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EAN : 9782715233621
480 pages
Le Mercure de France (10/04/2014)
3.93/5   188 notes
Résumé :
Quelques mètres de tissu, lisse, fragile et souple, d'un bleu clair métallique, devinrent notre prison... Je disparus, comme d'un coup de baguette magique. Je n'étais plus Rukhsana avec un nez bien à moi, une bouche, des yeux, un front, un menton, des cheveux, mais un linceul vivant, identique à toutes les autres femmes voilées... «Tu arrives à voir ?» demandai-je à Grand-Mère. Nous nous entraînions à porter nos burquas à la maison. «Oui, mais flou...» Elle trébucha... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
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Famille, amour et sport sous le régime des Talibans.

En Afghanistan, un dirigeant taliban a décidé que son pays pourrait participer aux épreuves internationales de cricket. C'est un sport acceptable, car tout le monde y est bien vêtu et la barbe ne pose pas de problèmes. Un tournoi est organisé et l'équipe des vainqueurs pourra sortir du pays pour aller s'entraîner à l'étranger. Rukhsana, une femme qui a étudié en Inde où elle a joué au cricket à l'université, décidera donc d'initier son frère et ses cousins pour leur faire profiter de cette chance.

C'est le prétexte qui sert à raconter l'histoire de cette femme dans ces temps difficiles. C'était une journaliste avant qu'on la renvoie chez elle. Rebelle, elle doit pourtant apprendre à porter la burqa et être témoin des tortures et des exécutions sommaires, de la brutalité d'un pays privé de musique et d'éducation, tout en soignant sa mère atteinte du cancer.

Rukhsana porte le poids de la famille afghane, avec les mariages arrangés, l'honneur de la famille, les liens très forts qui unissent ses membres, mais aussi les emprisonnent. L'amour doit être sacrifié, c'est d'abord le respect de la parole donnée et l'honneur qui priment.

On y parle aussi beaucoup de sport, on y présente les subtilités du cricket, une activité fort populaire dans certaines régions du globe. J'avoue n'avoir jamais vu un vrai terrain ou assisté à un match, mais l'enthousiasme de l'auteur rend la description intéressante.

Beaucoup d'ingrédients donc, dans ce roman qui tient en haleine. Réussiront-ils à gagner le match ? Combien pourront échapper à la mort ? Et l'amour, pourra-t-il s'épanouir dans un conte de fées de circonstance ?

On soupçonne une fin heureuse, car on sait qu'un jour le régime des Talibans prendra fin et que les filles pourront retourner à l'école, mais on sait aussi que le pays n'est pas au bout de ses peines…
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Une femme. Un terrible régime. Un pays. Une histoire : une dystopie ? Non, car pour être dystopie, il faut être fantasmée. Or, la cruauté des Talibans est bien loin d'être un cauchemar. Si les personnages sont fictifs, le cadre n'en est pas moins réel. C'est ce que montre ce roman, nourri de témoignages d'Afghanes et d'Afghans ayant survécu au régime de la violence talibane de 1996 à 2001. Cinq longues années pendant lesquelles, à l'autre bout du monde, des gens vivaient dans la terreur, bien loin de notre indifférence occidentale. Cinq longues années pendant lesquelles des gens se faisaient torturer, massacrer, exécuter pour des raisons aberrantes, quand il y en avait. Là, juste sous notre nez. Cinq années au cours desquelles ces gens se sont demandé, à chaque minute qui passait, combien de temps il leur restait à vivre.

C'est dans ce triste milieu qu'évolue Rukhsana, jeune journaliste de 24 ans – enfin, ancienne journaliste, puisque, comme toutes les Afghanes, condamnée à la prison à vie, derrière les grilles de sa burqa et de sa maison. La brillante Rukhsana ne peut néanmoins se résoudre à se taire, c'est pourquoi elle écrit secrètement pour le Hindustan Times de Delhi, défiant ainsi l'autorité des Talibans qui ne tardent pas à découvrir son activité clandestine. Pour les Talibans, Rukhsana est une menace à écarter. Son crime ? Avoir décrit la vie quotidienne dans son pays. Cela nuit à l'image que le nouvel Afghanistan donne au monde. Or, cette image, ils la chérissent. C'est pour elle qu'ils décident d'ériger le cricket en sport national, afin de dire aux autres : « regardez-nous, nous sommes un pays comme les autres, nous aussi, nous jouons et savons apprécier la vie ».
Pourquoi le cricket ? Notre héroïne se le demande bien, elle qui y a souvent joué lorsqu'elle faisait ses études en Inde. La promotion de ce sport a quelque chose d'ironique : le cricket est par essence le sport de la liberté, totalement antithétique aux nouveaux principes politiques de l'Afghanistan : la preuve, le cricket ne tolère pas la violence sur le terrain. Il n'empêche que cette nouvelle redonne espoir à la protagoniste et à sa famille, qui y voient une occasion de s'évader : en effet, un tournoi sera organisé, et l'équipe gagnante ira s'entraîner au Pakistan. Déguisée en homme, Rukhsana va tout faire pour entraîner ses frères et ses cousins, prenant ainsi des risques démesurés pour éviter aux siens de vivre plus longtemps sous le joug des « barbus ».

