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EAN : 9791026814368
240 pages
Urban Comics Editions (26/10/2018)
4.34/5   238 notes
Résumé :
Dans un monde où Batman est allé trop loin, le Joker doit sauver Gotham ! Le Joker, ce maniaque, ce tueur, celui que l'on surnomme le Clown Prince du Crime... si Batman, le Chevalier Noir, sombre du côté obscur, pourquoi le Joker ne pourrait-il pas sortir de sa psychose et devenir le Chevalier Blanc ? C'est ce qui arrive après qu'un traitement inédit a guéri le Joker et le fait redevenir Jack Napier : un nouveau candidat à la mairie de Gotham !
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
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Ce tome contient une histoire complète qui ne nécessite pas de connaissance préalable de Batman. Il comprend les 8 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018, écrits, dessinés et encrés par Sean Murphy, avec une mise en couleurs réalisée par Matt Hollingsworth. Murphy a réalisé une deuxième saison Batman: Curse of the White Knight.

La Batmobile arrive devant la grille de l'asile d'Arkham et va se garer devant la porte d'entrée. Jack Napier en sort et se rend à la cellule de Batman, accompagné par les gardes. Napier indique à Batman enchaîné, qu'il a besoin de son aide. Il y a un an, Joker est en train de fuir comme un malade, sur un hoverboard, en pleine voie, talonné par Batman dans sa Batmobile, avec Batgirl (Barbara Gordon) sur le siège passager. Joker se joue des obstacles alors que Batman donne l'impression de foncer dans le tas : sur le toit d'un immeuble, au milieu d'un chantier sans faire attention aux ouvriers. La course-poursuite se termine dans un entrepôt où Joker se retrouve acculé par Batman, essayant de se défendre avec une hache. Batman commence à frapper Joker pour le maîtriser, pendant que Joker développe un argumentaire dans lequel il prouve que les méthodes de Batman n'ont jamais rien résolu, qu'elles ne servent qu'à assouvir son besoin de contrôler les choses, et que lui, Joker, comprend mieux Gotham que lui. Excédé, Batman finit par faire avaler à Joker les comprimés contenus dans le flacon qu'il lui agite sous le nez, sous les yeux de James Gordon, Renee Montoya, Harvey Bullock, Batgirl, Nightwing et plusieurs autres témoins dont un filme la scène avec son téléphone.

Les informations à la télé sont partagées sur la séquence, entre la preuve d'un individu en maltraitant un autre sous le regard de la police qui regarde sans rien faire, et ce que l'on sait des exactions de Joker (mais qui n'a jamais été prouvé). Gordon, Montoya et Bullock regardent Joker allongé dans son lit dans l'unité de soins intensifs. Bullock est satisfait qu'enfin le public se rende compte que Batman est un vigilant qui abuse de la violence, et qui s'il avait été un policier aurait été renvoyé depuis longtemps pour faute grave. Barbara Gordon et Dick Grayson vont rendre visite à Bruce Wayne qui accepte de leur confier ce qui le mine : Alfred Pennyworth se meurt et est dans le coma. Jack Napier confie à son psychothérapeute ce qui le mine : sa fascination pour Batman qui confine à une forme d'adoration, Gordon se trouve dans le bureau du maire Hamilton Hill quand la docteure Leslie Thompson lui apporte le rapport sur Jack Napier : il est guéri et sain d'esprit et il a décidé de porter plainte contre la police de Gotham (GCPD, Gotham City Police Department), contre Batman et contre la ville de Gotham.

