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EAN : 9782207149881
256 pages
Denoël (12/05/2021)
3.58/5   60 notes
Résumé :
Natsuki n'est pas une petite fille comme les autres. Son meilleur ami est un hérisson en peluche qui la somme de sauver les Terriens, et elle passe tous ses étés à la montagne avec son cousin Yû, espérant qu'un vaisseau spatial la ramène d'où elle vient vraiment. Quand un événement menace de séparer les cousins pour toujours, ils se font une promesse : survivre, quoi qu'il arrive. Des années plus tard, Natsuki est mariée et semble mener une vie normale. Mais les omb... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Il y a des personnages que nous arrivons difficilement à quitter, qui nous hantent. La petite Natsuki, l'héroïne du roman, Les Terriens, de Sakaya Murata, l'autrice de Konbini, est de ceux-là.

La couverture du roman, qui représente une peluche en forme de hérisson cache un roman d'une très grande noirceur. C'est Pyûto, la peluche de Natsuki, une adolescente japonaise. Pyûto sait tout des violences domestiques que subit Natsuki : sa mère la bat, l'injurie quotidiennement sans même s'en cacher. Pyûto sait aussi que Natsuki subit des violences sexuelles lors de cours particuliers dispensés par un professeur particulièrement pervers. Pyûto a des pouvoirs magiques qui ont été transférés à Natsuki, et lui permettent de lutter dans son quotidien dévasté.
Une lueur d'espoir - le cousin de Natsuki, Yû, qu'elle retrouve tous les étés à la montagne.
A la fin de la première partie du roman, Yû et Natsuki doivent se séparer.

Bien plus tard.... nous retrouvons Natsuki. Elle souhaite plus que tout échapper au regard de la société, et s'est mariée à Tomoomi rencontré sur un site internet spécialisé : elle recherchait un partenaire pour un mariage sans sexe et sans enfant, et cela lui convenait également. ils vont retrouver Yû - et leur vie à trois va basculer.

Le roman les Terriens est particulièrement féroce, Sayaka Murata n'a pas son pareil pour dépeindre un monde dans lequel règne le plus puissant des conformismes, le lavage de cerveau de la Fabrique qui conduit des êtres à se reproduire et à travailler pour élever les enfants. Critique de la société japonaise très codifiée, certainement, mais il me semble que la critique va beaucoup plus loin dans ce qu'elle dénonce.

Dans les Terriens, pour étayer sa critique, Sayaka Murata s'attaque à de nombreux tabous, dépeint l'insoutenable.
Que dire des scènes finales ? Quelle interprétation donner à ce roman qui fait plus que de sortir le lecteur de sa zone de confort ?

Comme j'avais beaucoup aimé Konbini, j'ai beaucoup aimé ce roman, qui sans aucun temps mort fait frémir, s'indigner, se révolter, peut donner la nausée. Une telle lecture n'est pas anodine - et Murata , avec une très grande habilité, nous offre un roman très bien écrit, totalement hors-norme qui bouleverse et nous interpelle.











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Qu'il est dur d'écrire sur ce livre tant c'est un ovni. L'autrice avait déjà fait fort avec Konbini - La fille de la supérette mais avec ce roman, elle atteint un autre niveau d'originalité. Natsuki est une petite fille qui se réfugie dans son monde imaginaire pour échapper à la dure réalité de son quotidien. Elle aime plus que tout son cousin Yû qui lui aussi se projette dans son monde pour fuir une mère oppressante. Ils pensent tous les deux qu'ils sont des extraterrestres et qu'ils pourront un jour retourner chez eux. Lors de leurs retrouvailles pendant les vacances, un terrible événement se produit, les séparant. Ils se promettent alors de survivre peu importe les difficultés qu'ils rencontreront.

Ce roman est perturbant, un véritable ovni littéraire, il bouscule, rend mal à l'aise. On tourne chaque page en se demandant ce qui va arriver à Natsuki. L'autrice nous offre un roman d'une puissance incroyable, un roman qui marque pendant longtemps. Elle arrive à créer des personnages à la densité psychologique incroyable. On voit à quel point des enfants traumatisés n'ont pour seul recours que fuir la réalité pour se protéger, ils se créent un monde, et espèrent un jour retourner vers le vrai chez eux. Que peuvent faire des enfants quand ils sont confrontés au mal ? Sans personne vers qui se tourner. Comment peuvent-ils se construire en tant qu'adulte ?

