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Sylvain Cardonnel (Traducteur)
EAN : 9782877306720
269 pages
Editions Philippe Picquier (18/08/2003)
3.45/5   147 notes
Résumé :
Mukai, Junko, Yukari, Takayama, Akemi, Kaoru, Sugino, Chiharu... et les autres. Dans ce roman polyphonique, à la structure éclatée, Murakami déroule inexorablement les destins d'êtres enfermés dans leur solitude et qui n'ont que leur désespoir à échanger. De petits drames en vraies détresses, de confessions en soliloques balbutiés, les personnages disparaissent les uns après les autres, comme dans une course de relais après le passage du témoin. L'espace d'une nuit,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Lignes, c'est l'histoire d'un asile de fous…dont les murs sont élargis à l'échelle du Japon tout entier, en tout cas à l'île principale du Honshû. Murakami Ryû enfile les situations les plus monstrueuses comme on enfilerait les perles d'un collier. Et ce qui rend le tout glaçant, c'est qu'il soigne les enchaînements au millimètre pour que le collier prenne forme. Chacun des chapitres prend le titre d'un personnage différent. L'homme ou la femme nommée n'apparaît qu'en fin de chapitre, pour se retrouver en personnage principal du suivant. Chacun finit toujours par créer des ennuis, de gros ennuis à autrui, ou par subir lui-même un triste sort.

Les personnages sont foncièrement dérangés psychologiquement, en raison de traumatismes subis à l'enfance. Battus, victimes de sévices sexuels, ayant eu un frère ou une soeur suicidé(e), ayant une forme de handicap ou de don qui les a marginalisés, ou simplement incompris ou mal-aimés, ils en ont clairement un grain et ne peuvent s'empêcher de rechercher, consciemment ou non, des situations violentes, aidés par les excès d'alcool et de drogue. Une femme, Yûko, est un peu le fil rouge, elle qui a le don d'entendre et voir les conversations dans les câbles électriques des appareils de communication.

De ligne en ligne, de chapitre en chapitre, la violence fait rage. Elle est souvent sexuelle, les femmes sont particulièrement malmenées. Battues, torturées, violées, elles sont précarisées dans ce noir Japon qui laisse sur le bord de la route des tas de gens, et ça commence à se sentir en cette fin des années 1990, au terme de près d'une décennie de stagnation économique. Pour arriver à manger et se loger, elles vendent leur corps dans des clubs sado-maso, ou en indépendantes. Et un jour, la fille tombe sur un malade, qui va prendre plaisir à lui crever les yeux, la frapper à coup de club de golf parce qu'elle ne lui a pas rapporté du konbini du coin la boîte de pêches blanches au sirop au milieu de la nuit qu'il a exigé. Après les coups, il demande pardon en pleurant comme un enfant. Elle prend pitié...il recommence...dans une écoeurante et révoltante ronde sado-maso.

Parfois, ce sont elles qui font preuve de cruauté, pour se venger. Ici une femme, avant de découper son compagnon en morceaux, voit sortir de ses entrailles fumantes les champignons enoki qu'elle lui a servis quelques minutes plus tôt. Une autre dont le nouveau compagnon était impuissant et geignard lui a redonné des érections en prenant l'habitude de lui shampooiner les cheveux, ce qui le détend et le fait bander…un jour, par surprise, elle l'égorge.

