Ca y est, j'ai lu mon premier
Guillaume Musso. Je l'ai emprunté à ma bibliothèque habituelle, sous le regard médusé du préposé, lui qui me voue d'ordinaire des acquiescements silencieux. En lui tendant ma carte, j'ai failli me récrier. « C'est pas ce que vous croyez, c'est pour faire une critique sur Babelio ! ». Je me suis retenu ; à quoi bon au fond...
Alors, qu'en dire ? D'emblée, en lisant le quatrième de couverture, on est fixé. Chez
Guillaume Musso, l'horizon...scintille. L'horizon scintille, les cris se perdent dans le vent et le lac est d'argent. Tout lac qui ne serait pas d'argent se verrait impitoyablement renvoyé chez le fournisseur. C'est que chez
Guillaume Musso, on a le respect du lecteur chevillé à la moindre phrase. On est d'accord, le lecteur, il est d'abord là pour l'histoire, mais si on peut aussi y mettre du joli, on va pas se priver : on est pas chez ce tâcheron de
Marc Levy, celui-là même qui écrit avec ses pieds…
Dans ce livre, un écrivain est mis en scène, qui n'arrive plus à aligner une ligne, suite à une panne d'inspiration. Admirons au passage le travail de composition de
Guillaume Musso : à la lecture de cet ouvrage, on sent bien que l'inspiration, c'est un concept qui ne le visite que de très loin, il a sûrement dû beaucoup se documenter.
Alors que la vie de l'écrivain tourne à vau-l'eau, une jolie héroïne de ses romans sort du livre pour investir la vie réelle et remettre les choses en place. Dès les premières pages, je suis saisi par l'indigence des dialogues : on en arrive presque à entendre les personnages jouer faux, comme des enfants qui ânonneraient une poésie un jour de fête des mères ! Parfois, l'auteur y glisse deux ou trois grossièretés bien senties, histoire de faire écrivain rebelle et pas sourcilleux sur les normes. Ce ne sont d'ailleurs pas les pires morceaux, mais ça ne suffit pas pour rehausser l'ensemble.
À propos des personnages, force est de reconnaître que
Guillaume Musso ne s'embarrasse pas de fioritures. Foin de la moindre nuance, ceux-ci sont taillés à coup de serpe et ne cultivent aucune ambiguïté. N'allez pas chercher chez eux une quelconque faille, ils ne sont pas là pour ça et ne sont que des marqueurs dans le récit.
L'intrigue elle-même n'est pas originale, même si on ne s'ennuie pas à la dérouler. Elle aurait pu offrir quelque chose de plus consistant. L'idée de départ n'est pas inepte, même si de nombreux auteurs s'y sont essayé bien avant, avec plus de talents. Hélas, elle est exploitée au rabais et donne à penser que l'auteur a pondu le livre en trois semaines. C'est bien dommage, on aurait pu s'amuser plus avant à voir le héros écrivain tourmenté, puis séduit par l'objet de sa création littéraire. La création littéraire, un virus contre lequel
Guillaume Musso est manifestement immunisé…
Je ne sais que penser de ce livre, une chose est sûre, je n'en lirai pas d'autre. Quant au succès phénoménal que son auteur rencontre, eh bien...tant mieux pour lui !