Il y a des personnages que nous arrivons difficilement à quitter, qui nous hantent. La petite Natsuki, l'héroïne du roman,
Les Terriens, de Sakaya Murata, l'autrice de Konbini, est de ceux-là.
La couverture du roman, qui représente une peluche en forme de hérisson cache un roman d'une très grande noirceur. C'est Pyûto, la peluche de Natsuki, une adolescente japonaise. Pyûto sait tout des violences domestiques que subit Natsuki : sa mère la bat, l'injurie quotidiennement sans même s'en cacher. Pyûto sait aussi que Natsuki subit des violences sexuelles lors de cours particuliers dispensés par un professeur particulièrement pervers. Pyûto a des pouvoirs magiques qui ont été transférés à Natsuki, et lui permettent de lutter dans son quotidien dévasté.
Une lueur d'espoir - le cousin de Natsuki, Yû, qu'elle retrouve tous les étés à la montagne.
A la fin de la première partie du roman, Yû et Natsuki doivent se séparer.
Bien plus tard.... nous retrouvons Natsuki. Elle souhaite plus que tout échapper au regard de la société, et s'est mariée à Tomoomi rencontré sur un site internet spécialisé : elle recherchait un partenaire pour un mariage sans sexe et sans enfant, et cela lui convenait également. ils vont retrouver Yû - et leur vie à trois va basculer.
Le roman
les Terriens est particulièrement féroce,
Sayaka Murata n'a pas son pareil pour dépeindre un monde dans lequel règne le plus puissant des conformismes, le lavage de cerveau de la Fabrique qui conduit des êtres à se reproduire et à travailler pour élever les enfants. Critique de la société japonaise très codifiée, certainement, mais il me semble que la critique va beaucoup plus loin dans ce qu'elle dénonce.
Dans
les Terriens, pour étayer sa critique,
Sayaka Murata s'attaque à de nombreux tabous, dépeint l'insoutenable.
Que dire des scènes finales ? Quelle interprétation donner à ce roman qui fait plus que de sortir le lecteur de sa zone de confort ?
Comme j'avais beaucoup aimé Konbini, j'ai beaucoup aimé ce roman, qui sans aucun temps mort fait frémir, s'indigner, se révolter, peut donner la nausée. Une telle lecture n'est pas anodine - et Murata , avec une très grande habilité, nous offre un roman très bien écrit, totalement hors-norme qui bouleverse et nous interpelle.