En 2019, l'éditeur DC Comics met officiellement un terme à sa branche Vertigo destinée à des récits pour des adultes, et se réorganise un peu avant en 3 branches de publication dont le Label Noir (Black Label) pour accueillir des récits plus sombres, adultes. C'est dans cette branche qu'est publié le présent récit. Sean Murphy a déjà réalisé plusieurs bandes dessinées avant celle-ci : entre autres Joe L aventure intérieure (2010/2011, avec Grant Morrison), Punk Rock Jesus (2012), The Wake (2013/2014, avec Scott Snyder), Tokyo Ghost (2015/2016, avec Rick Remender). En entamant le récit, le lecteur se demande comment il se situe par rapport à la continuité. Il comprend vite qu'il s'agit d'un récit hors continuité : le coma d'Alfred, la rémission de Joker, le sort de Jason Todd. L'auteur a donc les coudées franches pour raconter une histoire de Batman comme il l'entend, en réinterprétant les personnages récurrents comme il le souhaite. du coup, le lecteur se retrouve régulièrement en train de se demander si Sean Murphy s'écarte volontairement du statu quo pour mieux y revenir, ou s'il s'agit d'une prise de liberté durable, rendant ainsi le scénario beaucoup moins prévisible.

Il est possible aussi que le lecteur soit avant tout venu pour les dessins de Sean Murphy. Il retrouve ces éléments détourés avec des traits fins, voire très fins, et secs, parfois rectilignes y compris pour des contours anatomiques, et des aplats de noir copieux aux formes irrégulières mangeant de nombreuses cases. Il retrouve également l'influence des mangas, en particulier dans les traits de puissance ou de vitesse servant également à intensifier les perspectives, et dans les visages plus jeunes (en particulier celui de Barbara) avec des expressions traduisant une émotion non filtrée, souvent un enthousiasme communicatif. Par contre, l'artiste a mis la pédale douce sur les nez pointus : ces appendices ont retrouvé une forme plus conventionnelle. Dès la première page, le lecteur plonge avec délice dans une atmosphère gothique et noire : l'asile d'Arkham dans le noir de la nuit, avec sa grille en fer forgé, et ses chauves-souris. Par la suite, Sean Murphy excelle à capturer et à faire ressentir la noirceur de Gotham et de certains personnages : Batman comme une bête en cage dans sa cellule, la collection obsessionnelle de produits dérivés de Batman dans la chambre de Joker, la pose romantique de Victor Fries devant sa femme Nora cryogénisée, l'effondrement d'un pont de Gotham, l'immense canon rétro-futuriste dont va se servir Neo Joker.

Très vite, le lecteur se retrouve plongé dans Gotham à côté des protagonistes, éprouvant la sensation que son état d'esprit est influencé par les grands bâtiments effilés, par les longues perspectives, par les quartiers plus resserrés, par le riche mobilier du manoir des Wayne, par la décoration insensée de l'appartement de la première Harley Quinn, par la pénombre de la Batcave, par l'espace ouvert sur la place où Jack Napier fait un discours, par l'aménagement purement fonctionnel des bureaux de la police et du parking au sous-sol. Il côtoie, plutôt qu'il n'observe, des individus à la forte personnalité graphique : le maintien droit et strict de Jack Napier et son sourire, le maintien droit et rigide de Batman attestant de sa psychorigidité, les postures plus souples de Batgirl, le comportement très formel de James Gordon pétri de la responsabilité de sa fonction. Sans ostentation, Sean Murphy se montre un chef décorateur de talent, un costumier attentif aux détails, et un directeur d'acteurs avec une vraie vision, dramatisant un petit peu leur jeu pour rendre compte de l'ampleur des enjeux, du degré d'implication des différentes personnes. le lecteur reste également bouche bée devant de nombreuses séquences échevelées : l'improbable course-poursuite entre la Batmobile et Joker en hoverboard, la violence du combat à main nue entre Batman et Joker, les clins d'oeil à Batman Mad Love de Paul Dini & Bruce Timm et à Batman the animated series, l'apparition horrifique de Clayface (Matthew Hagen) chez Mad Hatter (Jervis Tetch), la soirée en amoureux entre Jack Napier et Harley Quinzel, une autre course-poursuite cette fois-ci entre 2 modèles différents de Batmobile, etc.

