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Depuis quelques années l'air du temps est-il à l'autobiographie dans la BD?
Car après ma lecture du génial "L'Ascension du Haut-Mal" de David B., j'ai lu celle de Xavier Mussat intitulée "Carnation".
Dès le premier regard la couverture m'a attiré; ce corps dépecé délicatement par deux mains m'intriguait. Qu'allais-je découvrir?
Le récit intime publié en 2014 dévoile les conquêtes féminines de l'auteur durant les années 1990 à Angoulême.
Mussat se penche plus précisément sur une relation toxique qui a failli le détruire.
Sa rencontre avec Sylvia se transforme en conflits incessants.
Cette jeune fille porte en elle de la colère et son côté rebelle paralyse sa vie. Ruptures anciennes non guéries, refus de la hiérarchie et de la consolation, divorce des parents, Sylvia se complait dans ses souffrances. Son caractère indépendant détruit peu à peu le dessinateur qui projette de faire cette autobiographie. Mais le couple s'enlise dans des dialogues d'incompréhension et la dérive sociale est en chemin.
Dans un noir et blanc tragique Mussat avoue que cette autobiographie est mêlée de fiction. Et j'en suis soulagée car ce portrait sans nuances d'une femme entière si destructrice et sans concession m'a mis mal à l'aise.
Tout comme David B. l'auteur s'est inspiré de l'art visuel et littéraire pour enrichir son album: parfois j'ai reconnu les artistes comme Tati ou Kristof.
Le constat de cette autopsie du pire m'a laissé un goût amer du récit. Mais j'apprécie l'imagination de Mussat pour mettre en lumière les ressentis et les situations de cette période si douloureuse de sa vie.

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Je sors assez chamboulée de cette bande-dessinée, et pourtant je ne sais pas quoi en penser...
Ceci est le témoignage d'une relation dévastatrice et toxique, et bien que ça m'ait touchée, je ne peux pas dire que j'ai aimé. Non pas à cause du thème, plutôt car le lecteur n'a pas vraiment de place dans ce titre. Nous ne sommes que des spectateurs à qui on livre un schéma connu et dont nous connaissons déjà la fin inéluctable.
En termes graphiques, la proposition est très intéressante, riche et très soignée. Un bel objet comme Casterman sait bien les faire !
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Dessinateur formé à Angoulême, Xavier Mussat a choisi de rester sur place à la fin de ses études. En 1998, le studio dans lequel il travaille s'attaque à la réalisation du dessin animé « Kirikou et la sorcière » de Michel Ocelot. Une fois ce travail titanesque terminé, les productions suivantes, formatées pour la télévision, lui paraissent bien fades. Décidé à se lancer dans la BD, il abandonne son job et se retrouve du jour au lendemain à dépendre des ASSEDIC. C'est à cette époque que débarque dans sa vie Sylvia, jeune femme instable, fragile et un peu sauvage. le début d'une relation tumultueuse dont il ne sortira pas indemne…

Xavier Mussat ne nous épargne rien dans cet album introspectif, disséquant la moindre parcelle de ses moments passés avec Sylvia, de leur rencontre à la rupture, du désir au rejet, de la tendresse à l'indifférence. Comment Sylvia l'a isolé de ses amis, comment elle l'a dévoré peu à peu, comment il n'a pu faire face à son instabilité chronique. Leur histoire est un grand huit permanent dont la toxicité sonne comme une évidence mais avec laquelle ils finissent par s'accommoder. « On ne s'enferme pas dans une relation secouée de tant de dissemblances sans que quelque chose ne finisse par changer. Au début on cherche les similitudes et on s'indigne des désaccords, on essaie de tordre la matière. Et puis, ne parvenant ni à extraire ni à modifier ce corps étranger, on intègre les paradoxes. On apprend à aimer et on se surprend à vouloir que cet amour devienne véritable. »

Deux cent quarante pages d'une mise à nue complète pour une histoire d'amour tellement tumultueuse qu'elle ne pouvait qu'être émouvante. Oui mais voila, je n'ai pas été touché une seconde par ce récit beaucoup trop intime pour moi. Sans doute parce que je déteste avoir l'impression de jouer les voyeurs. L'ensemble est aussi bien trop bavard. Joliment écrit mais avec des tonnes de récitatifs au verbiage très, très plombant.

