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Nous nous ressemblions, Sumire et moi : nous partagions la même passion pour la lecture. Lire nous était aussi naturel que respirer. Au moindre moment libre, il nous fallait nous asseoir seuls dans un coin tranquille et tourner les pages d'un livre. Des romans japonais, étrangers, modernes, classiques, d'avant-garde ou des best-sellers, tout ce qui pouvait être source de stimulation intellectuelle nous était bon. Nous dévorions tout ce qui nous tombait sous la main. Il nous suffisait d'entrer dans une bibliothèque ou à Kanda, le quartier des librairies d'occasion, pour être sûrs de passer une journée agréable. Je n'avais encore jamais rencontré quelqu'un qui éprouvât une passion aussi vaste et profonde que la mienne pour la lecture, et je suis sûr qu'il en allait de même pour Sumire.
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Bien sûr, il n’était pas facile pour moi d’accepter qu’elle n’éprouvât presque aucun (pour ne pas dire aucun) intérêt pour moi en tant que représentant du sexe masculin. En sa présence, je ressentais parfois une souffrance aussi aigüe que si une lame de sabre avait pénétré dans mes chairs. Pourtant, en dépit de cette souffrance, les moments passés en sa compagnie étaient plus précieux que tout à mes yeux. C’était seulement auprès d’elle que je parvenais à oublier le sentiment de solitude inscrit en filigrane dans ma vie. Elle élargissait les limites du monde où je vivais, m’aidais à respirer plus profondément. Personne d’autre ne me faisait cet effet.
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Videos de Haruki Murakami (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Haruki Murakami
Pierre Földes a choisi d'adapter six nouvelles de l'écrivain Haruki Murakami dans son film d'animation "Saules aveugles, femme endormie". Pour conserver l'atmosphère de fantastique décalé et de mélancolie, Földes enchevêtre les histoires et suit le parcours de quatre personnages après le tremblement de terre et le tsunami qui ont touché le Japon en 2011.
#harukimurakami #littérature #animation
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