Déstabilisé par la possibilité pour le scénariste de modifier les éléments canoniques comme bon lui semble, le lecteur se montre plus attentif à l'intrigue pour ne pas laisser échapper un détail, ou pour ne pas se tromper sur le sens d'une scène qu'il peut avoir l'impression d'avoir déjà vue. Sean Murphy développe la relation entre Batman et Joker, essentiellement du point de vue de Joker, sur une dynamique d'amour & haine. Suite au traitement administré de force par Batman, Joker voit sa personnalité revenir à son état antérieur, quand il était un individu très ordinaire appelé Jack Napier. Or ce dernier a conservé toute l'expérience qu'il a acquise en tant que Joker, en particulier sa familiarité avec Batman. Il décide à la fois de se réformer, et de prouver que les méthodes de Batman sont plus néfastes à Gotham que bénéfiques. Ce n'est pas la première fois qu'un auteur développe ce thème, mais là Sean Murphy le prouve par l'exemple : Jack Napier se lance en campagne, tout en initiant des actions pour résoudre les problèmes de fond de la ville, plutôt que de s'en tenir à faire disparaître temporairement les symptômes que sont les supercriminels. La longueur du récit et son déroulement en dehors de la continuité font que Sean Murphy se montre assez convaincant pour que le lecteur y croit. Il montre d'un côté Batman qui ne fait confiance à personne, ce qui sous-entend un ego surdimensionné, un individu persuadé d'avoir raison mieux que tout le monde. de l'autre côté, Jack Napier n'agit pas par altruisme ou par bonté de coeur : il a quelque chose à prouver, une forme de vengeance contre Batman en montrant que d'autres méthodes peuvent réussir durablement, et ainsi gagner sa rédemption.

Emporté par la narration visuelle, le lecteur se laisse progressivement convaincre de la nocivité de Batman pour l'organisme qu'est la ville de Gotham, et par le bienfondé des méthodes démocratiques de Jack Napier. La narration de Sean Murphy n'a pas la force de conviction de celle de Frank Miller pour Dark Knight Returns : c'est la somme de réflexions diverses qui finissent par saper les a priori du lecteur et par retourner ses convictions. C'est une façon de procéder parfois un peu fragile quand un argument reste superficiel, presque spécieux, et ne vaut que parce qu'il s'intègre bien dans la tapisserie dessinée par les autres. Cette sensation de fragilité est renforcée par les éléments incidents de l'intrigue : la maladie d'Alfred et sa lettre, la scène d'explication à la fin sur le rôle d'un des personnages, comme si l'auteur avait estimé qu'il fallait consolider l'intrigue principale avec des éléments périphériques.

Avec cette histoire, Sean Murphy réussit le pari de réaliser une histoire personnelle et originale de Batman, ce qui est déjà une grande réussite en soi. Il met en oeuvre une narration visuelle acérée et consistante : Gotham s'incarne avec une personnalité inquiétante, les personnages existent et il y a de nombreuses scènes visuellement mémorables. L'auteur parvient à écrire un récit qui utilise les conventions du genre superhéros (costumes et masques, superpouvoirs des ennemis de Batman, confrontations physiques, et une touche de technologie d'anticipation pour les Batmobiles), tout en racontant une histoire adulte, où un individu met Batman à mal en utilisant les outils de la démocratie.
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Je me demande si le Joker n'est pas mon personnage de BD préféré, tous genres confondus. "White Knight" signé Sean Murphy, qui officie à la fois en tant que scénariste et dessinateur, part d'une idée particulièrement alléchante : faire de l'habituel ennemi de Batman le gentil de l'histoire ! Pour la première fois dans un comics, celui-ci a une identité : sous le maquillage de clown, l'homme s'appelle Jack Napier. Guéri de ses troubles mentaux grâce à des pilules miraculeuses, le génie du crime devient un génie tout court qui décide de se racheter une conduite au service de la ville de Gotham. Se découvrant une vocation politique, Napier s'érige en porte-parole de la multitude qui ne possède pas grand-chose contre la minorité des possédants, ces derniers ayant déjà leur propre héraut : Batman...

