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3,73

sur 822 notes
Je me suis emballée à la lecture des premiers chapitres : une écriture sublime et cette analyse du mal-être de la jeunesse post-napoléonienne, m'a vraiment transportée. Mais voilà, pour le reste, même si le style est toujours sublime, que de belles phrases jalonnent tout ce livre passé à la postérité littéraire, je n'ai pas su garder cet enthousiasme et au fur et à mesure de la lecture, j'étais partagée entre l'agacement et l'envie d'abandonner le livre en cour de route...
Franchement, il fait peur cet Octave ? Tout Musset qu'il est, il ne m'aurait donné qu'une seule envie : Fuir ! Fuir le plus loin possible !

Je garderai en tout cas le souvenir admiratif de ces premiers chapitres qui ne sont que pures merveilles.
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Une "Confession" d'un romantisme échevelé...

Musset-Octave s'y livre avec une fièvre exhibitionniste qui ne m'a guère contaminée..et m'a plutôt donné envie de prendre le large! Chacun sait qu'il y raconte, sous une forme romancée, ses amours tumultueuses avec la belle (?) Aurore Dupin alias George Sand..Assez indigestes au demeurant..

Restent deux chapitres, passionnants: le premier, très sobre, et programmatique. Je vous le recopie intégralement, ne tremblez pas: il ne contient qu'une phrase, la voici: "Je veux être Chateaubriand ou rien". Point. Musset n'est guère adepte de telles concisions!

Le second est beaucoup plus touffu et consiste dans une véritable analyse -à chaud- de ce "mal du siècle" qui frappa la génération perdue de 1830, celle qui avait grandi dans l'odeur de poudre des guerres napoléoniennes et sous les dorures de l'Empire, et qui vit, avec la chute de Napoléon, s'envoler ses rêves de gloire. Les hommes prirent l'habit noir du deuil et des allures de beaux ténébreux, les femmes, blanches fiancées trahies, commencèrent la longue route de leur émancipation...Un divorce profond s’installa entre eux.

Cette analyse lucide, complète, à la fois historique, sociologique, psychologique, sexuelle et morale de la crise d'une génération, faite à chaud et sans le moindre recul, mais avec la maturité d'un vieil homme revenu de tout, alors que Musset était encore jeune et fringant-et pas trop abîmé par la boisson- m'a toujours sidérée par son acuité et sa justesse...

Le reste est daté, excessif et rasoir..Mais les deux premiers chapitres, vraiment, valent le détour!
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La Confession d'un enfant du siècle
Un livre complètement possédé! Rien n'y est normal ou juste, tout est à l'extrême comme si l'enfant du siècle avait peur que l'on ne croit point à sa confession, que l'on ne prête pas d'oreille à son appartenance à ce siècle à la fois de l'intelligentsia et de la débauche, une référence qui a été en partie la cause de son malheur....

Oui Octave nous décrit d'abord le siècle auquel il appartient, ensuite il nous plonge dans l'histoire de la maîtresse qui a marqué sa jeunesse...en fait tout cela n'a été que des prémisses pour nous mener à comprendre la folle vie amoureuse qu'il aura plupart avec Brigitte-la-Rose, une femme qu'il aimera de tout son coeur mais le mal du siècle planté outrageusement dans le coeur et dans les pensées d'octave transformera cet amour en une espèce de torture passionnelle...

En effet, c'est une autobiographie, une histoire sur la liaison amoureuse entre l'auteur et George Sand. Une liaison tumultueuse entre deux génies de la littérature française.

L'histoire en elle-même n'est pas du tout belle, on aurait parfois envie de dire à Octave hé merde tu en fait un peu trop mec, espèce de crétin! Mais ce qui enivre dans ce livre est la puissance avec laquelle l'auteur y est mis toute son âme... la consonance des mots, des phrases est tellement exquise qu'on oublie son aspect trop idéaliste...ça se lit à haute voix pour sentir cette musicalité...

J'avoue que j'ai eu un grand plaisir à lire ce livre à haute voix et d'être possédée par les pensées de l'auteur, même si je n'ai pas épousé ses folies!!!
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Contrairement à ce que j'ai lu d'autres critiques, je n'ai pas été déçu par cette lecture, sans doute parce que je savais assez précisément à quoi m'attendre.

