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Simon Jeune (Éditeur scientifique)Joris-Karl Huysmans (Préfacier, etc.)
EAN : 9782859569976
Ramsay (13/02/1992)
3.25/5   81 notes
Résumé :
1833.
Gamiani ou Deux nuit d'excès est un petit chef-d’œuvre de la prose érotique. Les dérèglements des sens d'Alfred de Musset, sa vie de débauches, son personnage donjuanesque, son esprit aristocratique, le saphisme de George Sand, la mort dramatique de la Malibran ont pu lui inspirer l'histoire pornographique et mortifère de la comtesse Gamiani qui, selon le jugement exagéré du Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle, "dépasse les monstruosités du marq... >Voir plus
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Une rumeur arrive aux oreilles d'Alcide : la comtesse Gamiani aurait de forts penchants homosexuels. Il ne lui en faut pas plus pour que son imagination s'emballe et décider de voir ça de ses propres yeux. le soir même, il parvient à se cacher dans la chambre de la comtesse. Incapable de se maîtriser en la voyant s'ébattre avec son amie, il sort bientôt de sa cachette pour se précipiter dans leur lit, où il est d'ailleurs favorablement accueilli.

Après la bataille, et quelques exclamations de dégoût un peu tardives pour les pratiques effectuées, la comtesse raconte ses souvenirs de jeunesse : sado-masochisme, viol, relations avec un singe, avec un pendu, et j'en passe. Ces souvenirs enflamment les sens des auditeurs et les lancent de nouveau dans des pratiques bestiales qu'ils regrettent sitôt finies.

On retrouve finalement la marque de fabrique des textes érotiques des siècles passés : transgressifs, beaucoup, mais érotiques, bien peu.
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Il est aussi étrange d'imaginer Alfred de Musset écrire ce récit érotique et d'imaginer Guillaume Apollinaire écrire "Les onze mille verges" et pourtant, cela fut dans un cas comme dans l'autre.

Par pure curiosité, j'ai parcouru ce très court roman qui dure deux nuits comme l'indique son sous-titre. Les amours saphiques de la comtesse Gamiani et de Fanny en constituent toute la trame. Cela a peut-être été érotique à sa parution, aujourd'hui c'est de la simple pornographie qui laisse de marbre et où se retrouveront les éléments chers à Sade ou à Restif de la Bretonne.

Mais là où ces derniers mettaient respectivement de la philosophie de boudoir et de la satire de philosophie de boudoir, Alfred de Musset - si tant est qu'il soit bien l'auteur de "Gamiani" - ne met... rien. C'est à dire que la gratuité de ce récit laisse pantois. Personnellement, je n'ai pas vu le but à atteindre, la finalité de cet écrit.

Comme pour Apollinaire, on cherche en vain où est passée la poésie.


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Les corps bondissent, Priape se dresse, on se mord, on se déchire, le sang gicle, le lait aussi! La tribade se régale.

"Médor, prends moi!" Et le chien de s'activer hardi petit sur les attributs de Gamiani qui hurle d'impatience. Que d'humour.

Musset semble bien avoir gagné son pari. Voici la préface de l'édition de 1845:


"Quelque temps après la révolution de 1830, une dizaine de jeunes gens, pour la plupart destinés à devenir célèbres dans les lettres, la médecine ou le barreau, se trouvaient réunis dans un des plus brillants restaurants du Palais-Royal. Les débris d'un splendide souper et le
nombre des flacons vides témoignaient en faveur du robuste estomac, et partant, de la gaieté des convives.

On était arrivé au dessert et, tout en faisant pétiller le champagne, on avait épuisé la conversation sur la politique d'abord, et ensuite sur les mille sujets à l'ordre du jour de cette époque. La littérature devait nécessairement avoir son tour. Après avoir passé en revue les divers genres d'ouvrages qui, depuis l'antiquité, ont tour à tour été l'objet d'une admiration plus ou moins passagère, on en vint à parler du genre érotique. Il y avait là ample matière à discourir. Aussi, depuis les Pastorales de Longus jusqu'aux cruautés luxurieuses du marquis
de Sade, depuis les Épigrammes de Martial et les Satires de Juvénal, jusqu'aux Sonnets de l'Arétin, tout fut passé en revue.

Après avoir comparé la liberté d'expression de Martial, Properce, Horace, Juvénal,Térence, en un mot, des auteurs latins, avec la gêne que s'étaient imposée les divers écrivains érotiques français, quelqu'un fut amené à dire qu'il était impossible d'écrire un ouvrage de ce genre sans appeler les choses par leur nom ; l'exemple De La Fontaine était une exception ;que d'ailleurs, la poésie française admettait ces sortes de réticences et savait même, par la finesse et une heureuse tournure de phrases, s'en créer un charme de plus ; mais qu'en prose
on ne pourrait rien produire de passionné ni d'attrayant.
Un jeune homme, qui jusqu'alors s'était contenté d'écouter la conversation d'un air rêveur,sembla s'éveiller à ces derniers mots, et prenant la parole :

— Messieurs, dit-il, si vous consentez à nous réunir de nouveau ici dans trois jours, j'espère vous convaincre qu'il est facile de produire un ouvrage de haut goût sans employer les grossièretés qu'on a coutume d'appeler des « naïvetés » chez nos bons aïeux, tels que Rabelais, Brantôme, Béroalde de Verville, Bonaventure Desperriers, et tant d'autres, chez lesquels l'esprit gaulois brillerait d'un éclat tout aussi vif s'il était débarrassé des mots orduriers qui salissent notre vieux langage.