Sean Murphy prend un malin plaisir à renverser les rôles traditionnels du gentil et du méchant, et met en évidence le fait que le Joker et Batman sont des alter ego, l'un ne pouvant exister sans l'autre. Cela est illustré par la fascination du Joker pour son meilleur ennemi, l'auteur suggérant une tendance homo-érotique assumée par l'un, rejetée par l'autre. Napier tend un miroir à Gotham et à son premier protecteur en particulier, il démontre que la frontière entre le bien et le mal est plus floue qu'il n'y paraît, met le doigt sur les problèmes pratiques et moraux du vigilantisme, pose la question de la légitimité des héros se plaçant au-dessus des lois... Bien sûr, ce n'est pas la première histoire de super-héros à aborder de tels sujets, loin de là, mais c'est toujours appréciable, et il s'agit d'un des principaux atouts de "White Knight".

J'aurais toutefois aimé que Sean Murphy pousse sa logique à fond, qu'il prenne plus clairement le parti de faire de Batman un véritable ennemi du peuple, une créature des ultra-riches et de ceux qui détiennent le pouvoir (personnalités politiques, médias, police...) prospérant grâce à la détresse de ceux qu'il prétend défendre. Mais finalement, sans trop en révéler sur le cheminement de l'intrigue, on retombe sur un propos plus modéré, moins accablant pour le Chevalier Noir, comme si l'auteur (ou ses éditeurs ?) n'avait pas osé trop égratigner l'idole. Après des premiers chapitres brillants, j'ai eu l'impression de revenir petit à petit dans un schéma plus convenu : une grave menace pesant sur Gotham, le plan machiavélique d'un super-vilain, l'association de héros et de policiers pour sauver ce qui peut l'être... L'action ne faiblit pas, les derniers chapitres restent prenants, mais sont un peu décevants malgré tout au vu du postulat de départ. J'aurais préféré assister à un peu plus de manoeuvres politiques et médiatiques, et à un peu moins d'explosions et de courses-poursuites – bien que ces dernières soient sublimées par le talent de Sean Murphy, qui excelle dans la représentation de beaux véhicules en action... Et pas seulement.

Car d'un point de vue graphique, on est dans le haut du panier. Je n'avais rien lu de Sean Murphy jusqu'à présent mais il possède un sens certain de la mise en scène et n'est pas du genre à bâcler une case. Chaque planche fourmille de détails. C'est le type de BD qui se déguste plus qu'elle ne se dévore. Mais elle n'est sans doute pas une porte d'entrée idéale pour s'initier au Batverse : le récit ne manque pas de références parfois ironiques, de clins d'oeil aux fans... Quel plaisir de retrouver réunis à la même table les super-vilains les plus emblématiques de Gotham ! Même si là encore, le potentiel n'est pas tout à fait exploité puisque le Pingouin, Bane, le Sphinx et les autres restent cantonnés à l'état de flingueurs interchangeables. Ce n'est pas le cas de Harley Quinn, qui se voit octroyer un rôle de premier plan tout au long du récit, lequel apporte en outre une explication logique et astucieuse à sa transformation de l'Arlequin classique des années 90 à l'actuelle bimbo en mini-short.

