AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782251442099
460 pages
Les Belles Lettres (04/10/2002)
4.57/5   7 notes
Résumé :
Depuis 1997, Philippe Murray pratique ses "exorcismes spirituels". Il s'agit pour l'essentiel de recueils d'articles parus dans divers journaux et revues, aussi bien au Figaro qu'à Marianne, à L'Idiot international en son temps qu'à L'Infini, à Immédiatement, journal souverainiste, qu'à La Montagne. Contre la littérature du sentiment et celle du ressentiment, Murray se dit adepte de la littérature du pressentiment. L'aute... >Voir plus
Que lire après Exorcismes spirituels, tome IIIVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
A mesure que l'on avancera dans la lecture fascinée (et parfois horrifiée, mais aussi rigolarde, comme avec le Candide de Voltaire) des volumes d'Exorcismes Spirituels de Muray, on verra s'élaborer une pensée qui prend de moins en moins le chemin du commentaire d'une oeuvre, d'un texte, d'un tableau, pour se formuler. Désormais, comme dans le corps de chroniques au centre du volume ("Dans la nuit du nouveau monde-monstre"), le texte et l'oeuvre à commenter, c'est notre réalité, notre actualité, et le bavardage incessant des médias. Ainsi s'affirme le caractère irremplaçable des textes de Philippe Muray : ils dessillent les yeux, ils font voir clair, ils suscitent un rire qui est à l'exact opposé de celui des comiques certifiés, actionnaires de ce monde.
Commenter  J’apprécie          80
Le boulanger du village m'en a parlé. Une belle plume. A lire. Absolument, absolument, même si c'est un peu noir. Honnête comme une conviction.
Commenter  J’apprécie          11

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
On purge bébé. Examen d’une campagne anticélinienne


C’est ainsi que l’actuelle campagne anticélinienne, avec en éclaireurs deux petits livres complémentaires, L’Art de Céline et son temps de Michel Bounan et Contre Céline de Jean-Pierre Martin, n’a d’autre objectif ultime que le bannissement de Céline des bibliothèques. Pas le Céline des pamphlets, bien sûr, introuvable depuis longtemps, mais le reste, tout ce qui reste encore de Céline, depuis Voyage jusqu’à Rigodon, avec en point d’orgue son expulsion manu militari de la collection de la Pléiade. Plus émotif que son collègue en purification éthique, Martin nous le dit d’emblée avec une belle franchise : " quatre volumes dans la Pléiade ", c’est trop pour ses nerfs. D’une façon quelque peu lourde, et afin que nul n’en ignore, il l’énonce dès le sous-titre de son ouvrage : D’une gêne persistante à l’égard de la fascination exercée par Louis Destouches sur papier bible. Il y revient plusieurs fois, il s’en plaint amèrement : " Céline, Maître penseur aigri de notre fin de siècle, Céline sur papier bible. " " Le consensus est désormais de son côté. Il est sur papier bible. Il est au programme de l’agrégation. " Nous voilà prévenus, on ne fera pas de cadeaux. Le temps est révolu où on pouvait prétendre lire encore Céline, et le commenter, et le critiquer. Il convient maintenant de l’instruire en bloc. Comme une cause jugée d’avance. Comme une affaire de droit commun. L’inquisiteur moderne est au travail : regardons-le donc exercer son pouvoir. Et tentons de comprendre au nom de quoi il juge. L’intelligence de la société hyperfestive est le commencement de sa critique.
Les attaques de Bounan et de Martin ne relèvent pas de l’histoire des idées ; elles ressortissent pleinement de la post-histoire des loisirs et de la propagande qui les accompagne. La morale, au même titre que la culture et le tourisme, offre un certain nombre de débouchés compensatoires que le monde ancien du labeur ne procure plus. Bounan et Martin sont des employés de l’Espace Bien. Ils n’analysent pas Céline ; ils confessent en long et en large une foi antiraciste dont on ne peut que les féliciter, ainsi que le désir de liquider un problème qui leur paraît un scandale, et une survivance abominable en nos temps rénovés. Ils ne veulent plus voir le problème puisqu’ils connaissent la solution. Ils n’ont pas de questions à poser puisqu’ils disposent des réponses. Ils ne questionnent pas Céline, ils le mettent à la question. La bataille qu’ils engagent ne vise pas à éclairer d’une façon nouvelle les livres de leur bête noire, elle a pour objectif de les disqualifier. Il ne faut pas que Céline soit seulement responsable des crimes qu’il a commis. Il faut enfin qu’intégralement il soit accusé. Et de naissance, comme on le verra.
