"
Ô mon George, ma belle maîtresse" est un recueil regroupant la majorité des lettres échangées entre les écrivains
George Sand et
Alfred de Musset.
Juin 1833. A 29 ans, forte de ses succès littéraires "
Indiana" et "
Valentine",
George Sand a le vent en poupe. Malheureusement, les amours ne suivent pas.
Mais lors d'un dîner, elle fait la rencontre du vicomte
Alfred de Musset, de 6 ans son cadet, qu'elle invite à venir lui rendre visite.
Une correspondance débute alors mais s'interrompt rapidement car les deux écrivains, devenus amants, ne se quittent plus.
Lorsque
George Sand contracte une dysenterie qui l'oblige à garder le lit,
Musset préfère aller voir ailleurs que de rester au chevet de sa bien-aimée.
Alors qu'il tombe malade à son tour, elle se réfugie dans les bras de son médecin, Pietro Pagello.
Les échanges épistolaires reprennent de plus belle, les amants se rabibochent, se séparent à nouveau et remettent le couvert jusqu'au début de l'année 1835 où
George Sand décide de quitter définitivement
Musset.
La première lettre de ce recueil date du 23 juillet 1833 mais les archives attestent de l'existence de lettres datant du mois de juin. J'ignore pour quelle raison l'éditeur a jugé bon de sucrer ces premiers échanges...
Dans cette lettre,
Musset témoigne à
George Sand sa profonde admiration pour son roman "
Lélia" et lui déclare ses sentiments dès le lendemain tout en appréhendant sa réaction.
La correspondance reprend à Venise le 27 mars 1834 lorsque
Musset, guéri, regagne Paris sans
George Sand.
Il reconnaît lui avoir fait beaucoup de mal mais se dit heureux de ne pas l'avoir détournée de l'amour puisqu'elle peut compter sur un homme qui l'aime.
Restée sans
nouvelles de sa part,
George Sand s'inquiète de son état de santé et affirme ne rien regretter de leur histoire puisque c'était là leur destinée que de ne jamais se comporter en amants ordinaires.
Elle lui fait part de ses tendances au spleen, de ses soucis financiers (son orgueil lui fera d'ailleurs toujours refuser son aide), lui soumet des manuscrits et le charge de certaines courses (la fin de chacune de ses lettres se veut d'ailleurs étonnamment pragmatique).
De son côté,
Musset tente péniblement de reprendre goût à la vie et à l'amour.
Malgré leur séparation, tous deux continuent à maintenir cette amitié singulière qui les unit tendrement.
Ces lettres sont cependant pleines de contradictions ! Tous deux se souhaitent l'un à l'autre d'être heureux et de trouver l'amour mais pleurent à l'idée d'en être exclus.
Sand requiert la présence de Pagello pour prendre soin d'elle mais éprouve tout autant le besoin de materner un homme, en l'occurrence
Musset qu'elle se plaît à appeler son "enfant".
Quant à
Musset qui se dit heureux de la savoir comblée par un autre, ses dernières lettres montrent bien que leur amitié ne lui a jamais suffi.
La correspondance s'achève d'ailleurs brutalement, lorsque
George Sand comprend que leur bonheur à tous les deux exige qu'ils rompent tout contact.
J'ai passé quelques heures dans l'intimité de deux êtres très doués pour parler d'amour, beaucoup moins pour le vivre sans se déchirer...
Comme le dit très justement
George Sand, "L'amour c'est le bonheur qu'on se donne mutuellement". A l'évidence, ces deux-là ne savaient pas s'aimer sans se faire souffrir l'un et l'autre.
Dommage pour eux, mais tant mieux pour le lecteur qui peut se délecter de cette prose passionnée et délicieusement surannée.
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