Avec ce livre publié en 1836, le romantisme initié en Allemagne et engagé en France par le souffle hugolien prenait un tour morbide. Toute une génération née après le cataclysme de la Révolution se sent alors perdue, et écrit son amertume, son désespoir, son dégoût de tout et sa perte d'idéal.

Roman autobiographique, La Confession d'un Enfant du Siècle -qui porte donc bien son nom- s'inspire de la vie De Musset, "enfant terrible", et de sa passion ayant tourné court avec George Sand, pour conter les amours de cet homme-enfant qui se laisse porter par la passion de l'instant, sans parvenir à se raccrocher ni au passé, ni à l'avenir.

Voilà pour le thème du livre. Maintenant, qu'est ce que j'ai trouvé dans ce livre de si conforme à mes attentes ?

D'abord, on ne peut pas reprocher à Musset de ne pas être sincère lorsqu'il met en scène dans son -seul- roman les affres de l'amour et de la passion, qu'il a réellement vécues avec George Sand. Il décrit avec lucidité les débordements issus de l'ascenseur émotionnel généré par le sentiment amoureux. La femme y tient certes le mauvais rôle, et son épanchement par le "Je" nous fait parfois prendre en pitié cet perpétuel insatisfait qui sombre successivement dans la débauche et la jalousie, là où la vie , et surtout la mort, de l'auteur, s'avère bien moins romantique.

Ensuite, avec quel art de la langue Musset réalise-t-il sa confession ! Proche du Lys dans la Vallée de Balzac ou des Confessions de Rousseau, son roman prend parfois des allures de poème en prose. Aussi, si je peux comprendre qu'on ne puisse s'identifier à ce personnage de tout jeune homme, agaçant par son auto-persécution, son caractère morbide menant l'histoire au mélodrame, je ne me suis pour ma part pas ennuyé, considérant le lyrisme franc, à la fois pathétique et enflammé, de son épanchement. S'il faut le lui reprocher, pour moi alors il faut y intégrer Baudelaire, Verlaine et Rimbaud. Et, sinon, si l'on accepte de se laisser porter par l'émotion au delà des petitesses du réel le temps de poème, pourquoi ne pas le faire à la lecture de 300 pages de roman ?

Enfin, et je rejoins là la plupart des commentaires, l'un des aspects les plus originaux du roman est sans doute ce dédoublement de personnalité de l'auteur qui nous fait percevoir le caractère désabusé des intellectuels et artistes de ce début de XIXème siècle. Sans doute, historiquement, ne trouve t-on un tel dégoût de la vie et des hommes dans la littérature française que dans l'entre-deux-guerres. Il me semble que ce qui fait d'Alfred le dandy aux prostituées le digne représentant de cette "génération sacrifié" -ou qui se pense telle- est cette double voix qu'il emploie : il est à la fois ce jeune homme névrosé, instable, égocentré, et à la fois un vieillard, rongé par une vie brûlée prématurément, qui s'observe lui-même avec une douloureuse lucidité... Musset aura pratiquement tout écrit son oeuvre avant Les Confessions de 1836, et sombrera, durant ses 20 dernières années, dans l'alcool et la dépression...

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La confession d 'un enfant du siècle ",est une oeuvre d 'Alfred de Musset . Elle est
écrite durant cette ère du romantisme .Franchement, modestement, cette oeuvre
je l 'ai trouvé un peu plate, elle ne m ' a pas trop emballé .L 'auteur est connu
comme étant un dandy débauché. Alfred de Musset voudrait-il vraiment se
confesser, se raconter ou délivrer après sa liaison houleuse et tumultueuse avec
Georges Sand ? Ce n 'est pas facile, pour un auteur du XIXeme Siècle, siècle du
romantisme. Car ces auteurs pleurnichent sur leurs amours et leurs plaisirs de
chair lors qu 'ils ne sont pas satisfaits .C 'est la même, presque, histoire avec
Balzac et d 'autres où ce qu 'importe est la chasse à la femme , c 'est leur trophée .Leur fait d 'armes.Revenons à Alfred de Musset .Lui et G. Sand étaient en voyage en Italie .Sand est tombée malade de dysenterie .Son compagnon , au lieu de rester à ses côtés, il est allé courir derrière les grisettes . Retour de la manivelle, Alfred à son tour tombe malade, alors a une
liaison avec le médecin qui l 'a soigné auparavent .Et Alfred est blessé dans
son amour propre et de là le différend entre les deux amants .
Ce livre nous offre, en fin de compte, une analyse complète, lucide, historique
psychologique, sexuelle et morale de la crise d 'une génération .A la fin de
sa vie, Alfred de Musset est devenu alcoolique et dépressif .
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Il était temps de découvrir Alfred de Musset ! le romantique parmi les romantiques, le grand poète désillusionné.