Je ne suis pas suffisamment spécialiste pour savoir si "White Knight", ainsi que le prétend la quatrième de couverture, a le potentiel pour faire son entrée parmi les grands classiques de Batman. Il a assurément pour lui son esthétisme et déborde d'idées enthousiasmantes, même si la démarche n'est pas assez jusqu'au-boutiste à mon goût. En tout cas, il fait partie des comics que je relirai très volontiers.
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J'ai toujours apprécié l'univers de Batman depuis ma petite enfance . Je me souviens avec beaucoup de nostalgie et de plaisir que je regardait la série de dessin animé. Après les films , parfois très bon et parfois très mauvais, j'ai décidé de me plonger dans la lecture de ces comics de l'univers DC. Un très généreux ami m'a prêté les deux tomes de cette série.
Dès le début j'ai accroché et énormément apprécié. Les coups de crayon, la mise en page , les couleurs et bien sûr l'histoire font de ce comic une véritable bombe.
Il s'agit bien de livre pour adultes , car il y des scènes de violence assez rudes.
Quel plaisir de découvrir Batman et Gotham sous une vision noire mais où les héros et les méchants ne sont pas toujours ceux que nous imaginons . On découvre un Batman qui doute , qui se trompe , qui renonce . Un Joker manipulateur mais aussi très humain. Une Harley Quinn très difficile à saisir au niveau de sa personnalité.
Il y a donc plusieurs grilles de lecture possible avec ce livre et c'est d'autant plus jubilatoire. ( Les riches contre les opprimés, l'utilisation de l'argent publique, la rédemption, la maladie, etc)
Il faut le découvrir et voir à quel point ce livre nous entraine dans une réflexion beaucoup plus poussée que ce que nous pourrions imaginer de prime abord.
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Difficile d'aborder cette BD sans à priori. Depuis qu'elle est sortie, que des critiques très bonnes, voire élogieuses. le compliment ultime a même été fait : une aventure qui pouvait marquer l'histoire des BD/comics de Batman autant que l'avaient fait auparavant The Dark Knight et Batman Year One de Frank Miller. J'ai donc attaqué la lecture avec un petit côté "Vas-y montre-moi ce que tu as dans le ventre". Verdict ? Et bien impossible de lâcher cette histoire avant d'arriver à la fin, et pour plusieurs excellentes raisons.
Tout d'abord, l'histoire est intéressante et particulièrement bien écrite car elle fait douter en permanence : Napier ou Joker ? Gentil ou méchant ? Cette interrogation est renforcée par le double personnage d'Harley Quinn, habilement utilisé, et par un Batman qui semble perdre pied et franchir la ligne rouge en permanence. Mais n'est-ce pas plutôt ce que Napier veut faire croire ? Ou pas ? Tout cet aspect de l'histoire est très malin. Deuxième point qui aurait pu être très risqué mais qui fonctionne très bien, c'est l'inscription de cette histoire dans un univers qui se nourrit à la fois du Batman comics, du Batman cinématographique et du Batman télévisuel (je ne précise rien, c'est à découvrir à la lecture). Au début, on a l'impression que cela relève plus de l'hommage que d'autre chose mais, en définitive, cela donne l'image d'une oeuvre somme, qui cherche à construire du neuf sans être en rupture avec le passé, et qui donc l'assume totalement. Là ou le Dark Knight de Miller rompait avec ce qui le précédait, Sean Murphy montre à la fois son respect pour l'univers de Batman, et le plaisir qu'il a à s'en emparer, et le plaisir est sacrément communicatif ! Troisième point qui montre la qualité de l'appropriation, le scénario propose des relectures des personnages (et il y en a un sacré paquet qui est convoqué !), de leurs relations (idée gonflée concernant celle entre le Joker et Batman) ou encore d'évènements marquants de la mythologie batmanienne (oser revenir sur l'épisode Joker / Robin Jason Todd alors que tant d'histoires en ont déjà parlé). Et que dire . Enfin et finalement, cette aventure du white et du dark knight est ancrée dans le contexte actuel et dans le réel (tout en restant à Gotham city bien sûr). Parce que franchement, qui s'était posé la question des dégâts causés par Batman avec sa Batmobile et de leur prise en charge par les impôts ? Qui avait imaginé en Batman un défenseur indirect du système économique libéral ? Il y a du fond, des petites questions posées de-ci de-là. Et quand on reconnait au détour d'une page, totalement intégrée à l'histoire, la célèbre photo de Jonathan Bachman prise en 2016 pendant les manifestation noires aux Etats-unis, on se dit que Sean Murphy l'air de rien, nous propose bien un Batman de la fin des années 2010, qui détonne tout en restant un Batman intemporel. Et, oui, il faut quand même le dire, le dessin est très bon. Tant serait à dire encore mais stop. Lisez ce Batman, car même s'il est moins radical que ceux de Miller, il mérite sa place à leurs côtés.
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A album exceptionnel travail éditorial aux petits oignons avec un nouveau bandeau pour la collection Black Label de DC (à l'origine destiné à publier des ouvrages matures selon les critères américains mais que l'affaire du Bat-zizi a montré comme aussi puritain que les autres comics...) et trois superbes couvertures pour l'édition couleur, la N&B et la spéciale FNAC. Un gros cahier graphique montrant les recherches de design affolantes de maîtrise (notamment pour la batmobile!!!!) en fin d'album et bien sur les couvertures originales des huit épisodes. On aurait voulu en avoir plus mais cela n'aurait pas été raisonnable...