L'ouvrage souffre d'une redondance à la longue lassante de la violence pour la violence. A un moment on se dit trop c'est trop, la crédibilité en prend un coup, non seulement en raison de situations improbables (quoique, on en voit tellement dans les faits divers !), que sur le degré réel de noirceur de la vie nippone. L'auteur donne le sentiment de maltraiter son pays, d'en exagérer énormément les travers, qui existent bien, comme la prostitution des lycéennes, si j'ose dire sous le manteau, en particulier dans certains quartiers de Tokyô qui ne dorment jamais. de plus, il n'y a aucune possibilité d'attachement à des personnages qui disparaissent rapidement, soit éliminés physiquement ou quasi, soit abandonnés sans qu'on sache trop ce qu'ils deviendront. Il y a donc à la fois un fil sur deux chapitres consécutifs, et une rupture de ce fil pour chacun des personnages au terme de ces quelques pages. C'est assez déroutant et frustrant. En même temps, la création même de ce fil, de cette farandole polyphonique d'individus plus dérangés les uns que les autres donne cette perception contradictoire de cohérence du discours ─ le Japon est violent ─ , et de non crédibilité car on a du mal à concevoir que tous ces gens liés chacun au personnage central du chapitre précédent, répandent cette violence comme une toile, une sorte de réseau dans tout le Honshû (l'auteur prend un soin particulier à ne jamais citer les mêmes villes et quartiers de Tokyô, histoire de montrer que toute l'île principale serait atteinte par cette gangrène).

Il n'en reste pas moins vrai que Murakami Ryû a un vrai talent d'écriture, tant par l'inventivité de son discours que dans la manière d'exprimer la détresse insondable des coeurs et des âmes, dans une sorte de poésie urbaine moderne, poésie tour à tour hallucinée du vice et froide comme le béton.
Lignes, de par sa construction même, n'est pas en capacité de rivaliser dans la tension nerveuse imposée au lecteur avec le vertigineux Miso soup. Pourtant, après un moment où il pourrait vous tomber des mains, on se surprend à en égrener avec grande curiosité les pages, voire avec une avidité presque coupable, histoire de découvrir ce qu'il va bien pouvoir encore arriver au personnage qui vient d'émerger au terme du chapitre précédent. Et ça, c'est plutôt bien joué !

Bref, c'est pour moi un essai transformé avec Murakami Ryû, dont j'ouvrirai encore de nombreuses pages, pour le meilleur et pour le pire.
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Lignes est un roman captivant et très maîtrisé de Murakami Ryû qui, fidèle à lui même, y expose une société japonaise où les individus sont marginalisés, livrés à eux mêmes et incapables de communiquer avec autrui.

Lignes est un roman polyphonique : chaque chapitre est dédié à un personnage différent qui a la fin du chapitre rencontre le plus souvent de manière fortuite le personnage du chapitre suivant ( qui lui est le plus souvent inconnu ). Ces personnages forment donc les maillons d'une chaîne de rencontres. Leur point commun est de vivre une existence en marge de la société et d'avoir vécu une enfance malheureuse et déstabilisante ; tous connaissent la violence subie ou administrée selon les cas.

Le premier aspect qui frappe dans Lignes est la maîtrise stylistique de Murakami Ryû. Tout d'abord les passages entre les différents personnages de ce roman polyphonique sont bien réalisés. Ce type de roman est en effet difficile à bien écrire, les changements de personnage ou de narrateur donnant souvent l'impression d'être artificiels. Dans Lignes, rien de tel. Les transitions paraissent plausibles et on se prend au dynamisme entretenu par ce mouvement continuel entre des individus différents. On subit une sorte de frénésie de lecture car on est sans cesse relancé par l'apparition d'un nouveau personnage dont on est impatient de suivre un court moment de son existence.
En outre Murakami rend ses personnages interrassants car il dépeint des personnes instables et en marge de la société, ce qui provoque de fortes émotions chez le lecteur. Ce sont tous des individus marqués par une enfance vécue sans amour de la part de l'entourage et aussi d'une violence subieet intériorisée. de plus, le comportement de ces personnage intrigue le lecteur qui s'efforce de comprendre ces individus. Certains sont fous ( en particulier un homme qui souffre de paranoïa aiguë ), d'autres commettent des actes violents gratuitement ou subissent des sévices sans protester. Murakami pousse le lecteur dans ses retranchement émotionnels, on est tantôt compatissant, indigné, révulsé mais jamais indifférent face à ces personnages dont le parcours est imprégné de violence et d'instabilité.