D’où le recours à des inventions ou des exagérations qui ne tendent qu’à sur-accabler un inculpé jugé d’avance. Ce n’est pas assez que Bagatelles existe, comme un crime ineffaçable ; il faut dénicher encore d’autres forfaitures ; ou supposer à celles que l’on connaît d’autres motifs que ceux qui tombent sous le sens. il est d’ailleurs curieux de noter que les anticéliniens en viennent assez vite à l’accumulation de griefs imaginaires, comme si ceux que l’on sait ne suffisaient pas. Parce que ceux que l’on sait ne leur suffisent pas à eux. Sartre fut un pionnier dans cette voie, avec sa phrase célbre, véritable chef-d’œuvre dans la recherche de causalité postiche à l’ignominie évidente des pamphlets : " Si Céline a pu soutenir les thèses socialistes des nazis, c’est qu’il était payé. " La pratique de la calomnie surajoutée n’a guère entravé, jusqu’ici, le célinophobe de bonne volonté. Elle le gêne moins que jamais dans la mesure où la réalité n’existe plus. La vieille critique marxiste reprochait à la religion d’offrir aux hommes un bonheur illusoire, et se proposait de détruire cette illusion au profit d’un bonheur réel. Mais le réel, aujourd’hui, n’est plus une valeur sûre. Il doit donc sans cesse être restauré par quelque chose dont on peut conclure rapidement qu’il tient du conte de fées, c’est-à-dire de quelque chose qui, pas davantage que les miracles ou les prodiges, ne se conteste. Or, dans les contes de fées, il faut des sorcières.
Ce n’est donc pas un écrivain, et encore moins un romancier, dont nous entretiennent Martin et Bounan ; c’est un criminel perpétuel, dont la criminalité est homogène dans toutes ses manifestations. Loin de décomposer l’" objet " Céline, et de tenter de conceptualiser ses parties, Bounan et Martin les réamalgament. Ils réunifient cette œuvre disloquée par l’Histoire en général et par le délire de son auteur en particulier. Ils ne veulent voir qu’une seule tête de Turc. Leur éthique totalisante et unitariste exige un objet d’exécration totalement cohérent. La division, les incompatibilités qui cohabitent, leur apparaissent comme des trahisons par rapport à la communauté ; par rapport à eux, qui ne sont personne que le commun. L’ambiguïté n’est pas leur fort. Ils s’éclairent aux slogans comme jadis à la chandelle. Cette stéréotypisation en rappelle bien d’autres. Elle se produit sans doute par mimétisme avec ce qu’ils ont décidé de nous faire savoir qu’ils ne pouvaient plus du tout supporter.
Le rejet de Céline m’est toujours apparu comme un droit imprescriptible. On ne peut contraindre personne à lire ses livres, encore moins les aimer, et même pas le seul Voyage. Son art ne le disculpe de rien. Ses romans ne sauraient excuser ses pamphlets. Nul ne peut prétendre fermer les yeux sur L’École des cadavres pour jouir en paix de Mort à crédit. On peut, en revanche, éviter de dire n’importe quoi, et, pour commencer, qu’il y aurait des masses de choses cachées qu’il conviendrait aujourd’hui de dévoiler. On voit mal en quoi, par-dessus le marché, l’immoralisme de certains œuvres rend plus supportable le déferlement de la moralité. Que le vice soit blâmable ne fait pas la vertu plus drôle ni plus sacrée. Les fautes de Céline, et les pires de ses crimes, sont connus depuis près de soixante ans. Il n’y a rien à soupçonner chez lui puisque sa culpabilité a été publiée dans son intégralité. Céline n’est pas un faux innocent qu’il serait urgent de démasquer. C’est un vrai coupable. On ment quand on affirme apporter du nouveau réellement nouveau à propos de cette culpabilité. À la lettre, les libelles de Bounan et Martin sont des entreprises d’intoxication par lequelles on prétend désintoxiquer le lecteur naïf qui n’aurait jamais rien su de l’infamie célinienne, et c’est bien ainsi que cette double offensive a été saluée : " Il y a, en France, un gros non-dit autour de Céline " (Gilles Tordjman dans Les Inrockuptibles). " Voilà Céline remis à sa place. Ceux que bouleversent ses livres ne pourront plus l’ignorer " (Grégoire Bouiller, Le Monde). " Deux ouvrages viennent d’établir la vérité sous les masques si convenus " (Alain Suied, Le Mensuel littéraire et poétique). Ayant constitué en axiome un aveuglement général qui n’a jamais existé, Bounan et Martin peuvent bonimenter à leur aise. Sans ce bluff du scoop, leurs livres n’auraient même pas lieu d’exister. Et leurs auteurs n’auraient pu se décerner, en les écrivant, de si précieuses brevets de néo-bien-pensance.
