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Fabienne Gondrand (Traducteur)
EAN : 9791033900863
292 pages
Harper Collins (02/11/2016)
3.95/5   94 notes
Résumé :
A 16 ans, elle a fui la Syrie ravagée par la guerre en fauteuil roulant.
Le témoignage exceptionnel et poignant d'une jeune fille qui a choisi la voie de l'espoir.

En 2015, Fergal Keane, journaliste à la BBC, repère dans la foule des migrants une adolescente en fauteuil roulant. Emu et admiratif devant tant de cran, il recueille son témoignage. Aussitôt, les medias et les réseaux sociaux s'enflamment.
Avec la collaboration de Christin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (85) Voir plus Ajouter une critique
3,95

sur 94 notes
Un grand merci à Babelio et aux éditions HarperCollins...

À 14 ans, Nujeen habite chez ses parents, à Alep. Dernière d'une famille composée de quatre filles et quatre garçons, dont l'un d'eux, Shiar, vit en Allemagne. Chaque matin, elle les regarde partir, cartables à la main. Étant handicapée et ne pouvant marcher seule, la jeune fille reste à la maison. À lire ou à regarder la télévision, notamment la chaine National Geographic ou encore le soap américain, "Des jours et des vies", qui lui a permis d'apprendre l'anglais. Malheureusement, la situation se dégrade fortement dans le pays, notamment à Alep, envahie par les rebelles. En 2012, toute la famille est obligée de quitter la ville et de retourner à Manbij, au nord du pays. Malheureusement, les bombardements ne tardent pas. Ce n'est qu'en août 2014, aidées de Shiar, choqué par leurs conditions de vie avec les bombardements incessants et les djihadistes, que Nujeen et sa soeur Nasrine quittent la Syrie. Première étape d'un long voyage...

Ils sont des centaines de milliers à fuir. À fuir un pays en guerre. Qu'ils viennent de l'Afrique sub-saharienne, de l'Iran ou de la Syrie. Mais ils sont aussi des milliers à perdre la vie pour tenter d'en avoir une bien meilleure. Nujeen fait partie de ces migrants. La jeune fille se confie et raconte ses premières années à Manbij et à Alep. Des villes qu'elle devra quitter, avant d'abandonner définitivement son pays. Étape par étape, nous suivons son périple, de la Syrie à l'Allemagne, en passant par la Turquie, la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Croatie, la Slovénie et l'Autriche. Un parcours de plus de 5500 kilomètres semé d'embuches et en fauteuil roulant. Un témoignage fort et utile pour comprendre le sort des Syriens et leurs motivations et surtout ne pas oublier ce par quoi ils sont passés (et passent encore). Un témoignage qui dénonce aussi parfois, notamment ces passeurs cupides ou ces "jungles". La jeune Nujeen fait preuve d'un courage inébranlable, d'une volonté farouche et d'un optimisme certain et nous ouvre les yeux sur une bien triste réalité.
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Je sors de cette lecture avec un avis plutôt mitigé. Je m'attendais à un témoignage riche en émotions puisqu'il est porté sur le sujet de la guerre en Syrie et de la traversée des migrants vers l'Europe pour échapper à cette tragédie. de plus, il s'agit ici du témoignage de Nujeen, une jeune fille kurde de 16 ans en fauteuil roulant qui a vécu cet incroyable périple.
Le sujet me plaisait beaucoup, mais je suis un peu déçue par cet ouvrage et je vais tenter d'expliquer pourquoi.

Tout d'abord ce récit est raconté par l'intermédiaire de la journaliste Christina Lamb et on le ressent bien à la lecture. Elle retrace notamment les conflits historiques et politiques qui ont pu mener à cette guerre, le régime dictatorial d'Assad...tous ces faits journalistiques viennent appuyer le récit de Nujeen qui est beaucoup plus naïf. Même si le récit forme un ensemble, on distingue malgré tout les propos de l'une et de l'autre.
Nujeen nous parle quant à elle de son quotidien dans l'appartement d'Alep où elle ne manquerait pour rien au monde son feuilleton favoris Des jours et des vies avec lequel elle a appris l'anglais. Elle parle aussi de son univers familial et de ses rêves d'étudier à l'université. Elle a reçu très peu d'instruction en Syrie et tente de combler ce manque en s'instruisant à travers de nombreux documentaires qu'elle visionne. Elle vit la guerre à travers les bombardements quotidiens qu'elle entend depuis l'appartement et d'après ce que lui raconte sa famille du monde extérieur.