L'art de Murakami est aussi de nous surprendre en créant de l'insolite : on est pour le moins déstabilise mais nullement ennuyé lorsque un des personnages qui est chauffeur de taxi se met à nous parlerendant cinq pages de chimie moléculaire en nous faisant une sorte de cours ! le lecteur, face à ces digressions insolites, s'interroge : ont-elles une signification dans le récit ou est-ce une manière pour l'auteur de déstabiliser le lecteur, de rompre la continuité de l'action ?

Aussi, le pari de Murakami de nous monter les errances d'individus dans une société déshumanisée est des plus réussis. Pris dans leur propres folie et problèmes, les hommes et les femmes de ce roman survivent dans cette véritable jungle urbaine Tokyoite et les rencontres qu'il font avec les autres personnages de Lignes ne débouchent sur aucun liens humain sympathique : au mieux les individus se manifestent de l'indifférence en s'écoutant parler sans s'écouter, au pire ils s'agressent les uns les autres. Une fois encore, Murakami, comme il l'a fit dès Bleu presque transparent, dépeint une société japonaise contemporaine sans liens humain qui laissent les individus livrés à eux même et à leurs maux insolubles.

Au final, Murakami Ryû livre ici un roman d'une puissance étonnante et parvient à dénoncer la déliquescence d'un Japon qui brise les individus qui subissent la violence physique et psychologique, ce qui les conduit à la folie. Une fois encore, la lecture de ce récit laisse un goût d'amertume et le lecteur reste pensif après cette lecture frénétique, qui nous laisse exsangue et pessimiste.
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« Lignes », le roman pourrait également s'intituler « une nuit dans le Tokyo underground en compagnie des SDF, des marginaux, des drogués, des lycéennes « accompagnatrices », et de tous ces laissés-pour-compte que la société japonaise semble ne plus voir ».

La structure du roman est intéressante. Ici pas de héros récurrent. On croise simplement les personnages d'un chapitre à l'autre. On ne les suit souvent que quelques minutes avant que le destin ou le hasard nous amène à croiser un nouvel anonyme qui va devenir le « héros » des prochaines pages. Une vingtaine de personnes vont ainsi défiler en autant de chapitres. Elles se rencontrent dans la rue, dans les lingeries-bars, dans les clubs sado-masos. Elles s'aiment, se déchirent, se bastonnent… Il y est question souvent de baise, et toujours de violence, physique et morale. C'est brutal et c'est le portrait d'une jeunesse désenchantée vue par Murakami. de confessions impudiques en scènes de bondage, « Lignes » déroule l'espace d'une simple nuit le destin de simples êtres enfermés dans leur solitude, en marge d'une société qui laisse à l'abandon ceux qui ne rentrent pas dans le moule. C'est beau une ville la nuit, mais décrite par Murakami cela devient vite étouffant, nauséeux, une nuit de sexe et de violence dans une belle mégalopole.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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"Lignes" de Murakami, l'"autre" Murakami, c'est LE roman que j'aurais aimé écrire. C'est un roman relativement court, qui peut se lire relativement vite et relativement facilement. Et pourtant ... on en sort secoué, bouleversé, halluciné. Chacune de ces courtes histoires, brève tranche de vie, porte un lot insupportable de douleur et de solitude. "Lignes", c'est plein de silences et plein de cris, plein de violence et de désespoir. Ce sont des parcours qui se croisent dans la nuit sans s'entrecroiser, des rencontres qui ne se font pas, des solitudes qui se heurtent et çà fait très mal. La communication est impossible à établir, d'autant que le seul moyen de l'établir est la violence. On referme le livre victime de sa propre solitude, accablé par celle des autres, frustré des lignes qu'on n'a pas réussi à tracer, des rencontres qu'on n'a pas réussi à faire. Et on ne regarde plus jamais les autres de la même façon, se demandant ce que eux aussi peuvent bien traîner de souffrance et attendre des autres. "Lignes", en fait, c'est le récit des occasions manquées.
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Un ami m'a fait découvrir cet auteur contemporain avec ce roman il y a de ça 6 ou 7 ans. La 1ère lecture m'avait laissé une bonne impression, le passage d'un personnage à un autre (il y en a 20) m'avait particulièrement plu. Je l'ai donc acheté récemment et relu.