Je ne regrette pas d'avoir ouvert ce livre. Comment rester indifférent lorsqu'on pose ce roman pour vaquer à ses occupations quotidiennes ? On ne peut s'empêcher d'avoir un petit pincement au coeur et d'être inquiet pour nos héros. Comment ne pas enrager lorsqu'on lit ces lignes chaotiques, sur l'extrême précarité de la condition féminine, sur l'absurdité de ce régime de la haine, sur la perversion des hommes au pouvoir, qui prétendent agir avec la bénédiction de leur dieu ? Mais quel dieu pourrait se satisfaire d'une telle barbarie de la part de ses serviteurs ?

On l'aura compris, la lecture de ce roman est riche en émotions : colère, joie, tristesse, soulagement, répulsion se succèdent sans ménagement N'est-ce pas le signe d'un bon roman ? Un récit qui nous fait réagir, qui nous fait espérer, patienter, geindre, que l'on quitte avec un sentiment de victoire ou d'échec, comme si cette gloire ou cette défaite étaient nôtres. Et ce sont un peu les nôtres, effectivement, car on laisse toujours un peu de notre âme dans un livre : et, qui ne voudrait pas que son âme soit bien traitée ?

Un roman que je recommande donc, même si la fin est - un tout petit peu- décevante : trop hâtive et trop easy. On ose tout de même reprendre notre souffle et esquisser un sourire, un tout petit, très discret, de peur de se trahir et de trahir les personnages, et de voir trois talibans surgir de nulle part pour nous empêcher de nous évader.
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En 2000, en Afghanistan, alors que les talibans appliquent la charia de façon implacable depuis déjà 4 ans, le gouvernement islamiste, souhaitant redorer son image internationale, décide de former une équipe de cricket afghane et demande son adhésion à l'International Cricket Council : c'est ce fait aussi anachronique qu'authentique qui a inspiré Timeri N. Murari, pour son roman.

Tandis que le ministre de la Promotion de la vertu et de la Répression du vice ( !) annonce à la presse l'imminence d'un match de cricket qui permettra à l'équipe vainqueur d'aller s'entrainer au Pakistan, Rukshana , jeune journaliste formée à l'université de Delhi, se trouve confrontée à plusieurs problèmes majeurs.
Sa mère, en phase terminale de cancer a besoin de sa présence quotidienne auprès d'elle ; son fiancé, exilé aux Etats-Unis, tarde à lui envoyer l'argent qui lui permettra de le rejoindre et le ministre lui-même, veuf de fraiche date, a décidé de la prendre comme épouse, ce qui équivaut à une condamnation à perpétuité.
L'annonce de ce match de cricket ouvre de nouvelles perspectives pour Rukshana et son jeune frère Jahan, sans qui Rukshana n'a le droit de faire un pas à l'extérieur de son domicile.
Car leurs parents ont été amenés à travailler et habiter à Delhi où Rukshana a appris à jouer au cricket ! Aussitôt ils décident de former et d'entrainer une équipe avec leurs cousins, l'équipe du Cricket Club des Talibans.
Si le suspens est maintenu jusqu'au bout, le roman retient moins l'attention par son intrigue et par son écriture que par son effroyable description de l'Afghanistan au tournant du XXIe siècle.
Un portrait nourri par un séjour de l'auteur à Kaboul, où il a recueilli le témoignage d'Afghans ayant vécu sous le joug des talibans jusqu'à la chute du régime en 2001, dans un pays où la musique, le cinéma, le théâtre, la danse, le sport et la plupart des livres étaient interdits, un Kaboul réduit en cendres, défiguré par les guerres, vidé de toute joie.
Au-delà de l'intrigue cousue de fil blanc, ce roman, très facile à lire, mêle audacieusement une comédie romantique pleine d'humour avec la violence due aux horreurs quotidiennes du régime taliban.
Une vraie réussite !