Je n'ai pas trouvé Nujeen particulièrement attachante. Elle passe plutôt pour une fille capricieuse et difficile par moment. Dans son témoignage elle veut parfois étaler ses connaissances sur certains sujets qui n'ont pas lieu d'être selon moi.
Durant la traversée, sa soeur Nasrine a eu beaucoup de courage d'endosser toutes les responsabilités. Je me dis que son témoignage à elle aurait sûrement été plus poignant je pense. Elle a vécu le voyage jusqu'en Allemagne comme une épreuve difficile (comme les autres migrants j'imagine) alors que Nujeen l'a presque vécu comme une découverte du monde, car il l'a sortie de son quotidien devant sa télévision.

Un propos m'a interpellé dans ce récit: p. 80 "C'était un sentiment atroce de dire qu'à ces endroits des gens avaient sans aucun doute trouvé la mort et que des familles comme la nôtre étaient ensevelies sous le béton. Un sentiment mêlé de soulagement, parce que ce n'était pas nous. Est-ce mal? Pourvu que Sriaa la tortue soit entre de bonnes mains!" Que dire de ces propos lorsque l'ont voit tous ces pauvres gens innocents qui sont attaqués, massacrés et torturés sans raison! À mon sens, l'empathie manque cruellement dans ce témoignage. Mis à part les quelques personnes qui ont pu aider à soulever le fauteuil durant la traversée, on constate beaucoup de "chacun pour soi" et c'est vraiment dommage.

Certains détails me semblent contradictoires entre le "côté journalistique" et le côté "témoignage de Nujeen" par exemple p.202 "Mais je craignais que les gens s'intéressent à moi uniquement à cause du fauteuil roulant." Alors que c'est le titre vendeur de son livre!

Ce témoignage est malgré tout intéressant pour en connaître un peu plus sur le sujet. Je suis contente de l'avoir découvert pour cet aspect car j'ai appris certaines choses. Après je regrette vraiment le manque d'émotions de cet ouvrage qui est selon moi essentiel à un témoignage.

Je remercie Babelio et les éditions Harper Collins pour l'envoi de ce livre avant sa parution officielle.
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« Par une nuit pluvieuse, lorsque les vagues atteignent jusqu'à trois mètres de haut et secouent les bateaux comme des jouets, il arrive parfois que les passagers ne s'en sortent pas et que les espoirs sombrent dans un cercueil d'eau. »

Leurs espoirs sont grands, ils sont ceux de milliers de migrants à travers le monde, qui fuient la guerre, la violence et la haine. Qu'ils viennent de Syrie ou d'ailleurs, leur histoire est la même et leur rêve de Liberté aussi.

Nujeen, jeune fille kurde, fait partie de cette foule de migrants qui n'ont pas de noms, qui ne sont que des images sur un écran de télévision à l'heure des informations. Puis un jour, on passe à autre chose, on les oublie.

Nujeen veut dire "nouvelle vie", et c'est bien ce qu'elle entreprend avec son périple de 5500 kilomètres, depuis la Syrie jusqu'en Allemagne. Mais Nujeen ne veut pas être un nombre parmi tant d'autres réfugiés, une simple statistique. Elle ne veut pas non plus qu'on ne retienne que les « méchants » dans l'Histoire.

Elle donne la parole aux anonymes, pour qu'on se souvienne de leur courage, de leur générosité, de leur combat pour la liberté, pour un monde plus juste.
Elle nous raconte son histoire avec beaucoup de simplicité, d'humour et parfois de naïveté. Et c'est pour cela qu'on s'attache à cette jeune fille, parce qu'elle nous donne une grande leçon de courage. Nujeen parcourt tous les obstacles de cette route vers la liberté, en fauteuil roulant.