Visuellement, par contre, c'est impressionnant. Je trouve la prise de risque formidable et je dois bien reconnaître que les nombreuses allégories présentes quasiment à chaque page sont aussi variées qu'originales.

Un exercice purificateur, une catharsis sans doute nécessaire, mais cette séance de psychanalyse géante m'a laissé de marbre. Rien à faire, je suis allergique à l'autofiction, même en BD !


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Louable intention que celle de Xavier Mussat de relater une passion amoureuse ravageuse en un épais album, joliment édité...
Hélas, bien que l'ouvrage se lise aisément d'un bout à l'autre, cette auto-psychanalise est totalement dénué d'humour. L'auteur relate sa chute dans une pénible relation dont on se demande bien pourquoi elle aura duré si longtemps. le dessin noir et blanc aux traits finement tramés et les personnages caricaturés à l'extrême rappellent plus le dessin d'humour que le rendu réaliste qu'aurait mérité cette histoire.
Reste la fâcheuse impression d'une complaisance du malheur partagée par une équipe de jeune gens au romantisme complètement désuet.
Néanmoins, ce récit au long cours, honnête et sans fard, mérite le respect.
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Quel artiste que ce Xavier MUSSAT qui manie aussi bien le feutre que le stylo...des dessins d'une densité incroyable associés à un texte soigné font de ce roman graphique autobiographique un livre puissant.

L'auteur nous livre sans détours ses interrogations, ses angoisses, ses joies, ses espoirs, ses déconvenues,ses amours, ses fuites et ses retours dans lesquels chacun peut se retrouver.

C'est avec une certaine distance que Xavier MUSSAT raconte son histoire que tout à chacun peut s'approprier et fait de son récit un ouvrage ouvert et non nombriliste comme beaucoup d'autobiographie le sont.

Cette BD est toutefois un peu difficile d'abord car elle fourmille de références et oscille souvent entre poésie et onirisme, il faut donc prendre son temps pour découvrir cet album, voire même le relire plusieurs fois pour en saisir toutes les subtilités.

J'ai aimé son trait ciselé et précis. Une vraie belle découverte que j'ai faite grâce à Babelio et les éditions Casterman que je remercie de m'avoir envoyé ce bel ouvrage.
Lien : http://edea75.canalblog.com/..
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« Les histoires d'amour finissent mal en général » et l'auteur l'a bien compris. A travers Carnation, il nous offre une vision d'un couple brisé, d'un amour impossible.

Tout d'abord parlons de l'ouvrage. Carnation est un projet de longue date publié en 2014 chez Casterman. Sa couverture, sobre, donne envie de plonger son nez dedans. le contour délicat et dorée de cette jeune fille contraste au bleu nuit. le contraste sera d'ailleurs fort à propos au sein de la BD. Carnation ça veut dire « teint d'une personne, coloration des chairs ». le reste de la BD est en noir et blanc. En 256 pages l'auteur nous montre ce qu'est un corps. Plus qu'une autobiographie, c'est clairement une autopsie que Mussat fait sur lui-même. Aujourd'hui professeur, il retourne à l'époque où il vivait à Angoulême et où il travaillait sur Kirikou … Un passé lourd où il a rencontré Sylvia.
Le second thème de cette bande dessinée est la création artistique, le questionnement sur ce que cela implique et sur les ressentis des artistes. Notamment le blues post Kirikou.

Mussat aborde également l'amour sous toutes ses formes dans Carnation. L'amour comme sentiment, l'amour de la chair, la place de l'amitié face à l'amour. L'auteur porte un regard presque une analyse sur ce sentiment. de la naissance de l'amour à la haine, Mussat nous donne à voir la naissance d'un couple, puis un couple qui se déchire. Souvent on se demande comment après être tombé amoureux, on peut en arriver à se séparer. L'auteur a compris et cherche à le dire par cette BD. Ce n'est pas une réponse générale, juste un cas précis, un exemple qui peut finalement nous rappeler nos histoires de vies à nous, à tout à chacun. Est-ce que l'amour est plus fort que la destruction ? Peut-on aimer et détruire l'autre ? Voici ce que Carnation dévoile en partie car comme tout le monde sait en amour rien n'est figé.
Un dessin délicat, parfois morbide, parfois dur et cruel mais toujours en adéquation avec le propos. Un ouvrage magnifique par la forme, original par son traitement du fond. Une autobiographie qui n'est pas égocentrée, un ouvrage qui m'a profondément touché. Un ouvrage qui ne laisse pas de marbre.