Je ne m’attarderai pas sur les critiques obscures de M. Martin concernant mon propre Céline. Je ne sais pas, au juste, pourquoi ce Martin me cherche ; et de toute façon je ne perdrai pas mon temps à défendre un ouvrage déjà vieux de dix-sept ans et que je ne pourrais qu’aggraver si je le réécrivais. Je ne vais pas non plus prendre la défense des romans de Céline, ils le font tout seuls et ils le font très bien ¹. Il me paraît d’ailleurs hors de question de discuter de Céline, au fond du fond, avec un Bounan ou avec un Martin. Le problème des liens effectifs entre les romans et les pamphlets, entre la vision qui se dégage de ceux-ci et ce que nous apprennent ceux-là, est un peu trop complexe pour qu’on en délibère avec des lascars qui voudraient nous faire croire qu’ils sont les premiers à ne pas considérer les pamphlets comme un " bloc à part " (Martin). Si rien de ce qu’ils ont publié ne nous informe sur Céline, tout, en revanche, dans leur prose, nous renseigne sur notre époque. Leurs livres n’ont pas à être contestés ; on ne peut que les commenter en vrac. Au surplus, ces littérateurs vont si bien ensemble que je les évoquerai comme ils m’apparaissent, à la façon des duettistes venant pousser leur chansonnette sur le Théâtre des Droits de l’homme, où ne cessent d’être jugés et rejugés les forfaits du passé, et le passé en tant que forfait. Pourquoi mériteraient-ils un plus grand respect ? Il ne semble jamais venir à l’esprit du Docteur Bounan et de Mister Martin qu’un roman ait pu, en des temps reculés, être autre chose qu’une manifestation de solidarité avec les plus démunis. De même ne paraissent-ils comprendre les œuvres que dans la mesure où ils peuvent croire qu’elles adhèrent ou militent. De ce fait, les arcanes de l’histoire récente, c’est-à-dire l’étendue des dégâts causés par l’évaluation morale des choses et l’élimination de toute vision critique, leur échappent fatalement. En moins de deux générations, notait un employé de Libération juste après la mort de William Burroughs (mais sans avoir bien sûr, lui non plus, les moyens d’examiner le lièvre qu’il était en train de soulever), ce sont certaines des caractéristiques les plus " marginalisantes " de la personnalité de cet écrivain (le fait, tout simplement, qu’il était drogué et homosexuel) qui lui ont permis " d’intégrer le panthéon de la political correctness ". C’est aussi à la faveur de cette mutation qu’est apparue une nouvelle classe étrange, mais parfaitement logique, d’opposants rituels et officiels : organisateurs de subversion, mécontents appointés, salariés dans la branche rébellion de l’Institution, panégyristes de la guérilla qui décoiffe, révoltés connivents, scouts de l’émeute, Fripounets de
Commenter  J’apprécie          20
"Marius et Jeannette" (Robert Guédiguian) et le "coeur".

Derrière toute la bouillabaisse de tendresse dont on nous inonde, on flaire l'arnaque poétique et celle-ci, par lapsus interposé, finit par montrer le bout de son oreille lorsque, devant Marius qui s'est saoulé à mort pour oublier que sa première femme et ses enfants se sont tués en voiture, Justin, le vieil instituteur, cite brusquement Céline pour constater avec tristesse que Marius n'a plus assez de musique /dans le coeur/ pour faire danser la vie. L'ennui, c'est qu'il ne s'agit pas du tout de coeur dans ce fragment célèbre du Voyage ("On n'a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilà. Toute la jeunesse est allée mourir déjà au bout du monde dans le silence de vérité. Et où aller dehors, je vous le demande, dès qu'on n'a plus en soi la somme suffisante de délire ?"), et que Céline a aussi dit plus tard ce qu'il pensait de l'usage abusif du coeur ("Je l'oubliais cette autre renvoi visqueux ! La marque d'une bassesse intime, d'une impudeur, d'une insensibilité de vache vautrée, irrévocable, pour litières artistico-merdeuses, extraordinairement infamantes ...") Quand il veut construire sa Légende Dorée sans le dire, le cinéma n'a besoin que de remplacer un mot par un autre dans une citation ; mais ce n'est pas n'importe quel mot : c'est celui de la propagande et des publicitaires et des médecins sans frontières lorsqu'ils vous prennent par le pathos pour vous vendre leurs cochonneries. L'indication de Céline ("On n'a plus beaucoup de musique en soi") était floue, donc belle et juste ; celle du vieil instituteur de "Marius et Jeannette" est précise (Marius n'a plus assez de musique /dans le coeur/), donc navrante, parce qu'elle est tueuse d'énigme et de mystère. Elle est aussi tueuse de l'oeuvre où elle se trouve.