Un roman qui reste en tête bien longtemps après sa lecture.
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Une lecture très particulière et assez perturbante, plutôt difficile à définir et beaucoup plus trash que ce que la quatrième de couverture laissait présager! C'est un roman sur l'enfance et sur le pouvoir de l'imagination, qui sert de refuge aux personnages face aux difficultés de la vie réelle. Mais à cette prémisse toute "kawaii" vient se greffer des scènes très dérangeantes et des sujets très lourds : C'est aussi une critique virulente de l'ultraconformisme et de la rigidité de la société japonaise. Les protagonistes du livre ne parvenant pas à remplir les rôles sociaux imposés, finissent par tout rejeter en bloc – les injonctions, les normes, les règles – pour repartir à zéro et vivre comme les extra-terrestres qu'ils ont toujours eu le sentiment d'être. Sauf qu'en évacuant tout sens commun, ils éliminent aussi les repères moraux et tout ce qui faisait d'eux des êtres humains – des Terriens. C'est l'histoire d'une enfance volée puis retrouvée, et d'un dilemme sans solution : devenir un rouage dans un système déshumanisant ou vivre en marge comme un extra-terrestre. Dans les deux cas, on perd son humanité!

Le concept du livre est excellent et les thèmes sont vraiment intéressants. Mais j'avoue que j'aurais aimé lire l'histoire annoncée, d'une "Magical girl" devenue adulte. Ce n'était pas du tout ce à quoi je m'attendais. Ceci dit, je n'ai jamais rien contre une critique de la société bien cinglante! Il y a de très beaux passages, poétiques, même. Je ne sais pas trop quoi penser de la fin, qui est tout aussi géniale que grotesque. Chose certaine, c'est un roman vraiment out-there – un O.L.N.I.! – qui a le mérite d'être mémorable!
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Les Terriens est le deuxième roman de Murata traduit en français, après Konbini - La fille de la supérette. La peluche mignonnette de la couverture n'est qu'un leurre. de nouveau, l'autrice dénonce les carcans de société japonaise et cette fois ça saigne !

Natsuki s'est toujours sentie en marge, comme si elle venait d'une autre planète. Enfant laissée-pour-compte, elle se réfugie dans un monde imaginaire. Adulte, elle semble normale, mais elle use de subterfuges pour sauver les apparences. Elle a contracté un mariage blanc avec un homme qui comme elle n'a aucune envie de se soumettre aux impératifs de production et de reproduction de la Fabrique des Terriens.

Amour, couple, famille, travail, Murata passe toutes ces valeurs communes à la moulinette et elle n'épargne pas ses lecteurs. Même si je connaissais les thèmes sensibles abordés (dont je vous fais grâce ici) avant de commencer ma lecture, j'ai fait un cauchemar la nuit après l'avoir terminée. Malgré cet effet secondaire indésirable, j'ai beaucoup aimé ce roman, difficile à lâcher et percutant.
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Quand j'ai acheté ce livre, je n'avais absolument aucune idée de ce qu'il contenait. C'était juste un hérisson en peluche, trouvé bien caché, tout au fond de la section Littérature Etrangère d'une librairie. Je crois que de l'avoir découvert dans ces conditions était un coup de chance et que mon expérience aurait été gâchée si j'avais été préparée.
D'une certaine manière, ce livre m'a rappelé Kafka sur le rivage de Haruki Murakami et Bonne nuit Punpun d'Inio Asano. Aucune de ces trois lectures ne m'a été agréable, à cause des thèmes abordés, des tabous qui y sont questionnés… Mais chacune m'a rappelé pourquoi j'aimais lire.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
J'ai beau faire, je n'arrive pas à lui expliquer l'atmosphère qui s'installe, chaque fois que M. Igasaki a des gestes déplacés.
- Tu te tiens toujours si mal. Moi aussi je passe mon temps à te le dire. Je n'arrive pas à croire que tu lui prêtes des pensées perverses alors qu'il t'a simplement reprise. Quel culot !
- Mais non, je t'assure, c'était bizarre...
- Tu dis n'importe quoi. Jamais il ne regarderait une fille pas même formée. Il n'y a vraiment que toi pour penser des choses pareilles. C'est toi qui es dégoûtante !
Sa réponse me laisse sans voix.
- Je ne sais pas où tu vas chercher de telles idées, salle petite vicieuse ! Tu ferais mieux d'étudier, au lieu de perdre ton temps à aller imaginer tout ça !
Soudain, je ressens un coup sec au sommet de ma tête. Ma mère m'a frappée de sa pantoufle.
- Alors, qu'est-ce qu'on répond ?
- Oui, j'ai compris.
Ma mère ne m'a encore jamais frappée de cette façon. Je sens un interrupteur s'actionner dans mon coeur. Je deviens insensible, comme anesthésiée, et n'éprouve plus la douleur.
- Tu as eu des notes catastrophiques à ton dernier contrôle pas vrai ? Tu as la tête vide ! Vide ! Vide !
La pantoufle continue de s'abattre sur mon crâne.
- Oui je sais, désolée.
Ma bouche répète sans cesse les mots attendus, comme une incantation....
Alors je t'en prie, ne me jette pas. J'obéirai, quoi que tu me dises, alors ne me jette pas. Les enfants jetés par les adultes finissent par mourir. Alors ne me tue pas s'il te plaît.
Les mots dégringolent de mes lèvres comme une prière, misérables, désespérés, dans une litanie délirante.
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- Tu étais plutôt mauvaise en maths, n'est-ce pas ? Cette fois pourtant, tu n'as presque pas fait d'erreurs.
Quelle joie ! Mme Shinozuka a beau être caractérielle, ses félicitations sont sincères quand on obtient une bonne note.
- Tu es un peu lente en calcul, mais tu réussis mieux en prenant ton temps.
- Merci beaucoup !
Mme Shinozuka n'est pas habituée aux manifestations de gratitude de ses élèves.
- Continue de travailler sérieusement, me dit-elle d'un ton joyeux, en réponse à mes remerciements répétés.
Comparé au traitement qu'on me réserve à la maison, la moindre louange est un trésor. Même lâchées par hasard par une prof cinglée, ces paroles me réchauffent le coeur et me font monter les larmes aux yeux.
Je veux continuer d'étudier sérieusement et devenir une enfant sur laquelle les adultes puissent compter. Ainsi, même bonne à rien, ma famille ne me jettera pas. Je ne sais pas vivre comme les sauvages : si on me jette dehors, je mourrai sûrement de faim.
- Je vais faire de mon mieux !
- Oui, c'est ça, très bien, répond Mme Shinozuka, un peu surprise par ma ferveur. Sois prudente, ajoute--t-elle, en agitant la main avant de reprendre la route....