Le genre des histoires d'amour est ici revisité sous un jour nouveau. Un questionnement universel qui n'en finira pas de faire couler de l'encre !
Lien : http://chickon.fr/2014/08/04..
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Xavier Mussat débarque à Angoulême en 1989 pour suivre une formation en Arts Pla. Une fois le diplôme en poche, n'ayant nulle part où aller réellement, il décide de s'y installer. Après avoir participé à un collectif BD en 1994, il décroche un poste dans une société qui fait de l'animation ; il aura notamment l'opportunité d'intervenir sur la réalisation de Kirikou et la sorcière. Au bout de deux ans, sur un coup de tête, il démissionne afin de pouvoir se consacrer entièrement à la réalisation d'une bande dessinée autobiographique (Sainte famille, paru en 2002 chez Ego comme X) ; l'événement déclencheur de ce premier album fut la reprise de contact avec son père.

C'est dans ce contexte artistique et personnel qu'il fait la rencontre de Sylvia. Cette jeune femme paumée s'incruste dans son cercle d'amis. Attiré par cette dernière, il va progressivement s'éloigner de toutes ses connaissances et se consacrer presque entièrement à elle. Une étrange relation platonique s'installe entre eux. L'ambiguïté de la jeune femme orchestre leurs rencontres. Quant à Xavier, il s'est mis en tête de l'aider à se sortir de cette période de doutes (personnels, professionnels…) et met inconsciemment ses projets artistiques en latence. Au fil des mois, leur couple se structure maladroitement sur des bases bancales.

L'album s'ouvre en 2006, au moment où l'auteur quitte Angoulême pour aller s'installer à Paris. Il est enfin parvenu à prendre la résolution de tourner définitivement la page de cette relation pourtant terminée depuis plusieurs années. Entre temps, il a terminé son ouvrage autobiographique (Saint famille) mais n'a pas de perspectives professionnelles concrètes.

Carnation est le récit d'une relation destructive et ravageuse. Ce témoignage est un exutoire. L'auteur a trouvé-là le moyen de panser les dernières cicatrices infligées par cette liaison et réalise un dernier inventaire des moments marquants de ce couple éphémère.

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La part de symbolique est omniprésente dans la narration. Eprouvé par cette relation affective, Xavier Mussat reprend le fil de son étrange couple sans chercher à l'embellir, sans l'enlaidir d'amertume… il me semble qu'il est parvenu à le faire avec suffisamment de recul. Son incompréhension reste inchangée.

Ce récit autobiographique se focalise sur le lien autodestructeur qui s'est tissé progressivement. Egoïste et profiteuse, son ex-compagne suscite un mélange d'attraction-répulsion avec lequel on doit composer pendant la lecture. Je ne suis pas parvenue à ressentir une quelconque forme d'empathie pour elle ; agacée par son ambiguïté et son inconsistance, j'ai eu du mal à tenir compte de sa souffrance psychique. Elle cherche ses limites et ne parvient pas à faire croire à sa pusillanimité. Elle mène une quête d'identité qui semble vaine. Pour autant, elle m'a fascinée. Impossible d'anticiper ses actions, ses réactions, elle dit tout et son contraire. On essaye de la cerner. L'auteur a eu le même mouvement à son égard, il s'aide de nombreuses suggestions verbales et graphiques pour rendre compte de cela. Les non-dits permanents laissent le lecteur face à ses propres interprétations et conclusions. Il se heurte à un échec et les quelques 240 pages de l'album qui ne nous suffiront pas pour la comprendre. Ce qui donne du corps et délimite un peu cette femme, c'est finalement l'apparence que l'auteur lui donne. Fine et féline, aussi mystérieuse que belle, on la sent dangereuse et dans une incapacité totale d'identifier ses propres désirs…

Les métaphores visuelles de l'album sont atypiques et singulières. Dès la première page, le lecteur est témoin d'un échange entre le narrateur et un vautour. Je m'attendais donc logiquement à ce que le rapace soit un personnage récurrent dans le récit mais il n'en est rien… pas de façon directe du moins. Cependant, le côté morbide est omniprésent dans le récit.