La proposition fut acceptée par acclamation, et trois jours après, notre jeune auteur apporta le manuscrit de l'ouvrage que nous présentons aux amateurs.

Chacun des assistants voulut en posséder une copie, et l'indiscrétion de l'un d'entre eux permit à un éditeur étranger de l'imprimer en 1833, dans le format in-4° et orné de grandes gravures coloriées. Cette édition, très incorrecte, fut suivie d'une seconde en 1835 sous la rubrique de Venise : l'exécution typographique et la correction de celle-ci laissent encore beaucoup à désirer. En voici le titre : Gamiani, ou deux nuits d'excès, par Alcide, baron de M***. À Venise, chez tous les marchands de nouveautés : Venise, 1835, un vol. in-18 de 105 pages, enlaidi de 10 gravures abominables.

Sauf de légères incorrections dues à l'inexpérience d'un génie essayant ses ailes, chacun y pourra reconnaître cette muse sympathique et gracieuse qui, pendant vingt ans, a fait les délices des gens de goût, et dont le génie est encore regretté tous les jours".

J'ai particulièrement apprécié pour ma part la fin étonnante de ce roman au style superbe où le psychisme a sa place.

Je ne la divulve pas :))

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"Une tribade! Oh! ce mot retentit à l'oreille d'une manière étrange;puis il élève en vous je ne sais quelles images confuses de voluptés inouies,lascives à l'excés" confie Alcide le narrateur, qui après avoir surpris les rumeurs d'homosexualité qui courent sur la Comtesse Gamiani, une femme du monde "gracieuse, empressée" et souriante, va se cacher pour surprendre ses secrets, puis surexcité par la vision de ses ébats avec Fanny, une jeune amie "ravissante" et crédule, va se mêler à leurs jeux amoureux.
Entre monologue (du voyeur actif) et dialogues de théâtre, entre érotisme et poésie; Alfred de Musset "le dandy débauché" joue le registre des fantasmes les plus pervers (allant puiser dans les souvenirs passés de Gamiani "extrême en tout": zoophilie,orgies,viols, nécrophilie, sado-masochisme..la lubricité ambiante) et a l'air de s'en donner à coeur joie à grand renfort de Ahhhh!!!
Et pourtant l'écriture, du dramaturge et poète incontournable, est belle ("Nos langues se croisaient,brûlantes,acérées;nos âmes se fondaient en une seule") parsemée de mots désuets qui signent son élégance.
Gamiani: Ou Deux Nuits d'excès reprend le thème de On ne badine pas avec l'amour où l'on se désire, on souffre jusqu'à en mourir, le thème aussi de Les deux maîtresses puisque les trois personnages sont un homme et deux femmes.Les personnalités du trio amoureux sont bien rendues...mais trop c'est trop!
On pense à la rentrée littéraire 2012, où Christine Angot avec Une semaine de vacances choque le tout venant en dépeignant une sexualité torride mais mécanique avec prise de pouvoir. Là, les trois acceptent cette sexualité débridée,même si Alcide et Fanny ("vous me forcez à rougir") se culpabilisent ou font parfois les dégoûtés(ce qui est quelque peu risible),ils se prêtent au jeu sauf lorsque "l'ivresse des sens" de la comtesse lui fait perdre la tête.
On pense à L'amant de Lady Chatterley, mais ici la possession et la violence des relations prévaut.
Les deux nuits d'excès étaient des nuits de folie dans tous les sens du terme et on pousse un ouf de soulagement lorsqu'on voit les âne, toutou et singe....et autres énergumènes se fondre dans la nuit!
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les aventures érotiques de la comtesse gamiani et de fany au cours de deux nuits de débauche.ou rien ne sera épargné au lecteur
mais sans jamais être vulgaire. avec un fond historique.Alfred de Musset nous dévoile une autre facette de son talent.
pour adultes 😈.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
"Une Tribade ! Oh ! ce mot retentit à l'oreille, d'une manière étrange ; puis, il élève en vous je ne sais quelles images confuses de voluptés inouïes, lascives à l'excès. C'est la rage luxurieuse, la lubricité forcenée, la jouissance horrible qui reste inachevée.

Vainement j'écartai ces idées, elles mirent en un instant mon imagination en débauche. Je voyais déjà la Comtesse nue, dans les bras d'une autre femme, les cheveux épars, pantelante, abattue et que tourmente encore un plaisir avorté.

