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4,12

sur 463 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'empereur d'Autriche-Hongrie va bientôt fêter son septantième anniversaire. L'occasion est parfaite pour affirmer l'identité de l'empire au sein de l'Europe et concurrencer la patriotisme germanique qui se développe. Tout le gratin intellectuel est convoqué pour définir les actions à entreprendre dans cette fameuse « année autrichienne » qui doit marquer les esprits. Parmi eux Ulrich, pistonné par son père qui désespérait de le voir gravir l'échelle sociale, surnommé « l'homme sans qualité » par une connaissance pour son manque total d'attachement aux valeurs de son temps.

Ce synopsis ne sert pourtant que de prétexte à Musil. Les dialogues qu'ont les différents protagonistes avec Ulrich lui permettent de disséquer les idées, les courants de pensée et les situations sociales de son époque. Son oeuvre est dense, et il faudrait probablement poser le livre et méditer posément sur ce qu'on vient de lire à chaque chapitre. Je reconnais que je n'ai pas toujours eu la patience de le faire, et j'ai même parfois frôlé d'indigestion.

Malgré le contenu de haute volée qu'il nous propose, Musil semble parfois se moquer des activités intellectuelles. Ainsi, le fameux comité, malgré les grand esprits qui le compose, reste désespérément stérile : les débats tournent en rond, chaque participant tente d'imposer sa vision du monde aux autres, et rien de concret n'en sort, si ce n'est une « réunion visant à la mise en place d'un comité chargé de dégager des pistes d'actions futures ».

Ce livre est complexe et exigeant, mais certains passages sont tellement savoureux que vos efforts en seront largement récompensés.
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"Un monde de qualités sans homme est né, un monde d'évènements sans personne pour les vivre".
C'est le chaos intérieur et le vide spirituel d'Ulrich, son personnage principal, homme sans qualités et brillant Autrichien, que décrit Robert Musil (écrivain intellectuel, essayiste et critique littéraire autrichien qui ne connut pas la renommée de son vivant) dans L'homme sans qualités, roman inachevé, complexe, ardu, satirique et visionnaire.
1913. Avant guerre. Prenant une année sabbatique (après avoir été, comme Robert Musil en personne, officier puis ingénieur), Ulrich (32 ans) part à la découverte de lui-même et de la société viennoise bercée par l'impérialisme de François Joseph qui règne sur l'Autriche et la Hongrie.Ce sont moult réflexions qui se croisent ici à travers les différents personnages (dont celui du docteur Paul Arnheim, patron d'usine capitaliste, Agathe, soeur attirante et libérée d'Ulrich, l'assassin Moosbruger, le comte Leinsdorf organisateur de jubilé..) car Robert Musil met en parallèle un pan d'histoire, le moment où l'Autriche-Hongrie, voulant imiter l'Allemagne fêtant l'empereur Guillaume II,organise un comité des fêtes pour couronner les 70 ans de règne de François-Joseph. le monde des arts, de la culture, de l'armée et de l'industrie alterne alors les soirées mondaines entre flatteries, intrigues et amourettes, tout en oubliant ses hésitations pour se lancer dans des changements radicaux et en oblitérant son statut de perdant en cette année 1918 de fin de 1° guerre mondiale.
"Il n'y a plus d'avenir dans l'instable que dans le stable, et le présent n'est rien qu'une hypothèse..."
Visionnaire Robert Musil? voyant pointer à l'horizon, au-delà de sa métaphore, le spectre du nazisme.
L'écriture élégante, ironique de l'auteur, son style (différent de celui des romans linéaires traditionnels), l'ont rapproché de James Joyce (Ulysse) et l'ont placé par la suite parmi les écrivains phares du XX° siècle.
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La première partie, ''Une manière d'introduction'', m'a fortement emballé. L'écriture géniale, la façon dont l'auteur présente les choses, cet homme sans qualités, personnage désabusé en marge de la vie active, les réflexions profondes : wow, pensais-je avec un sentiment croissant de jubilation. Cela s'est atténué par la suite alors que la majeure partie du livre, intitulée ''Toujours la même histoire'', tourne autour d'un espèce de projet politique et culturel, l'action parallèle, où l'homme sans qualités est impliqué, et fait la peinture de la haute société de l'empire austro-hongrois à l'orée de la première guerre mondiale. Nous côtoyont une foule de personnages intéressants. Les motivations et la psychologie de ceux-ci, le flou et l'indécision de l'action parallèle, tout ça m'a semblé très crédible, très ''vraie vie''. J'ai refermé ce volumineux premier tome impressionné par le talent de l'auteur.
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Ulrich est un homme moderne : ayant voulu se laisser la possibilité de laisser advenir en lui tous les possibles, il se découvre finalement sans qualités, vaincu par cette erreur de jeunesse qui fait croire que l'amour sera toujours aussi intense et qu'une vie fondée uniquement sur la passion peut être solide.