pp. 318-319, "Pourquoi votre film est muet", 2000.
Commenter  J’apprécie          80
"Phobies."
A un niveau plus quotidien, je suis frappé depuis quelques années par l'opération de médicalisation systématique dont sont l'objet tous ceux qui ne pensent pas dans la juste ligne : on les taxe de "phobie". Et personne n'ose seulement délégitimer cette expression en la problématisant (c'est-à-dire en disant ce que devrait se dire à tout propos un intellectuel : "qu'est-ce que, au fait, ça signifie ?") Il y a maintenant des phobes pour tout, des homophobes, des gynophobes (encore appelés machistes ou sexistes), des europhobes etc ... Une phobie, c'est une névrose : est-ce qu'on va discuter, débattre, avec un névrosé au dernier degré ? Non, on va l'envoyer se faire soigner, on va le fourrer à l'asile, on va le mettre en cage. Dans la cage aux phobes.

("Là où le débat blesse", p. 267)
Commenter  J’apprécie          140
(Avignon, 2000).
"Votre idée du beau est-elle définitive?" vous interpellent les mêmes prospectus. Ma réponse est : oui. Bien entendu. Mon idée du beau est définitivement définitive. Mais il est évident qu'on attend que vous répondiez non, si vous voulez avoir l'air d'un honnête moderne, c'est-à-dire d'un esclave de bonne volonté qui a appris à ânonner en rampant, dans les sombres écoles des avant-gardes, que tout est relatif.

p. 375
Commenter  J’apprécie          140
1. L’une des plus belles apologies récentes de Voyage au bout de la nuit a été composée il y a une dizaine d’années par Allan Bloom dans L’Âme désarmée : " Le seul écrivain qui n’exerce aucune espèce de séduction sur les Américains, qui n’offre aucune prise au charcutage de nos critiques marxistes, freudiens, féministes, déconstructionnistes ou structuralistes, qui ne propose à nos jeunes gens ni pose, ni sentimentalité, ni soporifiques, est justement celui qui a le mieux exprimé la façon dont la vie se présente à un homme prêt à s’interroger courageusement sur ce que nous croyons et ce que nous ne croyons pas : Louis-Ferdinand Céline. C’est un artiste beaucoup plus doué et un observateur beaucoup plus perspicace que Thomas Mann ou Albert Camus, pourtant bien plus célèbres que lui. Robinson, l’homme qu’admire Bardamu dans Voyage au bout de la nuit, est un égoïste, un menteur, un truqueur et un tueur à gages. Alors pourquoi l’admire-t-il ? En partie pour son honnêteté, mais surtout parce qu’il préfère se laisser tuer par sa maîtresse que de lui dire qu’il l’aime. Il croyait en quelque chose, ce dont Bardamu est incapable. Les étudiants américains sont rebutés et horrifiés par ce roman ; ils s’en détournent avec dégoût. Mais si on pouvait le leur ingurgiter de force, cela pourrait les inciter à reconsidérer bien des choses, à admettre qu’il serait urgent de repenser leurs prémisses, à expliciter leur nihilisme implicite et à l’examiner sérieusement. Si je cherche une image de notre condition intellectuelle actuelle, je ne puis m’empêcher d’évoquer les bandes d’actualités cinématographiques qui nous ont montré les Français s’éclaboussant joyeusement sur une plage, lors des premiers congés payés décrétés par le gouvernement de Front populaire de Léon Blum. Cela se passait en 1936, l’année où l’on a laissé Hitler réoccuper la Rhénanie. Tous nos grands thèmes se trouvent évoqués dans l’image de ces congés payés. "
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Philippe Muray (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Muray
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Philipe Muray n'a pas eu droit de son vivant à l'attention que son talent aurait justifiée. Mais un comédien a contribué à le venger. Savez-vous de qui il s'agit ?
« Exorcismes spirituels » de Philippe Muray, c'est à lire en poche chez Tempus.
Dans la catégorie : SociologieVoir plus
>Sciences sociales>Sciences sociales : généralités>Sociologie (134)
autres livres classés : Philosophie socialeVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (19) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
438 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}