Il s'agit donc d'une courte tranche de vie rattachée à une personne dans le japon d'aujourd'hui. Chaque personnage traîne avec lui ses souffrances, en fait subir ou vit ses pulsions (sexuelles, de violence,…). Aucune communication entre ces homes et ces femmes détruits par… La réponse n'est pas donnée mais des pistes sont données : pour chaque personnage nous avons droit à un descriptif de son enfance. Tous ont vécu un traumatisme, une expérience qui les a écartée de la voie de citoyens ordinaires pour celle de la marginalité. Ou peut être est ce la faute à cette société de plus en plus inhumaine qui jette chacun de nous dans un anonymat indolore mais dévastateur du point de vue de la compréhension mutuelle.

C'est un roman qui parle de violence, de sexe et de mal être (thèmes cher à Murakami) mais on n'en sort pas déprimé, juste étourdi par tout ce que peut réserver la vie. Vous ne croiserez plus les gens sans vous demander ce qu'ils cachent au fond d'eux-mêmes.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Mukai se souvient parfaitement de la première fois ou il a rencontré Akiko Mochizuki. Lorsqu'il lui avait présenté une sélection d'une cinquantaine de diapos et une centaine de photos noir et blanc sur planches-contact, elle avait déclaré : " C'est différent !". Elle n'avait pas dit " c'est bon " ou " c'est mauvais ", mais " c'est différent. ". " C'est différent.". Mukai n'avait pas compris ce qu'elle voulait dire et lui avait demandé des explications. Il avait une appréciation très personnelle de ses photos et s'entendre dire " c'est différent " l'irritation profondément. Un choc.
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"Je ne sais pas pourquoi, mais sa mère, elle la frappait jusqu'à lui laisser des hématomes sur le corps, parfois elle cognait même jusqu'au sang. Puis elle éclatait en sanglots et commençait à s'excuser. "Pardon, pardon, pardon." ça manquait jamais de se produire. Elle l'avait massacrée et puis : "Pardon, pardon, pardon." Elle l'avait battue jusqu'au sang, la fille avait le visage tuméfié, mais la maman : "Je t'ai frappée parce que t'es si mignonne, tu sais", sanglotait-elle en la prenant dans ses bras. Et puis, après la scène, comme si ça avait été convenu, elles mangeaient toutes les deux un onigiri. Les onigiri, on les fait comme ça, hein, dans le creux de la main, et on dit que toute la tendresse des sentiments passe de la paume de la main à l'onigiri. Eh bien, toutes les deux, en pleurant, elles mangeaient un onigiri."
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En regardant cet homme pleurer pour la deuxième fois de la journée, elle se rendit compte qu'elle l'avait ramené chez elle non pas pour coucher avec lui mais pour le voir pleurer à nouveau. A la longue, elle finit par le guérir de son impuissance. Cela n'avait pas été une chose bien difficile. Il aimait qu'on lui lave les cheveux. Quand elle lui savonnait les cheveux, il se détendait, fermait doucement les yeux et se mettait à bander.
Lorsqu'ils commencèrent à vivre plus ou moins ensemble, Minako s'aperçut qu'il sortait aussi avec une autre fille. Une fille de vingt ans qui bossait pour un salon de massage ou un club de rencontres. Il lui avait donné leur numéro de téléphone et un jour, c'est Minako qui répondit lorsque la fille appela. "Vieille pute, dit la fille. T'es qu'une salope, la prochaine fois, j'fous le feu à ta baraque."
