LE PRINCE : Ressembleriez-vous par hasard à l’une de ces femmes pour qui l’ambition, les honneurs, le pouvoir, eurent tant de charmes ? Cela m’étonnerait, et mon vieux docteur aussi ; mais n’importe. Les hochets que je mettrais alors entre vos mains, pour amuser vos loisirs, seraient d’autre nature : ils se composeraient d’abord de quelques-unes de ces marionnettes qu’on nomme des ministres, des conseillers, des secrétaires : pareil à des châteaux de cartes, tout l’édifice politique de leur sagesse dépendrait d’un souffle de votre bouche.
LA NUIT VÉNITIENNE, Scène II.
Il faut supposer à une femme une tête bien vide et un grand fond de sottise, pour se figurer qu'on la charme avec de pareils ingrédients. Croyez-vous que ce soit bien divertissant de passer sa vie au milieu d'un déluge de fadaises, et d'avoir du matin au soir les oreilles pleines de balivernes ?
IL FAUT QU'UNE PORTE SOIT OUVERTE OU FERMÉE.
Pourquoi te détruire, triste ouvrage de mes mains ? Il n’y a pas de ta faute ; tu attendais, tu espérais aussi ! Tes fraîches couleurs n’ont point pâli durant cet entretien cruel ; tu me plais, je sens que je t’aime ; dans ce petite réseau fragile, il y a quinze jours de ma vie ; ah ! non, non, la main qui t’a faite ne te tuera pas ; je veux te conserver, je veux t’achever ; tu seras pour moi une relique, et je te porterai sur mon coeur ; tu m’y feras en même temps du bien et du mal ; tu me rappelleras mon amour pour lui, son oubli, ses caprices, et qui sait ? cachée à cette place, il reviendra peut-être t’y chercher.
"Un caprice"
Si l’amour est une comédie, cette comédie, vieille comme le monde, sifflée ou non, est, au bout du compte, ce qu’on a encore trouvé de moins mauvais. Les rôles sont rebattus, j’y consens ; mais, si la pièce ne valait rien, tout l’univers ne la saurait pas par coeur ; et je me trompe en disant qu’elle est vieille. Est-ce être vieux que d’être immortel ?
"Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée"
Je ne comprends pas qu’on joue avec le coeur, et c’est pour cela que j’ai l’air d’en manquer. Je sais ce que c’est que de souffrir, on me l’a appris bien jeune encore. Je sais aussi ce que c’est que de dire ses chagrins.
"Un caprice"
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* :
« La confession d'un enfant du siècle », _in_ _Oeuvres de Alfred de Musset,_ ornées de dessins de M. Bida, Paris, Charpentier, 1867, p. 432.
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