Ulrich a passionnément aimé les idées, puis elles se sont révélées pour ce qu'elles sont, d'éphémères attachements intellectuels. Il atteint la trentaine et se promène dans la vie sans s'y attacher. Il observe l'existence que mènent ses amis. Il rencontre une cousine. Il se laisse entraîner dans une campagne pacifiste qui prépare le 70e anniversaire de l'empereur d'Autriche en 1918 sous le signe du triomphe de l'humanisme et de l'idéalisme européens, avec toute l'ironie que suggèrent ces notions. Pour Musil, l'esprit moderne apparaît avec la rupture opérée par Galilée. Il se fait un plaisir de décrire la société du début du 20e siècle comme le pur produit de cette scission.


Relations surfacielles, intérêts éphémères, solitude et errance dans le monde moderne : les hommes attendent sans savoir quoi. L'écriture est placée sous le signe de l'inconscient ("J'ai été soulevé comme un bouchon et déposé où je n'eusse jamais voulu l'être !") et les nouvelles pensées de l'ère moderne cherchent à se matérialiser en en passant par des actions blafardes. « La vie forme une surface qui se donne l'air d'être obligée d'être ce qu'elle est, mais sous cette peau, les choses poussent et pressent. » le matérialisme, à mesure qu'il se nourrit paradoxalement d'un imaginaire plus affamé qui l'annule, fait du monde vivant une virtualité. La science s'éloigne de l'expérience quotidienne et s'attache aux idées qui permettront de se passer pour toujours des faits. « Il s'est constitué un monde de qualités sans homme, d'expériences vécues sans personne pour les vivre ; on en viendrait presque à penser que l'homme, dans le cas idéal, finira par ne plus pouvoir disposer d'une expérience privée et que le doux fardeau de la responsabilité personnelle se dissoudra dans l'algèbre des significations possibles. »


N'ayant moi-même aucune qualité de constance, je n'ai pas poursuivi la lecture de ce volume, pourtant lu en septembre 2020, par ceux qui suivent. Ma mauvaise conscience me taraude cependant. Je céderai sans doute à ses injures, et j'en parlerais peut-être d'ici trois ans.
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Musil disait que l'écriture de ce roman avait été une expérience. Sa lecture aussi. Et quelle expérience ! Une immersion dans l'intelligence, la relativité des choses et le plaisir d'une lecture incomparable.
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Plus que 300 pages!!!!!....blague à part, ce livre est une aventure ....ce qui implique des moments creux et d'autres intenses, des joies immenses, des découvertes et parfois de l'ennui...J'ai failli plusieurs fois abandonner, mais à chaque fois, quelque chose m'en a empêchée....et je ne saurais dire quoi. Je suis certaine d'être passée à côté d'une bonne partie du message ...si message il y a .... Ce livre est vraiment difficile à....absorber....il nécessite un état continu de "réflexion" tendue. Les questions posées par les protagonistes, ainsi que leurs diverses réponses, semblent parfois vraiment tirées par les cheveux. On se dit: "mais bon sang, on sent vraiment qu'ils n'ont rien d'autre à foutre à part tergiverser sur tout et n'importe quoi, juste pour s donner un air..." Certes, il y a de ça parfois, et je pense que l'un des propos de Musil est de dénoncer cette futilité de l'esprit déguisée en intellectualisme.....mais il y a des moments où l'on s'écrie: Ouiiii, c'est ça....moi aussi j'ai ressenti ça, moi aussi j'ai pensé ça.....et ça fait du bien. " toujours la vieille blague de la littérature qui nous fait sentir moins seule au monde . Mais ce qui m'a frappée à l'instant , alors que je ne suis pas entrain de lire le livre, mais un traité scientifique des plus chiants pour le boulot, en écoutant une superbe musique, entourée de gens qui discutent depuis des heures pour la énième fois du temps qu'il fait, du foot, de leurs problèmes, de leur fatigue (les gens sont tout le temps fatigués, à tout heure , tous les jours, toutes les saisons..tout le temps)...discussion que j'ai entendu ce matin, hier, au boulot, dans la rue, chez le coiffeur, et qui me bouffe la tête jusqu'à la migraine, je me sens lasse, triste à pleurer, j'ai envie de hurler: vos gueules!!! par pitié, essayez de pousser un tout petit peu votre réflexion quotidienne, ne serait ce qu'une fois par mois. C'est en ce sens, en tout cas pour moi, que ce livre n'est pas à mettre entre les mains de tout le monde: il rappelle, pour des gens vivant dans une société comme la notre, (sans aucune prétention de ma part) que l'on est fichtrement seul, qu'à part quelques moments de "contact" avec nos semblables, nous sommes noyés dans la médiocrité. Et ça , les amis, il faut une sacrée dose de nerfs solides pour ne pas péter un câble. Comment a fait Musil pour fournir un tel effort de concentration , d'observation et de précision, pour décrire des états d'âme et d'esprit d'une telle intensité.!
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"L'homme sans qualités", dont ce premier tome est paru en 1930, se déroule dans l'année 1914 en Cacanie, surnom donné par Musil à une Autriche-Hongrie déclinante. C'est une oeuvre ouverte, difficile à définir brièvement, inachevée. qui n'a rien du roman traditionnel.