Jusqu'à présent elle a vécu isolée, au sein de sa famille, entourée d'affection et de beaucoup d'attention. À seize ans elle n'est jamais allée à l'école, et sa seule ouverture sur le monde sont le petit écran et internet. Pour elle ce voyage sera, malgré le danger, une grande aventure.

Pourtant, après avoir subi la cupidité et la cruauté des passeurs, des commerçants, des fonctionnaires corrompus, l'insalubrité et la terrible attente dans les camps de détention, la détresse des familles qui l'entourent, la peur et le rejet dans le regard des autres, elle finit par comprendre le sens du mot réfugié et du mot liberté.

Un témoignage important qui nous ouvre les yeux sur cette terrible réalité, tout en nous offrant un souffle d'espoir grâce à l'optimisme à toute épreuve de Nujeen, sa capacité de résilience, sa joie de vivre et d'apprendre. Nujeen nous donne un regard neuf sur notre monde, le regard d'une adolescente qui a vu trop de choses moches, mais qui, malgré tout cela, est bien décidée à avancer, à espérer et à mêler sa vie à toutes les belles choses qui existent pour en faire un cocktail « Nujeen »

Je remercie les Éditions Harper Collins et la masse critique Babelio pour ce très beau témoignage.

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Nujeen est une jeune kurde de Syrie. A seize ans, en 2015, elle quitte son pays quand sa vie est menacée par la guerre entre Assad et ses opposants. Avec une de ses sœurs, elle traverse l'Europe, parcoure 5000 kilomètres en fauteuil roulant (elle est handicapée de naissance) pour rejoindre un frère installé en Allemagne. C'est un périple de trois semaines vers une nouvelle vie, où, comme des milliers de familles, les deux jeunes filles passent de la guerre à la paix, mais doivent affronter les nouvelles difficultés inhérentes à leur statut de réfugiées.

L'histoire de Nujeen racontée par Christina Lamb, une journaliste anglaise, nous plonge dans l'enfer syrien dont on se demande comment il peut cesser, tellement les forces en présences sont multiples et irréconciliables. C'est d'ailleurs le grand intérêt du livre d'exposer clairement l'imbroglio du pays d'Assad. On prend conscience d'une guerre impitoyable qui massacre les populations civiles et détruit le pays, y compris les lieux historiques. Son autre vertu majeure étant de montrer le sort de populations, qui n'ont d'autre choix que de partir pour tenter de s'installer dans des lieux où elles sont rarement les bienvenues.

Par la voix de Christina Lamb on découvre une jeune fille volontaire qui a, malgré la guerre, les aspirations de son âge. Une adolescente qui a toujours refusé d'être une victime, allant même jusquà considérer son handicap comme un avantage (elle est plus facilement aidée) et l'exil comme un moyen pour n'être plus « la fille dans sa chambre ». Un récit d'une aventure humaine emblématique de la crise humanitaire actuelle, qui m'a parfois gênée par sa forme - quand la journaliste parle à la place de la jeune fille avec ses mots et son expérience -, mais captivée par le fond, l'histoire dramatique de la guerre en Syrie, avec ses conséquences humaines et politiques, étant précisément relatée. Merci à Babelio et aux Editions Harper Collins pour la découverte de ce livre prenant et fort instructif.
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Ce livre m'a un peu déçue car trop journalistique à mon goût. Une trop grande partie historique revisitant tous les événements qui ont pu mené à cette guerre terrible où les populations de ces régions d'Irak et de Syrie sont sacrifiées n'aurait pas du être faite par la voix de Nujeen mais par celle de Christina Lamb. Cela enlève, dans un premier temps, de la crédibilité au récit de Nujeen.