Le roman est une biographie. Musset l'écrit après sa rupture avec George Sand (j'y reviendrai). Son personnage Octave est un poète désillusionné comme tous les hommes de sa génération en manque d'idéal. Napoléon n'est plus ; désormais le monarque est Louis-Philippe de Bourbon, le roi bourgeois. Octave est le poème bohémien parisien par excellence. Un jour, il découvre que sa maîtresse le trompe, il en devient fou. le temps passant, il rencontre une femme plus âgée dont il s'éprend. Toutefois cette relation passionnelle le mène à la folie. Exemple : « Avec qui étais-tu hier soir ? - Je ne te le dirai pas et pourquoi te le dirai-je ? - Je mourrai si tu me quittes ! ». Vous avez compris l'idée.

Par ce court résumé, nous comprenons que nous sommes face à une oeuvre romantique (le mouvement littéraire). En effet, le roman n'est qu'envolé lyrique ! J'adore le mouvement romantique car ce n'est toujours que grands emportements sentimentaux. Pour certains, ce mouvement est désuet. Baliverne ! Je trouve que la langue française n'a jamais été aussi belle ! Jamais la langue française n'a été aussi bien mise en valeur que dans ce mouvement ! J'ai adoré le style d'Alfred de Musset qui m'a beaucoup touché. J'y repense avec nostalgie (déjà).

Il y a plusieurs années, j'avais lu « Elle et lui » de George Sand. J'étais donc curieuse de lire « La Confession d'un enfant du siècle ». D'ailleurs la libraire à qui j'ai acheté le roman était tout autant excitée que moi de savoir qui aurait ma préférence. Musset a ma préférence ! Ses mots m'ont plus touchés que ceux de George Sand.

George Sand et Alfred de Musset, deux amants terribles ! Honnêtement, il fallait être folle pour entretenir une telle relation avec Musset. Il torture et mène à la folie celle qu'il aime. Certains diraient pervers narcissique, je n'ai pas d'avis sur cette dénomination. Mais il faut être tout de même sous une certaine dépendance affective pour rester avec lui.

Mon coup de coeur est le chapitre 2 de la première partie. le plus mélancolique à mon sens. Je reconnais être parfois tout autant désillusionnée que Musset lorsque je regarde notre siècle que je méprise profondément.

En conclusion, un roman que j'ai adoré et que je vous conseille. Il me tarde de découvrir d'autres oeuvres de cet enfant du siècle ;)
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Dévorer Les Caprices de Marianne et redécouvrir Musset m'a fait me jeter et dévorer son roman autobiographique fameux (dont j'ai pourtant lu des choses mitigées au fil des années ici), et je me suis de nouveau régalé... Musset fabrique une ode à son histoire d'amour avec George Sand, et le personnage-narrateur Octave (encore ! Il y en avait un dans Les Caprices de Marianne), dans La Confession d'un enfant du siècle, est quasiment aussi transparent vis-à-vis De Musset que Bardamu ne l'est pour Céline. La Confession d'un enfant du siècle tient donc d'un hommage à la grande histoire d'amour De Musset, d'un roman-confession justement, où le processus par lequel passe le personnage est semblable au sien et sert comme de livre d'excuses à Sand pour avoir détruit leur relation. Mais Musset convoque aussi Les Souffrances du jeune Werther de Goethe et La Nouvelle Héloïse de Rousseau comme références, et on peut aisément voir La Confession d'un enfant du siècle comme son propre Werther, particulièrement au livre III.

