Le désir insatiable du marcheur au long cours est d'emprunter sans cesse de nouveaux itinéraires.
Le vent frais qui descend de la colline agite des touffes de salicaire, au loin un renard glapit, son cri vrillé transperce les borborygmes du Lot.
En plein après-midi, la chaleur en impose. La rivière subit elle aussi l'immobilisme qui imprègne la campagne.
Les rives de l'Aveyron sont aussi impénétrables qu'une jungle amazonienne.
J'écoute le murmure de l'eau, le chant des esprits qui hantent remous et tourbillons, le bruissement des feuillages occasionné par la respiration des masses d'air chaud au contact de la fraîcheur qui s'installe.
Le temps des fluides s'écoule entre les berges, il chantonne des airs qui varient à l'infini, il clapote, râle, rote, rugit, vocifère, murmure, parle crie.
La vache Aubrac au pelage de blé mûr, aux cornes en forme de lyre, voire de guidon de vélo, arborant des paupières qu'on dirait maquillées au khôl, est indéniablement une vraie beauté.
Une fraîcheur bienvenue monte de la confluence, un léger courant d'air agite les feuillages, ébouriffe un couple de bergeronnettes grises qui font les cent pas sur un banc de sable qui émerge du courant rapide.
La rivière a canalisé mon errance, je me suis glissé dans son empreinte géologique et à chaque fois que je m'en suis éloigné, elle m'a rattrapé, m'a replacé sur le chemin, m'a associé à son tropisme.
Le Lot dans le couchant arbore des teintes violacées, hérissées des ombres du soleil rasant tandis que la Garonne conserve encore un vert mâtiné de brun, celui de la végétation dense de ses rives.