Suite à une énième poursuite avec Batman, le Joker voit sa personnalité originale de Jack Napier prendre résolument le dessus sur son identité pathologique. Décidé à démontrer la violence et la folie de Batman, il se présente comme le héraut du peuple contre les élites corrompues de Gotham et la radicalité hors des lois du chevalier noir commence à ne plus être acceptée...

Il est toujours difficile de commencer une BD aussi attendue tant l'on craint d'être déçu. J'ai découvert Sean Murphy tardivement, sur l'exceptionnel Tokyo Ghost et autant apprécié la minutie de son trait que son côté bordélique. Les premier visuels du projet White Knight publiés l'an dernier m'ont scotché autant que le concept (j'ai toujours préféré les histoires de super-héros one-shot ou uchroniques (type Red Son) et depuis je suis Impatience... Une fois refermé cet album au format idéal (histoire conclue en huit parties avec une possibilité de prolongation... déjà confirmée avec Curse of the White Knight) l'on sent que l'on vient de lire un classique immédiat! C'est bien simple, tout est réussi dans ce projet, des dessins aux personnages en passant par la cerise sur le gâteau: l'insertion de Gotham dans l'actualité immédiate avec le dégagisme et la lutte contre les 1%. Ce dernier élément pose la référence avec le Dark Knight de Miller et Watchmen, deux monuments qui assumaient un message politique et proposaient une véritable vision d'auteur de personnages iconiques dans les années 80. On est ici dans la même veine et très sincèrement il est rare, des deux côtés de l'atlantique, de voir un projet aussi ambitieux et abouti.

Sur la partie graphique on retrouve quelques tics de Murphy comme ces sortes de bottes-porte-jarretelles de Batman (que l'on trouvait dans Tokyo Ghost), la fille qui sauve un héros brutal et torturé ou les références à d'autres oeuvres à droite à gauche. Murphy est un fan de toute éternité du Dark Knight et l'on sent dans le Joker, présenté dans la BD comme le premier fan de Batman et dont la chambre est peuplée de jouets à effigie du héros, son alter-ego de papier. Au travers des différentes Batmobiles l'auteur rappelle la généalogie majeure de Batman, de la série des années 60 au film de Tim Burton et à ceux de Nolan. Ce sont surtout des références cinéma qui pointent et aucune allusion à la série de Snyder Capullo n'est faite, la seule attache aux BD de Batman est sur le meurtre de Robin dans le Deuil dans la famille. le nombre d'éléments que nous propose Sean Murphy est assez impressionnant, outre ces multiples références subtiles il utilise les passages obligés du Batverse à savoir les méchants, l'arme fatale, Gotham comme personnage à part entière et ses secrets, l'ombre de Thomas Wayne et la relation avec Gordon... Tous les dialogues sont intéressants, permettent de développer une nouvelle thématique et rarement des personnages de comics auront été aussi travaillés. Jusqu'à la conclusion dans une grosse scène d'action tous azimuts comme Murphy en a le secret le scénario est maîtrisé et nous laisse stoïques avec l'envie de reprendre immédiatement la lecture.