Ayant dit ça, le roman commence par une introduction totalement inattendue, où Octave/Musset historicise son mal-être, puisqu'il se dit "enfant du siècle", donc produit, victime de son époque. Il explique par un topo historique, faire partie de la génération dont les pères se sont battus pour Napoléon. Les pères avaient un but, un objectif, un sens à leur existence, à leur destinée. Les enfants, sous la Restauration, avec un espèce d'entre-deux retour à la monarchie d'avant/espérance pleine de frustration pour un avenir meilleur, se trouvent coincés dans une époque qui semble s'être arrêtée en gare sur le train de l'Histoire. Perte de repères, de valeurs, désespoir : Musset explique que la génération devient blasphématrice de par ses désillusions, s'abîme dans les idées anglaises et allemandes d'un Byron ou d'un Goethe, et cela expliquera ensuite notamment ses errances morales, son libertinage et ses allers-retours passionnels vis-à-vis de Dieu.

L'on entame après cela véritablement le roman avec la très célèbre nuit où Octave découvre que sa bien-aimée le trompe. S'ensuit alors une immense chute psychologique, son personnage étant baigné de tout un idéal pastoral détruit en une nuit par cette seule infidélité. le monde que s'était bâti Octave est anéanti, et son ami Desgenais, sorte de mauvais génie (pas de jeu de mots...), le pousse alors à oublier sa dulcinée en s'abandonnant aux joies du libertinage. L'on pourra rire ou être frustré des éternels scrupules d'Octave à céder à la jouissance continuelle prônée par Desgenais, car on se dit que (mais c'est peut-être moi...) une sorte de Carpe Diem épicurien jouisseur perpétuel le guérirait de ses questions existentielles sur le siècle ou sur l'explosion de son idéal pastoral, en attendant éventuellement mieux. le livre II est donc celui de sa débauche, mais débauche forcée, suite d'épisodes où il se résigne à adopter des moeurs et un comportement prescrits, mais qui ne parviennent jamais à lui faire oublier sa dulcinée originelle. On est loin de l'expérience salvatrice que semble vivre Desgenais et que l'on espérerait pour Octave. Cette deuxième partie se referme sur la mort de son père et son exil à la campagne, dans la demeure familiale.

L'on en arrive pour moi alors à l'apothéose du livre, qui est d'ailleurs commentée à juste titre comme l'acmé du bonheur d'Octave par l'excellent Sylvain Ledda dans mon édition Garnier-Flammarion. La partie III est Les Souffrances du jeune Werther version Musset : Après un repli sur lui-même dans la maison du deuil et au milieu d'une campagne et nature mirifiques, Octave rencontre une nouvelle femme, Brigitte Pierson, avatar de George Sand. Elle éclipsera tout : La première maîtresse à l'infidélité traumatique et le tourbillon du libertinage. le livre III baigne dans un univers extraordinaire où Octave retrouve ses idéaux, avec une nature célébrée comme il se doit. le conte de fées s'y termine comme il se doit avec la conquête de Brigitte Pierson, mais je ne choisis pas justement par hasard le verbe "se termine"...

Dès le livre IV, une fois qu'Octave et Brigitte Pierson devraient vivre cet amour formidable, en happy end pastoral, comme en rêvait Octave depuis le début, le fait d'être enfin en couple (j'ai l'impression de parler comme un ado d'aujourd'hui) le fait tout d'un coup s'asseoir sur ses acquis et il sombre dans une jalousie paranoïaque perpétuelle qui entraînera la chute de leur relation. C'est surtout là que Musset semble confesser, à travers son double de fiction, comment il a torpillé son histoire avec Sand par les propres échauffements de son esprit et en devenant abominable : Jamais certain en totalité que Brigitte ne reproduira pas la trahison de sa première maîtresse, démangé par des pulsions irraisonnées restes de son libertinage et de ses discussions avec Desgenais, il n'aura de cesse de tourmenter Brigitte en s'enfonçant dans le soupçon obsessionnel toqué ou en lui disant regretter ses maîtresses précédentes. J'essaie de ne pas spoiler et vous laisse imaginer la fin, surtout que tout est mis sur la table : Rupture, suicide, maladie de Brigitte...

Le livre V est le retour à Paris censé être l'antichambre provisoire avant un voyage extraordinaire censé réparer toute leur histoire d'amour et tout le mal qu'Octave a causé à Brigitte. En réalité, on se doute bien que ce sera le dernier clou du cercueil de leur histoire...

