Cher Valentin,
Je t'ai tant aimé, lorsque tu t'es révélé à ma curiosité de lectrice avec
Les cendres froides, ou
le murmure de l'ogre.
Sans faille et
Une vraie famille ont rempli leur office de thrillers psychologiques bien ficelés et menés tambour battant, puis lentement le bruit du tambour s'est affaibli avec
Dernier été pour Lisa et
La femme à droite sur la photo, et me voilà aujourd'hui avec entre les mains ta dernière création
Qu'à jamais j'oublie et je suis dans l'obligation de t'informer que pour ma part, ayant terminé cette lecture hier soir, elle est déjà oubliée. A jamais. Mission accomplie pour toi !
Tout est bâclé dans cette intrigue, survolé : le point de départ tiré par les cheveux, les personnages à la psychologie grossièrement esquissée, le thème des internements abusifs effleuré grâce à quelques informations wikipédiennes jetées en vrac, l'amourette sans intérêt, les liens familiaux invraisemblables.
Je souhaite porter à ta connaissance une ou deux bricoles qu'il faut absolument éviter à l'avenir : en premier lieu l'usage abusif d'internet qui permet dans de nombreux romans comme dans de nombreuses séries ou films aux personnages principaux, ici Theo, de mener des recherches depuis leur canapé ou leur lit, sans mettre le nez dehors. Toutes les informations qui échappent à la police, seraient pourtant sous ses yeux si elle pensait à cliquer, grâce à Google-le-miraculeux. Comme c'est économique. Plus besoin d'enquêtes de voisinage, de témoignages, de confrontations, de recoupements, de matière grise, d'intuition ou de compétences : chacun peut s'improviser flic comme d'autres se croient romanciers. Pour donner un peu de consistance à l'histoire, Theo se rend à proximité du Palais des Papes à Avignon ou près du boulevard de la Garoupe à Antibes, ça c'est de la description rudimentaire, à Paris il aurait croisé la Tour Eiffel ! Ne parlons pas de la clichétisation de la Suisse, merci de nous avoir épargné le bruit des clarines...
Certains personnages sont ridicules, tels cet avocat, ténor du barreau bougon qui intervient deux ou trois fois au téléphone, qui se prénomme Eric et dont le surnom est Disculpator ou ce médecin dont la trajectoire semble directement inspirée par un fait divers récent dont je ne parle pas davantage pour ménager tes sources. Bref, cher Valentin, tu ne t'es pas foulé ! Pour ne pas t'accabler davantage, je ne vais pas insister en illustrant mon propos de quelques truismes ou donner des exemples de ton style.
Tu comprendras je pense, que j'en reste là dans ta bibliographie et que je passe à autre chose. A toutes fins utiles, je te signale que ce roman ne m'a pas été offert par ton généreux éditeur, me libérant de tout retour d'ascenseur consensuel :-)