Le personnage central, Ulrich, l'homme sans qualités, prend «congé de lui-même» de sorte que cette distanciation par rapport à la réalité peut être qualifiée d'ironie philosophique. Jean-Pierre Cometti en préface : Ulrich "ose le pari de l'intelligence et d'une réconciliation avec le monde auxquelles seuls nos préjugés font obstacle, ceci sous les pires formes qu'a connues le vingtième siècle".

Ce livre pose des développements sur la science et la technique, sur les exigences de l'intellect et de l'âme, l'intuition, la responsabilité morale et juridique, la culture et l'histoire, qui, du point de vue philosophique, sont comparables à ce que la philosophie contemporaine produit de mieux. Robert Musil est "le genre de penseur et d'écrivain exceptionnellement redoutable par son intelligence et sa subtilité", écrit Jacques Bouveresse. Ce dernier avance encore que le roman de Musil a donné une idée beaucoup plus juste et convaincante de ce que pourrait être une forme de sagesse moderne que la plupart des philosophies d'aujourd'hui. Il est manifeste aussi que l'utopie musilienne possède un potentiel subversif.

Si le premier tome au bout duquel j'arrive est long – 877 pages – et exige de l'attention afin d'en tirer quelque bénéfice, il est d'une rare qualité intellectuelle et littéraire. Certains sujets moins évidents me semblent valoir de prolonger cette lecture avec l'un ou l'autre texte/ouvrage consacré à l'oeuvre de Musil.

L'écrivain Musil dit les choses infiniment bien, rendu par une traduction magnifique de Jacottet.
Lien : https://christianwery.blogsp..
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Ce premier tome ne peut se lire comme ça à la va-vite car il demande beaucoup de concentration et de réflexion notamment sur ce que pense l'auteur à travers le personnage d'Ulrich. J'ai entendu parler de ce livre lors de mes cours de culture générale. Je vous préviens tout de suite c'est un PAVE et le deuxième tome l'est encore plus. J'ai beaucoup aimé le mélange de roman et d'essai, j'ai même adoré
Lien : http://leschroniquesdemilie...
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Dans son essai appelé Peuples Et Nations d'Europe Au XIXème Siècle, René Girault explique que "les nations et les États-nations sont de création récente en Europe, puisqu'il faut souvent attendre le milieu voire la fin du XIXème siècle pour assister à leur naissance".

Une des preuves de cet état de fait est que madame De Staël a employé le terme de nationalisme dans son livre dénommé de L'Allemagne, publié en 1810, pour la première fois dans la littérature. Par suite, pourquoi les peuples sont-ils devenus nationalistes ?

Suite de la critique en suivant ce lien :
http://emelinedardoff.blogspot.fr/2016/07/robert-musil-lhomme-sans-qualites.html
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Un livre énorme. Un jeune homme brillant, peut-être trop qui perçoit et discute le monde et la vie de façon détachée, sans tache aussi. Dans un contexte d'une première guerre mondiale qui se rapproche sans personne ne la sente venir, mais où il est question de certains nationalismes, un esprit Autrichien qui veut exister dans un empira Austro-Hongrois qui se finit, l'esprit Allemand grandissant en parallèle, la place des institutions et des hommes dans ces institutions...
Des amours, avec des enjeux différents, de classe, de pensées, d'âme... La féminité, la masculinité... bousculées.
Beaucoup de thèmes tenus dans un style brillant. Hélas, pour moi, pas de moments où l'on souffle et un léger manque d'humour rendent la lecture terriblement difficile. Exigeant à fond, ce livre. J'attends le tome 2 avec une certaine appréhension.
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