Cela faisait très longtemps que je n'avais pas dévoré un classique avec une telle voracité et rapidité, et pourtant submergé par le boulot. Tous les ingrédients y étaient : Histoires d'amour tragique, XIXe romantique... J'ai a-do-ré. le roman est vraiment un régal du début à la fin, tant dans ses descriptions que dans le lyrisme De Musset et les références constantes (on apprend plein de choses justement de par l'excellence des commentaires de Ledda) aux autres oeuvres De Musset, aux auteurs et artistes qui l'ont influencé... On s'amusera, enrichi par les commentaires, des leitmotivs de l'auteur, notamment du double, omniprésent... Mon édition bénéficie de passages entre crochets qui sont des élans ou digressions supprimés un temps par Musset, dont on pourra estimer de la valeur ajoutée ou au contraire du caractère superflu, c'est selon. On peut à la limite préférer Les Souffrances du jeune Werther, trouver que tout ne se vaut pas toujours dedans, considérer Octave comme ridicule et insupportable par moments, se dire que Musset ne se hissera jamais sur mon podium personnel avec Hugo et Baudelaire, mais cela faisait vraiment très longtemps que je n'avais pas été aussi enthousiaste avec un roman. Je viens d'en offrir un deuxième exemplaire à un de mes proches, et vraiment, je le recommande fortement, pour tous les fans de l'époque et du romantisme !
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Un des chefs d'oeuvres, si ce n'est le chef d'oeuvre De Musset. Si Musset avait un don évident pour les vers, il excelle dans l'art du roman où son talent et sa facilité pour la poésie se ressentent à chaque phrase. Quand il présente en première partie de son roman "la maladie du siècle, le mal de toute sa génération, ce n'est pas l'exercice facile et évident qu'on a bien voulu lui prêter; il fait preuve d'une grande clairvoyance dans l'analyse d'une époque et d'un recul assez remarquable sur sa vie et celle de ses contemporains. Que dire de la maîtrise de son verbe, la puissance de son style et la richesse de ses références dans ces quelques chapitres.
Musset raconte ensuite sa "désillusion", sa "désespérance" qui l'ont fait sombrer dans la débauche. Ici encore il analyse son sentiment de dégoût avec simplicité mais beaucoup de subtilité. Si le thème a souvent été repris par la suite, accordons à Musset le mérite d'avoir, le premier (du moins un des premiers après Goethe, Chateaubriand...), su mettre des mots justes sur ces sentiments de désillusion et d'écoeurement. Musset sait dire les choses, et bien les dire, et se trouve un contradicteur dans la personne de Desgenais, ce qui enrichit considérablement ses réflexions. Il a su mettre des mots sur des sentiments et des idées qui ont inspiré de nombreux auteurs (Beigbeder ne s'y est pas trompé en appelant son héros Octave) et qui sont malheureusement devenus un poncif du genre, affadissant parfois ses propos.
Vient ensuite sa relation complexe et tourmentée avec Brigitte. Octave est attiré par Brigitte, elle se refuse à lui, il la séduit puis finit par ne plus la désirer quand elle se donne à lui avant de le rendre jaloux... Ok, on est dans le roman psychologique estampillé "Romantique". Mais ce jeu amoureux n'est pas aussi ennuyeux qu'on a bien voulu l'admettre. Encore une fois Musset sait mettre les mots exactes sur l'analyse des sentiments et nous offre des paragraphes d'une beauté et d'une fluidité indiscutables. Si on aime le style De Musset, un style qu'il est allé puisé dans sa poésie, on ne peut pas s'ennuyer à la lecture de ces chapitres. Musset ne nous offre pas qu'une vision amère ou passionnée du sentiment amoureux, il nous offre aussi une très belle analyse de l'acceptation ; acceptation de l'amour en tant que sentiment imparfait et acceptation de la vie par un jeune homme qui est en train de devenir adulte. En ce sens, les dernières lignes du roman nous offrent une réflexion plus subtile et moins poussive que la tirade d'"On ne badine pas...", certes très belle mais trop souvent citée et dévoilée.
Enfin, La Confession n'est pas qu'un simple exercice de justification ou de règlement de compte envers George Sand; même si le contexte et les références amoureuses sont évidentes, ce roman n'est pas aussi agressif qu'on a bien voulu le dire, on perçoit la tendresse De Musset envers sa maîtresse en particulier dans les dernières pages. Ce roman va plus loin qu'un simple exercice de justification, Musset n'y parle pas que de lui mais cherche aussi à comprendre, expliquer et d'une certaine manière excuser tous ceux qui, comme lui, ont été gagnés par le mal du siècle, sorte de mal universel (la mélancolie, la jeunesse ou les deux...) qui touche toutes les générations depuis deux siècles.