Cette réserve faite le témoignage de Nujeen concernant sa vie quotidienne et celle de sa famille depuis la révolte syrienne contre le régime de Assad qui les faisait rêver d'une libération avant de se transformer progressivement en un massacre, permet de partager ce que peut être la détresse et la douleur de tous les réfugiés qui arrivent en Europe.
La vie de toute la famille va n'être qu'une suite d'abandons successifs jusqu'à la nécessité de quitter définitivement leur pays : ils doivent quitter Alep, bombardée quotidiennement, le vendredi 27 juillet 2012, retourner à Manbij où ils possèdent une maison, où "le seul point positif, c'est qu'on pouvait de nouveau voir les étoiles. Les étoiles et la beauté du silence. Même Assad ne pouvait pas gâcher ça."

Deux ans après ce sera la seconde rupture avec la chaleur du cocon familial où elle est choyée. Rupture d'autant plus douloureuse que ses parents, Ayee et Yaba, restent car ils ne veulent pas à leur âge tout laisser derrière eux. L'avancée de Daesh les pousse à quitter la Syrie pour la Turquie.
"Et au fond de moi je savais qu'ils ne voulaient pas quitter la Syrie. Nous nous sommes dit au revoir. Mes joues étaient baignées de larmes. Je me suis agrippée à Ayee (sa maman). Jamais je n'avais été séparée d'elle, nous avions toujours dormi ensemble." p 115

Nujeen est vive et attachante. Elle garde sa naïveté d'enfant tout en faisant preuve de plus en plus de maturité quand elle se trouve embarquée dans le voyage chaotique et incertain qui doit les mener, sa soeur et elle, en Allemagne où l'un de leur frère les attend.
Elle découvre, au contact des autres réfugiés, que malgré son infirmité elle peut servir à quelque chose comme les aider grâce à l'anglais qu'elle a appris en regardant son feuilleton télévisé préféré, "Des jour et des vies" sa bouée de sauvetage, la seule chose qui pouvait me faire oublier les bombardements nous dit-elle. Ces petites choses qui font sa vie quotidienne, cette addiction à la télé qui lui permet de combler son désir d'apprendre qu'elle ne peut satisfaire en allant à l'école, elle va s'en servir au long du chemin plein d'embûches qui va la conduire en compagnie et avec l'aide de sa soeur Nasrine jusqu'en Allemagne. Malgré les souffrances, la peur, ce parcours lui ouvre des possibilités qu'elle n'avait pas enfermée chez elle en Syrie. Elle découvre le monde et se découvre elle-même.
Tout en étant complètement incertaine de son avenir et de celui de Nasrine, elle continue aussi d'apprécier la beauté, par exemple quand elle quitte le camp de rétention de Postojna en Slovénie :
"Ce n'est qu'en quittant Postojna que je me suis aperçu de sa beauté, entourée de nature, de collines, où tout était vert. Plus tard, j'ai fait des recherches sur cet endroit et j'ai appris que des bébés dragons étaient nés dans une cave des montagnes, juste au-dessus de l'endroit où nous étions. Je ne savais pas que les dragons existaient. Je trouvais dommage que nous ne voyions de ces pays que des policiers et des réfugiés." p 213

Elle estime aussi qu'elle a eu beaucoup de chance grâce à "son avantage handicap" qui incite ceux qu'elle croise à les aider elle et sa soeur. pourtant parvenue presqu'au bout de ce périple semé d'embûches, elle craint une chose : ... j'allais redevenir la fille dans sa chambre. Au cours des trois semaines qui venaient de s'écouler, je m'étais sentie comme tout le monde et j'avais fait l'expérience de la vraie vie, même si j'avais eu besoin de ma soeur pour me pousser."

Tout son optimisme lui revient quand elle et Nasrine parviennent enfin en Allemagne le jour de l'anniversaire de cette dernière.
"Depuis notre départ d'Alep nous avions parcouru 5500 kilomètres, à travers 9 pays, de la guerre à la paix -- un périple vers une nouvelle vie, comme mon prénom.
Soudain tout devenait quand, et non plus si. Je regardais les Allemands en me disant qu'un jour je parlerais comme eux, je vivrais comme eux, j'aimerais comme eux. Je marcherais peut-être comme eux." Et même si les difficultés, les humiliations sont loin d'être derrière elle, on se dit que cette adolescente obstinée, qui a su garder son humour et sa capacité d'émerveillement, s'en sortira et que ses parents Ayee et Yaba pourront être fiers d'elle.

