![]() |
Quel livre !! Une lecture obligatoire, vitale. A peine croyable cette puissance de décryptage dans un monde actuel pourtant tellement uniforme, où tout discours est nécessairement englué dans la mélasse de ce que Muray appelle le totalitarisme de l'Empire du Bien. Pas une seule journée sans qu'il n'y ait une couverture de journal, une affiche publicitiaire ou « flyer evenementiel » qui nous permette de comprendre toute la pertinence de ses analyses dont certaines remontent pourtant à plus de 20 ans. Que dire du style de Muray, une véritable bouffée d'oxygène dans un univers où depuis bien longtemps la plupart de nos écrivains contemporains et nos journalistes ont arrêtés de s'embarrasser de la maîtrise de la langue. La preuve irréfutable de la verve de sa plume sont les éclats de rire que sa lecture provoque (et c'est rare de rire en lisant je trouve), et les regards interrogateurs, voire inquiets que ces rires occasionneront autour de vous si vous lisez dans les transports en commun comme moi. Alors certes, la lecture de Muray est difficile, je me suis posé les mêmes questions qu'Iboo ci-dessous, elle nous ôte un peu de notre foi dans le monde actuel. Est-ce une mauvaise chose ? Je préfèrerais toujours avoir une part de vérité, si dure soit-elle, au soma d'une ignorance benoîtement festive. Pour répondre à la précédente critique, il n'y a aucune condescendance dans sa posture, Muray était d'une politesse et d'un raffinement extrême dans la vie. Il décrypte une situation et les réponses, il les donne en filigrane, il faut lire, lire encore et apprendre et écrire, et résister de toute son humanité à tout ce qui s'attache à abrutir, à restreindre notre liberté, à s'empêcher de prendre tous les concepts actuels qu'on nous assène comme allant de soi (la tolérance par indifférence, la justice par la loi au moindre prétexte, les loisirs à tout prix, le tourisme etc). Bref il y a chez Muray une foi inébranlable dans la capacité de résistance de l'esprit humain, même si l'esprit du temps ne contribue pas à nous le rappeler. + Lire la suite |
Guy METTAN, La Tyrannie du Bien, petit dictionnaire de la pensée incorrecte (20 €) a paru aux Éditions des Syrtes.
Le Bien est partout. Il nous poursuit de ses assiduités. Nous traque sans pitié. Projette ses métastases jusque dans les plus intimes replis de nos vies. Il gère, manage, planifie, assiste. Il légifère, confine, vaccine, condamne, bombarde, tue. D'empire, le Bien est devenu tyrannie.
Car la quête frénétique de la vertu est devenue une obsession universelle. Elle ne se limite pas aux cercles woke et aux ONG bien-pensantes. Elle est aussi pratiquée dans les salons feutrés des conseils d'administration, les bureaux open space des managers, les antichambres inclusives des ministères, les amphithéâtres aseptisés des universités et sur les réseaux sociaux qui se sont mis en tête de censurer les manifestations supposées du mal.
Cette tyrannie, il est urgent de la dénoncer. C'est ce que se propose ce guide, qui piétine avec jubilation les plates-bandes du prêt-à-penser économiquement, culturellement et politiquement correct.
Dans la veine caustique d'un Philippe Muray, il désarme les ressorts de la softlangue, ce nouveau langage qui s'emploie à emmieller le vocabulaire et à le noyer de néologismes à consonance anglaise pour mieux répandre ses méfaits.
Il en ressort un inventaire des idées reçues qui réjouira ceux qui n'en peuvent plus des postures et des impostures, des hypocrisies et des faux-semblants engendrés par cette recherche éperdue d'un Bien qui finit par faire beaucoup de mal...