Avec le dessin (la batmobile est la plus réussie de l'histoire de Batman!) l'inversion des rôles est un apport majeur à la bibliographie du super-héros. Outre de renouveler l'intérêt avec, me semble-t'il, une grande première que de présenter le Joker comme le gentil, cela permet de creuser très profond dans la psychologie et les motivations des deux personnages que sont Batman et le Joker et brisant le vernis manichéen qui recouvre l'oeuvre depuis des décennies. le Dark Knight de Frank Miller était un Vigilante bien dans l'ère du temps n'intéressait finalement moins l'auteur que son environnement socio-politique. Dans White Knight, les deux faces intéressent l'auteur et il est passionnant de voir défiler des réflexions qui sonnent toutes justes, qu'elles viennent de Nightwing, de Gordon, Napier ou Harley. Batman est finalement le moins présent dans l'intrigue et pour une fois n'est pas celui "qui a lu le scénar", schéma souvent agaçant.

D'une subtilité rare, White Knight sonne comme une oeuvre de très grande maturité scénaristique autant qu'un magnifique bijou graphique à la gloire de toute cette mythologie. Sortie la même année qu'un autre album d'auteur (le Dark Prince Charming de Marini) cette oeuvre adulte gratte les acquis en osant remettre en question beaucoup de constantes de Batman. Un album à la lecture obligatoire pour tout amateur du chevalier noir, mais aussi chaudement recommandé pour tout lecteur de BD.