Ce roman est à découvrir, à lire et à relire. A découvrir au lycée parce qu'il est d'une grande richesse littéraire, à lire quand on est encore jeune parce qu'il aide à mettre des mots sur ses sentiments de dégoût, de désillusion, de déception amoureuse et parce qu'accepter l'imperfection de monde pour devenir adulte peut faire peur et à relire à tout âge parce que c'est un très beau roman à l'écriture parfaitement maîtrisée qui ne peut laisser insensible aucun amateur de belles lettres.
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Octave est très amoureux de sa maîtresse. Un jour, il s'aperçoit qu'elle le trompe avec un ami intime. Il le provoque en duel et se prend une balle dans le bras. Il erre près du domicile de sa maîtresse jusqu'à ce qu'elle tombe en disgrâce et quitte Paris. Un ami d'Octave, Desgenais, l'entraîne alors dans le cercle vicieux de la débauche. Au bout d'un an, le vertueux père d'Octave meurt. Octave va à la campagne, se repent, et tombe amoureux de la vertueuse Brigitte Pierson. le peuple les prend en grippe à cause de la réputation d'Octave. Brigitte lui révèle que son premier mari a fait l'amour avec elle avant le mariage et s'est enfui juste après. Ils s'en vont à Paris, où ils reçoivent souvent un nommé Smith. Brigitte insiste pour qu'ils partent à l'étranger. Mais Octave, jaloux et pensant que le coeur n'y est pas, repartent le voyage jusqu'à ce qu'il apprenne que Brigitte a sacrifiér pour lui son amour pour le vertueux Smith. Il décide de partir vivre presque en ermite.
Je préfère à vrai dire d'autres oeuvres De Musset, comme « Lorenzaccio », qui me semblent bien plus originales (ou les poésies) mais celle-ci est bien représentative de ce qu'on a appelé le mal du siècle, et du romantisme aussi. Mais lit-on encore cela aujourd'hui ?
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L'histoire de sa romance avec George Sand est formidablement bien écrite, aucun doute sur ce point. C'est poétique, lyrique, mais pour le reste...Je dirais que le style sauve la note! Ce n'est pas "la confession" qu'il faudrait mettre en titre, mais plutôt les caprices ou les sautes d'humeur. Bien entendu il est toujours délicats de commenter un texte ancien, les moeurs, la vision des choses ne correspondant pas à la sensibilité d'aujourd'hui. le décalage est saisissant, vous me direz, comment seront jugées nos relations amoureuses dans 200 ans? On découvre un Musset pratiquant avec aisance l'inversion de la preuve, soufflant le froid et le chaud, comme un digne pervers narcissique, l'était-il? Ou bipolaire? Ces changements d'humeur sont lassant, et la pauvre Brigitte se laisse contaminer par l'obsession d'une douleur qui serait la seule marque du grand amour. Souffrir serait aimer de façon romantique et exclusive, quand on voudrait simplement les voir heureux d'être ensemble. Impossible dans l'univers De Musset, l'oisif doit se torturer l'esprit en permanence, douter, soupçonner et se repentir d'être à ce point, "emmerdant" pour ne pas dire plus! L'envie de fermer le livre m'est venue maintes fois, j'ai pourtant insisté. Sans doute que je cachais le secret espoir de voir un de ses amis lui en coller une bonne pour lui remettre les idées en place et lui faire cesser ses enfantillages, mais non, dans son monde ça ne se fait pas. Mais Dieu que c'était fatiguant de le voir se rouler aux pieds de sa maitresse, tout en pleurant, après lui avoir asséné des horreurs. Il se montre insupportable à pinailler pour rien, le grand poète ne brille pas par sa grandeur d'âme, ni son empathie. Il se comporte comme un adolescent capricieux, désabusés, qui passe son temps à se poser des questions, à se torturer et à torture celle qu'il aime. On aura du mal à convaincre les nouvelles générations que tout le charme du romantisme est entre ces pages. A l'époque ce comportement était peut être la quintessence de l'amour raffiné, aujourd'hui c'est simplement impossible à concevoir. Bref Musset, dont j'avais lu et apprécié "on ne badine pas avec l'amour" a perdu de sa noblesse.
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