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Voici une histoire assez peu crédible, de mon point de vue. Je dirais qu'il lui manque un côté "tragique". Certes, la pression psychologique et physique du régime des Talibans est présente et dénoncée, mais l'aventure suivit par les personnages principaux reste de l'ordre du "club des cinq" en pays Afghans.
Pour les plus jeunes, une première approche de l'obscurantisme prôné par le mollah Omar.
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Le régime des talibans, en place en Afghanistan depuis 1996, a dépouillé le peuple Afghan non seulement de leur liberté mais aussi de leur personnalité. Ce régime de la peur qui a banni toute sorte de commémoration et d'accès à la culture, a fait sombrer tout un peuple dans l'obscurantisme et a transformé les femmes en prisonnières. La première prison étant la burqa, ces mètres de tissu qui les entourent de la tête aux pieds et qui les rend invisibles, des fantômes anonymes coupés de la société. Ainsi « cachées » elles évitent aux hommes la tentation.
Une petite phrase entendue d'une femme afghane, "les moudjahidin nous tuaient avec des fusils et des épées, tandis que les talibans nous tuent avec du coton."
Dans un grand rêve de propagande le gouvernement décide de promouvoir le cricket, qui est plutôt un jeu démocratique où les joueurs sont très indépendants et peuvent contester et s'opposer aux décisions. Dans ce régime de répression totale, où tout le monde rêve de quitter le pays, une femme courageuse va essayer au risque de sa vie d'apprendre à une équipe de jeunes garçons à jouer au cricket dans le but de décrocher une chance de les faire fuir le pays et quitter le joug des talibans.
Pour cela elle va devoir se déguiser en homme. Les jeunes afghans apprendront en quelques semaines les rudiments de ce sport. Envie de résistance, instinct de survie contre le poids de la répression, les personnages sont attachants, la narration drôle et chargée d'émotion nous livre une belle leçon d'espoir et de résilience d'un peuple qui n'a plus rien à perdre et qui rêve de retrouver la liberté et la dignité.
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critiques presse (1)
Bibliobs
21 juillet 2014
Par le très populaire romancier indien Timeri N. Murari, «le Cricket Club des talibans» [...] a fait rire les lecteurs un peu partout dans le monde, sauf chez les partisans du port de la burqa.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
"Pourquoi les talibans encouragent-ils le cricket ? dis-je en réfléchissant à voix haute à tous les points que soulevait la question. On ne peut pas jouer au cricket sans comprendre l'essence même du jeu. Les talibans savent-ils qu'avec le cricket ils favorisent un comportement qu'ils ont cherché à réprimer depuis leur arrivée au pouvoir ? En nous autorisant à jouer, ils nous offrent en effet la possibilité de nous exprimer, de nous dévoiler et de les défier sur un terrain de sport. Le cricket est un jeu qui prend du temps, plusieurs heures, voire plusieurs jours, et qui ne dure pas juste quatre-vingt-dix minutes comme un match de foot. Ce qu'ils ignorent, c'est qu'en jouant on peut se laisser aller à leur insu à ses pensées et à ses sentiments, même s'ils surveillent chacun de nos gestes. On est hors de leur portée. Quand je jouais, j'adorais cette sensation de liberté que me procurait l'espace immense, avec, pour unique témoin, le ciel au-dessus de moi. On est alors seul avec soi-même et, pourtant, on fait partie d'un tout. Le cricket est un jeu démocratique, fait d'actions et de suggestions, et chaque joueur peut contester les suggestions du capitaine de son équipe et s'y opposer. Un dialogue constant s'établit sur le terrain et tous les joueurs peuvent changer le cours du jeu au milieu de la partie.
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De quel crime m’accusait-on à présent? Avais-je montré par hasard mon visage à un étranger? M’étais-je exprimée trop fort au bazar? Avais-je révélé, par hasard, un peu de ma cheville ou de mon poignet? Qui sait quelles nouvelles lois nous menaçaient tels des serpents dans une fosse?

(p.16)
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-"Toutes les femmes savent jouer des l'instant de leur naissance. C'est le don que Dieu leur a accordé pour leur permettre de survivre dans un monde d'hommes.
Nous devons simuler nos orgasmes, notre humilité, notre amour alors que nous n'éprouvons rien de tout cela, et taire nos ambitions."
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Quelques mètres de tissu, lisse, fragiles et souples, devinrent notre prison. Aucun mur de granit n'était plus inexpugnable, aucun barreau plus solide, aucun cachot plus sombre ou effrayant. Je n'était plus Rukhsana avec mont nez bien à moi, une bouche, des yeux, un front, un menton, des cheveux, mais un linceul vivant, identiques à toutes les autres femmes voilées et déshonorées qui allaient de par les rues. Dans l'Afghanistan des talibans, il n'y avait manifestement pas de place pour nous.
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Notre seule culture était désormais celle des armes, notre seule musique, notre seule poésie, nos seuls écrits, le seul art qui nourrissait les enfants. Nous avions été un peuple exubérant, loquace, généreux de nos sourires et de nos rires, nous avions été des colporteurs de ragots et des raconteurs, mais à présent nous nous contentions de murmurer, de peur d'être entendus.
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Videos de T.N. Murari (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de T.N. Murari
le Cricket Club des talibans de Timeri N. Murari et Josette Chicheportiche aux éditions Folio
https://www.lagriffenoire.com/?fond=produit&id_produit=19371&id_rubrique=12 • • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=newsletter • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #conseillecture #editionfolio
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