Merci à Babelio et aux éditions Harper Collins pour cette leçon de vie qui fait paraître bien dérisoires nos propres problèmes.
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Citations et extraits (65) Voir plus Ajouter une citation
Tous les Kurdes pensaient que le régime était fini, et la discussion tournait autour de l'obtention de notre propre État ou tout du moins d'une forme d'autonomie, comme les Kurdes du nord de l'Irak. Ils avaient envoyé quelqu'un à Bagdad pour rencontrer Jalal Talabani, le président irakien, lui-même kurde, pour lui demander son avis. Ce dernier avait affirmé que la chute du régime d'Assad n'aurait pas lieu. Comme ce n'était pas ce qu'ils avaient envie d'entendre, ils avaient tranché :"Oh ! Talabani est vieux."
Alors qu'il avait raison : il savait ce qui se passait.

La Syrie était différente de l'Égypte et de la Tunisie. Assad avait appris de son père, de la façon brutale dont il avait maté la révolte de Hama, et avant encore de nos colons français. En 1925, alors que nous étions sous la domination française, musulmans, druzes et chrétiens s'étaient soulevés ensemble, insurrection qui a reçu le nom de "Grande Révolte arabe". Les Français avaient riposté par un bombardement de l'artillerie si nourri qu'il avait rasé tout un quartier de la vieille ville de Damas. cette zone est désormais connue sous le nom d'Al-Hariqa, qui signifie "incendie". Ils ont tué des milliers de personnes et instauré des exécutions publiques sur la place Marja en guise d'avertissement. Après quoi la rébellion a été écrasée et nous avons poursuivi sous la domination française pendant encore deux décennies, jusqu'en 1946.
Peut-être parce que nous avions oublié ce pan de l'histoire, les jeunes gens comme nous étaient persuadés qu'il y aurait du changement. Quand nous avons entendu dire qu'Assad allait prononcer un nouveau discours, en juin 2011, nous nous attendions à ce qu'il annonce enfin des réformes majeures. Au lieu de quoi il a de nouveau adopté une ligne dure, dénonçant ce qu'il qualifiait de "conspiration contre la Syrie" et accusant le "saboteurs" soutenus par les puissances étrangères et des extrémistes religieux" dont il affirmait qu'ils avaient tiré partie de l'agitation. Il a soutenu qu'aucune réforme n'était possible tant que le chaos continuait. Il apparaissait évident que lui-même ou peut-être sa famille n'avait aucune intention d'abdiquer le pouvoir. Comme je l'ai dit plus tôt : ils pensaient que nous leur appartenions.
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« Il ne faut cependant jamais oublier que les migrants, avant d’être des numéros, sont des personnes » Pape François, Lesbos, 16 avril 2016
« A présent, voici un fait qui, à mon sens, ne devrait plaire à personne. Saviez-vous que dans le monde aujourd’hui un être humain sur cent treize est réfugié ou déplacé ? »
« Je déteste le monde « refugee » plus que n’importe quel mot de langue anglaise. En allemand, « Flüchtling » est tout aussi dur. Il renvoie en réalité à un citoyen de seconde zone avec un numéro griffonné sur la main ou imprime sur un bracelet, et dont tout le monde voudrait qu’il disparaisse. 2015 marque l’année où je suis devenue un fait, une statistique, un nombre. J’ai beau aimer les faits, nous ne sommes pas des nombres. Nous sommes des êtres humains et nous avons tous une histoire. »
« Les gens ne connaissent pas grand-chose sur les Kurdes. Parfois j’ai l’impression que nous sommes totalement inconnus dans le reste du monde. Nous sommes un peuple fier, doté d’une langue, d’une cuisine, d’une culture propres et que longue histoire qui remonte à deux mille ans, lorsque les Kurtis ont laissé leurs premières traces. Nous représentons peut-être 30 millions de personnes, mais nous n’avons jamais eu notre propre pays : en réalité, nous sommes la plus grande tribu apatride au monde. Lorsque les Britanniques et les Français ont divisé l’Empire ottoman vaincu après la Première Guerre mondiale, nous avons espéré obtenir notre patrie à nous, au même titre que les Arabes pensaient décrocher leur indépendance comme promis après la révolution arabe… »