La veine graphique n'est pas sans me rappeler des auteurs comme Charles Burns ; peut-être cette comparaison hâtive tient-elle au fait que l'on est face à un emploi permanent de la métaphore (essentiellement visuelle). le ton est donné dès la première de couverture où l'auteur dissèque symboliquement cette femme pour tenter de la comprendre. Comment est-elle faite ? de quoi est-elle faite ? Comme lui, on aimerait pouvoir faire de cette femme une souris de laboratoire, vérifier que tout est à sa place, chercher ce qui dysfonctionne… On essaye, comme lui, de trouver la cause de ce déraillement psychique afin de rationaliser les choses et contenir sa propre incompréhension. Cette femme est le genre d'individus qui force à se remettre en cause. Les propos de Xavier Mussat ne répondent à rien et laissent les questions intactes, vierges de toute explication. En fin de compte, pourquoi a-t-il mis autant de temps à accepter l'échec de cette relation ? D'ailleurs, la démarche de l'auteur est-elle réellement d'observer les faits pour tenter de se les approprier enfin ? Et pourquoi n'y a-t-il aucune pudeur dans la manière de rendre compte de ses sentiments ?
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Avis et commentaires :

J'avoue avoir beaucoup à découvrir en matière de BD et cette nouvelle expérience et totale découverte, à la vue de sa couverture et à la lecture de sa thématique, m'a tout d'abord intrigué puis un peu effrayé.

Ces sentiments, probablement liés à ma faible habitude de ce type de lecture, se sont vite estompés pour se changer en un véritable intérêt sur cette tranche de vie autobiographique, plutôt perturbée, mêlant complexité des illustrations à des traits plus simplifiés, véritable reflet d'un récit de qualité.

Entre juin 1993 et août 2006, Xavier Mussat, l'auteur de ce livre, s'installe à Angoulême pour exercer un métier qui l'intéresse depuis toujours ; la BD. Impliqué pendant un temps dans la préparation de « Kirikou », il se cherche à la fin de cette préparation, il prend son indépendance, sans vrai succès entre projet plus ou moins perso et Pôle Emploi et va donc vivre une longue parenthèse, à Angoulême, plutôt désoeuvré professionnellement mais alors particulièrement débordé par le côté personnel entre ses copains, eux aussi, dans la BD, dont certains plutôt perturbés et surtout par sa relation de nature assez toxique et complexe avec Sylvia.

Être plutôt perturbé, Sylvia, a dans le domaine de sa vie privée et encore plus dans la vie amoureuse, une nature exceptionnellement torturée. C'est tout le coeur du problème de l'auteur, entretenant une cour assidue auprès de cette égérie, les relations, entre ces deux êtres vont se révéler d'une rare complexité, hésitant entre relation amicale, amoureuse, passion, ils vont chacun à leur tour, alterner le rôle de bon copains, confidents, entremetteurs, puis amant et cela en total décalage. On se rapproche, dans les faits, plus d'une relation sado maso voir d'une grande proximité avec les moeurs de la mante religieuse dans sa vie amoureuse que d'une classique histoire d'amour. S'ils vivent le plus souvent en autarcie totale, leur relation torturée, certains amis, parfois plus qu'intrusifs, sont de passage et apportent un peu de piment dans ce couple.

Entre folie, chantage affectif, dépendance financière, dépendance affective, sexe fusionnel, trahisons, période de chômage, dépressions et tentatives de suicides, Sylvia et l'auteur vont nourrir une relation hautement toxique, l'ensemble totalement incompris et mal appréhendé par les derniers amis et la famille de chacun.

Pour rester au plus près de ce récit, un bestiaire des plus variés, de dessins chocs, de traits simplifiés, tout est mis à profit pour que le lecteur soit aussi bien plongé dans l'histoire de ces deux personnages que dans la visualisation et la concrétisation des émotions, des évènements et des lieux. Histoire autobiographique mais aussi parfaite illustration du milieu de la BD et de son système dans la ville qui lui est dédiée.

Un bonheur et un plaisir.
Lien : http://passiondelecteur.over..
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Nous voici le nez dans une autobiographie. Celle d'un dessinateur qui ne dessine plus. Sa violence intérieure va être révélée par une relation tortueuse et torturée.
 
Je l'ai lu comme une splendide réflexion sur les rapports humains au seuil de la trentaine. 🖤
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Belle autofiction envoutante aux illustrations fines et épurées pleines de surprises et de références littéraires, artistiques et philosophiques. Une belle surprise.
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