....
Les adultes aussi ont la vie dure. Ils jugent les enfants, mais eux aussi sont jugés. Mme Shinozuka est un bon rouage dans cette société, mais elle ne remplit pas son rôle d'outil de reproduction. En tant qu'éducatrice, elle a une position de contrôle, mais elle est aussi jugée en tant qu'outil. Cependant, tant qu'elle saura subvenir à ses besoins, elle n'aura pas à craindre qu'on la jette dehors.
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Avoir une poubelle dans une maison, c'est pratique. Chez nous, ce rôle m'a été attribué. Lorsque mon père, ma mère ou ma soeur ne peuvent plus supporter ce qu'ils ressentent, ils s'en débarrassent sur moi, tout simplement.
Le journal du quartier à la main, ma mère sort en même temps que moi. La voisine nous interpelle aussitôt.
- Ah, Natsuki, tu vas à ton cours ? Comme tu as l'air grande !
- Au contraire, réplique ma mère derrière moi en haussant la voix. Ce n'est qu'une bonne à rien, on ne peut pas la quitter des yeux.
- Ne dites pas ça, voyons.
La voisine tourne vers moi un visage gêné.
- Ma mère a raison, dis-je.
Sans la magie, en effet, je ne suis qu'un humain raté. J'ai toujours été maladroite, disgracieuse. Comparée aux autres habitants de la Fabrique à humains, je ne suis qu'une intruse.
- En comparaison, votre petite Chika est vraiment parfaite, poursuit ma mère. La nôtre est stupide et d'une lenteur ! Un vrai boulet !

Elle me donne un coup sur la tête avec le journal. Elle me frappe souvent ainsi. D'après elle, rien de tel qu'un peu de violence pour vous rendre plus intelligent quand on est bête, et puis, avec un crâne aussi vide, on obtient un son plaisant. Elle a peut-être raison. La couverture rigide produit un son sec et aigu.
- Mais regardez-la, elle n'est même pas présentable. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir en faire, personne ne voudra l'épouser.
J'acquiesce.
- C'est vrai.
Je ne dois vraiment avoir aucune valeur, puisque même celle qui m'a portée le dit. Ma seule présence dérange sans doute le voisinage. Même ma soeur n'a de cesse de marteler que l'angoisse me prend dès qu'elle me voit, quoi que je fasse.
- Pardonnez-moi, dis-je en baissant la tête.
- Ah non, il ne faut pas dire ça.... bredouille la voisine, embarrassée.
- Bon, j'y vais, annoncé-je en me redressant, avant d'enfourcher mon vélo pour me rendre à mon cours.
- Je me demande vraiment de qui elle tient, maugréé ma mère derrière moi.
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La neige qui tombe du ciel noir comme de l'encre habille le sol d'un manteau blanc et recouvre les traces des créatures du dehors. A l'intérieur, seul résonne encore le bruit de notre repas.
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Le bon sens est une maladie contagieuse que l'on serait bien en peine de s'inoculer tout seul.
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