Minako lui raconta ce qui venait de se passer et l'homme demanda aussitôt pardon en pleurant. Il appela la fille et l'engueula devant Minako. Mais par la suite, il continua de sortir avec d'autres femmes. Toujours des prostituées. Il semblait ne prendre aucune précaution pour lui dissimuler ses aventures. Lorsqu'elle l'interrogeait au sujet de ces femmes, il commençait par nier puis finissait par craquer. Il suffisait par exemple d'un coup de téléphone ou qu'elle prétende l'avoir fait suivre par un détective privé pour que son attitude change brusquement et qu'il s'effondre en pleurs sur le parquet. "C'est elle qui m'a proposé de coucher." "C'est une fille de Yakuza qui m'a menacé." "C'est une ancienne camarade de classe qui vient de s'enfuir de chez elle et qui n'avait personne d'autre sur qui compter." Il donnait toujours ce genre d'explications. Minako commença à se demander s'il ne sortait pas avec d'autres femmes simplement pour être démasqué et pour pouvoir pleurer en s'expliquant devant elle. Il devait aimer pleurer. C'était toujours pareil, elle avait beau le menacer sérieusement, rien n'y faisait. En fait, peu lui importait. Mais quand elle tomba enceinte, elle comprit qu'elle ne pourrait pas faire autrement que de le tuer.
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Lorsque Yûko se masturbe, elle imagine qu'elle est violée par des hommes qui la détestent. Et même quand elle fait monter un homme chez elle, elle lui demande toujours de lui dire qu'il la déteste. Certains êtres humains lui ont aussi dit : "Je t'aime." Mais Yûko ne comprend pas ce que peut bien vouloir dire aimer un être humain. C'est un sentiment qu'elle ne comprend pas. Et même si c'était un sentiment semblable à celui qu'elle éprouve pour la peinture de Kandinsky ou la musique de Wagner, elle a l'impression que personne au monde ne serait capable d'éprouver pour elle un tel sentiment. Les sentiments qu'elle a pour Kôji, par exemple, n'ont rien à voir avec ceux qu'elle éprouve pour la musique de Wagner. Si Kôji disparaissait, elle n'en souffrirait pas. Mais si la musique de Wagner disparaissait, elle croit bien qu'elle ne pourrait plus vivre. "Les être humains ont besoin des autres pour se prouver qu'ils existent", avait dit l'homme qui habitait dans une niche de chien. Yûko se demanda ce qu'il faudrait en conclure si c'était exact.
"Pour moi, les autres n'existent pas."
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Il rejoignit la fille à l'endroit où la pente et le terrain de sport se trouvaient au même niveau. Il sortit de sa poche le shun gun et le mit en position on. Il appuya sur la détente en pressant le canon sur le cou de la fille qui venait de se retourner vers lui. Elle s'effondra mollement. Il tira le corps de la fille qui avait perdu conscience dans un coin du terrain de sport, ramassa une pierre à la taille convenable et, s'installant à califourchon sur elle, commença par lui fracasser la bouche. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait appris d'expérience qu'une personne évanouie reprenait conscience dès qu'on lui brisait les dents. Il pensa qu'il n'y avait pas de raison qu'une femme se laisse, consciente, briser les dents. De petites étincelles jaillissaient quand il les lui fracassait. Le bruit que fait une dent en se brisant à la racine est assez semblable au son aigu produit par une patate douce qu'on arrache à la terre. Puis, à mesure qu'elles se brisent, les dents produisent un son plus métallique et plus dur. Le femme qui avait du sang plein la bouche ouvrit les yeux. Mais elle ne parvint à émettre aucun son, bien qu'elle essayât de hurler. Le sang jaillissait de sa bouche comme d'une source et la piqûre du stun gun l'avait engourdie. Et voilà, c'est ça, pensa Takayama. Ce visage. Un visage terrorisé de femme et pas l'ombre d'une réaction autour de soi, alors qu'une chose épouvantable est en train de se produire : ça laissait une impression étrange. Il frappa les yeux et écrasa le nez avec la pierre. Il essuya ses mains tachées de sang avec son mouchoir. " Elle n'est pas morte", murmura-t-il en s'éloignant.
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