« Voici un autre fait sur les Kurdes. Nous avons notre propre alphabet, que la Turquie ne reconnait pas et, jusqu’à très récemment, l’utilisation des lettres q, w et x, qui n’existent pas dans la langue turque, était passible d’arrestation. Imaginez un peu aller en prison pour une consonne !
« Mon adage préféré est « Riez tant que vous respirez et aimez tant que vous vivez » et je ne comprends pas qu’on puisse s’apitoyer sur son sort alors que le vaste monde est si beau. C’est un des « principes de Nujeen ». En voici un autre : je ne crois pas qu’on naisse mauvais, pas même Assad… »
« La date que j’aime le moins est le 16 mars. C’est une journée noire dans l’histoire des Kurdes : en 1998, dans les derniers jours de la guerre Iran-Irak, près de vingt avions de chasse de Saddam Hussein ont largué un mélange mortel de gaz moutarde et d’agents neurotoxiques sur les Kurdes de la ville de Halabja, au nord de l’Irak. La ville était tombée entre les mains des Iraniens qui avaient uni leurs forces aux Kurdes de la région, et Saddam voulait les punir. On a appelé ce jour le « Bloody Friday ». Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont été tués – nous n’avons pas le chiffre exact, mais près de cinq mille -, et des milliers d’autres se sont retrouvés avec la peau toute fondue et des problèmes respiratoires. Par la suite, de nombreux bébés sont nés avec des malformations.
Chaque année, à cette date, notre chaine de télé kurde passait des chants funèbres en mémoire de Halabja… »
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On dit que l'histoire est écrite par les vainqueurs, mais il y a quelque chose que je ne comprends pas : pourquoi est-ce que nous sommes toujours fascinés par les méchants ? Ils ont fait des choses horribles, et pourtant nous parlons d'eux comme de chefs militaires brillants et charismatiques. Quand j'apprenais à lire et à écrire, ma troisième sœur, Nahra, me faisait recopier à l'infini des phrases en arabe. L'une d'elles disait : "Alexandre est un grand héros." Plus tard, j'ai découvert que c'était un garçon égoïste et gâté, et je me suis sentie trompée.
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Je déteste le mot "refugee" plus que n'importe quel mot de la langue anglaise. En allemand, "Flüchtling" est tout aussi dur. Il renvoie en réalité à un citoyen de seconde zone avec un numéro griffonné sur la main ou imprimé sur un bracelet, et dont tout le monde voudrait qu'il disparaisse. 2015 marque l'année où je suis devenue un fait, une statistique, un nombre. J'ai beau aimer les faits, nous ne sommes pas des nombres. Nous sommes des êtres humains et nous avons une histoire.
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Un jour à Alep, j'ai regardé un documentaire intitulé The Real Beauty and the Beast, à propos de Petrus Gonsalvus, un homme né à Tenerife au XVIe siècle, qui était couvert de poils des pieds à la tête comme un loup. Il souffrait d'une affection rare appelé hypertrichose qui ne touche que les hommes, et dont cinquante cas seulement sont répertoriés sur terre à ce jour. Garçon, Petrus avait été enlevé à sa famille pour être offert au roi Henri II de France, et la reine Catherine de Médicis lui avait fait épouser une femme magnifique qui ignorait tout de son apparence. Mais cette dernière est restée avec lui et ils ont eu sept enfants - elle devait donc aimer sa beauté intérieure. On les a exhibés comme des curiosités lors d'une tournée des cours européennes, et on a peint leurs portraits. Parmi leurs enfants, ceux qui ont hérité de la maladie leur ont été retirés, et donnés à des nobles européens en guise d'animaux de compagnie.
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Vidéo de Nujeen Mustafa
Nujeen - Interview de Christina Lamb, grand reporter.
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