Mon sang était de feu, mes sens grondaient, je tombai comme étourdi sur un sofa.

Revenu de cette émotion, je calculai froidement ce que j'avais à faire pour surprendre la Comtesse : il le fallait à tout prix.

Je me décidais à l'observer pendant la nuit, à me cacher dans sa chambre à coucher. La porte vitrée d'un cabinet de toilette faisait face au lit. Je compris tout l'avantage de cette position ; et, me dérobant, à l'aide de quelques robes suspendues, je me résignai patiemment à attendre l'heure du sabbat.

J'étais à peine blotti, que la Comtesse parut, appelant sa camériste, jeune fille au teint brun, aux formes accusées. - Julie, je me passerai de vous ce soir. Couchez-vous... Ah ! Si vous entendez du bruit dans ma chambre, ne vous dérangez pas, je veux être seule.

Ces paroles promettaient presque un drame. Je m'applaudissais de mon audace.

Peu à peu, les voix du salon s'affaiblirent, la Comtesse resta seule avec une de ses amies, mademoiselle Fanny B***. Toutes deux se trouvèrent bientôt dans la chambre et devant mes yeux."
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Je pensais que Fanny, jeune encore, innocente de cœur, ne conserverait de Gamiani qu’un souvenir d’horreur et de dégoût. Je l’accablais de tendresse et d’amour, je lui prodiguais les plus douces et les plus enivrantes caresses ; parfois, je l’abîmais de plaisir, dans l’espoir qu’elle ne concevrait plus désormais d’autre passion que celle avouée par la nature, qui confond les deux sexes dans la joie des sens et de l’âme. Hélas ! je me trompais ; l’imagination était frappée : elle dépassait tous nos plaisirs. Rien n’égalait aux yeux de Fanny les transports de son amie. Nos plus forts accès lui semblaient de froides caresses, comparés aux fureurs qu’elle avait connues dans cette nuit funeste.

Elle m’avait juré de ne plus revoir Gamiani, mais son serment n’éteignait pas le désir qu’elle nourrissait en secret. Vainement elle luttait : ce combat intérieur ne servait qu’à l’irriter davantage. Je compris bientôt qu’elle ne résisterait pas. J’avais perdu sa confiance : il fallut me cacher pour l’observer.

À l’aide d’une ouverture habilement pratiquée, je pouvais la contempler chaque soir à son coucher. La malheureuse ! je la vis souvent pleurer sur son divan, se tordre, se rouler désespérée, et, tout à coup, déchirer, jeter ses vêtements, se mettre toute nue devant une glace, l’œil égaré, comme une folle. Elle se touchait, se frappait, s’excitait au plaisir avec une frénésie insensée et brutale. Je ne pouvais plus la guérir, mais je voulus voir jusqu’où se porterait ce délire des sens.
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Je découvrais un horizon sans fin, de vastes cieux enflammés, traversés par mille fusées volantes qui toutes retombaient éblouissantes en pluie dorée, étincelles de saphir, d’émeraude et d’azur.

Le feu s’éteignit ; un jour bleuâtre et velouté vint le remplacer : il me semblait que je nageais dans une lumière limpide et douce, suave comme un pâle reflet de la lune dans une belle nuit d’été, et voilà que, du point le plus éloigné, accoururent à moi, vaporeuses, aériennes comme un essaim de papillons dorés, des myriades infinies de jeunes filles nues, éblouissantes de fraîcheur, transparentes comme des statues d’albâtre.

Je m’élançais au-devant des sylphides, mais elles s’échappaient rieuses et folâtres ; leurs groupes délicieux se fondaient un moment dans l’azur et puis reparaissaient plus vifs, plus joyeux ; bouquets charmants de figures ravissantes qui toutes me donnaient un fin sourire, un regard malicieux !

Peu à peu, les jeunes filles s’éclipsèrent ; alors vinrent à moi des femmes dans l’âge de l’amour et des tendres passions.

Les unes, vives, animées, au regard de feu, aux gorges palpitantes ; les autres, pâles et penchées comme des vierges d’Ossian. Leurs corps frêles, voluptueux, se dérobaient sous la gaze. Elles semblaient mourir de langueur et d’attente : elles m’ouvraient leurs bras et me fuyaient toujours.
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Comme elle avait livré son corps,crédule,innocente,elle livrait aussi son âme,confiante,énivrée.Je crus dans un baiser la prendre sur ses lèvres;je lui donnai toute la mienne. Ce fut le ciel,et ce fut tout!
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Mes tribades se tenaient enfourchées l'une dans l'autre, cherchant à mêler leurs duvets touffus, à frotter leurs parties ensemble.
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Vidéo de Alfred de Musset
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : « La confession d'un enfant du siècle », _in_ _Oeuvres de Alfred de Musset,_ ornées de dessins de M. Bida, Paris, Charpentier, 1867, p. 432.
#AlfredDeMusset #LaConfessionDUnEnfantDuSiècle #LittératureFrançaise
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