Lien : https://etagereimaginaire.wo..
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critiques presse (11)
Syfantasy
20 novembre 2023
C'est avec une grande maturité dans son écriture et une maîtrise complète de son potentiel visuel que White Knight s'inscrit dans le panthéon des grands classiques DC, démontrant qu'il est encore possible d'exploiter le terreau de Batman.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Sceneario
31 août 2022
Une proposition intéressante pour les débuts de cette collection en petit format, avec une lecture qui fonctionne très bien. Le scénario est très prenant, les rebondissements incessants, un travail sur les personnages captivant et une trame générale qui nous interpelle du début à la fin.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Auracan
24 janvier 2019
Avec un récit rythmé, un Joker bien en verve et un batman dépité, Sean Murphy fait découvrir aux lecteurs de super-héros des facettes inédites où les psychologies des personnages se révèlent au fur et à mesure des chapitres.
Lire la critique sur le site : Auracan
Bedeo
08 janvier 2019
White knight parvient à mener une passionnante réflexion sur l’essence des super-héros tout en plongeant le lecteur dans une aventure qui bouscule les codes des récits classiques de Batman.
Lire la critique sur le site : Bedeo
Bibliobs
17 décembre 2018
Le trait de Sean Murphy, noir, crade et suffoquant comme à son habitude rend magnifiquement l’opposition, souvent à distance, des deux protagonistes. A ce titre, la version noir & blanc de l’album surpasse celle en couleurs.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
BoDoi
03 décembre 2018
Murphy assume la part politique de l’ouvrage et notamment son titre très chargé en VO, ne reculant pas devant la question raciale et celle des brutalités policières. L’ombre de Christopher Nolan et de sa trilogie cinéma aux accents réalistes plane évidemment sur l’ouvrage et Murphy ne le nie pas, allant jusqu’à faire figurer le design char d’assaut de la Batmobile de Batman Begins.
Lire la critique sur le site : BoDoi
ActuaBD
23 novembre 2018
Avec du drame, de l’action, une tension constamment palpable et un trouble à ce point rarement atteint dans l’histoire pourtant tortueuse de Batman, White Knight s’offre donc le luxe de présenter une nouvelle facette d’un héros et d’un univers pourtant largement familiers. Avec pour seule issue pour notre chevalier de parvenir, paradoxalement, à fendre l’armure.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Telerama
21 novembre 2018
Sous la plume acérée de l’auteur d’American Vampire et de Punk Rock Jesus, Batman se retrouve plongé dans l’enfer des procédures judiciaires et de la pudibonderie américaine et retrouve, malgré le titre, sa vraie couleur : le noir profond. Une réussite tant graphique que scénaristique digne de celle de Frank Miller dans les années 1980.
Lire la critique sur le site : Telerama
BDZoom
19 novembre 2018
Sean Murphy use avec pertinence d’un bon Flash Forward en introduction, pour nous montrer la visite de ce nouvel édile Gothamite dans la prison d’Arkham, venant demander de l’aide à un Batman enchaîné, mais toujours masqué. Effet très cinématographique, intriguant, fonctionnant à cent pour cent, nous incitant à rentrer avec avidité dans l’histoire.
Lire la critique sur le site : BDZoom
Sceneario
05 novembre 2018
LA bande dessinée sur Batman à lire du moment. Un des meilleurs albums parus ces derniers temps, qui mérite sa place dans vos bibliothèques.
Lire la critique sur le site : Sceneario
BulledEncre
31 octobre 2018
Écrit et dessiné par le talentueux Sean Murphy, ce récit du chevalier noir est certainement une des meilleures histoires de Batman racontées ces dernières années, et qui va très rapidement devenir un classique.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
J'aime faire du mal aux criminels, Jim.
Je n'utilise pas d'armes à feu et je ne tue pas... Mais ça ne fait pas de moi un bon samaritain pour autant. Parfois, c'est une excuse pour laisser libre cours à ma brutalité. Et ça a rendu des criminels comme le Joker encore pires.
Je ne sais pas toujours pourquoi je porte le masque.
Pour leur faire peur ?
Ou parce que je me fais peur à moi-même ?
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Quand j'étais jeune, Gotham me faisait fantasmer. Cette ville était fascinante, débordante d'énergie... Le centre de l'univers... Du moins, c'est ce qu'on entendait avant que je fugue.
C'était un mensonge.
Gotham était aussi ennuyeuse que la ferme.
Alors, j'ai tenté de l'épicer un peu. De la faire rire.
Mais j'étais nul sur scène. Je n'arrivais pas à toucher le public. C'est dur de susciter des émotions chez des gens morts à l'intérieur.
Gotham avait besoin d'être réveillée, et pas par l'humour, mais de façon plus radicale...
La terreur.
Alors, je suis passé au crime.
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(Joker) Je ne peux pas t'aider si tu sors de ton personnage.
(Batman) M'aider ?!
(Joker) Bien sûr ! En étant toujours là pour te défier, pour faire monter les enjeux et te rendre plus fort à chaque fois. C'est pour ça que notre relation est si spéciale... Je suis ton ennemi juré parce que je suis ton plus grand fan !
(Batman) Nous n'avons pas de relation.
(Joker) Et c'est moi qui suis dingue ? On est le couple vedette de Gotham City ! Et en bon couple, on se dispute !
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[Batgirl] : Tu vas bien ?
[Batman] : Je n'irai jamais bien. Et le plus difficile pour moi, c'est d'essayer de faire en sorte que ça ne vous affecte pas. Un jour, quand je vous laisserai une lettre de ce genre... que dirai-je ? Sûrement quelque chose pour essayer de vous protéger. Quelque chose qui pourra vous aider lors des heures les plus sombres. Quelque chose qui compensera mes erreurs. J'expliquerai sûrement pourquoi je me suis toujours battu en tant que Batman. Que ce n'était pas pour venger la mort de mes parents. Si j'ai continué de me battre, c'était pour vous. Parce que je voulais vous laisser une Gotham plus sûre et dont vous pourriez être fiers. Pour, qu'un jour, vous enleviez vos masque.
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Jack Napier/Joker : Tu aurais du me laisser me noyer. Je serais mort en héros.

Batman : Je n'aurais jamais laissé faire ça

Jack Napier/ Joker : Me laisser mourir, ou me laisser être un héros ?

Batman : Les deux.
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